Réunion lundi 22 octobre 2001 avec Tony Drefys et son équipe municipale du X° arrondissement

Compte rendu (23 octobre)

Présents pour le collectif anti-crack:

Présents pour la Mairie:

1. Tony Dreyfus, maire du 10°
2. Son premier adjoint (les noms propres nous ont en grande partie échappé)
3. Son adjoint à la santé (Docteur Perrot)
4. Son adjoint aux questions de sécurité (Véronique Dubarry)
5. Son adjoint aux sports
6. Son directeur de cabinet
7. Sa chef de cabinet
8. Son attaché parlementaire
9. Un chargé de mission
10. Une chargée de mission
 

La réunion a duré plus d'une heure, dans une atmosphère courtoise et attentive.

Après un exposé général sur la logique et l'histoire de notre mobilisation, nous avons posé trois questions:
1. La Mairie du 10° fera-t-elle attention à ce que le travail policier (consistant en particulier à dissoudre les bandes de dealers dans les rues) se maintienne dans l'avenir?
2. La Mairie du 10° compte-t-elle accélérer la rénovation indispensable des îlots insalubres du quartier?
3. Comment l'action contre la drogue de la Mairie du 10° s'inscrit-elle dans un plan d'ensemble (municipal et national) et ne se limite-t-elle donc pas à un bricolage local inefficace?

Il nous a été d'abord répondu généralement que la Mairie du 10° et tout particulièrement son Maire ne souhaitaient aucunement "botter en touche" sur cette affaire: ils considéraient que "les faits étaient d'une gravité suffisante" pour qu'ils les prennent en compte, que "le droit à la sécurité était d'une particulière importance pour les plus faibles qui souffraient le plus de manquements à ce sujet", que "l'installation de zones de non-droit" étaient inacceptables et que "nous avions eu raison" de nous en offusquer.
Bref notre cause a été reconnue valable et pertinente. Le seul point de controverse soulevé par le Maire portait sur l'expression "bandes mafieuses" qu'il a certes repris à son compte dans l'échange mais en s'inquiétant de ce qu'elle puisse affoler inutilement la population.

Nous l'avons rassuré sur ce point: cette expression correspondait à un fait local (rue du Département) et temporaire (pendant l'été) et nous l'employions à ce titre. Nous restons globalement mesurés dans nos propos et notre action sur le quartier a contribué à rassurer la population, à instaurer des liens de bonne entente entre ses différentes composantes (cf. couscous, etc.) plutôt qu'à semer l'angoisse. Il en a été pris acte.

Sur les trois points, il nous a été répondu en substance:

1. De nouveaux effectifs policiers arrivent très prochainement dans l'arrondissement et La Mairie va "maintenir la pression".

Nous avons fait remarquer qu'il s'agirait d'abord que la Mairie fasse bien monter la pression avant de s'enorgueillir de la maintenir à son niveau, notre mobilisation ayant été précisément motivée par le fait que la pression de la Mairie du 10° nous avait semblé pour le moins minimale...

2. La rénovation avance et de nouveaux plans sont mis en chantier.

Nous ne pouvons ici rapporter la totalité de ce qui nous a été annoncé à ce sujet car il s'agit d'un ensemble de projets précis (quartier vert, espaces verts, rénovation du 45 rue Louis-Banc, etc.) dans le détail desquels il n'était pas question de rentrer lors d'une telle réunion.

3. Contre la drogue, la Mairie nous a exposé son projet d'associer au volet répressif un volet prévention et santé. Le Maire nous a indiqué qu'un centre d'accueil pour toxicomanes avait été décidé dans les arrondissements du centre de Paris et que la diversification des implantations dans tout Paris était donc déjà en cours. Il nous a déclaré sa fierté du travail entrepris à Beaurepaire, travail qui fut approuvé par les habitants aux dernières élections, les quatre bureaux de vote plus directement concernés par ce centre ayant à ses yeux validé l'initiative.

Nous avons fait remarquer que manquait, dans le dispositif sanitaire mentionné, un volet de désintoxication ou de sevrage. Certes, on ne connaît pas de produit de substitution pour le crack susceptible de jouer le rôle de la méthadone ou du subitex pour l'héroïne. Mais, précisément, en son absence, il serait absurde de transposer purement et simplement contre le crack le dispositif adopté contre l'héroïne dans le mesure où ce dernier dispositif a pour pierre angulaire (le rendant consistant) la possibilité de substituer certaines molécules à la drogue elle-même, possibilité qui n'existe pas jusqu'à présent en matière de crack.
Sur ce volet de la lutte contre la drogue, nous avons réaffirmé notre conviction que cela ne saurait se jouer au seul niveau des trois arrondissements et que la pertinence de toute initiative locale devra être évaluée non pas en soi mais du point de son insertion dans une éventuelle politique globale contre la drogue.

La réunion, commencée à 18h, s'est terminée peu après 19h sur l'invitation du Maire à reprendre contact avec lui dans l'avenir si nécessité s'en faisait sentir.


Notre bilan général
Concernant le 10° arrondissement, l'action et la détermination des pouvoirs publics (police et Mairie) semblent conséquentes et répondre assez correctement à notre attente. La Mairie a en particulier pris au sérieux notre mobilisation et s'est donné les moyens de répondre à nos questions. Nous en prenons publiquement acte.
Reste que le problème principal se noue autour du XIX° arrondissement (c'est là que la zone de non-droit s'était publiquement constituée) et de ce côté, les réponses des pouvoirs publics sont pour le moins en retrait sur celles apportées au niveau du X°. Nous en discuterons lors de nos prochains rendez-vous.