Nous avons rempli notre principal objectif : la libération
des rues du quartier (et singulièrement du quadrilatère
rues du département, de Tanger, du Maroc, d'Aubervilliers)
des bandes de dealers qui se les accaparaient. Nous n'avons pas
pour cela constitué de milices privées mais avons
manifesté dans ces rues en criant : « La police doit
faire son travail ! » La police s'est en effet remise au
travail et les résultats sont désormais là.
Bien sûr le trafic de crack n'a pas cessé dans le
quartier : les dealers et les crackers sont toujours là,
avec leurs risques d'agression, leurs nuisances, etc. Mais le
phénomène est désormais dispersé,
les dealers sont désormais sur la défensive, ils
ont perdu de leur arrogance, les rues sont à nouveau praticables,
le trafic se fait essentiellement dans des lieux privés
(squats) et non plus au vu et au su de tous, et en particulier
des enfants de la bibliothèque Hergé.
Ce résultat a été validé par les pouvoirs
publics (commissariats, municipalités) qui nous ont tous
dit leur détermination de maintenir le dispositif actuel
le temps qu'il faudrait.
L'avenir est donc éclairci, au moins jusqu'à l'été
prochain (2002) où il nous faudra renforcer notre vigilance
(le trafic se relance aux beaux jours, la police a moins d'effectifs
l'été et nous serons alors après les campagnes
électorales !)
En attendant, nous proposons d'arrêter notre mobilisation,
de mettre en veille le Collectif et de mettre en place un groupe
de vigilance d'une dizaine de personnes, couvrant systématiquement
le quartier et surveillant que les bandes de dealers ne se réapproprient
pas une portion de l'espace public (rues, impasses, passages,
squares, points, etc.). Ce groupe pourra être prévenu
par un numéro de téléphone affiché
en sorte de pouvoir enquêter sur toute situation inquiétante
du quartier. Si nécessaire, ce groupe contactera les pouvoirs
publics pour s'informer de leur réaction à la nouvelle
situation. Ultimement, ce groupe réactivera si nécessaire
la mobilisation du Collectif : nous pourrons alors d'autant plus
facilement relancer nos manifestations que nous connaissons désormais
beaucoup de monde
Pourquoi nous avons rempli notre objectif ? Car la mobilisation a été très importante à échelle du quartier : cf. le ras-le-bol évident de tous, avec la sensation que cela ne pouvait plus durer. Mais aussi parce que nous avons mené notre bataille avec « 12 atouts » dans notre camp (voir récapitulatif là-dessus)
La dispersion du trafic dépend d'autre chose que d'un
simple effort policier, fut-il maintenu pendant longtemps : l'effort
policier peut disperser les bandes, il ne peut supprimer les trafic.
La réduction du trafic dans le quartier dépend aussi
de la rénovation urbaine et d'un plan général
anti-drogue.
C'est pour cela que nous nous sommes donnés un mois pour
rencontrer les pouvoirs publics. Cf. le papier « Nos rencontres
» listant celles-ci, et particulièrement les comptes
rendus des réunions avec Dreyfus
et Madec.
Rénovation
Celle-ci devrait s'accélérer tant dans le X°
que surtout dans le XIX° (voir les comptes rendus des visites
aux deux maires).
Le point opaque reste ici le XVIII° et ce qu'il en sera de
l'îlot Caillé (rue Caillé, bas de la rue d'Aubervilliers,
etc.).
D'où la proposition de monter une réunion avec les
habitants de cette zone, en l'étendant au squat du 10 rue
de Tanger et à d'autres maisons de la rue du département.
Plan antidrogue.
La Mairie de Paris et les municipalités n'ont ici visiblement
pas d'idées très nettes. Elles font du bricolage,
au coup par coup, sans avoir de lignes directrices.
Les seules politiques relativement cohérentes qui s'affichent
sont
- celle de la tolérance zéro, avec mise en prison
systématique (d'où construction de nombreuses prisons
!
- celle des centres de shoot (copiées sur la Suisse et
Francfort) avec dépénalisation de toutes les drogues
!
Y a-t-il troisième voie : celle de l'application effective
de la loi de 1970 et d'une véritable politique des soins
? Cette hypothèse de nos amis du XVIII° (Entraide
18) n'est pas encore très claire pour nous...
Nous omettons volontairement une quatrième voie, qui tendanciellement
s'apparenterait à une voie d'extrême droite et qui
consisterait à monter des milices privées «
faisant le ménage » dans les rues à coups
de battes de base-ball Nous avons bien sûr déclaré
dès le départ notre opposition à cette orientation.
À l'évidence, plusieurs formations politiques
vont se réclamer de notre mobilisation pour mettre en avant
leur solution au problème de la drogue : solution américaine
ou solution helvétique, exemple de New York ou exemple
de Genève. Nous ne pensons pas que le collectif anti-crack
comme tel ait à se prononcer sur ce point.
Chacun par contre peut le faire à sa manière et
en son nom propres en dehors du collectif. Pendant le temps de
notre mobilisation, des personnes, adhérant par ailleurs
à telle ou telle formation politique, ont participé
à nos manifestations pour demander que la police se remette
au travail et disperse les bandes de dealers occupant les rues.
Ces gens pouvaient bien sûr continuer par ailleurs leur
propre travail politique en dehors du collectif. Une fois notre
mobilisation arrêtée, ceci ne pourra que continuer.
Si nous devons dans l'avenir nous remobiliser tous ensemble au
nom du collectif contre le trafic de crack dans le quartier, ce
sera à nouveau sur des objectifs précis, et en indifférence
aux partis politiques.
Il y a les plus grands chances qu'aucun choix politique cohérent
ne soit vraiment fait au niveau de Paris en matière de
politique anti-drogue, et qu'il n'y ait donc que des rafistolages,
bricolages, rustines au gré des circonstances. Cela peut
être cependant dangereux car inefficace et ultimement irresponsable.
Les points qui nous apparaissent clairs au sortir de notre enquête
:
- Nous nous sommes battus pour étouffer dans l'uf la constitution
d'une nouvelle « scène ouverte » du crack.
Il faut étouffer dans l'uf toute nouvelle tentative. Une
fois constituée, une telle scène devient très
difficile à déloger.
- Il n'y a pas de sens à transposer pour le crack un dispositif
conçu pour l'héroïne et profitant donc de l'existence
de produits de substitution (qui n'existent pas pour le crack).
Ainsi les centres d'accueil, qui peuvent orienter les héroïnomanes
vers des centres de méthadone, ne peuvent avoir ce sens
pour les crackers. Aussi sont-ils alors essentiellement de simples
centres sociaux, incapables de réellement orienter les
crackers « vers la sortie » de leur addiction.
- Les centres d'accueil se justifient soit sur les lieux d'un
trafic déjà existant (ce qui n'est pas le cas dans
notre quartier), soit doivent être installés partout
dans Paris. Il n'y a donc pas de sens à établir
dans les seuls X° et XIX° de tels centres d'accueil si
d'autres centres ne sont pas simultanément ouverts dans
tous les autres arrondissements parisiens. Pas de mesure particulière
donc pour le X° ou XIX° !
Nos propositions :
0. Mettre en veille le Collectif comme tel.
1. Organiser un groupe de vigilance
2. Garder le contact entre nous grâce à
« notre » salon de thé et à «
notre » liste Internet.
3. Organiser une rencontre avec ceux qui habitent au coeur
du trafic, ceux qui souffrent du trafic dans des lieux cette
fois privés et non plus publics (« Îlot Caillé
») et monter une association d'habitants ad hoc.
4. Pour ceux que cela intéresse, et sous un autre nom que
celui du Collectif : monter un groupe de réflexions sur les politiques
anti-drogue. Nous précisons qu'une échéance
significative existe d'ores et déjà : la table ronde
du XVIII° le samedi 8 décembre prochain. Qui veut y
participer ? Qui a des propositions à y faire ?
5. Continuer de manifester notre solidarité avec les
gens et associations du XVIII° en participant à
leurs manifestations et rassemblements.