DÕune longue marche de la modernit musicale, la
lumire de lÕalgbre galoisienne
(sminaire mamuphi, 20 janvier 2018)
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Franois Nicolas
[
Introduction lÕatelier mamuphi sur Galois, le samedi 7 avril 2018 lÕIrcam]
Rsum........................................................................................................................................... 1
Attendus......................................................................................................................................... 4
De lÕalgbre en mamuphi
É..................................................................................................... 4
DÕune singularit algbrique dans la thorie de GaloisÉ.................................................. 4
DÕune puissance de pense spcifiquement moderneÉ...................................................... 5
DÕune mutation russie par la modernit mathmatique dans les
annes 60.................. 6
De trois priodes dans les diffrentes modernitsÉ............................................................ 6
Un exemple.................................................................................................................................... 7
Une quation............................................................................................................................. 7
Cinq racines inconnues cependant classer......................................................................... 8
Oprations sur un regroupement dfini mais indtermin................................................ 9
Correspondance de Galois..................................................................................................... 10
Alliage de six gestes galoisiens de pense............................................................................... 11
1. Rdupliquer............................................................................................................................ 11
2. Renverser................................................................................................................................ 11
3. Dualiser.................................................................................................................................. 12
4. tendre................................................................................................................................... 12
5. Adjoindre............................................................................................................................... 12
6. Renoncer................................................................................................................................ 12
Un
alliage................................................................................................................................. 12
Annexes........................................................................................................................................ 13
DÕune mlancolie mathmaticienne prcdant lÕvnement-Galois................................ 13
DÕun ncessaire renoncementÉ........................................................................................... 13
Douze moments mathmatiques o ce qui fut soustrait se
convertit en affirmation.... 14
Les mathmatiques modernes naissent autour de 1830 avec la thorie de Galois [1], qui rvolutionne lÕalgbre en repensant lÕquation polynomiale comme correspondance entre corps (de rsolution) et groupes (de permutations) de ses racines. Ce faisant, Galois rsout une crise algbrique des quations irrductibles (qui, par bien des points, sÕapparentait lÕantique crise arithmtique des nombres irrationnels [2]) et arrache ainsi les mathmatiques [3] au climat dsabus qui y dominait depuis un demi-sicle [4] pour les engager sur ce que Grothendieck nommera, un sicle et demi plus tard, Ē une longue marche Č, toujours en cours. [5]
Quel type de modernit mathmatique merge ainsi dans les Ē extensions et groupes de Galois Č ? Comment, en algbre, configurent-elles lÕopposition du classique et du moderne ? [6] Ce renversement de lÕalgbre (o dsormais le polynme structure le produit de ses zros en groupe stable au lieu de le disperser en rsolutions individuelles) peut-il intresser aujourdÕhui de tout autres types de modernits, ensables dans leurs propres saturations, commencer par la modernit musicale, engage par Schoenberg, mise mal aprs 1968 par la postmodernit et, depuis la mort de Carter et de Boulez, tenue pour forclose par la plasticit contemporaine de la performance, du mixage et de la numricit ? [7] Ė quelles conditions serait-il possible de reprendre la longue marche de ces modernits (politiques, artistiques, amoureusesÉ) aux points mmes o une mlancolie rsigne [8] les a abandonnes ?
LÕhypothse sera quÕun certain style galoisien de pense peut ici nous clairer, nous guider et nous encourager. Nous en thmatiserons, pour ce faire, les caractristiques suivantes : rduplication (de lÕnonciation), renversement (de la problmatique), dualisation (des corrlations), extension (dÕensemble), adjonction (lmentaire) et renoncement (circonscrit), soit au total le faisceau de six gestes :
1. Rdupliquer (ou dialectiser) lÕnonc du problme dans son nonciation : Galois, en tablissant la pense algbrique dans ce quÕelle ne connait pas de lÕinconnue sans plus la cantonner ce quÕelle peut en connatre (cÕest--dire lÕquation formalisant les relations connues de lÕinconnue), dispose ainsi lÕnonciation algbrique sous le signe mme de lÕinconnaissable quÕelle tudie. [9]
2. Renverser (ou retourner) lÕordre du problme en sorte de ressaisir le point o lÕon bute comme la ressource dÕo repartir : Galois Ē groupe Č les racines algbriquement indiscernables pour mieux travailler la structure mme de leur ambigut. [10]
3. Somme toute, dualiser (ou rciproquer) les deux faces du problme en les saisissant dans lÕunit dialectique de leur opposition, dans lÕambigut duale de leur sparation [11] : Galois, prolongeant lÕalgbrisation cartsienne de la gomtrie, gomtrise lÕalgbre des polynmes en sorte quÕon puisse interprter et formaliser chacune en lÕautre. Cette dualit (ou rciprocit) des rles [12] est au cĻur de la dimension fonctorielle de la Ē correspondance de Galois Č : fonctorialit (contravariante) entre extensions de corps et rductions de groupes. [13]
4. tendre, soit sortir de lÕimpasse par le haut en crant de nouvelles notions qui autorisent lÕextension du domaine de travail : Galois, reliant la rsolubilit de lÕquation son corps de rsolution, explore les extensions de corps (donc de la situation constituante) qui vont autoriser de nouvelles possibilits.
5. Pour mettre en Ļuvre cette extension, adjoindre : Galois invente ce faisant la mthode si puissante de lÕadjonction-extension. [14]
6. Last but not least, accepter de payer le prix du nouvel espace tendu en renonant ces premires motivations quÕil devient rtroactivement possible de caractriser comme une sorte de stade juvnile de la discipline : ainsi Galois dftichise [15] le millnaire dsir algbrique de rsolubilit. [16]
Au total, Galois contribue ainsi lÕhistoire mathmatique de ces rvolutions o une notion de prime abord privative se retourne en socle affirmatif pour de nouveaux lans : lÕinconnu (Al-Khawrizm), lÕirrductible (Galois), lÕirrationnel (Dedekind), lÕinfini (Cantor), le non-euclidien (Riemann), lÕinvariant (Klein), lÕincompltude et lÕindcidable (Gdel), lÕirrgulier (Hironaka), lÕindiscernable (Cohen), lÕinfinitsimal (Robinson, Conway), le non-commutatif (Connes), etc., toutes notions qui font bien sr cho lÕinconscient (Freud). [17]
Tout ceci ne constitue-il pas une tonnante ressource mamuphique pour ceux qui, ne cdant pas sur leur dsir de modernit musicale [18], devront, tt ou tard, reconvertir la dimension soustractive et asctique de sa squence fondatrice (a-tonalit, a-thmatisme et a-mtricit) en la figure affirmative et expressive dÕune troisime squence [19], extrayant par le haut la composition moderne de son enlisement constructiviste (srialisme) ?
Il sÕagit dÕouvrir ici un nouveau vaste chantier mamuphi sur la thorie de Galois, de sa naissance jusquÕ nos jours.
Un prcdent travail sur la thorie de Cohen (forcing) avait mis en vidence une gnalogie ascendante Cohen→Galois, explicite par Paul Cohen au dbut de son exposition du concept de forcing [20] : Ē La situation est analogue la construction de lÕextension dÕun corps forme en adjoignant la racine dÕune quation irrductible Ä(x)=0. Č
SÕengager cependant dans un travail algbrique au long cours pose, mon sens, un problme spcifique mamuphi : lÕalgbre est en effet le lieu de ce que Ren Guitart appelle Ē la lettre aveugle Č, autant dire le lieu dÕun calcul peu stimulant pour des intellectualits non mathmatiques.
Ainsi dans la Ē pulsation gomtrie-algbre Č (R. Guitart), lÕintellectualit musicale sÕinspire-t-elle plus volontiers de la gomtrie – disons : de la figure gomtrique et du diagramme.
La musique dispose en effet de sa propre algbre (elle sÕappelle solfge), de ses propres lettres (elles sÕappellent notes), disons : de son propre ordre symbolique par formalisation littrale si bien que, sauf dlguer ses calculs lÕalgbre (voie de lÕinformatique musicale), la musique a un imaginaire plus naturellement tourn vers le gomtrique, le figural, le diagrammatique.
Il est vrai cependant que mamuphi est lÕunit dialectique de deux voies :
1. la voie de lÕapplication : celle o un problme musical trouve sa rsolution par application mathmatique ;
2. la voie des raisonances thoriques : celle des correspondances, des analogies, ventuellement des fonctorialits.
LÕalgbre correspond plus naturellement la voie-application car le calcul y est plus central - lÕalgbre nÕest-elle pas le site paradigmatique du calcul mathmatique (mme si, comme on va voir, Galois rvolutionne cette caractrisation de lÕalgbre) ?
tudier la thorie de Galois fait exception cette rserve mamuphique concernant lÕalgbre car il sÕagira pour nous, dans un premier temps, dÕen tudier surtout la naissance (tout comme jÕai pu tudier la naissance de lÕalgbre en gnral dans ce qui pouvait encore sÕappeler lgitimement Ē monde arabe Č - Bagdad, 830 – ce qui mÕa amen soutenir que la langue arabe avait constitu le berceau de lÕalgbre).
tudier la naissance dÕune thorie, cÕest en effet non pas tant sÕen saisir pour examiner ce quÕelle claire en aval dÕelle-mme quÕexaminer ses conditions dÕmergence, lÕclairer donc du point de son amont : comment a-t-elle pu se constituer, par quels gestes de pense ?
Il va donc sÕagir pour nous, au moins dans un premier temps, dÕexaminer la thorie moins dans son dveloppement dtaill et la sinuosit de ses dmonstrations que dans ses audaces constituantes, ses courages de pense, ses lans pour dpasser les obstacles.
LÕintrt spcifique de cette thorie de Galois est en effet que les obstacles vont sÕavrer tre Ē franchis Č sans quÕils soient pour autant effacs ou dissous : ici les quations algbriques qui font obstacle la rsolution par radicaux vont bien rester dfinitivement irrductibles, irrsolubles donc ! Mieux, la thorie va dmontrer que lÕobstacle est bien infranchissable Ē par radicaux Č, que les racines de lÕquation irrductible vont bien dfinitivement rester Ē hors-champ Č de lÕalgbre des nombres rationnels. Mais, en montrant que lÕobstacle est ainsi bien rel, en dmontrant le point de rel de lÕimpasse, la thorie va subsumer la situation donnant forme au problme. Elle ne va donc pas effacer lÕimpasse ; elle ne va pas dtruire ou percer le mur qui la barre ; ce nÕest pas non plus que la thorie va sortir de lÕimpasse en sautant, tel Icare, par-dessus le mur pour mieux ensuite le laisser derrire soi, lÕabandonner son sort dÕobstacle localis, le dlaisser comme terrain inappropri de jeu, comme ddale strile pour la pense. CÕest plutt quÕen comprenant le rel de cette impasse, lÕimpossible franchir, la thorie va comprendre o situer cette impasse dans le champ global dont elle est lÕimpasse propre.
Ainsi lÕimpasse trouve sa solution en tant non pas minore mais majore comme point rel dÕune situation globale : lÕimpasse ici, loin dÕapparatre comme un garement circonstanciel – une erreur dÕaiguillage -, va valoir comme singularit au sens dÕHironaka cÕest--dire comme faisant symptme ponctuel dÕune structure globale inapparente. LÕimpasse, ainsi comprise comme impasse relle et ncessaire, et non plus comme dfaut de connaissances ou de mthodes, avoue un secret de la situation globale.
CÕest ce titre que, en ces temps dÕimpasse pour bien des penses, cette exprience-Galois peut sÕavrer, pour nous non-mathmaticiens, prcieuse.
Elle incite dÕabord distinguer deux sortes dÕimpasses :
- des impasses conjoncturelle ou impasses par dfaut (Ē faute de ceci ou de cela, on nÕa pas encore trouv le moyen de se faufiler Č) ;
- des impasses structurelles ou impasses de structure, lesquelles ouvrent alors deux voies possibles :
o celle de lÕabandon et du dplacement procdant du diagnostic suivant : Ē la voie tant dfinitivement bouche, il nous faut aller voir ailleurs Č ;
o celle dÕune mutation dÕensemble qui associe conversion des dsirs, largissement des problmatiques et nouvelle vision dÕensemble – je propose de la nommer : passage dÕun stade juvnile un stade adulte de la problmatique en question.
Galois est le nom dÕun tel passage, dÕune telle mutation dont tous les mathmaticiens aujourdÕhui conviennent de dire quÕelle est la mutation de la mathmatique classique en la mathmatique moderne.
Prenons donc la thorie de Galois (1830) comme le geste fondateur de la modernit mathmatique, un peu comme les Thses sur Feuerbach (1845) et le Manifeste du parti communiste (1848) de Marx le sont pour la modernit politique ou les opus 10 (2” quatuor, 1908) 21 (Pierrot lunaire, 1912) de Schoenberg le sont pour la modernit musicale.
Notre
hypothse de dpart sera donc que cette mutation-Galois indexe une puissance
spcifiquement moderne, qualitativement diffrente de la puissance classique,
par exemple dÕun Descartes (dont la mathmatique - Gomtrie - vient appuyer un Discours de la mthode o la raison classique sÕattache convertir
le doute en certitude tout de mme que lÕalgbre classique convertit lÕinconnu
en connu pour peu, comme lÕcrit Descartes dans ses Rgles
pour la direction de lÕesprit,
quÕelle ose Ē lÕartifice de supposer connu
ce qui est inconnu Č).
Le trait frappant de cette mutation est quÕelle va librer des forces stratgiques trs grande chelle temporelle (celle-l mme que Grothendieck appelle Ē longue marche Č et qui se prolonge depuis bientt deux sicles).
Cette mutation ouvre donc une nouvelle re – lÕre des mathmatiques modernes.
JÕaimerais au passage quÕon mÕexplique ce que de supposes Ē mathmatiques romantiques Č peuvent bien tre. QuÕil y ait des mathmaticiens romantiques, cÕest une chose. Mais quÕil y ait des mathmatiques intrinsquement romantiques comme il y a bien des mathmatiques intrinsquement classiques et modernes, des musiques ou des pomes intrinsquement romantiques, toutes propositions attestables dans le dtail intrieur des textes concerns, cÕest une tout autre chose !
Le raz de mare dclench par cette mutation – raz de mare trs lent au demeurant se dclencher mais ensuite dÕautant plus irrsistible que ses lans contenus se seront longuement accumuls – peut, me semble-t-il, se priodiser entre trois tapes principales :
1) lÕtape constituante : celle de Galois ;
2) lÕtape de la gnralisation et de lÕlargissement : celle quÕon dira dÕArtin - ici la thorie sÕtend la fois verticalement par abstraction et horizontalement par extension dÕautres quations que les quations polynomiales (quations trigonomtriques, elliptiques, diffrentiellesÉ) et dÕautres objets que les quations prcdentes (gnralisations du ct des corps ou des groupes, largissements aux groupes de Galois arithmtiques ou gomtriques, etc.) ;
3) lÕtape de la mutation interne la grande mutation-Galois : celle de Grothendieck (nouvelles gnralisations et largissements – K-algbres, catgories de Galois, schmasÉ – autorisant une gomtrisation systmatique, via la thorie des catgories, de cette algbre moderne).
LÕenjeu principal et ultime du chantier dcennal que je propose dÕouvrir [21] serait de caractriser les gestes spcifiques de ce troisime temps dit Grothendieck, les ressources spcifiques de cette mutation interne la modernit mathmatique : l o les gestes constitutifs de la seconde tape sont clairement ceux de lÕabstraction formalisante, de la gnralisation et de lÕlargissement, ceux de la troisime tape, sans renier les prcdents, introduisent des gestes dÕun autre type.
Indiquons dÕores et dj un trait frappant [22] de ce troisime temps : Emil Artin (seconde tape) a formalis une thorie de Galois gnralise (corps quelconqueÉ) et ainsi aboutit une exposition concentre dÕune extrme lgance et limpidit. Le problme est que, ce faisant, il a serti la thorie tel un diamant, fascinant mais corrlativement peu accessible aux appropriations particulires de la thorie.
O lÕon retrouve le danger de cette dviation quÕon dira formaliste [23] qui a contribu lÕimpasse des secondes tapes pour les diffrentes modernits : srialisme sans thmatisme, structuralisme sans sujet, marxisme-lninisme sans liaison de masse, abstraction picturale sans figure [24], etc.
Les mathmatiques sÕen sont sorties dans les annes 60 la fois en se dveloppant comme il est naturel en aval du point dÕarrt – en particulier par ces explorations des groupes de Galois quÕautorisaient les nouvelles puissances informatiques de calcul – mais galement en amont, grce cette fois Grothendieck.
Arrtons-nous un instant sur ce geste consistant travailler en amont du point dÕarrt plutt quÕ simplement et naturellement examiner son aval. Il est caractristique de ce troisime temps qui est le ntre car il est caractristique dÕun temps de reprise plutt que de fondation.
Travailler lÕamont immdiat dÕun problme suppose de faire un lger pas en arrire pour examiner sous un autre jour le point dÕarrt, pour dgager un entour du point o les choses se sont cristallises et figes.
Dans le geste en question de Grothendieck (celui, dlimit, qui concerne la thorie de Galois), il ne sÕagit pas proprement parler dÕexaminer les Ē conditions de possibilit Č de lÕarrt concern, ni non plus son Ē transcendantal Č (la structuration logique implicite de la situation gnrale). Mon hypothse serait quÕil sÕagit plutt de remonter de lÕnonc sa position dÕnonciation : ici de remonter des noncs algbriques Galois-Artin (sur les groupes) leurs conditions gomtriques dÕnonciation. Le geste de Grothendieck reviendrait donc poser quÕavant mme le groupe, en amont de lui, il y a une gomtrie lÕĻuvre, un paysage examiner, cet espace que jÕappelle Ē hors-champ Č du corps constituant, ce lieu spcifique que le groupe va venir structurer dans un temps second.
Cette hypothse sera travailler en dtail ; elle intuitionne ce qui pourra, en cette affaire (malgr tout extrmement technique et requrant un trs lourd investissement pour sÕapproprier les mathmatiques concernes), nous intresser, nous non-mathmaticiens dsirer de penser aujourdÕhui telle ou telle modernit spcifique la lumire des mathmatiques modernes et lÕombre de la philosophie de notre temps.
Soit une nouvelle hypothse de travail : ces trois priodes de la modernit algbrique pourraient clairer les problmes aujourdÕhui des autres modernits sÕil est vrai que ce troisime moment de la modernit mathmatique fait utile exception dans lÕensablement des diffrentes modernits autour de 68.
Il est en effet frappant quÕ bien y regarder, les mathmatiques ont russi, partir des annes 60, leur rvolution dans la rvolution moderne – on peut ici parler dÕun Ē tournant gomtrique dans la pense Č [25], dqualifiant lÕancien dtestable Ē tournant linguistique Č du Cercle de Vienne - l o les autres penses non-scientifiques ont massivement chou ( lÕexception notable de la philosophie [26]) :
- voir, face la peinture et la sculpture modernes, lÕhgmonie de Ē lÕart contemporain Č [27] ;
- voir le tournant de la musique moderne autour de 68 [28] ;
- voir lÕensablement progressif des politiques modernes dÕmancipation, puis leur oubli (nostalgique) partir de la fin des annes 70 et finalement aujourdÕhui leur forclusion (mlancolique) ;
- voir en amour, lÕensablement, aprs le moment lacanien, dÕune pense vive de la diffrence des deux sexes.
Sur ce fond, la mathmatique fait donc exception victorieuse ! Tout projet de relancer les modernits selon une troisime vague stratgique ne peut donc quÕutilement tirer parti de son cole.
Autant de raisons ainsi de nous pencher aujourdÕhui sur la thorie de Galois pour en saisir ce que Gerard Manley Hopkins appellerait ses instress (ses intensions), autant dire son mouvement dÕmergence, son nergie constituante, son audace subjective.
Tentons pour cela dÕidentifier les instress spcifiques de la thorie de Galois.
Entrons concrtement dans notre sujet par un exemple.
Partons dÕune quation, emprunte Alain Connes [29] :
x5+x4-4x3-3x2+3x+1=0
Son graphe nous indique quÕelle a cinq racines relles :
Nommons-les par valeurs croissantes : A, B, C, D, et E.
On peut approcher ces valeurs par calcul numrique :
A≃-1,918986É ; B≃-1,309721É ; C≃-0,28463É ; D≃0,83083É ; E≃ 1,682507É
Par une mthode quÕon ne prcisera pas ici, on peut savoir que ce polynme est irrductible et donc quÕaucune des racines A, B, C, D, E ne pourra tre individuellement exprime comme fonction algbrique des coefficients de lÕquation.
On dira : lÕensemble
(ou regroupement des cinq
racines) ℰ={A, B, C, D, E} est dfini par le polynme [30] ℘= x5+x4-4x3-3x2+3x+1
mais il nÕest pas pour autant dtermin
si lÕon entend ici par Ē dtermin Č le fait dÕtre algbriquement dterminable
(cÕest--dire par radicaux) de lÕintrieur mme de la situation algbrique de
dpart (cÕest--dire ici du corps des nombres rationnels ℚ, pris comme corps Ē de rationalit Č du
problme).
La situation algbrique constituante – le Ē corps
de rationalit Č - est ainsi faite dÕobjets (les lments de ℚ cÕest--dire les nombres dits rationnels) et dÕoprations
sur ces objets (celles de lÕalgbre classique – addition/soustraction,
multiplication/division, extraction de racines - rsumes par lÕexpression
Ē radicaux Č) qui les maintiennent dans ℚ (quÕon appelle prcisment Ē corps Č en raison de cette
clture sur soi).
On dira
que les racines A-B-C-D-E sont toutes hors-champ
du corps constituant.
Mais
leur ensemble (ou regroupement) ℰ, tant lui bien dfini partir
de ℚ par ℘, nÕest pas pour autant quelconque. Il constitue une sorte
dÕinconnu dfini, tout comme, pour Al-Khawrizm, x est un inconnu dfini pour
lÕquation algbrique (polynomiale) de base P(x)=0.
Remarque
La langue franaise diffrencie ses articles en distinguant articles dfinis/indfinis : par exemple,
quand on dit en franais Ē lÕhomme
est naturellement bon Č, homme
se dit avec lÕarticle dfini (on parle ici du type homme, dfini par diffrence
avec le type animal) lors mme que lÕhomme en question restera indtermin
(gnrique). LÕarticle, ici, dfinit le type sans dterminer lÕindividu.
Par contre, la langue arabe diffrencie ses articles en distinguant articles dtermins/indtermins : si on parle en arabe de Ē lÕhomme Č, cela prsupposera quÕil sÕagit ici dÕun homme dtermin (Al ou Muhammad), ce qui dans lÕexemple de notre phrase, nÕa pas de sens. Pour dire la mme chose, la langue arabe employera donc ici lÕarticle indtermin et noncera : Ē dans un homme, il y a la bont. Č
Comme on va le voir, cette dialectique du dfini et du dtermin est au cĻur de notre problme algbrique.
Galois
va travailler non plus comme Al-Khawrizm sur les relations dterminables
enserrant lÕinconnue individuelle x (les relations de x soi-mme –
notes xn – et des constantes qui
sont algbriquement formalises par lÕquation) mais sur les proprits
dfinissables de lÕinconnu collectif ℰ (relations de ℰ lui-mme qui vont tre formalises par le groupe
algbrique).
On voit
quÕil y a ici une extension du travail dans lÕinconnu : on peut dfinir
lÕinconnu sans le dterminer. Ainsi, si lÕquation algbrique classique
travaille lÕinconnue x pour la rendre ultimement connue (son but est la
rsolution de lÕquation par dtermination de son inconnue [31]),
pour sa part le groupe de Galois va travailler ℰ
pour mieux le dfinir comme indterminable cÕest--dire comme destin rester inconnu du point
de vue de ℚ.
Revenons notre quation.
Remarquons ceci : mme si aucun individu du collectif des racines nÕest discernable algbriquement, le collectif comme tel est algbriquement discernable. En effet, on sait que lÕon a :
x5+x4-4x3-3x2+3x+1=(x-A)(x-B)(x-C)(x-D)(x-E)
Et lÕon sait, par dveloppement du polynme, que lÕon a :
x5
-(A+B+C+D+E)x4
+(AB+AC+AD+AE+BC+BD+BE+CD+CE+DE)x3
-(ABC+ABD+ABE+ACD+ACE+ADE+BCD+BCE+BDE+CDE)x2
+(ABCD+ABCE+ABDE+ACDE+BCDE)x
-ABCDE=0
On en dduit donc que
į A+B+C+D+E=-1
į AB+AC+AD+AE+BC+BD+BE+CD+CE+DE =-4
į ABC+ABD+ABE+ACD+ACE+ADE+BCD+BCE+BDE+CDE =3
į ABCD+ABCE+ABDE+ACDE+BCDE =3
į ABCDE=-1
Autant donc de connaissances globales sur le collectif ℰ.
On se retrouve ainsi face au paradoxe suivant : le collectif des cinq racines est discernable algbriquement comme collectif alors quÕindividuellement aucun de ses lments (racines) ne lÕest ; le collectif est dfini mais aucun de ses lments nÕest individuellement dtermin.
En effet, au stade o nous en sommes, on connat certaines relations internes ℰ - on en connat dj cinq avec nos formules prcdentes – mais on ne connat bien sr pas toutes ces relations (si on les connaissait toutes, on connaitrait alors la relation dÕidentit que chacune entretient avec elle-mme et chaque racine serait ainsi dtermine) : par exemple, on ne connat pas AC+BD+CE+DA+EB ou ABD+BCE+CDA+DEB+EAC. On connat moins encore AB+CE, AB, A, etc.
LÕide est alors dÕexplorer les proprits quÕon peut
connatre de cet ensemble ℰ.
Ce faisant, on va oprer algbriquement sur lÕensemble inconnu ℰ un peu comme Al-Khawrizm a opr sur lÕlment inconnu x : la mthode algbrique a en effet pour noyau fondateur lÕide de traiter lÕinconnu comme sÕil tait connu en le nommant pour mieux le formaliser littralement.
Face un problme concret, Al-Khawrizm traite lÕinconnu comme sÕil tait connu en lui donnant un nom propre x en sorte dÕexaminer les relations connaissables de cet x (inconnu fictionn en connu) avec lui-mme (x2) ou avec des quantits connues (constantes). DÕo la formalisation de ce rseau de relations connues en un nouvel objet algbrique : lÕquation.
En un sens, Galois fait de mme en posant : Ē faisons comme si lÕensemble des racines inconnues tait connu, donnons-lui le nom propre ℰ et examinons quelles relations cet ensemble entretient avec lui-mme. Č DÕo la formalisation de ce rseau de relations connaissables en un nouvel objet algbrique : le groupe de Galois.
Attention : ce groupe de Galois nÕest pas lÕensemble ℰ des racines (leur regroupement) mais un ensemble structur (on va voir comment) dÕoprations sur ℰ (celles qui vont le maintenir inchang). [32]
Au total, comme Al-Khawrizm est pass de lÕinconnue son quation (en fictionnant lÕinconnue comme connue), Galois va passer de lÕquation son groupe ; le travail algbrique monte ainsi dÕun cran : inconnu→quation→groupe.
Quelles sont ces oprations ?
Ce sont – ce ne peuvent tre – que des permutations Pi sur les lments de cet ensemble ℰ, cÕest--dire sur les racines de lÕquation (ou zros du polynme).
Le point dcisif va tre de montrer que lÕensemble de ces permutations (leur regroupement 풢={Pi}) nÕest pas seulement un tas, un paquet dÕoprations mais a une structure interne particulire, celle prcisment qui va prendre le nom de groupe : le regroupement 풢 (des permutations) vaut groupe au sens technique (algbrique) du terme alors que le regroupement ℰ des racines ne vaut pas groupe algbrique.
LÕide trs simple est en effet la suivante : si lÕon a deux permutations Pa et Pb des lments de ℰ qui le maintiennent inchang, alors les combinaisons successives Pa”Pb et Pb”Pa sont galement des permutations maintenant ℰ inchang et sont donc des lments de 풢.
Vous voyez quÕon a maintenant faire avec ce groupe 풢
un ensemble dÕun type trs diffrent de notre ensemble ℰ de dpart. ℰ={A,B,C,D,E}.
En effet, la somme de deux lments du groupe 풢 est toujours un
lment du groupe 풢 alors que la
somme de deux lments de ℰ - mettons A+B - nÕa par contre nulle raison
dÕappartenir ℰ.
On peut ici savoir [33] que le groupe de Galois est stable par lÕopration suivante [34] : x↦x2-2 ce qui revient dire que si R est racine de P, alors (R2-2) le sera galement :
Empiriquement, on peut tester ce point sur nos valeurs approches :
A≃-1,92É ; B≃-1,31É ; C≃-0,28É ; D≃0,83É ; E≃1,68É
⟹ A2≃3,68É ; B2≃1,72É; C2≃0,08É ; D2≃0,79É ; E2=2,83É
⟹
C2-2 = A ≃ -1,92É
D2-2 = B ≃ -1,31É
B2-2 = C ≃ -0,28É
E2-2 = D ≃ 0,83É
A2-2 = E ≃ 1,68É
LÕopration fait donc permuter nos cinq racines de la manire suivante :
į C↺A
į D↺B
į B↺C
į E↺D
į A↺E
Le groupe de Galois sÕavre donc le groupe cyclique suivant :
A B C D E
A B C D E
Soit :
1 |
A |
B |
C |
D |
E |
2 |
E |
C |
A |
B |
D |
3 |
D |
A |
E |
C |
B |
4 |
B |
E |
D |
A |
C |
5 |
C |
D |
B |
E |
A |
1 |
A |
B |
C |
D |
E |
Il vaut donc mieux indexer nos cinq racines relles A-B-C-D-E non plus par ordre croissant (de manire arithmtiquement Ē naturelle Č) mais de cette manire A-B-E-C-D en sorte que la permutation {A,B,E,C,D} ↺ {E,C,D,A, B} devienne une simple translation. [35]
Notre groupe de Galois est ainsi mis au jour comme groupe (cyclique) des translations, quÕon peut figurer gomtriquement comme groupe des rotations des sommets dÕun pentagone :
LÕtape suivante est lÕtablissement dÕune correspondance – dite correspondance de Galois – entre corps (de dfinition) et groupes (de symtries sur les racines).
Elle passe par un traitement en parties doubles :
- dÕun ct extensions progressives du corps de dpart par adjonctions de racines individuellement dtermines : ĘK
- de lÕautre ct, rductions progressives du groupe de symtries sur un hors-champ progressivement rduit ∇G dont lÕtape ultime est sa rduction la seule permutation identit I.
LÕenjeu sera alors dÕtablir les conditions dÕune correspondance pas pas entre ∇G et ĘK qui, conduisant jusquÕ G={I}, conduise dualement K jusquÕau corps tendu K[A,B,C,D,E] o toutes les racines deviennent algbriquement dterminables.
CÕest l la correspondance galoisienne, qui peut tre vue comme un foncteur contravariant (les mouvements corrls se font en sens inverse : une rduction dÕun ct est associe une extension de lÕautre) entre la catgorie des groupes et la catgorie des corps (les deux tant intrieurement structures par la relation dÕinclusion) : ∇G ⇄ ĘK
Le rsultat, somme toute latral de cette vaste comprhension du problme initial, sera une caractrisation prcise du groupe de Galois (dÕune quation algbrique donne) autorisant ou interdisant quÕelle soit rsoluble par radicaux.
Revenons maintenant notre enjeu fondamental : caractriser les gestes galoisiens de pense, au principe de cette rvolution algbrique.
Nous en proposerons six, troitement coordonns : la rduplication (de lÕnonciation), le renversement (de la problmatique), la dualisation (des corrlations), lÕextension (dÕensemble), lÕadjonction (lmentaire) et le renoncement (circonscrit).
Rdupliquer (ou redoubler [36] ou dialectiser) lÕnonc du problme dans son
nonciation : Galois, en tablissant la pense algbrique dans ce quÕelle
ne connait pas de lÕinconnue sans plus la cantonner ce quÕelle peut en
connatre (cÕest--dire lÕquation formalisant les relations connues de
lÕinconnue), dispose ainsi lÕnonciation algbrique sous le signe mme de
lÕinconnaissable quÕelle tudie. On dira quÕavec Galois lÕnonc algbrique
devient saisi selon une nonciation elle-mme algbrique.
Le mathmaticien Gustave Verriest formule ainsi [37] les bonds successifs :
Ē En arithmtique, on fait des oprations dtermines sur des nombres
dtermines, en algbre [classique]
on fait des oprations dtermines sur des nombres non dtermins, dans la
thorie des groupes abstraits [algbre moderne], on tudie des oprations non dtermines effectues sur des objets
non dtermins. Č [38]
Travailler ce que lÕon ne sait pas de lÕinconnu – ce qui va se dire : travailler les symtries du regroupement inconnu ℰ={A,B,C,D,E} – va conduire au fait que lÕinconnu nÕest plus norm par le connu, lÕinconnu nÕest plus saisi comme ce qui devant tre connu ne lÕest pas encore, comme ce qui est destin devenir, tt ou tard, connu.
Le parallle ici avec lÕinconscient freudien sÕimpose : lÕinconscient nÕest pas un conscient potentiel non encore advenu, un dfaut de conscience rparable mais la structure mme qui autorise le langage et la conscience. CÕest alors la conscience qui devient sous la norme de lÕinconscient (et non pas lÕinverse) : la conscience devient ce qui nÕest pas inconscient comme, partir de Dedekind, le fini devient ce qui nÕest pas infini.
Ici ce quÕil y a dÕinconnu en ℰ devient lÕeffet de ses proprits de symtrie, et le connu devient alors ce qui nÕa plus de symtries internes. LÕinconnu peut dsormais tre saisi en soi et non plus dans une dtermination sÕponger en connu.
Renverser (ou retourner) lÕordre du problme en sorte de ressaisir le point o lÕon bute comme la ressource dÕo repartir : Galois Ē regroupe Č les racines algbriquement indiscernables pour mieux travailler la structure mme de leur ambigut (Galois nomme ambigut la symtrie du regroupement des racines).
Ici le problme nÕest plus le lieu faire disparatre (une fois la solution trouve) mais le lieu de type nouveau dÕo repartir, une fois bien comprise sa structure propre dÕambigut.
Verriest nouveau expose cela dans une grande clart :
Ē Le trait de gnie de Galois,
cÕest dÕavoir dcouvert que le nĻud du problme rside non pas dans la
recherche directe des grandeurs adjoindre, mais dans lÕtude de la nature du
groupe de lÕquation. Ce groupe
exprime le degr dÕindiscernabilit des racines ; il caractrise donc non
pas ce que nous savons des racines mais, au contraire, ce que nous nÕen savons
pas. Or, lorsque je veut rsoudre une quation, ce qui mesure la difficult de
cette recherche, ce nÕest pas ce que je sais dj des racines mais, au
contraire, ce que jÕen ignore. [É] Ce nÕest donc plus le degr dÕune quation qui
mesure la difficult de la rsoudre mais cÕest la nature de son groupe. Č [39]
Somme toute, dualiser (ou rciproquer) les deux faces du problme en les saisissant dans lÕunit dialectique
de leur opposition, dans lÕambigut duale de leur sparation : Galois,
prolongeant lÕalgbrisation cartsienne de la gomtrie, gomtrise lÕalgbre
des polynmes en sorte quÕon puisse interprter et formaliser chacune en
lÕautre.
Cette dualit (ou rciprocit) des rles est au cĻur de la
dimension fonctorielle de la Ē correspondance de Galois Č : fonctorialit
(contravariante) entre extensions de corps et rductions de groupes – la
rduction du groupe G est associe une extension du corps K :
∇G ⇄ ĘK
On peut dire quÕil
sÕagit ce faisant dÕapprendre travailler Ē en parties doubles Č, ou
marcher sur deux jambes, ou encore constituer une mdaille deux faces en
sorte que la pulsation de lÕune lÕautre fasse avancer les choses.
tendre, soit sortir de lÕimpasse par le haut en crant de nouvelles notions
qui autorisent lÕextension du domaine
de travail : Galois, reliant la rsolubilit de lÕquation son corps de
rsolution, explore les extensions de corps (donc de la situation constituante)
qui vont autoriser de nouvelles possibilits.
Pour mettre en Ļuvre
cette extension, adjoindre :
Galois invente ce faisant la mthode si puissante de lÕadjonction-extension.
Rappelons quÕadjoindre est bien plus quÕajouter : on
ajoute un lment (par ex. Ć2 ℚ) mais
on lÕadjoint si, de plus, on le combine avec tous les anciens lments (p, qÉ) pour ainsi composer un corps tendu :
ℚ[Ć2]={p+qĆ2}
CÕest de cette manire que lÕextension peut constituer un bouleversement radical et global (non pas un rafistolage latral ou une rforme circonstancie) du domaine de dpart, autant dire une rvolution.
Last but not least, accepter de payer le prix du nouvel espace
tendu en renonant [40] ces
premires motivations quÕil devient rtroactivement possible de caractriser
comme une sorte de stade juvnile de
la discipline : ainsi Galois dftichise le
millnaire dsir algbrique de rsolubilit.
Ce geste dÕacceptation circonscrit le point de
Ē castration Č qui accompagne ncessairement le passage quÕon a
appel du stade juvnile au stade adulte : il faut renoncer sur un front
secondaire pour pouvoir gagner sur le front principal.
Si, comme on lÕa signal plus haut en note, le
renoncement la rsolubilit par radicaux nÕest pas anodin pour le dsir
algbrique, ne voit-on pas tout de mme combien le ncessaire renoncement des
politiques modernes dÕmancipation toute intriorit tatique (spcifiquement
en leur troisime tape) est lui-mme difficile.
Au total, le style galoisien de pense coordonnerait troitement le fait de :
– rdupliquer lÕinconnu en travaillant une nonciation intrinsquement ambige sur lÕinconnu ;
– renverser le problme en travaillant directement un hors-champ dfini non plus comme envers (ou complmentaire) illimit du champ mais comme son hors-champ, dlimit dans une extriorit sans limites (ici celle des nombres) ;
– dualiser le problme selon deux faces en correspondance fonctorielle en sorte que le problme devienne explorable au gr dÕune marche sur deux jambes, dont lÕintrt principal sera de comprendre lÕtre structural du hors-champ - quÕil sÕavre finalement rintgrable dans le champ des radicaux relve alors ici dÕun intrt secondaire ;
– tendre le champ constituant du problme pos par adjonctions lmentaires successives pour mieux clairer la dialectique unificatrice du champ et de son hors-champ ;
– renoncer une conception rductrice (Ē juvnile Č) de ce que veut dire Ōrsoudre le problmeÕ pour avancer une conception plus ample (Ē adulte Č) ce que veut dire le solutionner, sous le signe dsormais de sa comprhension structurale plutt que de sa rsolution utilitaire par radicaux [41] : la solution du problme nÕest plus ncessairement sa rsolution (et donc sa dissolution comme problme) ; un problme irrsoluble peut tre solutionn.
Lettre dÕAlembert du 21 septembre 1781 :
Ē Je commence sentir que ma force dÕinertie augmente peu peu, et je ne rponds pas que je fasse encore de la Gomtrie dans dix ans dÕici. Il me semble aussi que la mine est presque dj trop profonde, et quÕ moins quÕon ne dcouvre de nouveaux filons, il faudra tt ou tard lÕabandonner. La physique et la chimie offrent maintenant des richesses plus brillantes et dÕune exploitation plus facile ; aussi le got du sicle parat-il entirement tourn de ce ct-l, et il nÕest pas impossible que les places de la Gomtrie dans les Acadmies ne deviennent un jour ce que sont actuellement les chaires dÕarabe dans les Universits. Č
Discours Sur les limites des connaissances humaines le 14 novembre 1811 Cherbourg :
Ē On est tent de croire que les connaissances de lÕhomme peuvent crotre et se multiplier lÕinfini. Č
Ē Cependant si lÕon observe que toute notre intelligence et nos moyens sont renferms entre des limites quÕils ne peuvent jamais franchir, on se persuadera sans peine que nos connaissances sont bornes comme nos facults. Č
Ē Que dirais-je des sciences exactes : la plupart paraissent parvenues leur plus haute priode. LÕarithmtique, la gomtrie, lÕalgbre, les mathmatiques transcendantes sont des sciences que lÕon peut regarder comme termines, et dont il ne reste plus faire que dÕutiles applications. Č
Ē Si un lecteur non initi tait port croire que la thorie de Galois lui apportera de nouvelles formules pour la rsolution des quations, il irait au-devant dÕune dception. Č Ē Le but de la thorie de Galois nÕest pas de fournir des formules pour la rsolution des quations. Č [42]
Ē NÕoublions pas que le but principal de lÕalgbre nÕest nullement de fournir aux calculateurs des mthodes pratiques de calcul. Nul ne contestera quÕen trouvant la formule de rsolution de lÕquation gnral du quatrime degr, Ferrari a fait une dcouverte extrmement intressante et cependant jamais cette formule nÕa servi calculer pratiquement les racines dÕune quation donne du quatrime degr ; cette formule conduit, en effet, des calculs sensiblement plus longs que ceux quÕexigent les mthodes dÕapproximation. Pour le praticien, il nÕest dÕaucun intrt de savoir si lÕquation quÕil doit rsoudre est ou nÕest pas rsoluble par radicaux. La seule chose qui lÕintresse est dÕavoir une mthode qui lui permette de calculer rapidement les racines avec le nombre voulu de dcimales exactes. Č [43]
Ē Les mathmaticiens du temps de Galois ont considr que ces critres de
rsolubilit des quations de degr premier ne donnaient pas une rponse qu'ils
estimaient satisfaisante la question car ces critres ncessitaient de connatre
des informations priori sur les racines. En fait, ils attendaient plutt un
critre gnral ne faisant intervenir que les coefficients de l'quation et
permettant de savoir, par simple inspection de ce coefficient, si l'quation
tait ou non rsoluble par radicaux.
La thorie de Galois, trs en avance sur son temps, et montrant que le
problme tait bien plus subtil, ne correspondait pas ces attentes. Et ce
n'est que beaucoup plus tard que le monde mathmatique a commenc raliser
que la thorie de Galois allait bien au-del du problme, somme toute trs
artificiel, de la rsolution par radicaux des quations algbriques. Galois
avait en fait propuls tout le domaine de l'algbre dans un nouveau
monde : celui des groupes, des extensions de corps, et de bien d'autres
concepts fondamentaux des mathmatiques d'aujourd'hui.
En particulier, de nos jours on s'est rendu compte qu'il est bien plus important de savoir calculer le groupe de Galois d'un polynme, plutt que de savoir s'il est rsoluble par radicaux. Č [44]
Mathmatiques grecques
1. lÕirrationnel avec les Grecs → le nombre algbrique puis rel
Mathmatiques classiques
2. lÕinconnu avec Al-Khawrizm (830) → le rsoluble (par radicaux)
Mathmatiques modernes
(Priode I)
3. lÕirrsoluble avec Galois (1830) → lÕambigu comme symtrique
4. le non-algbrique avec Liouville (1844) → le transcendant
5. le non-euclidien avec Riemann (1854)
6. lÕinfini avec Dedekind (1860) → le fini comme non-infini
7. lÕinvariant avec Klein (1873) → le gomtrique
(Priode II)
8. lÕincompltude et lÕindcidable avec Gdel (1935)
(Priode III)
9. lÕirrgulier avec Hironaka (1964) → la singularit
10. lÕindiscernable avec Cohen (1964) → le gnrique
11. le non-standard / lÕinfinitsimal avec Robinson et Conway (annes Õ60) → le nombre surrel
12. le non-commutatif avec Connes (annes Õ80)
***
[1] Bibliographie :
„ Ian Stewart : Galois Theory (Third Edition)
„ Antoine Chambert-Loir : Algbre corporelle
„ Olivier Debarre et Yves Laszlo : Introduction la thorie de Galois (www.coursera.org/learn/theorie-de-galois).
La dernire rfrence (cours en ligne de lÕEns) adopte un mode dÕexposition bourbakiste, celui-l mme dont Stewart, pour sa part, choisit explicitement, dans sa troisime dition, de prendre lÕexact contre-pied en partant non plus du cas gnral pour ensuite le particulariser (dÕabord n dimensions, puis Ē soit n=2 Č) mais, lÕinverse, en partant du cas le plus simple pour ensuite le gnraliser (dÕabord 2 dimensions, puis Ē soit 2=n Č), en partant donc ici de ℚ et ℂ pour ensuite gnraliser K et ½. Le second ouvrage occupe une position intermdiaire entre ces deux modes contrasts dÕexposition.
[2] Tout de mme que lÕquation algbrique P(x)=0 sÕavre nÕtre pas toujours rsoluble algbriquement (cÕest--dire par radicaux), lÕquation arithmtique a2+b2=n2 sÕtait avre pour les Grecs nÕtre pas toujours rsoluble arithmtiquement (cÕest--dire sur les rationnels, les seuls nombres alors existants) : ainsi, si 32+42 lÕest bien (car n=Ć25=5 est rationnel), par contre 12+12 ne lÕest plus (car n=Ć2 est irrationnel).
[3] Au moins deux reprises (830, Al-Khawrizm ; 1830, Galois), lÕalgbre a ainsi jou un rle proprement stratgique dans le dveloppement et lÕunification des mathmatiques toutes entires : en 830, comme cration dÕun troisime continent, mdiateur entre les continents arithmtique et gomtrie, disjoints depuis la crise des irrationnels (toute grandeur gomtrique nÕquivaut pas une quantit numrique) et dogmatiquement spars par Aristote (les dmonstrations ne doivent pas circuler entre les deux) ; en 1830, comme relance, par inversion, du croisement algbre-gomtrie, au fondement, deux sicles plus tt, du cartsianisme : l o Descartes interprtait algbriquement la gomtrie, Galois interprte gomtriquement lÕalgbre (le Ē groupe de Galois Č a pour paradigme naturel des symtries spatiales).
[4] Laplace, 21 septembre 1781 : Ē La mine [de la gomtrie] est presque dj trop profonde, et, moins quÕon ne dcouvre de nouveaux filons, il faudra tt ou tard lÕabandonner. Č
Cauchy, 14 novembre 1811 : Ē LÕarithmtique, la gomtrie, lÕalgbre, les mathmatiques transcendantes sont des sciences que lÕon peut regarder comme termines, et dont il ne reste plus faire que dÕutiles applications. Č
Pour citations compltes, voir Ē Annexes Č
[5] On peut ainsi dire de lÕvnement Ē Algbre de Galois Č ce que Marx dira de lÕvnement Ē Commune de Paris Č : Ē la plus grande mesure quÕelle ait prise, cÕest sa propre existence Č.
[6] Rappelons quÕAlbert Lautman thmatisait cette opposition du classique et du moderne en mathmatique comme tant lÕopposition de lÕanalyse et de lÕalgbre.
[7] Le sminaire mamuphi consacrera une journe (samedi 10 mars 2018) lÕexamen de cette opposition modernits/contemporanisme.
[8] CÕest Michel Foucault qui, la fin des annes 70, en a donn le Ē la Č dpit en dclarant que, dsormais, la rvolution politique nÕtait plus dsirableÉ
[9] Ce geste galoisien suggre quÕaujourdÕhui, prolonger les diffrentes modernits impliquerait de les rdupliquer, cÕest--dire de constituer une nouvelle conception proprement moderne des modernits et non plus seulement une conception moderniste (qui majore unilatralement la rupture du moderne avec le classique) ou classiciste (qui, lÕinverse, majore unilatralement sa continuit avec le classique), contemporaniste (celle des visions nihilistes du moderne qui actuellement dferlent) ou romantique (voir, par exemple, ce Ē romantisme rvolutionnaire Č prn ds les annes 60 par Henri Lefebvre), voire baroque (tentant, selon une inspiration ultimement religieuse, dÕincorporer la modernit la tradition de lÕUn et du Tout cosmique). Tout de mme quÕAdorno posait quÕune philosophie de la musique moderne se devait dÕtre une philosophie moderne de la musique (et non pas une philosophie traditionnelle), tout de mme que la mathmatique pose quÕune reprise de lÕalgbre moderne (galoisienne) se doit dÕtre une reprise moderne de lÕalgbre (sÕentend : axiomatise et gomtrise), tout de mme un programme de reprise de toute pense moderne se devrait dÕtre un programme moderne, sachant que ce que veut exactement dire Ē programme moderne Č pourrait ici sÕclairer dÕun examen compar des diffrents programmes mathmatiques depuis Galois : ceux de Klein (Erlangen, 1872), de Hilbert (1900), de Langlands (1967), de Grothendieck (Esquisse dÕun programme, 1984)É
[10] En un certains sens, ce geste tend le geste mme de lÕalgbre sÕil est vrai, comme lÕcrivait Descartes dans sa Gomtrie, que Ē faire venir une quation pour rsoudre un problme Č, cÕest Ē le considrer comme dj fait Č.
[11] Galois, traitant lÕambigut non plus comme ngativit en impasse mais comme structure positive de dpart, inverse le sens des infrences et ce faisant les dualise (au sens catgoriel du terme o lÕon passe dÕune catgorie sa duale par inversion des morphismes).
Quelques dcennies plus tard, Dedekind inversera (dualisera) de mme ses enchanements pour fonder les nombres rels par coupures des rationnels : {nombre rationnel ⟹ coupure} ↺ {coupure ⟹ nombre rel}.
[12] Cette rversibilit fait cho avec ce que Lautman appelle Ē rapports dÕexpression ou dÕimitation Č.
[13] Le couplage au principe de cette fonctorialit permet de remplacer lÕtude directe de lÕextension par lÕanalyse de son groupe de Galois.
[14] 130 ans plus tard, Paul Cohen sÕinspirera explicitement de ce geste galoisien pour tendre, par forcing, une situation de dpart en lui adjoignant un lment gnrique. Ce faisant, Cohen construira un systme de nomination par polynmes quÕon peut concevoir comme des sortes de polynoms (voir lÕexpos mamuphi du 27 mai 2017)
[15] Olivier Debarre
(2015) : Ē Les mathmaticiens
du temps de Galois ont considr que ces critres de rsolubilit des quations
de degr premier ne donnaient pas une rponse qu'ils estimaient satisfaisante
la question. [É] La thorie de Galois, trs en avance sur son temps, [É] ne
correspondait pas ces attentes. Et ce n'est que beaucoup plus tard que le
monde mathmatique a commenc raliser que la thorie de Galois allait bien
au-del du problme, somme toute trs artificiel, de la rsolution par radicaux
des quations algbriques. Galois avait en fait propuls tout le domaine de
l'algbre dans un nouveau monde [É]. De nos jours on s'est rendu compte qu'il
est bien plus important de savoir calculer le groupe de Galois d'un polynme
plutt que de savoir s'il est rsoluble par radicaux. Č
Pour citation complte, voir Ē Annexes Č
[16] Pour mesurer lÕampleur du renoncement galoisien, rappelons que lÕalgbre a tir son nom propre du mot arabe Ē rduction Č (al-jabr) pour constituer ainsi ses quations dans lÕhorizon de cette rductibilitÉ laquelle Galois lÕincitera, un millnaire plus tard, renoncer. QuÕun tel renoncement, ncessaire la refondation de lÕalgbre, ait d prendre des dcennies nÕest que trop naturel, tout comme de nos jours le ncessaire renoncement de la politique mancipatrice de lÕgalit son ancienne prtention scientifique (matrialisme historique) ne saurait sÕoprer en un clair – il est vrai que lui manque encore la face affirmative, extensive et enthousiasmante, dÕune recomposition galoisienne.
[17] Dans chacun de ces cas (revoir en Ē Annexes Č une liste de douze moments), le ngatif concern devient symptme dÕune possibilit de type nouveau qui ne peut voir le jour dans le cadre du dispositif existant si bien que le travail de conversion du ngatif sÕapparente ici lÕaveu dÕun secret longuement gard : la symtrie de groupe que lÕirrductibilit de lÕquation recouvre (Galois), la singularit porte globale que lÕirrgularit apparente dissimule (Hironaka), etc.
[18] ceux-l donc qui nÕenvisagent nullement de devenir Amfortas, capitulant face au Klingsor contemporain et, qui sÕattachent, tel Gurnemanz avant que lÕvnement-Parsifal ne vienne ressusciter la subjectivation-Kundry, transmettre la flamme par quelque Ļuvre dÕentretempsÉ
[19] Ce nouveau moment moderne devra trouver comment sÕinspirer du Ē tournant gomtrique Č engag par les mathmatiques dans les annes 60 : il est en effet frappant quÕau moment mme o bien des modernits sÕenlisent, celle des mathmatiques, par contre, engage sa propre mutation grande chelle. Ainsi, si la constitution des modernits face aux classicismes peuvent sÕclairer de la mathmatique de Galois, la continuation de ces modernits face au contemporain devra sans doute sÕclairer de la mathmatique de Grothendieck et de Langlands (le Ē programme de ce dernier, symptomalement dat de 1967, ne suggrerait-il pas que le temps des programmes pourrait tre revenu pour les diffrentes pense modernes : non plus certes, comme dans les annes 20, les programmes esthtiques des avant-gardes mais plutt des programmes stratgiques de travail ?)
[20] Set Theory and the Continuum Hypothesis (Benjamin/Cummings, p. 113)
[21] Il concernerait la troisime dcennie mamuphi (tout a commenc, je le rappelle, fin 1999)
[22] Je dois Pierre Cartier dÕavoir attir mon attention sur ce point lors de la discussion mamuphi de cet expos.
[23] Appelons ici Ē dviation formaliste Č ou Ē formalisme Č une conception rductrice de la formalisation qui prtend la dispenser de toute interprtation, qui sÕautorise des pouvoirs de sa ncessaire cohrence pour prner univoquement une syntaxe conomisant toute smantiqueÉ
[24] Le figural de Klee nÕest pas plus un figuratif (et cÕest bien pour cela que Boulez sÕy intressait de prs dans les annes 80 o il tentait dÕinventer un thmatisme de type nouveau, apte sortir le srialisme de son impasse formaliste qui niait les lois de la perception comme le formalisme nie celles de lÕinterprtation smantique) quÕ lÕenvers, la formalisation nÕest ncessairement un formalismeÉ
[25] Ce tournant concerne mathmatique (Grothendieck), logique (Girard) et philosophie (Badiou).
[26] Voir ici, exemplairement, la philosophie dÕAlain Badiou – nÕest-ce pas dÕailleurs pour cette raison prcise que tous ceux qui font commerce de la pente nihiliste contemporaine se coalisent aujourdÕhui pour lÕostraciser de lÕUniversit ?
[27] Deux emblmes du nouvel Ē art contemporin Č ont t dÕun ct la Biennale de Venise accordant fin 1964 son Grand Prix de la peinture au pop-art de Rauschenberg, et dÕun autre ct la cration en France dÕArt Press fin 1972.
[28] qui concerne simultanment rien de moins que Boulez, Stockhausen, Berio, Zimmermann, Pierre Henry, le free-jazzÉ
[30] Il faut ici entendre un polynme comme une sorte de nom algbrique (de polynom) donn lÕensemble des racines quÕil dfinit.
[31] CÕest ce quÕAl-Khawrizm appelle Ē rduction Č et Ē comparaison Č. Ce qui, chez Galois, va remplacer la rduction (passage de part et dÕautre du signe Ē = Č) et la comparaison (simplification des monmes de mme ordre) dÕAl-Khawrizm va tre les ℚ-automorphismes du corps tendu ℚ[A,B,C,D,E] cÕest--dire les symtries selon le hors-champ qui restent indiscernables de lÕintrieur de ℚ.
[32] En ce point, le mmoire originaire de Galois ne distingue pas encore clairement groupement des racines en un ensemble ℰ et groupe des oprations sur cet ensemble ℰ (celui quÕon dira ultrieurement des automorphismes)É
[33] On verra comment lors de lÕatelier.
[34] On parle ici de Ē gnrateur Č du groupeÉ
[35] CÕest sans doute l ce que Galois appelait Ē classer les oprations suivant leur difficult et non suivant leur forme ČÉ
[36] Au sens ici prcis dÕun redoublement de lÕnonc sur lÕnonciationÉ
[37] Leons sur la thorie des quations selon Galois (1939, rd. Gabay 1997)
[38] Appendice. La thorie de Galois
[39] Appendice. La thorie de Galois
[40] Ē Aucune valeur nÕest spcifiquement humaine si elle nÕest pas le rsultat dÕun renoncement et dÕune conversion. Č Bachelard (Lautramont)
[41] Les
mathmaticiens Verriest et Demarre
(voir annexe) font dÕailleurs remarquer quÕil y a quelque ftichisme focaliser
le dsir mathmatique sur les formules dÕune rsolution par radicaux : la rsolution numrique (par valeurs
approches des racines) est en gnral beaucoup plus rapide et dÕune plus
grande utilit pour le calcul. Si le groupe de Galois est donc solution du problme pos par lÕquation
algbrique, cÕest au titre du travail algbrique quÕil autorise, travail dual,
deux faces, puisque la manire mme dont ce travail dmontre lÕirrsolubilit
algbrique cre les nouvelles notions qui vont constituer la solution effective
du problme.
[42] Prface
[43] Appendice. La thorie de Galois