Sida en Afrique : la France doit fournir les traitements !

 

Cher(e) ami(e)

 

 

Vous avez signé la déclaration : "Campagne Sida : la France doit fournir les traitements ! ". Que devient-elle ?

 

- Elle a été signée par plusieurs centaines de personnes de toutes conditions (la liste est disponible sur le site http://www.entretemps.asso.fr/Sida). En gros, disions-nous, là où elle est présentée beaucoup de gens la signent, et en ce sens elle exprime une sorte de "volonté générale".

 

- Sa diffusion est par contre un fiasco médiatique. Ce qui veut dire que Le Monde, après nous avoir fait réécrire plusieurs fois la copie d'accompagnement, n'en veut pas, Libération non plus, qui s'est contenté pour le 1er décembre d'un entrefilet de deux lignes. Le Parisien n'a pas répondu, Le Figaro ne l'a pas encore reçue. Elle devrait être mentionnée sur France Inter le 18 avril au matin dans une interview d'une minute.

Les proches de Jacques Chirac et de M. Jospin l'ont reçue.

 

Le fiasco médiatique nous signifie que la ligne suivie par le gouvernement, la presse, et dira-t-on pour faire court, les milieux du PS dans cette affaire, n'a pas changé d'un iota, à savoir : cette affaire, quelle affaire ? celle d'une possible implication et responsabilité de la France face aux ravages de l'épidémie du Sida : cette affaire n'existe même pas. Après tout, les déclarations de Jacques Chirac en la matière n'avaient pas eu les honneurs de la presse. Nous non plus, quel que soit le prestige ou la reconnaissance publique de plus d'un signataire.

 

Doit-on en rester là, ou au contraire poursuivre, développer, donner un nouveau tour à notre campagne ? Plutôt que de " volonté générale ", disait l'un d'entre nous, eu égard à l'espèce d'opposition par le vide que nous rencontrons, mieux vaudrait parler d'un " début de conscience populaire ". Celle-ci, pensons-nous, doit se développer, s'affirmer, et finalement s'imposer. Donc il faut poursuivre, avec de nouvelles actions et de nouvelles propositions. C'est à quoi nous vous invitons.

 

A échelle internationale, quelques progrès récents dans l'attitude face à l'épidémie encouragent à aller de l'avant.

 

Vous le savez sans doute, les efforts de pays tels le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Inde, et des quelques groupes militants qui les soutiennent, ont conduit à mettre à l'ordre du jour la fabrication et l'importation de médicaments antiviraux génériques. Conséquence immédiate, les laboratoires pharmaceutiques, désireux avant tout de maintenir leur monopole, proposent une baisse des prix de plus de 90 %. Moyennant quoi les instances internationales concernées se sont quelque peu divisées, l'ONU, par la voix de Kofi Annan, insistant sur le droit et l'urgence pour les millions de pauvres à avoir accès aux traitements du Sida, l'OMC et l'OMS (" Organisation Mondiale de la Santé ") se mobilisant pour les droits et les garanties de propriété des laboratoires.

Cette contradiction occupe aujourd'hui le devant de la scène, avec la plainte des USA contre le Brésil devant l'OMC, occasion pour le Brésil de faire connaître sa position et son action, et le procès de Pretoria. Ce procès, intenté par 39 firmes pharmaceutiques au gouvernement sud-africain pour l'empêcher (avec succès jusqu'aujourd'hui) d'appliquer la loi qu'il a votée en 1997 pour s'autoriser à importer et / ou fabriquer des médicaments génériques, vient aujourd'hui à échéance. Enfin, Act Up et plusieurs associations et groupes militants d'Afrique tiennent à Ouagadougou une conférence pour le développement de la coopération pour l'achat et la diffusion des médicaments génériques.

 

Et chez les installés du Nord, que se passe-t-il ?

 

Un courant d'opinion s'exprime en Amérique du Nord, impulsé par les gens de Harvard, pour réclamer un engagement important effectif et urgent dans le traitement du Sida pour tous les pauvres de la planète, ceux d'Afrique pour commencer. La position américaine a pour elle son sens net de la situation (c'est une épidémie, comme la peste noire du Moyen-Age), et sa clarté pragmatique et morale : les riches doivent payer pour les pauvres ; nous ne voulons pas avoir sur la conscience d'avoir laissé mourir par millions des gens que nous pouvions sauver (le Sida font ils remarquer dans trois pays d'Afrique seulement est responsable d'autant de morts que ne le fut la destruction par les nazis des juifs d'Europe) que la morale occidentale nomme Holocauste) ; or l'épidémie du Sida est parfaitement contrôlable. Le texte de Harvard propose un plan d'action pratique, précis, chiffré, (en se servant tant des prix à la baisse fournis par les laboratoires occidentaux que de ceux des fabricants indiens de génériques), et demande aux occidentaux de fournir les fonds nécessaires à l'ONUsida.

La position américaine s'embarrasse peu des questions juridiques ou politiques. Aux USA, elle trouve écho dans la grande presse.

 

En Europe, la nouvelle position officielle s'oriente vers un soutien, ou une discrète neutralité bienveillante envers les pays dits du Sud qui voudront fabriquer des génériques. Cela semble être aussi la position de la presse française (ainsi Le Monde, qui avertissait encore il y a peu : que les africains se le disent, les laboratoires ne toucheront pas pour eux à leurs brevets, qu'ils changent donc leurs pratique sexuelles... titre maintenant : Sida : la santé contre les brevets). Jacques Chirac propose une conférence internationale sur l'accès aux traitements mais ne dit rien de son contenu. Quant aux héros humanitaires, spécialité proprement française, il semble que sans bombardements en vue ils aient perdu tout intérêt pour l'ingérence.

 

Il se dessine ainsi une ligne de désengagement, qui peut se dire encore : soutien peut-être au Sud dans le discours et le principe, dans la réalité ne comptez pas sur nous pour quoi que ce soit et n'attendez pas un kopeck.

 

Campagne Sida : la France doit fournir les traitements ! Cela nous semble donc plus que jamais à l'ordre du jour. En tant que pays riche, la France se doit de payer pour les pauvres. Elle peut le faire en outre avec son propre style, en marquant son engagement et sa dette propres envers les peuples de l'Afrique.

 

Nous vous invitons donc à l'une de ces deux réunions :

à Lyon le samedi 12 mai à 18 h 30 à Horlieu, 30 rue René Leynaud - Lyon 1°

ou

à Paris le dimanche 2O Mai à 11 heures au café La Flèche d'Or 102 bis rue de Bagnolet - Paris 20°

 

Deux affiches, l'une portant le texte de la déclaration, l'autre s'adressant aux plus jeunes avec un dessin fourni par Plantu seront disponibles ou à commander. Nous préparerons aussi un dossier de documents. A l'ordre du jour: