Le titre suggère un état d'esprit, mais aussi une tessiture
musicale. Les deux sont à l'oeuvre dans cette pièce dont le
"noyau" sonore se constitue autour des notes extrême-graves
de la clarinette basse et du saxophone baryton. Qui plus est, en bouchant
le pavillon de ces instruments, le son devient encore plus grave mais également
se voile, se transforme, se rapproche de la sonorité du cor, lui
aussi bouché. Un jeu de transformations sensibles va ainsi irradier
tout l'octuor, lesquelles marquent les étapes d'une exploration de
tout le registre. Le grave s'est "inversé" lorsqu'on atteint
l'aigu, mais l'état d'esprit demeure lorsque les cordes égrennent
leurs résonances ténues et brillantes. Les gestes mélodiques
ascendants ou descendants sont une manière d'arpenter l'espace défini
par ces registres traversés. Les réitérations et les
répétitions opposent à la vitesse de l'exécution
une lenteur qui reflète le caractère de gravité. |