Samedi 11 octobre 2025
(salle Stravinsky)
Lien Zoom : https://us06web.zoom.us/j/88367779677?pwd=q2Hfd22rdEPdwbOBlve0xwMaE6XDsT.1
ID de réunion : 883 6777 9677
Code secret : 244510
10h – Présentation de la saison mamuphi : séminaire (Obstructions contemporaines ?) et école (atelier &
leçons)
10h20-13h - François Jullien : De l’obstruction
J’en viendrai à l’« obstruction » par deux biais.
Le premier, plus ancien dans mon travail, est celui de la langue-pensée chinoise.
Dans la pensée lettrée, plus elle se réfléchit au cours de son histoire, plus l’« obstruction » – la « non-
communication » – paraît le « mal ». Et même la seule forme de mal qui puisse exister, sans donc que s’y
rajoute aucun plan moral ou métaphysique.
Puisque tout dans le monde est en corrélation et par suite en interaction, qu’il y a pensée, non de l’Être,
mais des processus, la non mise en rapport et la non-circulation sont le seul obstacle. Cela commence avec
la respiration et s’étend au rapport du prince et du peuple.
L'autre biais, plus récent dans mon chantier, est lié au concept de dé-coïncidence.
Quand les choses « coïncident », au sens premier, géométrique, du terme, qu’elles sont en parfaite
adéquation entre elles, et déjà entre la « chose » et l’« esprit » (la définition traditionnelle de la vérité), cela
bien sûr est satisfaisant.
Mais, qu'on en soit légitimement satisfait fait qu’on s’immobilise dans cette coïncidence qui paralyse. Le
positif de l’adéquation verse alors en positivité morte qui bloque et fait obstruction à l’avènement du
nouveau.
D’où l'importance de dé-coïncider pour rouvrir des possibles dans la pensée comme dans la société.
En suivant successivement ces deux chemins, on interrogera le phénomène de l’« obstruction », dans son ampleur,
du physiologique au politique. Et l’on cherchera aussi à en dégager une politique.
14h30-17h30 - Patrice Maniglier : Mythophysique - structure et forçage dans les sciences sauvages
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Thématique 2025-2026 du Séminaire mamuphi
Obstructions contemporaines ?
Le thème « obstructions contemporaines ? » proposé pour la prochaine saison de notre séminaire repose sur une hypothèse proprement
« mamuphique » :
Et si les obstructions des modernités contemporaines (en musiques et en arts, en philosophies et en intellectualités, en
politiques et en amours) pouvaient mieux se comprendre et se surmonter à la lumière des mathématiques modernes et
contemporaines surmontant leurs propres obstructions ?
1) En première intention et avant approfondissement, appelons obstruction un blocage immanent, que l’on ne saurait réduire à un
simple obstacle externe qu’il suffirait de franchir (par dislocation ou contournement) pour mieux ensuite l’oublier derrière soi.
Une obstruction n’est pas davantage une saturation qui nécessiterait d’abandonner un terrain devenu définitivement stérile pour
se déplacer vers un autre domaine resté fertile.
À la différence de tels obstacles et saturations qui convoquent une suppression, une obstruction convoque non pas une
désobstruction mais la création d’une relève (Aufhebung) du domaine où elle s’avère, relève surmontant l’impossible
ponctuellement rencontré en incorporant, dans le domaine en question, ce « réel » comme objet de type nouveau. À ce titre, une
obstruction autorise la relève affirmative d’un travail du négatif puisque l’impuissance sur laquelle la pensée vient irrémédiablement
buter est ici relevée en puissance rédupliquée (d’énonciation et d’énoncé) : celle de penser de manière nouvelle un objet de type
nouveau (songeons bien sûr à la relève freudienne d’un inconscient psychanalytique obstruant la conscience de l’être parlant).
2) Les mathématiques modernes se sont précisément engagées par de telles relèves d’obstructions classiques.
Voir exemplairement Galois qui relance en 1830 l’algèbre classique, obstruée par le théorème d’Abel (1824), en surmontant
l’obstruction (l’irrésolubilité) sur laquelle butait l’inconnue classique de l’équation polynomiale : l’inconnue ne sera plus tant