François NICOLAS : Calendrier 2010-2011
Mardi 21 septembre
2010 (Rennes) : Création d’Ismaël (pour récitant, percussions et piano)
23-25 septembre
2010 (Paris V°, Ens) Colloque Questions
de phrasé (CIRPHLES)
Samedi 9 octobre 2010 (Paris, Ens, 10h30) -
Séminaire mamuphi :
Extension de Kan et écoute musicale « élargie » d’une œuvre
musicale « mixte » [a]
Samedi 16 octobre 2010 (Paris, Ircam,
10h30) - Samedi
d’Entretemps consacré aux Écrits de Luigi Nono (Contrechamps 2007)
Écrits de
Nono : Quelques notes d’une lecture personnelle…
Samedi 23 octobre
2010 (Paris VI°, Campus des Cordeliers, 10h) : Badiou et la musique (Journées Alain
Badiou)
Badiou et
la musique : une enquête de musicien
Badiou and
Music : A musician’s investigation (trad. Liam Flenady)
Jeudi 18 novembre
2010 (Clichy-la-Garenne, Conservatoire Léo Delibes, 19h) : Gala pour Gaza
Samedi 20 novembre 2010 (Paris, Ircam,
10h30) - Samedi
d’Entretemps consacré au livre de Bruno Moysan : Liszt, virtuose
subversif (Symétrie, 2009)
Samedi 27 novembre 2010 (Paris, Ens, 10h30) - Séminaire mamuphi
Samedi 27 novembre 2010 (Paris, Ens, 15h) -
École mamuphi de musique : Farben pour orchestre (op.16 n°3 ; 1909) d’Arnold Schoenberg
Samedi 11 décembre 2010 (Paris, Ens,
10h30) - Séminaire
mamuphi
Samedi 5 février 2011 (Paris, Ens, 10h30) -
Séminaire mamuphi
Samedi 12 mars 2011 (Paris, Ens, 10h30) - Séminaire mamuphi
Samedi 12 mars 2011 (Paris, Ens, 15h) - École mamuphi de musique
Samedi 19 mars 2011 (Paris, Ircam,
10h30) - Samedi
d’Entretemps consacré au livre de Marta Grabocz : Musique, narrativité,
signification (L’Harmattan, 2009)
Samedi 2 avril 2011 (Paris, Ens, 10h30) - Séminaire mamuphi
13-15 avril
2011 (Paris XIX°, Conservatoire Jacques Ibert) : Rencontres Musique contemporaine et langue
arabe
Samedi 7 mai 2011 (Paris, Ens, 10h30) - Séminaire mamuphi
Samedi 7 mai 2011 (Paris, Ens, 15h) - École mamuphi de musique : Night Fantasies pour piano (1980) d’Elliott Carter
Mardi
10 mai 2011 (Paris XI°, Église du Bon-Secours, 20h30) Concert Carte blanche
à François Nicolas : De Babel à
Gaza à travers la Bible
9
juin 2011 : Ce que singularité
musicale veut secrètement dire dans Grand
art avec fausses notes (de Christian Doumet) (Colloque L’habit d’emprunt)
–––––
Extension de Kan et écoute musicale
« élargie » d’une œuvre musicale « mixte »
(mamuphi, 9 octobre 2010)
F. Nicolas
« Aujourd’hui, la musique a besoin de quelque
chose d’hétérogène pour rester art. » (d’après Adorno) [1]
Il s’agira d’examiner
l’aptitude d’une notion mathématique – celle d’extension de Kan [EK] - à formaliser ce que nous proposons
d’appeler l’écoute musicale élargie d’une œuvre musicale mixte [OMM].
Nous repartirons pour
cela des résultats d’un précédent travail (présenté en mamuphi le 10 octobre 2009 et disponible sous forme
du chapitre D.II d’un prochain livre – le monde-Musique - à paraître en 2011) [2]. On y thématise
l’OMM (ou œuvre musicale accueillant en son sein un flux hétérogène – texte,
chorégraphie, vidéo… - sans pour autant l’homogénéiser à la musique ou se
contenter de l’accompagner musicalement) comme « extension auratique de
l’œuvre musicale ».
On se demandera
alors : existe-t-il, corrélativement à l’extension de l’objet musical en
question, une extension de son écoute (soit une extension d’un rapport musical
à cet objet étendu) ? L’écoute musicale de l’OMM peut-elle être ainsi
pensée comme une extension de l’écoute musicale « ordinaire » ?
Dans quelle mesure l’OMM invente-t-elle une écoute proprement musicale du flux
non musical accueilli ? Par exemple, y a-t-il une manière proprement
musicale d’écouter le poème chanté par/dans un lied ?
C’est en ce point que
la notion mathématique d’EK va être mobilisée (quand celles d’extensions
algébrique et générique nous avaient éclairés sur l’extension d’objet
constituant l’OMM).
On commencera par
rappeler les notions techniques de foncteurs adjoints et d’extension de Kan.
On formalisera
ensuite notre problème avec ces notions en sorte de préciser ce que l’énoncé
suivant veut dire : « l’écoute musicale de l’OMM est formalisable
comme EK d’une écoute de la musique à l’œuvre ».
On en viendra à la
question suivante, mathématiquement délicate (« non triviale » nous
disent Barr & Wells) [3] mais musicalement essentielle : cette
extension d’écoute est-elle constructible pas à pas (« pointwise » disent les anglo-saxons) ? Soit, en première
approche : cette écoute musicale élargie est-elle constructible localement
à partir de l’écoute musicale ordinaire ou relève-t-elle d’une édification
globale, sans embrayage local ?
On thématisera d’abord
ce que « construction point par point » (pointwise) veut mathématiquement dire (au moyen de
différents exemples mathématiques) et on examinera ensuite son ajustement à
notre question, ce qui reviendra à examiner techniquement le point
suivant : dans quelles conditions un extension de Kan est-elle
constructible point par point ?
On s’appuiera, pour
ce faire, sur trois présentations mathématiques :
— celle de René Guitart lors de son quatrième
cours mamuphi
« Catégories et structures » du 6 mai 2010 [4]
— celle de Barr & Lane dans Toposes,
Triples and Theories (Kan
extensions :
p. 56-61)
— celle de Mac Lane dans Categories for the
working mathematician (chap.
X : Kan Extensions)
[5]
On s’attaquera
ensuite à la démonstration mathématique du théorème suivant [a] :
« dans certaines conditions, la construction point par point d’un foncteur
adjoint par limites (ou colimites) produit une extension de Kan à droite (ou à gauche) ».
On examinera ce que
ce développement mathématique éclaire quant à notre problème musical.
On en conclura trois
points, intéressants directement l’intellectualité musicale de l’OMM :
1.
Une écoute
musicale élargie s’affirme immédiatement à une échelle globale sans transiter
par une construction localement constituée.
2.
L’éventuelle
décision musicale qui imposerait a contrario un embrayage local, un contrôle
point par point, une constructibilité généralisée du rapport auditif à l’OMM
(on la nommera « décision boulézienne »), conduirait à thématiser ce
rapport auditif comme simple perception/audition et non comme écoute musicale
proprement dite.
3.
La vertu
musicale propre de l’OMM réside ainsi en une dialectique entre construction
point par point de son aura poétique et écoute globale du flux hétérogène qui
l’a fécondée.
Soit la conclusion
très simple suivante : le lied (par exemple) ouvre à une écoute proprement
musicale de son poème mais, si ce lied construit bien ponctuellement son
extension auratique (comme on l’a montré en octobre 2009), pour autant l’écoute
musicale de ce lied
balance entre écoute de proche en proche au fil de la musique et écoute
uniquement globale de l’intension du poème.
Au total, l’OMM est
une extension localement constituée mais l’extension de son écoute est
globalement constituante d’une écoute musicale de l’hétérogène.
[1] Son énoncé exact
est : « L’art a besoin de quelque chose qui lui est hétérogène
pour devenir art. »
[2] Il est disponible
à l’adresse http://www.entretemps.asso.fr/maths/D.II.pdf
[3] Toposes, Triples
and Theories - p. 57
[4] http://www.entretemps.asso.fr/maths/Cours4.htm
[5] Plus
spécifiquement ici X.3
*