Colette MAGNY et MAI 68
Parler de MAI 68, c’est parler d’une époque révolue certes,
mais de révolte, de rébellion, de révolution, de politique, d’engagement, de
militance.
« Cependant certaines des affirmations qui ont été
posées et activées durant cet événement semblent aujourd’hui réactivables »
a avancé François
NICOLAS dans sa présentation du colloque « Mai 68 et
la musique » (CNR de Paris, avril 2008) :
« On considérait alors qu’il y avait trois
Mondes :
· Le
monde capitaliste avait pour emblème les États-Unis ; d’où l’importance
alors du mouvement des Noirs aux USA, selon les trois dimensions suivantes :
Les Blacks Panthers, Le
free-jazz, les sportifs noirs (boxe, athlétisme…).
· Le
monde socialiste avait pour emblème politique émancipateur la Chine, opposée à
la puissance plus ancienne et bien installée de l’URSS.
Noter :
ce n’était pas le cas pour Colette, ce qui la situe ailleurs.
Importance de
la “révolution” à l’intérieur de la révolution, contre la bureaucratisation des
pays socialistes…
· Le
Tiers-Monde, dont l’emblème politique était le Vietnam, engagé alors dans une guerre de libération, précisément
contre l’emblème du premier monde (les États-Unis). Ce qui se passait dans le
Tiers-Monde (Vietnam, Cuba,
Bolivie…) avait des répercussions dans les deux autres mondes.
La France, aussi, était très différente » : de
nombreuses usines employaient de nombreux ouvriers, avec de nombreuses luttes
ouvrières.
« Pour couronner le tout, le Monde était différent, non
seulement parce qu’il y avait “trois mondes”, mais aussi parce qu’il y avait
l’idée et la conviction qu’“un autre Monde” était possible et nécessaire, que
la situation connue par les uns et par les autres n’était pas inéluctable et
que la marche vers “un autre Monde” constituait l’horizon réaliste de toute
action politique… »
Colette
MAGNY était / fut dans ce temps, dans son temps, dans la politique de son
temps, notamment par le choix des différents « thèmes » de ses
chansons.
La
position de Colette MAGNY est à étudier de très près de ce point de vue à
travers ses chansons. Colette MAGNY a été dans cet événement mais aussi avant
et après.
1. Éléments de
biographie de Colette MAGNY 1
Avant qu’elle ne chante professionnellement 1
À partir du moment où elle chante professionnellement 1
2. Chansons de Colette MAGNY avant Mai 68 1
3. Chansons de Colette MAGNY avec Mai 68 3
4. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (1) 3
5. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (2) 5
CONCLUSION 6
·
Colette Magny est née à Paris (4°) en 1926. Sa vie fut celle
des « GENS DE LA MOYENNE », ordinaire, apparemment sans souci. Elle
rencontre Claude LUTER – proche de Sydney BECHET, du jazz New-Orleans, et de
Mezz MEZZROW, - qui l’entend chanter le blues, lui dit de continuer et lui
apprend à jouer d’une espèce de guitare à 3 cordes (triplet).
·
Elle a un rapport privilégié avec la langue anglaise :
elle travaillera plusieurs années, dans une usine de lunettes américaine, puis
à la conférence des céréales du Grand Palais, enfin à l’OCDE de 1948 à 1962
comme secrétaire bilingue…
·
Ce qui lui fera chanter le blues ? Toujours est-il
qu’elle chantera de grands standards américains, notamment de Bessie SMITH,
avec un excellent accent (BASIN STREET BLUES, DIDN’T…), et pas n’importe
lequel mais le blues « de la dèche » « Grande voix qui n’avait
rien à envier aux grandes chanteuses noires américaines », dira plus tard François
TUSQUES. Elle n’est pas encore chanteuse professionnelle, elle n’a pas fait
le saut, mais elle écrit aussi et chante ses chansons en présence de copains
qui les trouvent parfois « anti-poétiques ».
« Amenez moi des poètes ! » leur dira-t-elle. Ce qu’ils feront.
Mais elle ne les choisira pas au hasard. Elle mettra en musique Aragon (RICHARD
II QUARANTE), Rilke (HEURE GRAVE), Machado (J’AI CONNU TANT DE CHEMINS),
Essenine, Hugo (LES TUILERIES, qu’Yves MONTAND chantera) à propos du monde, des
gens, de la guerre.
Question : Anti-poésie, en premier :
est-ce une forme d’engagement ?
·
1956 est
l’année de sa découverte de la politique, de sa prise de conscience à propos de
l’Algérie, sa révolution culturelle, son « chemin de Damas ». Un
soir, elle voit l’attaque d’un meeting de « la gauche non
communiste » sur la guerre d’Algérie par des opposants – visiblement
d’extrême-droite – sous les yeux de la police qui n’intervient pas. Le
lendemain elle cherchera en vain dans les journaux ce qu’elle a vu, elle les
achète tous. À partir de là, elle lira tous les jours les journaux (4 H par
jour), se tenant informée. C’était en 1956, elle avait 30 ans : c’était la
guerre d’Algérie.
Question :
Est-ce que ça lui inspirera ce qu’elle écrira en français (CO-OPÉRATION…) ?
·
En 1962, à l'âge de 36 ans, elle décide
d’être chanteuse, elle saute le pas, elle se lance dans la chanson. Elle se produit
un peu partout notamment à La Contrescarpe et elle obtient un succès en 1963 avec la chanson MELOCOTON, au
« Petit Conservatoire de Mireille » qui la fera ainsi passer à la
télé.
· Rencontre 1.- En 1963, j’avais 15 ans, un ami,
me fait écouter un disque 45 Tours enregistré cette année-là. Je dis seulement
: « Oh fan ! Quelle voix de chanteuse noire-américaine !» avant
qu’il ne me montre le visage poupon laiteux de Colette MAGNY chantant
« BASIN STREET BLUES » et « MELOCOTON »,.
1963
- CBS
45 tours (ep) France-CG145 001
Basin street
blues - Co-Opération /- MÉlocoton - Nobody knows you when you're down
and out
CBS – EP5622 -
1963
La ROSE DE RILKE – Dents de
lait, Dents de loup - All of me – Why is a good man so hard to find.
· D’un
côté elle écrit ce qui deviendra le succès : MÉLOCOTON.
Mickey BAKER et CBS (sa boite de disque) lui demanderont de refaire des MÉLOCOTON, mais
elle expliquera que ce qu’elle veut écrire, elle, c’est le quotidien, la vie,
la peine des gens, le travail, les luttes… Ce qui lui vaudra les sarcasmes
notamment de Mickey BAKER, guitariste américain qui l’accompagnait à ce
moment-là : « Va faire tes (petites) chansons communistes qui ne rapporte(ro)nt
pas un cens… ». Plus tard, agacée par les demandes incessantes de chanter
toujours MÉLOCOTON, elle dira souvent : « Mélocoton est mort au
Vietnam ! ».
De l’autre côté, elle
écrivait déjà des chansons en formes de collage, des « chansons
engagées ». Mon expérience m’avait fait croire qu’elle n’avait été
chanteuse « engagée » qu’un fois connue – MÉLOCOTON ayant joué ce
rôle par média interposé qui ne diffusait que cette chanson. Or, dès ce premier
disque, avec MÉLOCOTON, en dehors de deux standards américains, il y a une
chanson de sa composition : « CO-OPÉRATION » dont
la forme fera dire à certains de ses amis que c’est
« anti-poétique », car elle commence la chanson en citant les auteurs
des citations qu’elle utilise ici, chose qui ne se faisait pas :
SARTRE,
SUAREZ, CARLYLE, ALAIN,
Les
cris qui se savent inécoutés enveloppent un horrible silence
Tu
peux pleurer, tu peux crier, tu peux vomir,
Tu
ne sauras jamais pourquoi tu es né
Tu
peux gémir, tu peux cracher, tu peux maudire,
Tu
ne sauras jamais pourquoi tu es né
Question : Déjà,
elle dit des choses sur la vie, et prend des positions… Mais n’est-ce pas toute
la chanson qui est comme ça ?
1964
- CBS 30 cm : 62 416 - France - LES TUILERIES
Les tuileries - Monangamba -
Rock me more and more - Chanson de la plus haute tour - La terre acquise -
Saint James Infirmary - Mélocoton - Any woman's blues – Heure grave - J'ai
suivi beaucoup de chemins - Didn't Lord Deliver Daniel - Chanson en canot -
Richard II Quarante - Co-Opération.
·
En 1965, elle rencontre François TUSQUES,
Bernard VITET, Beb GUERIN, qui lui font découvrir Albert AYLER, Don CHERRY,
qu’ils feront écouter en un spectacle « QUI A TUE Albert
AYLER ? ». Elle leur fera enregistrer chez Mouloudji FREE JAZZ
et, avec eux, elle y enregistrera 4 chansons (Victor HUGO, Max JACOB…) d’une facture musicale autre que celle du précédent disque – facture due à la présence de ces musiciens.
CBS – EP 6098
La fin de tout - Danse / - Néant - Égarées
· Entre 1963 et 1967, face
aux difficultés d’enregistrer « CUBA – LE MAL DE VIVRE » par CBS, la
maison de disque Le Chant du Monde
lui ouvrira ses portes.
1964 - 25 cm - Le Chant du Monde - LDZ-S 4289
– France
Le mal de vivre
(Cuba) - Le beurre et la
frite / - 4 c.. - Choisis ton opium
·
Elle
continuera au Chant du monde avec
Bura-Bura, écriture particulière d’une
chanson parlée. Un
article du « Nouvel Obs » - je crois - lui suggère :
« Bura-Bura,
la maladie du rien faire, les Hibakuchas, PICADON, Eclair-Boum… »
Ce texte bien documenté (Picadon ne veut rien dire en japonais,
mais est formé de deux mots « Pica » et « don » qui veulent
dire « éclair » et « boum ») et qui fit dire à
un pratiquant de la langue japonaise que Colette MAGNY était d’une grande
précision, évoque la difficulté de vie des gens ayant été irradiés par la bombe
atomique sur Hiroshima. Ça n’a rien à voir avec la politique sauf comme
conséquence de la guerre de 39-45, recomposant le monde et ouvrant à la guerre
froide et à l’anti-impérialisme.
Le Chant du Monde - EP 45
3230
Bura Bura - Les gens de la moyenne / -
Aurons-nous point la paix ? - Trois motifs
·
« Voix parlée » qu’elle développera avec Michel
PUIG dans un travail pour aller dans un domaine autre que la chanson, pour
sortir du conformisme de la chanson, chose qu’elle voulait à cette époque, avec
SNARKOSE - Jabberwocky - Malachites - La
marche.
Le Chant du Monde - EP 45 3254 1966-1967
SNARKOSE - Jabberwocky -
Malachites / - La marche
– Portrait
·
Dans
l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve Le Tiers-Monde, dont l’emblème politique était le Vietnam, engagé alors dans une guerre de libération
précisément contre l’emblème du premier monde (les États-Unis) avec VIET-NAM
67, ÉCOLIER-SOLDAT. Comment Colette MAGNY a-t-elle rencontré la question du
VietNam ? Elle chantera pour un meeting : Comité VietNam de Base
(C.V.B.) ou Comité VietNam National (C.V.N.) ?
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve aussi la condition
et des luttes ouvrières avec « À St-NAZAIRE ».
1967 – Le Chant du Monde 30 cm LDX 74 319
Vietnam 67 - Aurons-nous point la paix ? -
Choisis ton opium - Désembourbez l'avenir - Viva Cuba - Je chanterai - Les gens de la
moyenne - La blanche Aminte – La dame du Guerveur - Trois motifs - Bura Bura -
À l'origine – Baise m'encor - À Saint-Nazaire.
· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve ce qui se passait dans le
Tiers-Monde (…, Cuba,
…) qui avait des répercussions dans les deux autres mondes.
1964
– Le Chant du Monde - EP 45 3230
Frappe
ton coeur - Le beurre et la frite - Colligeons - Le mal de vivre
(Cuba) - Choisis ton
opium - Je suis - Le temps des oiseaux - 4 c..
· Elle tentera des expériences musicales
différentes avec ces structures musicales d’ALMURO, du Groupe
de Recherches Musicales de l'ORTF depuis 1958.
1966
- Mouloudji / Festival 30 cm : EMZ 13 510 - France
Avec Poème sur structure musicale d'André Almuro
Au
moment de Mai 68, son disque 68-69 fit charnière dans sa vie, dans sa
carrière, comme dans la chanson, comme Mai 68 a fait charnière pour beaucoup.
Elle s’est laissé surprendre par l’événement.
·
1968, Chris MARKER et W KLEIN lui « donneront » des
bandes enregistrées pendant les évènements qui, montées, serviront de préambule
à des chansons comme ENSEMBLE, NOUS SOMMES LE POUVOIR, LE BOA, LA PIEUVRE
(Rhodiaceta) en 1969..
Question :
Comment s’est faite cette rencontre ?
1969
Production Taï-Ki/Le Chant du Monde 30 cm:TK 01
Magny 68 / 69 - Nous sommes le
pouvoir (essai sur mai
juin 1968, documents
sonores William Klein et Chris Maker)
-
La pieuvre - Le boa –
Ensemble - L'écolier-soldat - Dur est le blé - Lorsque s'allument les brasiers
· À
travers une chanson Colette dit un aspect de « son » Mai 68 :
Un soir je revenais de chanter
On m’a téléphoné
Il y avait des blessés,
Des gosses matraqués.
J’ai eu peur,
Je ne suis même pas allée
Ramasser les blessés.
Dans les usines je me suis planquée
Pour les travailleurs, chanter.
« Là où la chèvre est liée,
Il faut mieux qu’elle broute »
(B.Brecht)
J’ai rien vu, j’étais pas dans la rue.
Tout ce qui était gai,
Je l’ai manqué.
Chanter, c’était devenu dérisoire.
Je sais taper à la machine
Mais peut-être que je chante mieux
Que je ne tape à la machine.
Tout le monde se parlait.
· 1969.-
Chez BENEDETTO, en Avignon, elle rencontre Ernest
PIGNON-ERNEST – qui dessinera plusieurs jaquettes de ces disques -, et
Jean-Marie LAMBLARD - qui lui ouvrira le monde des pintades dont elle fera
KEVORK vingt ans plus tard-. Ils feront spectacle ensemble pendant le festival.
Jean-Pierre THORN y présentera OSER LUTTER OSER VAINCRE, en présence de Colette
MAGNY qui le défendra contre un militant communiste qui voulait lui casser la
gueule pour le contenu de son film : « Il a le droit de dire ce qu’il
a à dire, même si ça nous conteste ! » dira Colette MAGNY sans être
forcément d’accord avec ce film.
·
1972.- Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve
les USA et le Mouvement Noir Américain, François TUSQUES lui ayant amené des
documents sur les USA et les Black Panthers.
1970
- Le Chant du Monde - LDX 74.444
Feu et rythme - K-Blues - Brave
Nègre - U.S.A. - Doudou -
Jabber Wocky - Soupe de Poissons- Malachites / - Prends-moi, me prends pas - A
l'écoute - La Marche - L'église de Taban – Conascor
· 1972.- Elle
soutiendra les grévistes de PENNAROYA, écrira cinq chansons qu’elle
auto-produira plus tard, au plus près de la réalité des gens en grève.
· 1973.-
SALEM, J’AI PAS LES PAPIERS, L’EXIL, …- et qui laissera des traces dans
d’autres textes – MUSTAPHA -. Et ailleurs, CHRONIQUES DU NORD,
Scalen’Disc – CMPCD 03 – 1991
–(réédition du 33 T / 30 Cm -Le Chant du Monde - LDX 74 476 - 1972 + Pena Konga
[inédit]) –
Répression
/ Pena Konga :Répression - Oink Oink : Babylone, Cherokee, Djoutche,
Libérez les prisonniers politiques - Camarade-Curé - Pena
Konga : Homme singe, King Kong, Marche ou crève, L’exil, Je rase les murs,
Salem – Chronique du Nord.
Autour
de la Rhodiaceta et avec cette rencontre avec Chris MARKER, elle participera au
groupe MEDVEKINE.
Déjà
elle avait mené des enquêtes à la Rhodiaceta : en allant sur place, dans
les foyers, écouter, jouer avec, rentrer chez soi, écrire, envoyer un courrier
pour vérifier si c’est bien ça, pour savoir si les mots sont justes, le temps
que ça lui prend. « LA PIEUVRE » dont le Groupe MEDVEKINE fera un
clip : « RHODIACETA 4 X 8 ». Enquêtes qu’elle continuera avec PENNAROYA..
François TUSQUES nous indique qu’à
Grenoble pour le spectacle RÉPRESSION à la Maison de la Culture, 600 places, 3
ou 6 jours d’affilée, refusant du monde, lui était payé 2500 F par soirée, ça
correspondrait à 10 000 F (1500 € actuels). C’était en 1973-1974. C’est dire
sa notoriété. Puis plus
rien.
Question : Pourquoi ? Des associations se
« défonçaient » et arrivaient à organiser ce genre de concert puis
plus rien ! Hypothèse que l’organisation des concerts passent des
associations militantes à l’Union de la Gauche organisatrice ? Le Programme Commun fut-il l’élément
qui brisa l’ élan en développant le pouvoir des villes en matière
d’organisation de spectacle ?
·
Rencontre
2.- En 1975, à
Marseille, au Théâtre du TOURSKY, seule sur scène avec sa guitare enserrée
entre ses gros bras, elle était grippée, je la retrouve. Un grand
souvenir : « CAMARADE-CURÉ » avec le Chœur des Prêtres Basques
qui arrive par derrière sur bande-son - pour la première fois pour moi - pour accompagner
son :
« NON, NON, JE NE VEUX PAS, D’UNE
CIVILISATION COMME CELLE-LA »
à savoir celle qui condamne le peuple
basque.
Cette
chanson a peut-être musicalement vieilli, elle ne paraissait pas ringarde dans
sa forme à l’époque. Toujours est-il qu’elle osait amener un certain discours
politique avec lequel nous étions nombreux à « consonner » à cette
époque, tandis qu’elle « dissonait » auprès des grands de ce monde et
leurs tenants, notamment les médias. Censurée et interdite dans les
médias : une de ses amies lui dira qu’un stylet a rayé ses disques à
l’ORTF, sauf MÉLOCOTON. Elle dira « J’emmerde le système et il me le rend
bien… »
· 1973.- À
Lyon, au Hot Club, elle rencontrera le FREE JAZZ WORKSHOP de Lyon : Jean
MEREU (trompette), Jean BOLCATO (contrebasse), Louis SCLAVIS (clarinette) -
tout jeune à l’époque -. Avec eux et la peintre Monique ABECASSIS, elle y fait
l’expérience d’écriture collective sur la vie de chacun (LA PANADE). Tout en
défendant le rôle et la place de la voix, l’importance du sens. Ce qui ouvrira
plus tard à son travail sur A ARTAUD.
Cette année-là, à Montpellier affrontement à
l’entrée d’un concert entre les organisateurs et des gauchistes. Ce qui fera
des blessés. Elle sera traitée de « crapule stalinienne » par ceux
qui lui reprochent le prix d’entrée des concerts. Elle écrira « LES
MILITANTS ».
Et à propos du texte LES CAGES A TIGRE
qu’elle doit « faire » en chantant à la Fête de l’HUMA avec le FREE
JAZZ WORKSHOP de Lyon, la veille, un membre du C.C. du PC est venu longuement
discuter avec elle pour qu’elle n’indique pas qu’il s’agissait d’un
« brevet français », dont Rock’N Folk dira :
« Tiens vous avez remarqué pour les trucs de merde, là, la France réussit
très bien à exporter sa production ! ». Il ne
fallait pas attaquer l’impérialisme français… Elle pliera à cette injonction
pour la fête de l’HUMA même si dans le disque le « brevet français »
apparaîtra plus tard malgré tout.
Le Chant du Monde - LDX 74 570 - 1975 - Transit
La panade - Les cages à
tigre : La Digue de notre Village, Les Forêts de Bambous du Sud Viêt-Nam / - La Bataille - Ras la trompe : Le
Pachyderme, Blues Ras la Trompe, Radio Cornac, Les Militants, Finale.
·
1975 pour le 1° Mai à Dunkerque avec Ernest
PIGNON et les dockers elle fait spectacle : peintures, affiche, concert.
Dans
l’avant et dans l’après 68 de Colette MAGNY, nous avons de nombreux
témoignages des Galas, des récitals, des concerts de soutien aux grèves dont
Jean Bodart: « En 1971, à la MJC de Croix (59), je découvre Colette
Magny sur scène... En 1978, je chante sur la scène de la salle de la Marbrerie
à Lille-Fives lors d'un gala de soutien aux éducateurs en grève et Colette
Magny est la tête d'affiche... Et les expériences discographiques de
Colette Magny se poursuivent… Encore quelques occasions de l'entendre sur
scène, à Ronchin, à Aulnoye-Aymeries... La dernière fois que j'ai pu la voir,
ce devait être en juillet 1987, à Figeac dans le Lot, où elle participait à la
soirée de clôture d'un Festival d'Artistes Handicapés, elle avait chanté un
standard de jazz, seule, s'accompagnant au clavier ».
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve l’Amérique Latine
avec le CHILI, et un disque collectif avec des artistes.
1976
- Le Chant du Monde - LDX 74 599 - Chili
un peuple crève... Maxime Le Forestier / Colette Magny / Mara
Un peuple crève - Gracias a la vida - Mazurquica
revolutionarica / - El Aparecido - Oda a la mordaza - Herminda de la
Victoria - La carta.
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve le conflit
Israélo-palestinien, qui sera enregistré au Théâtre de La Ville à Paris qui ne
restera inédit jusqu’en 1991 édité par CMP (Colette Magny Promotion)
Feu et rythme, K3 blues, Brave nègre,
U.S.A. – Doudou, Jabberwocky, Soupe de poisson, Malachites, Prend moi ne prend
pas, A l'écoute, La marche, L'église de Taban, Conascor - Un juif à la mer un Palestinien au
Napalm :
Introduction, Notre ville flambe, Yisrolik, Monish, Origine, Le soc, Carte
d'identité, La terre, Je suis du peuple du livre.
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve les enfants
handicapés, et un disque collectif avec ces enfants d’un IME.
1979
- Le Chant du Monde - LDX 74 669 - Je
veux chaanter
Y'a trop de malheurs à la Télé - Zoo Story -
Psycho-médico-tranquillo-securito - Un canal de l'Est - Gouzou - Via Saint-Dié
- Ça me fait du bien - Caoutchouc-maracas - Pipi-caca Story - C'est ma mère -
La tristesse de Christelle - Histoire d'Orage - Sifflet à coulisses - Sandy -
Guimbarde-épinette / Frikasia - b.a. - BA / Ah les sales gosses - C'est ça qu'on
a dans le coco - Marie-Thérèse Leclerc - Faudrait pas faire le cirque, y'a une
grand'mère en bas - L'amour, l'amour - Si je dis… - Abandon.
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve un poète
connu : Antonin ARTAUD, et une inconnue, Sylvie DUBAL, et deux disques car
les ayant-droits d’Antonin ARTAUD ne voulaient pas que sur un même disque il y
ait des poètes que A. Artaud n’aurait pas aimés. Comme Frank ZAPPA, deux cas
« uniques » de disques avec une seule face.
1980
– Le Chant du Monde - LDX 74770 -
Thanakan Montage de textes d'Antonin Artaud.
1980 - Le Chant du Monde - LDX 74770 bis - Cahier d'une tortue de Sylvie Dubal.
·
Dans
l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve les Blacks Panthers, 1982-3 : THE
MEETING d’Elaine BROWN (Black Panthern), et toujours le blues, STRANGE FRUIT,
avec Anne-Marie FIJAL.
Le Chant du Monde / Harmonia Mundi – LDX 74776
Chansons pour Titine– 1983 - 1990 -1999 –
"Bluesy, Bluesy "Chansons pour Titine" Blues
- Étude "Révolutionnaire" - Strange
fruit - You go to my head - My heart belongs to Daddy - The Meeting (The Black Panther Anthem) / My man – Titine- The house of
the rising sun - All of me - Young woman's blues - Mélocoton - Prison.
· Dans
l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve des chansons enfantines, et un disque
collectif.
1983 - Chant du Monde – Distribution Harmonia Mundi -
LDX 100.312 – dans Berceuses du monde entier
33
T / 30 Cm
Toutouic – Le grand Lustukru – Le
p’tit Quinquin – La petite poule grise.
· Rencontre 3. En 1989, le journal TÉLÉRAMA, sous la
plume d’Anne-Marie PAQUOTTE, annonce que Colette MAGNY sort un nouveau disque,
« KEVORK », en souscription. Avec des amis du groupe « CHANSONS
DE L’ÉVÉNEMENT », nous sommes étonnés et écœurés qu’il n’y ait « pas
une maison de disque pour cette grande dame de la chanson ! » Nous
faisons une commande groupée, d’exemplaires de son disque, à quoi elle répond
par une lettre de remerciements, notre commande lui permettant de rééditer
d’autres CD. Nous lui enverrons notre cassette que nous venions de réaliser
avec nos compositions intitulée « 68-88
ou vingt ans après » à quoi elle répondra par retour du
courrier : « Ouf ! Ça rafraîchit que ça existe encore ! »
1989 - Colette Magny Promotion / Scalen'Disc - - CMP 01
- Kevork ou le délit d'errance
J'irai boiler dans les hurles - Quand
j'étais gamine - Toune beni beni (viens ici, petite brebis) - Exil - Habiter la
mer - Caqueta - Sphinx de nuit / Fils de Bahia - Kevork - Les multinationales
déboisent - Chanson gastronomique - La danse des écus - Mustapha - Rift Valley
· Rencontre 4. Nous resterons en correspondance par
lettre et au téléphone, pendant les sept années qui suivront, jusqu’à son décès
en 1996, nous rencontrant deux fois.
·
Dans l’œuvre de Colette MAGNY, un autre disque collectif où
elle participe avec des musiciens à l’initiative de Jean-Jacques BIRGE, entre
autres.
1991
– Urgent Meeting
CD – NO MAN’S LAND – nml/GRRR 2018 cd – dans UN DRAME MUSICAL
INSTANTANÉ
Comedia dell’amore.
· Rencontre 5. Elle nous dira « un coup de
gueule » pour préfacer le CD de Jean-Marc LE BIHAN « PAS À PAS »
en 1994.
· Rencontre 6. Durant la période où Colette MAGNY est
loin de tout, Pascal SEVRAN la recevra dans son émission LA CHANCE AUX
CHANSONS, à sa demande face à la lecture d’un journal de chanson où une de ses
amies la disait pratiquement morte. Il lui dira : « Quelle courage
Madame MAGNY ! » et elle répondra : « Je n’ai pas le
courage des terroristes ! » Silence sur le plateau. À la fin, Colette
demandera s’il va couper, le chargé de relations de Pascal SEVRAN lui
dira : « Non, sauf si vous le demandez ! » La conclusion de
Colette qui me racontait cet épisode a été : « Pascal c’est un vrai
homme de gauche ! » C’était au moment où SEVRAN appelait à voter
Chirac.
Didier
BRASSAC dans son village, la découvrant chantant, dira son étonnement qu’une
chanteuse puisse parler des « terroristes » alors qu’à la maison on ne
parle que de les tuer.
· Rencontre 7. En 1995, juste avant le 15 Août, je
mange avec elle à Verfeil-sur-Seye, avant qu’elle n’aille jouer à Uzeste, pour
la dernière fois où elle chante, accompagnée par « GRECO et LES INSECTES »
· Rencontre 8. 31 Octobre 1996, nous fêtons les 70 ans
de Colette à la Maison RUHL avec Didier et GRECO & les INSECTES.
· Rencontre 9. pour un spectacle « SUR LES PAS DE
COLETTE MAGNY », scène nationale du Théâtre du Merlan à Marseille, le 22 Novembre
1996, elle ne pourra être des nôtres, étant alitée, mais une communication
téléphonique sur le plateau pendant le spectacle nous permettra de parler avec
elle en public, Jean-Marc LE BIHAN lui adressera sa « LETTRE A
COLETTE ».
· Rencontre posthume 10. Décès de Colette MAGNY, le 12/06/1997.
À son enterrement, pas grand monde. Catherine RIBEIRO chante « J’AURAIS
TANT AIMÉ DANSER » dans la maison de Colette en dansant avec Christophe
MAGNY, le neveu.
· Rencontre 11. Notre dernière rencontre s’est faite
par la découverte de son œuvre chantée et picturale que nous tentons de faire
connaître par de multiples moyens : soirées d’écoute de ses chansons
proposées dans les quartiers pour tous ceux qui le veulent.
· Rencontres posthumes 12. Ces soirées d’écoute amèneront la
suggestion d’un ami (qui trouvait que « FERRAT, à côté de Colette MAGNY,
c’était de la gnognotte !!! ») de faire spectacle avec l’œuvre de Colette
MAGNY. Puis nous organiserons des expositions de ses peintures avec vernissages
chantés et concerts « J’AIMERAIS ÊTRE DU PAYS OÙ CE N’EST PAS LE DRAPEAU
QUE L’ON AIME PORTER HAUT…. SUR LES PAS DE COLETTE MAGNY… J’AIMERAIS ÊTRE DU
PAYS OÙ C’EST LA PENSÉE QUE L’ON PRÉFÈRE COMME DRAPEAU », spectacle autour
du « PORTRAIT MUSICAL DE COLETTE MAGNY » par François TUSQUES et
Hélène BASS, à Marseille et à Verfeil-sur-Seye, le village de Colette, en 2001,
avec Didier BRASSAC, ami et dernier musicien, Jean-Marc LE BIHAN, chanteur,
Jean-Paul FLORENS, musicien de jazz, et les « amateurs » de CHANSONS
de l’ÉVÉNEMENT
Film
en cours de réalisation « DU SUCCÈS DE MÉLOCOTON à KEVORK ou LE DÉLIT
D’ERRANCE »…,
Chansons
de Colette MAGNY chantées par le « CHŒUR DES GENS » et par tous ceux
qui se trouvent autour au moment du concert…,
Archivage
de tous les documents qui la concernent.
Si on parle de Colette MAGNY, c’est qu’elle a été connue, ayant « réussi ». À
un moment, elle a compté dans le système de la chanson, le show-business :
Petit Conservatoire de Mireille, Télévision, Olympia. Elle fut connue à ce
moment-là comme chanteuse « de jazz », étiquette qu’elle refusait,
car pour elle une chanteuse de jazz devait être capable d’improviser, pas elle.
Puis, plus tard, ayant « opté » pour « les « choses »
qu’elle voulait dire sur les gens, leur quotidien, leurs luttes…, l’étiquette
de chanteuse « engagée » lui colla à la peau, ce qui provoqua parfois
des quiproquos.
Pour parler de Colette MAGNY et MAI 68,
nous parlons de son œuvre composée
de plus de 100 chansons dont elle fut l’Auteure-Compositrice et de plus de 200
dont elle fut l’interprète.
De son œuvre de ce moment-là, de 1968,
son disque « 68-69 » (paru en 69, réédité en CD par CMP en puis par EPM en
2008). Mais aussi de son œuvre depuis le début de sa carrière, son disque
« VIET-NAM 67 », et même avant. Et même – et surtout ? – dans
son œuvre après.
Pour parler de l’œuvre de Colette MAGNY,
nous avons ici recensé l’ensemble de ses enregistrements. Mais pour en parler
mieux encore, autrement, il faudrait aussi analyser son écriture littéraire et
musicale – paroles et musique -, et retrouver aussi tout ce qu’elle a pu
dire/faire sur son œuvre, sur sa vie, sur l’actualité, ce qu’elle pensait, disait
de sa vie, de sa conception du monde, de ses convictions, de sa découverte de
la politique – nous l’avons un petit peu fait -. En fait, elle fut une artiste
professionnelle : au sens qu’elle a exploré tout son art pour inventer sa
propre voie/voix/écriture/spectacle.
Elle a inventé sa propre manière d’écrire des chansons. Elle
n’est, elle n’était, guère « cataloguable », réductible, tant la
force de sa voix, la pensée qu’elle affirmait haut et fort, ses convictions…
étaient à fleur de peau.
Colette MAGNY a existé, ayant franchi le
pas dans la chanson pour être professionnelle,
faire sa vie de/dans la chanson - chanson américaine, chanson française –, elle
s’est donnée à entendre par tous ceux qui le voulaient. C’était une personne
publique, elle disait d’ailleurs : « pas de vie privée pour une
personne publique… » Tout le monde, tous ceux qui l’écoutaient, pouvaient
aimer, ne pas aimer, débattre de ce qu’elle disait dans ses chansons, de ce
qu’elle pensait.
Personne n’est jamais sorti indemne de la rencontre avec cette chanteuse.
Elle était une sorte d’événement : force, violence, déflagration, fêlure. Elle
ne disait pas tout et laissait à chacun le soin, le loisir de l’enthousiasme,
mais aussi de tout ce qu’il y avait à faire.
Il
y a, il y avait cette voix qui
avait été dite « première voix du jazz français » ayant volé la
vedette aux yéyés (Claude FRANÇOIS et Sylvie VARTAN) à l’Olympia.
Il y a, il y avait cette voix – « Elle n’avait rien à
envier à aucune chanteuse noire américaine ! » dit François TUSQUES à
son propos -, cette voix qui a commencé par chanter des standards américains de
Bessie SMITH, Billie HOLLIDAY… et qui a gardé des traces de la prononciation
américaine quand elle chantait en français, avec un vibrato qui peut surprendre
beaucoup de gens, et dont elle disait qu’elle ne savait pas comment elle
chantait mais que c’était comme ça : elle ne pouvait pas chanter
autrement. Ça pouvait donner à sa voix parfois un caractère sophistiqué en
écart avec les textes très « enquête », très « terrain »,
très « populaire ».
Les musiques de Colette MAGNY – ses mélodies, ses harmonies –
n’étaient pas forcément très élaborées, ou plus exactement pas très compliquées.
ça ne l’avait pas empêché de
travailler avec les plus grands musiciens du Jazz, du Free-Jazz et de la
musique contemporaine, avec qui elle défendra toujours la question du sens de
ce qu’elle dit par rapport au fait que certains musiciens considéraient sa voix
comme un instrument.
Barre PHILIPS, Beb GUERIN,
FREE-JAZZ-WORKSHOP de Lyon, autre musique, écriture collective/individuelle.
Si,
pour certains, sa musique est
« maigre », ça n’empêchera pas François TUSQUES de créer en 2001 un
PORTRAIT MUSICAL de Colette MAGNY, variations pour piano et violoncelle (Hélène
BASS) sur les thèmes mélodiques des chansons Colette MAGNY, preuve s’il en est
qu’il y a de la musique.
Dans son écriture, ce qui est important c’est le texte, ce qui fait dire à certains
musiciens que « sa musique n’est pas carrée ! » Dans son interprétation,
certains comme Daniel HUMAIR ne la trouvent « pas en place »,
Jean-Jacques BIRGE dira qu’elle est « à sa place », et François TUSQUES :
« On disait la même choses de John Lee HOOKER ! ». Elle fit swinguer
Victor HUGO (Les Tuileries), fit entendre RILKE (Heure Grave).
Question : Michel PRECASTELLI la fera
travailler pour qu’elle soit en mesure.
Il y a, il y avait ces textes faits de collage, de textes
« à dire » (LES CAGES A TIGRES), de montage (bande-son de la
reprise du travail dans une usine, bande-son à laquelle elle accrochera une
chanson faisant état des conditions de travail en usine…), de citations (CO-OPÉRATION, FRAPPE TON
CŒUR) avec pour thèmes : le rapport des gens entre eux,
l’enfance/l’adolescence… qu’elle continuera même après sa mise en musique des
poètes. Où elle osa ce que personne n’avait fait jusqu’à ce moment, prenant son
inspiration parfois dans le journal, d’autres fois dans ses lectures, souvent
plus tard dans ses enquêtes sur place.
Elle était passée du jazz New-Orleans avec Mickey
BAKER, au Free-Jazz avec
François TUSQUES, Louis SCLAVIS, Aldo ROMANO, Henri TEXIER, Georges ARVANITAS,
Jean MEREU, Jean BOLCATO, GUEM, Noël McGHIE, Denis COLIN, Jean-Jacques BIRGE,
Bernard VITET, Beb GUERIN, Barre PHILIPS, Jean-Jacques AVENEL, GUEM, ont joué
avec elles, et bien d’autres… et de l’écriture
individuelle à l’écriture
collective. Elle s’était essayée dans la voix parlée avec « BURA BURA », puis plus tard
voulant faire « autre chose que la forme chanson », elle travailla
avec Michel PUIG – musicien compositeur contemporain, notamment sur trois
textes : « JABBERWOCKY », « MALACHITES », « LA
MARCHE ».
En suivant François NICOLAS dans sa présentation de MAI 68,
nous pouvons dire que Colette MAGNY – indépendamment de sa notoriété, en plus
de sa notoriété - se trouve marquée, avant Mai 68, par la guerre d’Algérie, en 1956, pour sa
prise de conscience, dans ses chansons, par le jazz avec sa rencontre avec Claude LUTER, et le fait qu’elle
commença à chanter des standards américains avant d’être connue, puis par le free-jazz avec sa rencontre avec
François TUSQUES qui lui fit découvrir COLTRANE, AYLER, DON CHERRY, par Cuba,
le Vietnam, la condition ouvrière (CHRONIQUES DU NORD).
Et dans l’après 68, s’étant
laissée surprendre par l’événement : avec sa rencontre avec Chris MARKER
et le groupe MEDVEKINE ; avec le FREE-JAZZ
WORSHOP de Lyon, en 1975 : autre musique ;
avec écriture collective/individuelle ;
avec les ouvriers de PENNAROYA, en 1973 : SALEM, J’AI PAS LES PAPIERS,
L’EXIL ; avec l’Amérique Latine,
les Black PantherS, (THE MEETING,
1983) ; KEVORK (MUSTAPHA, chanson sur les foyers d’ouvriers immigrés,
CAQUETTA, chanson-revue de presse sur l’Amérique latine, en 1989).
Et la politique, pour Colette MAGNY, qui ne peut pas se
résumer à son compagnonnage avec
le PC, dans LES CAGES À TIGRE, le Vietnam est encore présent dans l’œuvre de
Colette MAGNY, elle y mettait en cause l’impérialisme français inventeur de ce
système de torture...
Pour reprendre la question de son engagement, des choses à
travailler, à élucider : Colette s’est située dans cet événement mais
peut-être, dans une position « d’avant » avec son compagnonnage avec
le PC. Nous savons comment
la politique est entrée dans sa pratique par la guerre d’Algérie, mais pas
comment elle est devenue membre du PC : où ? quand ? pourquoi le
PC ? quelle militance ? À quel moment et pourquoi sa séparation du
PC ? Questionnement général sur le compagnonnage des artistes avec le PC.
Ce n’est pas pour cela qu’elle fut traitée de « crapule stalinienne »
mais parce que certains ne voulaient pas payer l’entrée des concerts, dans les
années 70.
Des questions restent en suspens.
*
Les Sources de ce texte sont l’œuvre de Colette
MAGNY : chansons (plus de 100 écrites par elle), partitions, enregistrements
(plus de 200 chansons enregistrées), ce qu’elle a dit elle-même et ce qu’on a
dit d’elle, de son travail (PAROLES ET MUSIQUE, CHORUS, les livres
« CITOYEN-BLUES », « LE CHANT LIBRE, free jazz », les journaux…),
les entretiens pour le film que nous préparons, entretiens privés,
correspondance, archives.
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