Huit propositions au sujet du structuralisme [1]

 

François Nicolas

(mamuphi, octobre 2008)

 

1.    Philosophie, car sujet                                                                                                            1

2.    Mouvement, contre le sujet humaniste et anthropologique                                                  1

3.    Mouvement ouvert, toujours en cours                                                                                  2

4.    Non pas « mort du sujet » mais mort d’une conception anthropomorphique du sujet        2

Conception non anthropologique de la musique                                                                        2

5.    Contre le positivisme                                                                                                             3

Remarque : structuralisme ≠ constructivisme                                                                              3

6.    Un sujet constitué et non plus constituant                                                                              3

7.    Partages en matière de théoricité                                                                                         4

Une dialectique                                                                                                                          4

8.    Enjeux mamuphi                                                                                                                   4

Philosophie versus mythe                                                                                                           6

Question subsidiaire d’ordre philosophique                                                                               6

 

1.     Philosophie, car sujet

Il y s’agit bien de philosophie (et pas seulement de sciences humaines) car il y s’agit essentiellement d’une nouvelle caractérisation du sujet [2] (et non pas parce qu’il y s’agirait d’une « épistémologie » des sciences humaines…). [3]

2.     Mouvement, contre le sujet humaniste et anthropologique

Le structuralisme n’a pas été une école philosophique, mais un mouvement, né de rencontres conjoncturelles, essentiellement contre l’humanisme, contre « l’équation humaniste du sujet » : sujet = individu (ou groupe) humain = anthropos (versions psychologique ou sociologique de la même équation anthropologique). Ce mouvement s’est ensuite partagé sur le « pour », sur ses affirmations quant au nouveau type de sujet qu’il s’agissait de constituer.

3.     Mouvement ouvert, toujours en cours

Ce mouvement est toujours en cours et nullement « clos ». [4]

Ainsi la philosophie de Badiou peut être vue comme en relevant (si on recaractérise bien philosophiquement ce que « structuralisme » veut dire) [5].

En deux mots, Badiou s’écarte d’une conception structurale du sujet qui en ferait un simple effet de la structure (essentiellement par circulation d’une case vide [6], d’une place vide au principe de toute structure [7]) : pour qu’il y ait sujet, il faut, dans sa philosophie, que la structure soit supplémentée par un événement ; le sujet y est alors moins sujet constitué par la structure que par l’événement : le sujet n’est pas sujet de la structure mais sujet de [8] l’événement.

4.     Non pas « mort du sujet » mais mort d’une conception anthropomorphique du sujet

La manière dont il s’agit du sujet dans le structuralisme n’est pas du tout celle, journalistiquement formulée, de « la mort du sujet » mais seulement de la mort du sujet humaniste, classique, transcendantal, constituant, cause-origine-principe (archè). Ce rejet de la dimension anthropologique du sujet confère au structuralisme sa dimension d’« anti-humanisme théorique ».

Conception non anthropologique de la musique

Ceci nous intéresse très directement, nous musiciens : un des enjeux philosophiques de mamuphi est en effet de savoir s’il est possible de déployer une conception non anthropologique de la musique et non anthropomorphique des œuvres musicales, bref une théorisation anti-humaniste de la musique et de ses œuvres. Le musicien, certes, convoque nécessairement l’anthropologie, mais le musicien n’appartient pas au monde de la musique : il n’est qu’un passeur (pensif) là où le véritable acteur de musique est l’œuvre.

En ce sens, déployer une conception de la musique dont l’acteur véritable soit bien l’œuvre musicale est une façon de tenir que la structuralisme (au sens large du terme) n’est pas mort et qu’il concerne, si ce n’est la musique à proprement parler, du moins l’intellectualité musicale.

5.     Contre le positivisme

Le structuralisme à ce titre s’est dressé (et continue de se dresser) contre le positivisme traditionnel et indéracinable des sciences humaines.

Faut-il rappeler que la sociologie a été inventée par Auguste Comte et que l’invention de la musicologie lui est contemporaine ?

Remarque : structuralisme ≠ constructivisme

Le structuralisme n’est pas identifiable à un constructivisme de pensée : le structuralisme ainsi conçu n’est pas l’orientation de pensée constructiviste (telle que Badiou par exemple la discerne dans L’être et l’évènement en la distinguant des orientations transcendante et générique) ; il ne faut donc pas confondre orientation philosophique et orientation ontologique [9].

6.     Un sujet constitué et non plus constituant

L’enjeu proprement philosophique de tout ceci est de repenser le sujet, de penser un sujet d’un type nouveau, un sujet constitué, un sujet effet et pas cause [10], un sujet scindé et pas plein et substantiel [11], un sujet qui ne dit plus ni “je” (psychologie) ni “nous” (sociologie)… Et c’est en ce point précis que les différents « structuralismes » vont se partager.

7.     Partages en matière de théoricité

Tout ceci a des effets plus spécifiques, qui vont concerner plus directement mamuphi, en matière de compréhension de ce que théoriser veut dire, disons en matière de “théoricité” [12].

Le point est que, dans le structuralisme, la théorisation l’emporte sur la théorie conçue comme système stable (de même que, comme le fait bien remarquer Balibar, la systématicité structuraliste n’a pas conduit à des systèmes structuralistes proprement dits).

En ce sens, la théorisation qui n’est pas exactement production d’une théorie (à ce titre, je parlerai désormais, pour le musicien pensif, de pratique théorique) est une intervention conjoncturelle, qui a pour fin d’auto-disparaître dans la production de ses propres effets (voir Althusser). La théorisation relève ainsi d’une stratégie, c’est dire qu’elle est subjectivante plutôt qu’objectivante (elle constitue un sujet plutôt qu’elle ne produit des objets).

La théorisation propre à la pratique théorique ne produit donc pas - ne dépose donc pas -  “une” théorie au sens d’un “un” disciplinaire de type positiviste, d’un outil objectivement appropriable par d’autres subjectivités et dans d’autres conjonctures que celle où elle s’est constituée. La pratique théorique produit des effets dans une conjoncture donnée (la conjoncture « fin du baroque » pour Rameau, la conjoncture « début du xx° siècle » pour Schoenberg, la conjoncture de l’après-guerre pour Boulez…).

Une pratique théorique est donc une intervention stratégique qui s’épuise naturellement dans ses effets, et non pas la production d’opérateurs stables ou d’un nouveau champ disciplinaire – la music theory américaine ! - (et ce même s’il est vrai que toute pratique théorique véritable dépose en cours de route des savoirs théoriques, de même que toute vérité dépose le long de son chemin des savoirs dont l’Académie fait ensuite son profit…).

Une dialectique

« Le vrai est le devenir de lui-même » Hegel [13]

À ce titre, on peut également dire de cette pratique théorique qu’elle relève d’une dialectique [14] s’il est vrai (A. Badiou) que « l’essence de la dialectique, c’est l’inséparabilité de la pensée et de ce que la pensée pense dans son mouvement propre », que « la dialectique est un mouvement qui est à lui-même son propre résultat ».

8.     Enjeux mamuphi

Ceci a des projections immédiates concernant les différentes théorisations de la musique. [15]

·       Il n’est pas vrai que les “théories mathématisées de la musique” renvoient “naturellement” au structuralisme ainsi philosophiquement compris. En particulier celles qui se déploient comme « modèles mathématiques » en vue d’applications musicologiques se disposent sous un tout autre paradigme que structuraliste : un paradigme naturellement positiviste et/ou néopositiviste.

·       “Les théories musicologiques de la musique” relèvent directement de la généalogie positiviste. Lorsqu’elles se mathématisent (Lewin), elles iront spontanément chercher leur justification dans un néopositivisme du « langage mathématique » et du « modèle mathématique ».

·       “Les théorisations mathématiques de la musique” doivent elles-mêmes être divisées en « pratiques théoriques » (Euler) et “théories mathématiques modélisatrices” (Mazzola) : à proprement parler, les premières ne fondent nulle « théorie mathématique de la musique » et s’épuisent dans leurs effets intra-mathématiques [16] ; elles engagent plutôt ce que Connes appelle les mathématiques fondamentales [17]. Les secondes visent à implémenter des outils applicables par les musicologues ; elles concernent ce que les (néo)positivistes appellent les mathématiques modélisatrices.

Je propose en conséquence de nommer différemment les rapports entre musique et mathématiques dans ces deux modes de théorisation :

      dans les pratiques théoriques musiciennes, il y a formalisation (musique→mathématiques) et interprétation (mathématiques→musique) ;

      dans les théories (mathématisées) musicologiques, il y a modélisation (musique→mathématiques) et application (mathématiques-musique).

·       “Les théorisations musicales de la musique” – ou pratiques théoriques de la musique - sont les plus fidèles à cette inspiration structuraliste, y compris dans leur rapport particulier aux mathématiques [18].

 

J’en conclus qu’il vaut mieux modifier désormais mon vocabulaire en posant ceci.

Il y a différentes « théorisations de la musique » avec les mathématiques : des théorisations mathématiques, des théorisations musicales et des théorisations musicologiques (je laisse ici de côté les théorisations de la musique qui n’intéressent pas directement mamuphi : les théorisations psycho-cognitiviste, socio-économique, psychanalytique, physico-acoustique, …).

Les théorisations se scindent dialectiquement en « théories » et « pratiques théoriques », à l’exception des théorisations musicologiques qui se déploient uniquement sous l’angle de théories, faute d’existence (me semble-t-il) de pratiques théoriques spécifiquement musicologiques.

Je propose également de considérer que les théorisations musicales de la musique relèvent exclusivement de pratiques théoriques et ne produisent guère de véritables « théories » de la musique ; tout au plus engendrent-elles parfois (cf. Schoenberg) des manuels d’enseignement musical, lequel d’ailleurs relève précisément d’une pratique musicienne… [19]

On aurait donc le tableau suivant :

Théorisations

Pratiques théoriques

Théories

mathématiques

fondamentales

(Euler)

modélisatrices

(Mazzola)

musicales

Les intellectualités musicales

Ø

musicologiques

Ø

De Riemann à Lewin…

Philosophie sous-jacente

Structuralismes

(néo-)Positivismes

Philosophie versus mythe [20]

On ne saurait réfléchir de manière approfondie ces rapports musique-mathématiques sans se déployer à l’ombre d’une philosophie. On pourrait ainsi dire que la part théorique de mamuphi (non exclusive, je le rappelle : il s’agit plus encore de faire raisonner deux faire) consiste à théoriser la musique à la lumière des mathématiques et à l’ombre de la philosophie.

Ne pas le faire à l’ombre d’une philosophie déclarée et assumée conduit très vite à concevoir les rapports mathématiques-musique selon une mytho-logique.

Question subsidiaire d’ordre philosophique

Où inscrire la phénoménologie husserlienne, du moins sa part se souciant réellement de mathématiques (et donc où inscrire Dessanti) ? Qu’a-t-elle à dire sur ces questions de théoricité qui ne soit pas attaché à un idéalisme de la conscience constituante ?

 

*



[1] Voir l’article très stimulant d’Étienne Balibar Le structuralisme : une destitution du sujet ? dans le numéro Repenser les structures de la Revue de Métaphysique et de Morale (janvier 2005).

On le trouvera en ligne à http://ciepfc.rhapsodyk.net/article.php3?id_article=172

[2] J’associe cette thèse de Balibar à la problématique philosophique de Badiou : l’intension philosophique s’attache essentiellement au couple sujet / vérité (cette dernière, bien sûr, ne devant pas être confondue avec la véridicité ou la véracité), et ce quelles que soient les renominations éventuelles de ces concepts par telle ou telle philosophie.

La philosophie n’est donc pas en soi une théorie de la connaissance (« à quelles conditions peut-on connaître, comment peut-on savoir,… ? »), une épistémique ou une heuristique, sauf à préciser que le sujet qu’il s’agit philosophiquement de concevoir serait essentiellement un sujet de la connaissance, un sujet constitué par (ou constituant de) une telle connaissance.

[3] É. Balibar nous met sur la piste d’un exemple passionnant : celui de Benveniste qui, dans La nature des pronoms (1956, Problèmes de linguistique générale, tome I p. 251…), est attentif à distinguer, dans la classe formelle des pronoms dits « personnels » {je, tu, il}, les deux premiers du troisième à mesure précisément de ce que, si je et tu constituent bien un sujet de l’énonciation (« c’est en s’identifiant comme personne unique prononçant je que chacun des locuteurs se pose tour à tour comme “sujet” »), il par contre relève plus ordinairement d’un sujet préalablement constitué apte ainsi à désigner et référer. D’où le tracé d’une ligne de démarcation entre pronoms « personne » (je, tu) et pronom « non-personne » (il) qui conduit à disjoindre deux positions-sujet : un sujet parlé par la langue (constitué) et un sujet qui la parle (constituant).

[4] Faut-il rappeler que L. Ferry et A. Renaut avaient, en 1985, indexé « la pensée 68 » à un anti-humanisme qu’ils considéraient comme « profondément désuet » ? D’où leur entreprise de promotion de Kant, Fichte et Habermas et leur proposition d’un « nouvel humanisme non métaphysique », dont le principe actif était en fait « une juridicisation du sujet » (Pierre Macherey) sous forme d’un sujet de/du droit !

[5] Dans son Second Manifeste pour la philosophie (à paraître en 2009), Badiou écrit ainsi (chapitre 4 : L’existence)  : « Je vais proposer en revanche un concept de l’être-là et de l’existence sans faire le moins du monde référence à quelque chose comme la conscience, l’expérience ou la réalité humaine ; je reste de ce point de vue dans la lignée anti-humaniste d’Althusser, de Foucault ou de Lacan. »

[6] Voir le sixième critère du structuralisme proposé par Gilles Deleuze dans À quoi reconnaît-on le structuralisme ? (1972) in L’Île déserte (p. 238).

Je rappelle ses six critères :

1.     la reconnaissance d’un troisième ordre (après ceux du réel et de l’imaginaire) : celui du symbolique ;

2.     un critère local ou de position : ce qui structure, ce sont les places d’un espace (les lieux l’emportent sur ce qui les remplit) ; d’où le caractère topologique et relationnel de l’ambition structuraliste ;

3.     le différentiel et le singulier : le rapport détermine et différencie ce qu’il rapporte ; il assigne ce faisant les singularités ;

4.     le différenciant, la différenciation : le temps y est un temps d’actualisation ;

5.     le sériel : toute structure est (multi-)sérielle ;

6.     la case vide : cf. le « mana », le « signifiant flottant », le perpetuum mobile, le phallus…

[7] Cf. par exemple le débat Alain Badiou / Jacques-Alain Miller qui encadre toute la séquence (1966-1969) des Cahiers pour l’analyse :

      J.-A. Miller - La Suture ; n°1 – La Vérité ; janvier-février 1966 (le sujet comme « effet du signifiant », comme suture d’une logique du signifiant : « la suture nomme le rapport du sujet à la chaîne de son discours ; il y figure comme l’élément qui manque, sous l’espèce d’un tenant-lieu » p. 39)

      J.-A. Miller - L’action de la structure ; n°9 – Généalogie des sciences ; été 1968 (le zéro comme « marque d’un manque »… p. 102)

      A. Badiou - Marque et Manque : à propos du zéro ; n°10 – La Formalisation ; hiver 1969. Badiou y engage un « procès critique » de la logique du Signifiant, entendue comme « système des concepts par lesquels penser l’articulation du sujet : Manque, Place, Tenant-Lieu, Suture, Forclusion, Refente. » p. 151. Il oppose le zéro comme « marque d’une marque manquante » (p. 161) au zéro comme « marque d’un manque » (Miller)…

On trouvera l’article en question à l’adresse suivante : http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/Marque-manque.pdf

[8] au sens subjectif du génitif : le sujet dont l’événement est en puissance.

[9] Le constructivisme désigne une orientation de pensée de nature ontologique qui, en tant que telle, concerne les « procédures de vérité », c’est-à-dire les pensées effectivement productrices de vérité (pensées scientifiques, artistiques, politiques et amoureuses) : cf. le constructivisme du cubisme, du sérialisme, du cinéma « constructiviste » russe, mais aussi du léninisme, sans oublier celui du bourbakisme (dont la structure diffère fortement de celle du structuralisme : voir Deleuze, L’Île déserte, p. 247)…

En ce sens, le constructivisme - qui emboîte les structures en sorte d’y mesurer l’être et les étants « au plus près » (il s’agit dans le constructivisme de minimiser l’excès ontologique irréductible en mesurant les capacités d’existence aux puissances distinctives du langage, y compris symbolique) - désigne une orientation ontologique sous-jacente (qui porte sur l’existence, donc l’être-là…), mais il n’est pas en tant que tel une orientation philosophique car il ne prend pas directement ou explicitement position sur la question même du « sujet » et de la « vérité » (au sens philosophique du terme), et ce même si toute orientation philosophique en matière de sujet suppose une orientation ontologique sous-jacente.

On dira : le constructivisme relève d’une orientation ontologique particulière, non en tant que tel d’une philosophie spécifique. Entre orientations ontologique et philosophique, il y a différence articulée. Et de même entre structuralisme et constructivisme.

Voir ces deux contre-exemples à la fausse équation : « constructivisme ≡ structuralisme ».

·       Si l’on inscrit la philosophie de Badiou dans le prolongement d’un « structuralisme » philosophiquement bien compris, l’orientation ontologique qu’il privilégie est celle du générique (et non pas du transcendant – qu’il ne faut évidemment pas confondre avec la question du transcendantal… -). Donc ici « structuralisme » se distingue de « constructivisme ».

·       Mais l’inverse est tout aussi vrai : il peut y avoir (il y a même souvent) orientation ontologique constructiviste et philosophie néopositiviste (qui va mesurer l’admission à l’existence des choses au pouvoir discriminant du langage).

Bref, ne confondons pas les deux, particulièrement dans mamuphi !

[10] Une des marques de l’idéalisme est que le sujet, au lieu d’y être un problème, est « la » réponse. Pourquoi y a-t-il consistance des phénomènes ? Réponse de l’idéalisme : parce qu’il n’y a de phénomènes que pour un sujet, et que l’un de ce sujet fait alors l’un des phénomènes… Etc.

Où l’on retrouve cette marque distinctive, plus générale, de l’idéalisme : il a besoin de se donner au principe du « il y a » une dualité constituante (ici être / sujet).

[11] Voir Lacan, bien sûr…

Pour le rapport de Lacan au structuralisme, voir par exemple Réponses à des étudiants sur l’objet de la psychanalyse (19 février 1966 – Cercle d’épistémologie de l’Ens) : « L’anthropologie la meilleure ne peut aller plus loin que de faire de l’homme l’être parlant. […] Or le sujet de la psychanalyse est un être parlé. […] En fait la psychanalyse réfute toute idée jusqu’ici présenté de l’homme. […] L’objet de la psychanalyse n’est pas l’homme ; c’est ce qui lui manque. […] La psychanalyse comme science sera structuraliste ».

[12] La théoricité est au théorique comme la systématicité l’est au systématique ou l’historicité à l’historique…

[13] « Das Wahre ist das Werden seiner selbst. » Préface de la Phénoménologie de l’Esprit (§18)

[14] au sens platonicien du terme qu’Alain Badiou s’emploie à restituer dans son séminaire Pour aujourd’hui : Platon ! (http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/seminaire.htm)

[15] Je rappelle : il ne faut pas, selon moi, réduire mamuphi aux seules questions de théorisation. Ce serait ensabler notre dynamique que de ne pas y inclure une double problématique du faire : faire de la mathématique/musique avec la musique/mathématique…

[16] Je rappelle (cf. Euler) : ces enjeux s’attachent à produire de nouveaux concepts des mathématiques fondamentales, d’autre part à éprouver l’unité des mathématiques, c’est-à-dire la connexité et l’unicité du monde mathématique.

[17] Voir la fiche Mathématiques fondamentales/modélisatrices :

http://www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2008/Maths.htm

[18] Voir par exemple le rapport de Claude Lévi-Strauss aux groupes de Klein explicités par André Weil dans Structures élémentaires de la parenté. Ce rapport de Claude Lévi-Strauss n’est nullement de l’ordre d’une application mais bien plutôt d’une inspiration faite d’une articulation entre formalisation et interprétation…

[19] Il ne faut donc pas extraire les théorisations de Rameau, Schoenberg ou Boulez de leur intention (intension !) stratégique : le faire, c’est précisément les rabattre (de manière positiviste) en théories musicologiques ! À ce titre, il serait tout à fait passionnant de reparcourir les supposées « théories » de la musique de Rameau, Schoenberg et Boulez pour montrer en quoi il y s’agissait essentiellement de pratiques théoriques, intervenant stratégiquement dans un contexte historiquement constitué (1750…, 1913…, 1945…) et dotées d’enjeux musicaux très précis.

La pratique de Schoenberg est ici très éclairante. On a d’un côté un Traité d’harmonie, œuvre de jeunesse, qui relève clairement d’une pratique théorique conjoncturelle et stratégiquement orientée (voir sa conclusion sur la Klangfarbenmelodie…), et de l’autre des manuels (Structural functions of harmony), œuvres tardives, qui ne relèvent d’une éventuelle « théorie » qu’en un sens vulgaire : celui d’une simple abstraction (au sens de la fameuse Théorie de la musique de Danhauser !). Entre les deux l’intellectualité musicale de Schoenberg se déploie sans jamais déposer « une théorie » en bonne et due forme (l’idée d’une « théorie dodécaphonique », ce monstre musical, reste l’affaire calamiteuse de René Leibowitz, de Milton Babbitt et de la music theory…).

[20] Charles Alunni nous a récemment rappelé l’importance de cette alternative…