mamuphi
mathématiques - musique – philosophie
dir. C.
Alunni (Ens-Cirphles), M. Andreatta
(Ircam), A. Cavazzini (Liège) et F. Nicolas (Ens-Caphés/Ircam)
Les activités mamuphi
ont normalement lieu le samedi matin (10h30-13h) dans la salle de séminaire du Département
de philosophie, au sous-sol du Pavillon Pasteur
Années antérieures :
·
2012-2013
·
2011-2012
·
2010-2011
·
2009-2010
·
2008-2009
·
2007-2008
·
2006-2007
·
2005-2006
·
2004-2005
·
2000-2001
Les
séminaires, écoles et cours mamuphi sont ouverts à tous (sans
inscription préalable).
Pour tout contact :
· moreno.andreatta [at] ircam.fr`
· andreacavazzini [at] libero.it
· fnicolas [at] ens.fr /
fnicolas [at] ircam.fr
Séminaire mamuphi
· 13 octobre 2012 - Table ronde
des auteurs du nouveau livre collectif « À la lumière et des mathématiques
et à l’ombre de la philosophie, dix ans de séminaire mamuphi » (Éd.
Delatour-Ircam) [1]
Vidéo
sur le site d’Innovaxiom
François Nicolas – De sept moments
« mamuphiques » dans l’histoire de la pensée [2]
· 10 novembre 2012 – Matthew
Lorenzon : Musique et philosophie – Peut-on parler d’influence
entre Xavier Darasse et Alain Badiou dans la composition d’Antagonisme I
en 1965 ? [3]
· 8 décembre 2012 – Alessio
Moretti : La somme et le produit d’hexagones logiques [4]
· 12 janvier 2013 – Andrée
Ehresmann : Le rôle des
limites projectives dans le développement des mémoires procédurale et sémantique [5]
·
2
février 2013 – Moreno Andreatta et Jean-Louis Giavitto : Analyse
formelle des concepts et programmation spatiale - quelques aspects
philosophiques du nœud mathématique/musique/informatique [6]
· 23 mars 2013 – François
Nicolas : Comment l’invention
de l’algèbre redistribue ce que calculer,
théoriser et démontrer veulent dire… [7]
· 6 avril 2013 – Fréderic
Maintenant & François Tusques : Un
jazz sériel ?
· 25 mai 2013 – François
Viallefond : Forme et
concepts, langages et physique (ou connivence mathématiques, physique et informatique) [8]
École de musique
(A. Bonnet et F. Nicolas)
· 13 octobre 2012 : Sonate
pour piano (2003) de François Nicolas, par son auteur
· 8 décembre 2012 : La
Terre Habitable pour trois ensembles instrumentaux d’après des textes de
Julien Gracq (1994-98) d’Antoine Bonnet, par son auteur
Les contrées de La
Terre Habitable - Les Eaux étroites, Aubrac, Les Hautes
terres du Sertalejo, La Presqu’île, Liberté grande - reposent
sur une structure unique soumise à de fortes distorsions infléchissant les
situations musicales à l’instar des mouvements telluriques transformant la
configuration des paysages.
Il s'agit d'une
évocation de l'écrivain à partir d'un choix de titres réunis par une thématique
commune : la Terre, non des origines mais des devenirs, qu'il scrute en
géographe et dont jamais il n'évoque la surface sans rendre sensible l'énergie
qui la sous-tend, nous exposant aux « champs de forces qu'Elle garde, pour
chacun de nous singulièrement, sous tension ».
La Terre s'arrache alors à son
inertie, fuit à l'infini comme une invitation au voyage et promet qu'à son
contact « toutes nos pliures se déplissent comme s'ouvre dans l'eau une fleur
japonaise ».
· 2 février 2013 : Égalité
’68 (œuvre musicale composite, autour de mai 68) par François Nicolas [9]
· 6 avril 2013 : Fictions
de l’interlude (d’après l’Œuvre de Fernando Pessoa) par Antoine Bonnet
Séminaire mamuphi
·
8
octobre 2011 : René Guitart - L'armature
hexagonale du corps à quatre éléments,
et le formulaire de la logique borroméenne associée [10]
· 5 novembre 2011 : Jean-Yves
Beziau – De l'hexagone musical
(comme application de l'hexagone logique à la théorie musicale)
· 3 décembre 2011 : Jacques
Roubaud - Permutations et composition poétique [11]
·
7
janvier 2012 : François Nicolas – De l’hexagone
logique en matière d’œuvre musicale composite [12]
·
4
février 2012 : Jean Petitot et Moreno Andreatta – Démarche structurale
et approche phénoménologique sont-elles incompatibles ? [13]
·
10
mars 2012 : Tzuchien Τho - Localisation et relativisation dans
l'ontologie (mathématique) [14]
·
31
mars 2012 : Nancy Diguerher-Mentelin - d’Alembert-Rameau-Rousseau
(& Diderot) : « mamuphi » au cœur des Lumières ? [15]
· 5 mai 2012 : Patrick
Saint-Jean - La prétopologie et la pensée complexe [16]
Cours Catégories et structures
(René Guitart)
Troisième année : Travaux pratiques
· 1° mars 2012 : François
Viallefond - Structure algébrique pour les quantités physiques et leurs
contextes expérimentaux
· 15 mars 2012 : François Nicolas
– Enjeux des dissymétries entre produits et sommes et conséquences sur les
esquisses rapportant les unes aux autres ?
· 3 mai 2012 : René Guitart – Pour
une modélisation qualitative en termes de catégories
· 25 mai 2012 : René Guitart
– Sur les exposés de François Viallefond et François Nicolas
· 31 mai 2012 : Yves Chaumette – Modéliser la perception [17]
· 21 juin 2012 (salle 646A-Mondrian): Arache Djannati-Atai - La phénoménologie et la
recherche de pulsars [18]
École de musique (A. Bonnet et F. Nicolas)
· Samedi 5 novembre 2011 : La
chute d’Icare pour clarinette et petit ensemble (1988) de Brian
Ferneyhough, par François Nicolas
· Samedi 4 février 2012 : Allegro
Sostenuto pour clarinette, violoncelle et piano (1988) de Helmut
Lachenmann, par Antoine Bonnet [19]
· Samedi 5 mai 2012 : Dérive
I de Pierre Boulez et l'opus 33a d'Arnold Schoenberg - l'indéterminé
au cœur de l'œuvre, par Dimitri Kerdiles [20]
Séminaire Babel
·
15
octobre 2011 - Violaine Anger : Voix, parole, musique : généalogies
(ou comment aborder le point tangentiel qui existe entre le parlé et le
chanté…)
·
12
novembre 2011- François Nicolas : Quelles conséquences
musicales tirer du fait que, contrairement au grégorien, le tajwîd ne se thématise pas comme
musique ?
·
14
janvier 2012 – Gérard Abensour : Le vers russe, de la récitation à la
mise en musique
·
11
février 2012 – Gerald Stieg : La langue allemande [21]
·
10
mars 2012 - Marjorie Berthomier : Des rapports de Schoenberg à la
traduction
· 12 mai 2012 - Marc
Ballanfat : Du son inaudible au phonème sanscrit
Séminaire
· 9 octobre 2010 (amphi Rataud) – François
Nicolas : Extension de Kan et écoute musicale « élargie »
d’une œuvre musicale « mixte » [22]
· 27 novembre 2010 (salle Beckett) – Franck
Jedrzejewski : Extensions de Kan et transformée de Fourier [23]
·
11
décembre 2010 (amphi Rataud) – Max Yribarren : Le tempérament égal
a-t-il une justification acoustique ?
· 5 février 2011 (amphi
Rataud) – Jean Bénabou : Méthodes “transcendantes” en théorie des catégories [24]
Sur
les distributeurs :
—
en français, notes de Jean-Roger Roisin d’un cours donné (1973) à Louvain
—
en anglais, notes d’un cours donné (2000) à Darmstadt
· 12 mars 2011 (salle
Beckett) - Thierry Paul : Rigueur,
contraintes, action sans interaction
· 2 avril 2011 (salle Beckett) – René
Guitart : Le corps impossible
· 7 mai 2011 (salle Weil) – Marco
Segala : La philosophie de la musique de
Schopenhauer [25]
· 21 mai 2011 (amphi Rataud) - Andréa
Cavazzini : Symbole et diagramme. Sur les travaux de Gilles
Châtelet
École de mathématiques (Pierre Cartier)
·
11
décembre 2010
·
5
février 2011
·
30
avril 2011 : avec Annick Lesne, Duo sur l’entropie [26]
—
Annick Lesne : Multiscale
analysis of biological functions: the example of biofilms
Cours Catégories et structures
(René Guitart)
Deuxième année :
1 - Révisions sur les limites et problèmes
universelles, esquisses et monades, extensions de Kan.
2 - Univers algébriques et topos.
3 - Catégories abéliennes, produits tensoriels,
structures monoïdales.
4 - Opérades.
·
10
mars 2011
·
31
Mars 2011
·
7
juin 2011
·
21
juin 2011
·
24
juin 2011
École de musique (A. Bonnet et F.
Nicolas) [27]
[ On reconnaîtra aisément, dans ce
projet de « cours de musique pour des philosophes », une reprise
variée, à 45 ans d’intervalle, du « cours de
philosophie pour scientifiques » que Louis Althusser a organisé dans
cette même École l’année 1967-1968. ]
École
mamuphi de musique, pour philosophes et autres non-musiciens :
Les
enjeux (généalogiques, archéologiques et esthétiques) d’une œuvre musicale
Le projet est d’introduire les
auditeurs (en particulier ceux qui ignorent le solfège) aux enjeux musicaux
d’une œuvre.
Si
ces enjeux se donnent dans la dialectique d’une écoute d’une interprétation et
d’une lecture de la partition, le défi de cette école est d’ouvrir un accès à
la partition d’une œuvre pour qui ne sait la lire (sans pour autant transformer
bien sûr cette école en classe de solfège).
Chaque leçon s’attachera à une
œuvre pour en dégager les enjeux pour un aujourd’hui musicien de la création
musicale. Ces enjeux
seront dépliés selon un triple point de vue :
· généalogique : avec quelles œuvres musicales
cette œuvre dialogue-t-elle ?
· archéologique : comment cette œuvre
rétroagit-elle sur l’état du monde de la musique dans lequel elle s’enracine ?
· esthétique : de quelle époque de pensée
cette œuvre musicale se veut-elle contemporaine ?
Au total, chaque œuvre sera
présentée par un musicien qui détaillera pour quiconque sa partition, ses interprétations
significatives et une écoute envisageables.
· 27 novembre 2010 (salle Beckett)
: Farben pour orchestre
(op.16 n°3 ; 1909) d’Arnold Schoenberg, par François
Nicolas
· 12 mars 2011 (salle
Beckett) : Notation I pour
orchestre (1980) de Pierre Boulez, par Antoine Bonnet
·
7
mai 2011 (salle Celan) : Night Fantasies pour piano (1980)
d’Elliott Carter, par François Nicolas [28]
Séminaire
· 10 octobre
2009 – François Nicolas : Théoriser
l’engendrement d’une aura poétique par l’œuvre musicale mixte, à la lumière mathématique du forçage (P. J. Cohen) d’une extension générique [29]
· 14 novembre
2009 – Charles Alunni : Le binôme Lautman-Cavaillès
·
5 décembre 2009 - Thomas Noll : Logics and Mathematical Music Theory [30]
·
16 janvier 2010 – Moreno Andreatta : Quelques éléments pour une
interprétation philosophique des approches transformationnelles en théorie et
analyse musicales [31]
·
6 février 2010 – René Guitart : Du passage du
ternaire au binaire et réciproquement dans la modélisation mathématique [32]
·
13 mars 2010 – Yves Chaumette : Du ternaire
au binaire, et réciproquement (un exemple) [33]
·
15 mai 2010 - Marco
Segala : De la notion de musique
absolue au XIX° siècle [34]
École (Leçons de Pierre Cartier)
· 5 décembre 2009
·
13 mars 2010
·
15 mai 2010
Cours Catégories et structures (René Guitart)
enregistrement audio : http://2009a2010.free.fr/2009-2010-guitart
Séminaire
·
11
octobre 2008 (salle Cavaillès) - Répons François Nicolas / Charles
Alunni
Intervenant :
François Nicolas - Des
connivences contemporaines entre intellectualités mathématique & musicale [35]
—
Philosophie -
Huit
propositions au sujet du structuralisme (pdf)
—
Mathématiques & musique -
Programme
de travail sur faisceaux et topos en musique
Répondant : Charles Alunni
Compte
rendu de la discussion : « 15 questions
ou objections, et autant de premières réponses »
·
15
novembre 2008 (salle Celan) – Thierry Paul - Stephan Schaub - Michael
Schmidt : Les rapports musique-mathématiques selon Ernst Krenek
(1937/1939)
Répondant : François
Nicolas - « Une lecture de Music
here and now d’Ernst Krenek »
·
6
décembre 2008 (salle S. Weil) – Franck Jedrzejewski : Les onto(po)logies musicales & Pierre Lochak : Quelques remarques sur le monde-Musique comme topos de faisceaux
Enregistrement audio (mp3) de la séance (Benoit
Daval) : http://topfree.free.fr/2008-2009-mamuphi
Quelques photos de cette
séance (Pierre Prouvèze) et un extrait vidéo
·
17
janvier 2009 (salle S. Weil) – Christian Houzel : Théorie des
faisceaux et linguistique [36]
·
7
mars 2009 (salle des Actes) - Pierre Lochak : Entendre - ou pas - la forme d'un tambour. Quelques
correspondances du monde physico-mathématique [37]
Mark Kac : “Can one hear the shape of a
drum?”
William
P. Thurston : “On proof and progress
in mathematics”
·
4
avril 2009 (salle Beckett) – Jean Bénabou : Magie des topos, ou
topos et magie?
« Une analogie en théorie
des catégories » (in La recherche de la vérité ; ACL –
Les éditions du Kangourou ; décembre 1999)
·
9
mai 2009 (salle S. Weil) - René Guitart : Théorie du
nouveau [38] [texte
préparatoire]
École (Yves André)
·
7
février 2009 : « Des infinis subtils »
Texte de la leçon (pdf)
Ensemble des leçons
données par Yves André (pdf)
Séminaire
6
octobre 2007 - Séance d’ouverture par Moreno Andreatta, François
Nicolas et Charles Alunni
10
novembre 2007 - Évaluation de la music theory de David Lewin
(Stephan Schaub et François Nicolas)
· Stephan Schaub - Statut de
la formalisation mathématique dans la « music theory »
américaine : une lecture de l’échange entre Edward T. Cone et David Lewin
(Perspectives of New Music 1967 et 1969).
· François Nicolas - « Comme
Freud, Schoenberg est mort en Amérique » :
« Déconstruire
la music theory (1) : David Lewin »
« Déconstruire
la music theory (2) : Milton Babbitt »
1° décembre 2007 -
Francis Borceux : Des jets aux infiniment
petits : quand l'intuition se mue en rigueur [39]
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1881
15 décembre 2007 : Ralf Kromer :
La
théorie des catégories : un outil d'analyse musicale aux yeux de la critique
philosophique
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1882
12 janvier 2008 : Thomas Noll : Le Pli Diatonique -
Algebraic Combinatorics on Words applied to the Study of the Diatonic Modes
2 février 2008 : Hector Parra : Une approche créatrice des
interrelations structurelles entre les espaces acoustiques et visuels
15 mars 2008 - René Guitart : Modalités des
discours et courbures des figures [40]
5 avril 2008 : Stephan Schaub : Les implications de la
formalisation mathématique dans les pratiques compositionnelles de Babbitt et
Xenakis [41]
17 mai 2008 : Thierry Paul : Questions
d’échelles [42]
École mamuphi Leçons d’Yves André · 1° décembre
2007 : Représentations
linéaires et analyse harmonique [43] ·
15
mars 2008 : Singularités [44] · 17 mai 2008 : Dualité(s) |
Intellectualités mathématique et musicale
Calendrier :
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1532
Présentation PowerPoint | Documentation
distribuée
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1560
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1588
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1639
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1640
Video : www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1641
Video : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1642
version pdf : intervention
- annexes
École mathématique pour musiciens et autres non-mathématiciens
un samedi par trimestre, de 15h
à 18h à l’Ircam (salle Messiaen)
[ On reconnaîtra aisément, dans ce
projet de « cours de mathématiques pour des musiciens », une reprise
variée, à 40 ans d’intervalle, du « cours de
philosophie pour scientifiques » que Louis Althusser a organisé dans
cette même École l’année 1967-1968. ]
Nous
avons décidé de mettre en place, cette année, une « école » spéciale de
mathématiques en direction des musiciens et autres non-mathématiciens.
Le
principe en sera tout à fait singulier : il s’agira de rendre compréhensible un
concept central de la mathématique la plus contemporaine à des
non-spécialistes, en tentant de les mener au cœur de la pensée mathématique la
plus active, et sans économiser ni la spécificité de l’écriture mathématique,
ni une partie du labeur démonstratif (même si celui-ci ne saurait être, dans le
cadre d'une vulgarisation, de nature intégrale). Il ne s’agira pas d’«
appliquer » les mathématiques à la musique, que ce soit sous une modalité
technique et calculatoire ou sous une forme plus métaphorique. La ‘raisonance’
possible du concept mathématique avec la musique ne sera pas au cœur de
l’exposé lequel visera, simplement (si l’on ose dire !), à transmettre le plus
fidèlement possible, le contenu de pensée investi dans le concept examiné (et,
bien sûr, dans la théorie mathématique où il prend place), sans négliger, tout
au contraire, les aperçus historiques qui peuvent permettre d'apprécier les
problématiques au cœur desquelles se déploie le concept présenté.
Yves
André (Cnrs-Ens) a bien voulu accepter la chaire de cette école.
Les
concepts mathématiques envisagés sont - entre autres - ceux d’adjonction,
d’algèbre de von Neumann, de motif et d’opérade.
Ces
séances seront trimestrielles. Chaque séance devrait durer trois heures ;
Le
calendrier est le suivant : 15h à 18h - Ircam (salle Messiaen)
• 9 décembre 2006 : Aperçus
sur les algèbres d'opérateurs (algèbres de von Neumann)
• 24 mars 2007 : Les topos de Grothendieck
• 12 mai 2007 : Idées galoisiennes (théorie de l'ambiguïté)
Propositions pour les prochaines séances
de l'école de mathématiques pour musiciens et autres non-musiciens
0)
Merci tout d'abord à tous ceux qui ont pris soin de nous transmettre leur avis
sur la première séance. Ceci nous aide, et nous encourage.
1) Il
ressort des points de vue exprimés que tout le monde, même ceux qui ont peiné
lors de la première séance, souhaite une prolongation de
l'expérience. C'est également notre souhait.
2) Il
faut repréciser que "école" ici ne veut pas dire
"cours" (et donc progression graduée selon un parcours univoque en
marches d'escalier). Il faut entendre ce projet ("d'un type nouveau")
comme visant une compréhension plutôt qu'une maîtrise de savoirs.
3)
Pour ceux qui n'ont pas l'habitude d'entendre un exposé de mathématique
contemporaine, cette compréhension passe nécessairement par une
phase de "choc", un peu comme un tel type de "choc"
intervient pour toute personne venant pour la première fois entendre un concert
de musique contemporaine. Il n'y a pas lieu de vouloir éviter un tel choc mais
seulement d'apprendre à le surmonter.
4) À
ce titre, une certaine dimension rétroactive (relevant donc de
l'après coup) nous semble de mise en matière de compréhension.
À
cette fin, il semble nécessaire d'instaurer plus de résonances entre les
différents sujets devant être traités lors des prochaines séances en sorte que,
petit à petit, les concepts mathématiques puissent s'éclairer les uns les
autres, non plus de manière déductive - dans l'ordre linéaire de leur
exposition - mais rétrospectivement, et selon un schéma concentrique.
5)
Nous proposons de reconfigurer les prochains thèmes en sorte de mettre en
rapport différentes approches mathématiques contemporaines de la notion d'espace.
En effet, si la notion mathématique d'espace n'a pas été définie la fois dernière,
c'est pour une raison essentielle et non pas contingente: c'est parce qu'il
n'existe pas à proprement parler de définition mathématique de l'espace en soi
(pas plus d'ailleurs qu'il n'en existe de la symétrie en soi, ou de la
singularité en soi). À ce titre, la mathématique associe toujours au mot
"espace" une spécification ("espace topologique",
"espace mesuré", "espace vectoriel", etc.), laissant à
l'intuition de chacun le soin de donner un sens spécifique au mot
"espace" détaché de ses prédicats.
6) Si
le propos de l'école est bien de rendre compréhensibles certains concepts
mathématiques contemporains et centraux, ceux-ci seront choisis (du moins dans
un premier temps) sur le critère qu'ils condensent des points de vue mathématiques
sur des notions communes - i. e. n'appartenant pas en
propre à la mathématique - telles qu'espace, symétries, temps, singularités,
etc... Chacun pourra alors confronter, s'il lui plaît, ces points de
vue mathématiques aux points de vue qui lui sont plus familiers - musicaux,
architecturaux, picturaux, ou philosophiques - sur ces notions communes.
En ce
qui concerne l'espace, il est loisible de penser que les deux points de vue
mathématiques les plus avancés et les plus profonds sont celui de la géométrie
non-commutative (A. Connes) et celui des topos (A. Grothendieck) - d'ailleurs
complémentaires l'un de l'autre.
Comprendre
mieux les enjeux des espaces non-commutatifs, la disparition des points et le
rôle structural des algèbres d'opérateurs (exposé précédent) pourra mieux se réaliser
rétroactivement si les prochaines séances de l'école traitent d'autres visions
de l'espace. Nous proposons à ce titre que la prochaine séance soit consacrée à
l'examen des topos de Grothendieck.
7)
Nous maintenons le principe d'absence de tout prérequis, mais ceci ne veut pas
dire qu'il faudrait négliger le rôle de la culture mathématique de
chacun.
Si la
culture est bien ce qui vous reste quand vous avez tout oublié, la culture
mathématique mobilisée pour écouter et suivre un tel type d'exposé indique
alors votre capacité d'intuitionner et de représenter ce qui vous est présenté,
votre aptitude à supporter de perdre pied en faisant confiance à votre capacité
de renouer un peu plus loin au fil du discours.
Là
encore, l'analogie avec l'écoute de la musique est pertinente : écouter une
œuvre n'est pas la disséquer, suivre note à note et accord par accord son
travail déductif mais apprendre à se laisser guider par l'œuvre elle-même (et
apprendre, cela implique toujours, en un premier temps, un travail soustractif
: se désencombrer d'habitudes inadaptées).
8)
Nous sommes des pionniers au sens aussi où nous devons apprendre à donner à la
notion de malentendu un statut productif, et pas seulement
négatif.
Si la
présentation mathématique ordinaire vise à la levée de tout malentendu (par un
dispositif réglé d'écriture univoque rendant intégralement transmissible le
contenu de pensée), cette école ne saurait fonctionner sous cet ordre (qui est
tout aussi bien celui du "cours" de mathématiques mentionné plus haut).
Tentant de présenter des enjeux de pensée les plus actuels à des gens étrangers
à la mathématique active, cette école doit miser sur la productivité et la
dynamique d'un certain type de malentendu.
À ce
titre, qu'un concept mathématique présenté prête ici à une part de malentendu
ne doit pas être vu comme une faiblesse (ce que cela serait dans un simple
cours) mais plutôt comme un pari : le pari qu'une forme de résonance peut être
mise en œuvre entre jeu mathématique des concepts et représentation mentale
chez celui qui le découvre.
Bien
sûr, ce pari comporte également sa part de danger : celui que le malentendu
(afférant au fait que ce qui est présenté n'est pas maîtrisé par qui écoute)
débouche sur une mécompréhension ou un contre-sens. Mais il nous semble que le
génie propre de cette école implique de prendre ce risque pour en faire jouer
la face positive et dynamiser l'écoute spécifique de chacun - là encore,
écouter un tel type d'exposé est assez proche de l'écoute musicalement requise
face à une œuvre contemporaine -.
9)
Rendez-vous donc le samedi 24 mars 2007 pour une nouvelle
séance (consacrée aux topos de Grothendieck) au début de laquelle Yves André
reformulera les principes de notre projet.
Yves André et François Nicolas
P.S. «Si
les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, c’est uniquement
parce qu’ils ne réalisent pas à quel point la vie est compliquée.» John von
Neumann
Questions de logiques
Si,
pour les musiciens, « logique musicale » se dit en différents sens (consistance
autonome de la musique comme « monde » ou « langage », dialectique
spécifique du discours musical, stratégie à l’œuvre…), si, pour les
mathématiciens, « logique » ne profile plus seulement une norme pour
leurs énoncés mais la dynamique même de leur travail d’énonciation (une logique
du processus mathématicien tout autant que du résultat mathématique), peut-on
activer aujourd’hui des raisonances entre ces conceptions des logiques à
l’œuvre ?
Comment
faire jouer leur hétérophonie par-delà tel ou tel projet plus spécifique de
« mathématiser » la logique musicale ou de « musicaliser »
la logique mathématique ?
Calendrier :
1. 15 octobre 2005
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=878
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=879
2.
12
novembre 2005
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=945
3. 10 décembre 2005
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=946
4. 14 janvier 2006
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=947
5. 25 février 2006
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=727
6. 11 mars 2006
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=728
7. 29 avril 2006
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=730
8. 20 mai 2006
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=731
Les mathématiciens et la musique
Si musique et mathématiques
avèrent un long compagnonnage, depuis l'origine commune des théories musicale
et mathématique au VI° siècle av. J.-C. jusqu'à l'époque la plus contemporaine,
si penser la musique avec les mathématiques est ainsi une longue histoire où
interviennent tour à tour arithmétique (nombres) et géométrie (figures),
algèbre (écriture) et topologie (gestes), il convient d'interroger l'état présent
de ces rapports à partir des questions musicales les plus actives.
Que la philosophie pointe
nécessairement son nez en ce croisement (comme en atteste toute une généalogie,
de Parménide et Platon jusqu'à Husserl et Lautman en passant par Descartes et Leibniz)
ne doit pas dispenser le musicien d'interroger directement les mathématiques de
son temps pour discerner ce qui d'elles peut clarifier, catégoriser, profiler
les enjeux présents et à venir de son art.
Pour cette première année, on partira
des formes de conscience spécifiquement mathématiciennes des rapports possibles
entre musique et mathématiques.
Music and Mathematics Seminar
Thinking Music with Mathematics? Music and mathematics have long been
associated, and thinking about music in
terms of mathematics via the use of arithmetic, geometry, algebra,
topology etc. goes back a long way. With
this in mind, it's essential now, to explore the present state of this relationship based on today's
important musical issues.
Samedi
19 février 2005
Ø Charles
Alunni : Transe disciplinaire
Ø
Moreno
Andreatta : Problèmes
musicaux et conjectures mathématiques. Essai d'une typologie 'mathémusicale' [45]
Ø François
Nicolas : Raisonance musique / mathématiques :
l’écriture en partage [46]
Ø Charles
Alunni : Moderato scriptile (Connexions mathématiques-musique chez
Heisenberg)
Samedi
12 mars 2005 :
Ø Yves Hellegouarch : Esquisse d'une étude comparée
entre l'avènement de la perspective (en peinture) et de celui du tempérament
égal (en musique)
Enregistrement « Diffusion des
savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=617
Ø Michel Broué : Un peu de théorie des groupes pour les tonalités
musicales
Enregistrement « Diffusion des
savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=618
Samedi
16 avril 2005
Ø François Nicolas : Comment évaluer
musicalement les théories mathématiques de la musique ? L’exemple de la
théorie de Mazzola [47]
Enregistrement « Diffusion des
savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=642
Ø Guerino Mazzola : Le
rôle possible de la logique musicale dans une certaine intellectualité
mathématique [48]
Enregistrement
« Diffusion des savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=643
Samedi
21 mai 2005
Ø René
Guitart : Le triple du sens : postures,
différences et bougés. [49]
Enregistrement « Diffusion des
savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=720
Ø Thierry
Paul : Des sons et des quantas [50]
Enregistrement « Diffusion des
savoirs » : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=721
–––––––
Professeur invité (mars 2005) : Guerino Mazzola
Ce séminaire reprend, dans un nouveau contexte, un projet engagé à l'Ircam dès l'année 2000 sous le nom de séminaire "Mamuphi".
Un première année de travail (2000-2001) s'est tenue à l'Ircam (sous la direction conjointe de G. Assayag, G. Mazzola et F. Nicolas). Les principales interventions de cette première année sont rappelées ci-dessous. Un livre récollectant les actes de ce séminaire "mamuphi" est en cours d'achèvement. Il sera disponible au printemps 2005.
Ce premier séminaire mamuphi s'est prolongé de 2001 à 2004 à l'Ircam (sous la direction de M. Andreatta) selon un principe un peu différent, sous le nom générique de mamuX. Les activités de mamuX sont présentées sur le site de l’Ircam.
Sous
la direction de Gérard Assayag, Guerino Mazzola et François Nicolas
o Gérard ASSAYAG (informaticien) : De la calculabilité à l'implémentation musicale
o Guerino MAZZOLA (mathématicien) : Penser la musique dans la logique fonctorielle des topoi
Samedi 2 décembre 2000 : Journée d'étude autour d'Anatol VIERU (1926-1998)
o Costin CAZABAN (compositeur) : Structure et expression chez Anatol Vieru
Concert de clôture: oeuvres d'Anatol Vieru
o Tom JOHNSON (compositeur) : Objets (mathématiques) trouvés
o René GUITART (mathématicien) : Modalités : Discours et images. Musique?
o Georges BLOCH (musicologue) : Lettre à Philippe Lacoue-Labarthe
o Stephane SCHAUB (informaticien) : Sur le lien mathématiques-musique chez Xenakis
À la lumière des
mathématiques et à l'ombre de la philosophie
Dix ans de
séminaires Mamuphi
Sous la direction de Moreno Andreatta, François Nicolas,
Charles Alunni
mamuphi : le nom d'un
lieu singulier où mathématiques, musique et philosophie viennent se frotter,
s'entrechoquer, se pincer, se faire résonner comme si chacune de ces
disciplines devenait ici un instrument susceptible d'être frotté, frappé, pincé
ou soufflé par les deux autres.
Ce lieu, suscité à l'Ircam en 1999 par des mathématiciens
soucieux de « logique musicale », progressivement stabilisé et
diversifié autour d'un séminaire qui se tient depuis dix ans à l'École normale
supérieure (Ulm, Paris), voit collaborer musiciens et musicologues,
mathématiciens et philosophes.
Ce livre voudrait présenter un bouquet significatif des voix
qui viennent s'y exposer. Autant de réflexions foisonnantes plutôt que
convergentes : chacun y parle en son nom propre de son travail le plus
exigeant pour l'adresser à des gens d'une toute autre discipline. Certains
usent de la métaphore pour mieux se faire comprendre, d'autres de l'analogie ou
de la fiction ; certains théorisent, d'autres conjecturent ;
quelques-uns laissent plutôt à leur auditoire le soin de décider ce qui de leur
propos pourra ou non raisonner ailleurs.
Il
ne s'agit pas ici à proprement parler de synthèse, ou d'application, moins
encore de mélanger les formes de pensée. Il s'agit de rapprocher pour stimuler,
de confronter pour distinguer, d'éprouver au plus près l'écart irréductible qui
relie en séparant mathématiques, musique et philosophie.
Au total, un lieu de pensée dont le seul équivalent ne s'est
peut-être jamais trouvé en France que dans « la saine émulation » qui
y prévalut au siècle des Lumières.
Textes
de
Charles Alunni, Emmanuel Amiot, Yves André, Moreno Andreatta, Jean Bénabou,
Francis Borceux, Andrea Cavazzini, Nancy Diguerher, Stéphane Dugowson, René
Guitart, Xavier Hascher, Yves Hellegouarch, Franck Jedrzejewski, Julien Junod,
Ralf Krömer, Pierre Lochak, Guerino Mazzola, François Nicolas, Joomi Park,
Thierry Paul.
Éditions Delatour France
/ Ircam-Centre Pompidou
Avec
la participation de l'Ircam et de l'École normale supérieure et le soutien du
CNRS et de la SFAM.
Année
d'édition : 2012
Prix : 28 €
De sept moments « mamuphiques »
dans l’histoire de la pensée
(Séminaire mamuphi, 13 octobre 2012)
François Nicolas
(Ens-Cirphles)
Peut-on
déduire du nom propre mamuphi (désignant une initiative singulière engagée
à Paris en 1999, dont un séminaire éditant les actes de ses dix premières
années d’existence) un adjectif apte à qualifier d’autres moments équivalents
dans l’histoire de la pensée ?
« Théorisons »
pour cela les principales caractéristiques de notre moment mamuphi
actuel.
Ce
moment procède de la conjonction inattendue de trois circonstances
indépendantes :
— en mathématique,
le développement de la géométrie algébrique (Grothendieck…) et de la théorie
des catégories (pour la France, Ehresmann…) ;
— la relance d’une
philosophie française du concept attachée à la pensée des sciences (dont la
généalogie va de Brunschvicg à Badiou en passant par Bachelard, Cavaillès et
Lautman, ainsi que – en un certain sens - Althusser et Desanti) ;
— en musique, la
nécessité compositionnelle d’échapper, en une époque nihiliste du
« post » (post-sérialisme, post-spectralisme, post-modernisme…), à la
dualité obscurantiste d’un néo-romantisme (lyrisme néo-tonal…) et d’un
néo-positivisme (technique informatique…).
Dans
ce contexte, mamuphi a noué des rapports entre mathématiques, musique et
philosophie sous le signe de la logique pour se demander : comment,
dans la situation de pensée caractérisée ci-dessus, les logiques respectivement
mathématique, musicale et philosophique entrent-elles ou non en raisonance ?
Pour
cela mamuphi a pu tirer parti d’une quatrième circonstance : une
transformation interne à la logique mathématisée (voir les travaux de Girard)
qui a remis sur ses pieds le rapport mathématique/logique, en fondant désormais
la logique sur les avancées mathématiques les plus contemporaines, abandonnant
ainsi la prétention logiciste de fonder (puis réduire) la rationalité
mathématique sur la logique.
On
propose alors de qualifier de mamuphique des moments où d’une part mathématiques,
musique et philosophie connaissent séparément de significatives transformations
internes, et où, d’autre part, ces trois transformations entrent temporairement
en raisonances réciproques, se confrontant et se fécondant les unes les
autres.
On
propose alors de discerner au moins sept moments mamuphiques de ce type ;
successivement :
1.
un moment grec originaire (VI° av. J.-C.),
2.
un moment du quadrivium qu’on dira celui de Boèce
(VI° ap. J.-C.),
3.
un moment arabe (Bagdad, IX°-XI°) qu’on dira celui d’Al-Khayyâmi
(XI°),
4.
un moment Descartes (XVII°),
5.
un moment des Lumières (XVIII°) qu’on dira celui de Rameau,
6.
un moment « Music Theory » (aux États-Unis, après
1950),
7.
et notre moment mamuphi en cours (à Paris, à partir
de 1999).
A
contrario, on ne semble pas pouvoir déceler de tels moments, ni durant
l’histoire de Rome, ni pendant le Moyen Âge européen (spécialement à partir de
la scolastique : XIII°…) ou la Renaissance (XVI°), ni au cours du XIX°
(partagé entre romantisme et positivisme), ni même dans la plupart du XX° (et
ce malgré l’important constructivisme de ce siècle et, après-guerre, le
structuralisme).
On
entreprendra de caractériser spécifiquement chacun des six moments mamuphiques
qui nous ont précédés : que s’est-il passé, dans chaque cas, en
mathématiques, en musique, en philosophie puis dans leurs rapports ?
On
débouchera sur un examen de notre futur possible : comment poursuivre
notre moment mamuphi ?
On
proposera, pour ce faire, de compléter nos activités de théorisation (théoriser
la musique à la lumière de la mathématique et à l’ombre de la philosophie)
d’une perspective légèrement déplacée : examiner comment les différents
« faire » (faire des mathématiques, de la musique, de la philosophie)
peuvent résonner directement entre leurs acteurs respectifs (plutôt qu’entre
les disciplines) en une sorte de fraternité d’intellectualité entre working
mathématicians, musicians and philosophers.
*
Composed 1964–65, Antagonisme I sits
at the start of Xavier Darasse’s compositional career and between Alain
Badiou’s first novelistic and philosophical texts. Drawing on letters, drafts
and manuscript scores, this seminar attempts to untangle these various projects
and understand the literary, philosophical and musical stakes of the project.
Through a blow-by-blow account of the work’s composition it becomes evident
that Antagonisme I marks a shift in both collaborators’ understanding of
composition from the deployment of musical languages to engagement in a musical
process. Speaking more broadly, the seminar will ask whether Antagonisme I can
help to clarify the vague concept of “influence” employed in musicological
writing when attempting to link the works of philosophers and musicians.
La « théorie de la
n-opposition » (2004), qui généralise les notions d’« hexagone
logique » (1950) et de « tétrahexaèdre logique » (1968) –
eux-mêmes généralisant la notion traditionnelle de « carré logique »
ou « carré des oppositions » (2ème siècle) – est-elle, comme le
prétendent certains, une « géométrie oppositionnelle », à savoir
l’embryon d’une nouvelle branche des mathématiques (les mathématiques de
l’objet théorique « opposition ») ? Dans cet exposé nous
suggérons de répondre à cela par l’affirmative en nous basant sur un résultat
nouveau que nous allons exposer et qui est qu’il est possible de mettre à jour,
pour les structures oppositionnelles de ladite géométrie, des opérations de
« somme » et de « produit ». Nous allons plus précisément
présenter et expliquer ces opérations sur les hexagones logiques, première
étape vers l’établissement futur en bonne et due forme d’une somme et d’un
produit oppositionnels, résultat ouvrant à son tour à une reformulation de la
géométrie oppositionnelle dans les termes mathématiquement généraux de la
« théorie des catégories ».
Présentation plus
détaillée
L’hexagone logique est connu depuis 1950 comme étant une
structure mathématique étrange mais puissante, qui contient en plusieurs
exemplaires symétriques le mystérieux « carré logique ». Depuis 2004
une théorie formelle renouvelée de l’opposition fournit un algorithme général
tel que le carré et l’hexagone logiques ne sont que deux cas particuliers (pour
n=2 et n=3) d’une « théorie de la n-opposition ». Suite à la mise à
jour de plusieurs autres résultats (comme les notions de « clôture »
et de « générateur » oppositionnels) l’idée semble se faire jour
qu’une telle théorie pourrait en fait n’être rien moins qu’une nouvelle jeune
branche des mathématiques : la notion d’« opposition » pourrait
dès lors être mise sur le même plan prestigieux que les notions, déjà
mathématisées avec succès, de « nœud », « graphe »,
« catégorie », etc. Les conséquences philosophiques et épistémologiques
de cela semblent être considérables : d’une part une telle notion
d’opposition est un concept bien plus puissant et naturel que celui
logico-mathématique de « négation » (qu’il inclut comme un cas
particulier) ; d’autre part cela pourrait sonner le glas de la
« philosophie analytique », dans sa prétention hégémonique comme base
des formalisations des sciences humaines, et signaler la
« résurrection » (au sens technique que Badiou donne à ce terme spirituel)
du paradigme transdisciplinaire « structuraliste » (celui qui va de
Saussure à Greimas). Toutefois, ce qui manque à ce jour pour que l’on puisse
parler de manière convaincante d’émergence d’une nouvelle branche des
mathématiques c’est un analogue, pour les structures oppositionnelles, des
notions de « somme » et de « produit », qui sont transversales
à toutes les mathématiques connues. Les obtenir pour des structures
oppositionnelles ouvrirait enfin la voie à l’expression de la géométrie
oppositionnelle dans la lingua franca mathématique de la « théorie des
catégories » (la théorie qui a pris la place fondationnelle de la
« théorie des ensembles »). Dans cet exposé nous proposons une
première série de résultats formels qui montrent que de telles opérations de
somme et de produit existent bel et bien pour les hexagones logiques pris comme
opérandes. Nous allons essayer d’expliquer le sens spécifique que ces
opérations prennent dans le domaine oppositionnel, ainsi que ce que l’on peut
pour l’heure imaginer de leur probable généralisation future.
[5] Dans un système cognitif, le développement
d'une mémoire robuste mais flexible repose sur la formation de combinaisons
d'objets ou processus plus ou moins complexes. Cette situation est étudiée dans
le cadre des "Système Evolutifs à Mémoire", un modèle, basé sur la
théorie des catégories, pour des systèmes complexes auto-organisés
multi-niveaux et multi-agents, en particulier des systèmes neuro-cognitifs ou
sociaux. Les 'combinaisons' sont alors traduites en termes de limites
inductives ou projectives. Nous montrerons que les limites projectives jouent
un rôle essentiel dans le fonctionnement de la mémoire procédurale, et aussi
dans la formation d'une mémoire sémantique où les objets sont classifiés en
classes d'invariance.
Cette intervention en duo portera sur les rapports entre des
outils conceptuels issus des structures d'ordre en mathématiques et des
paradigmes émergents en informatique. On évoquera les deux origines
indépendantes de l’analyse formelle des concepts, l’une autour de Rudolf Wille
et son « école de Darmstadt » et l’autre centrée sur les travaux du CAMS (le
Centre d’Analyse et de Mathématique Sociales) de l’EHESS de Paris. Après avoir
introduit quelques outils préliminaires issus des structures d’ordre
(opérateurs de dérivation, correspondance de Galois, échelle de Guttman, base
de Duquenne-Guigues, …) on donnera les premiers exemples d’application de
la CFA au problème de la classification paradigmatique des structures musicales
(i.e. une classification où les classes sont des orbites par rapport à l’action
d’un groupe sur un espace).
Si l'analyse des concepts formels se fonde sur la structure
de treillis, celle-ci peut s'interpréter comme une structure topologique combinatoire.
Les travaux dans ce domaine se rapprochent alors de la Q-analyse introduite par
R. Atkin dans les années 70 dans une tentative d’analyse des relations binaires
dans les sciences sociales. Nous introduirons les notions de base de la
Q-analyse à travers quelques exemples puis nous montrerons comment ces idées
peuvent se généraliser et être mise en œuvre de manière calculatoire grâce à la
programmation spatiale. La programmation spatiale vise à expliciter les
structures topologiques dans la programmation et nous présenterons deux
exemples d'utilisations de ces outils pour modéliser les structures narratives
et l’analogie aristotélicienne. Ces travaux se retrouvent dans les tentatives
récentes d'associer de nouveaux objets topologiques à des processus musicaux.
On conclura en ouvrant quelques perspectives philosophiques
sur les rapports entre mathématique, musique et informatique à partir des
problématiques posées par l’application de l’analyse formelle des concepts et
la Q-analyse à l’informatique musicale.
Références :
- Sur l’analyse formelle des
concepts : http://repmus.ircam.fr/moreno/afcm
- Sur la Q-analyse
: http://repmus.ircam.fr/giavitto/q-analyse
- Sur la programmation spatiale
: http://repmus.ircam.fr/giavitto/q-analyse#programmat
Comment
l’invention de l’algèbre redistribue ce que calculer,
théoriser et démontrer veulent dire…
(mamuphi, 23 mars 2013)
François Nicolas
Le Bagdad arabe et musulman du Haut Moyen-Âge (à partir du IX° siècle) invente une technique de calcul (par « réduction » et « comparaison ») qui, sous le nouveau nom d’algèbre (réduction = « al-jabr »), s’avère constituer un calcul de type nouveau : « une arithmétique de l’inconnu ».
Comment cette nouvelle discipline va affecter une mathématique antiquement partagée entre arithmétique des nombres et géométrie des figures ? Comment l’algèbre, émergeant comme greffe latérale des mathématiques (telle notre informatique contemporaine), va-t-elle se déployer en une nouvelle discipline mathématique à part entière ? Ajouter ainsi une troisième discipline à la diversité mathématique existante impliquait d’établir l’autonomie relative de l’algèbre tout en assurant son unification à l’arborescence mathématique. Cette vaste entreprise va nécessiter un remaniement d’ensemble de ce que calculer, théoriser et démontrer voulaient alors mathématiquement dire.
L’enjeu de cet exposé sera de présenter cette émergence et cette recomposition mathématiques, leurs conditions de possibilité et leurs effets idéologico-philosophiques. Où l’on découvrira que cette épopée mathématique (IX°-XII°… siècles) n’est pas, mille ans plus tard, exempte de raisonances en matière d’intellectualité musicale contemporaine.
*
I. Calculer, théoriser,
démontrer ?
· L’audace fondatrice d’Al-Khawârizmî (825) est de
renverser l’ordre ancestral des raisons (qui circulait naturellement du connu vers
l’inconnu) pour calculer désormais en partant de l’inconnu. L’idée directrice
va être de calculer sur le réseau des relations connaissables
(« équation ») qui enserrent l’inconnu en question ; le calcul
mathématique s’en trouve engagé sur une nouvelle voie, circulant désormais de
l’obscur vers la clarté (et non plus par extension prudente d’une zone
clairement balisée) par opérations réglées sur des signifiants opaques (la
« chose » inconnue - chay’ - et ses acolytes également inconnus configurant « un calcul de la poussière ») qui
deviendront ultérieurement (XVI° siècle) le calcul sur la lettre aveugle x. Il
s’agira ici de prendre mesure du courage de pensée qu’a impliqué cette
décision : sauter à pieds joints dans l’obscurité pour mieux y tresser les
enchaînements d’une nouvelle raison calculatrice.
· De quelle manière ce calcul d’un type nouveau
autorise-t-il de nouvelles manières de théoriser mathématiquement ? On associera cette extension au nom d’Al-Khayyâmî
(1048-1131). Si l’invention de l’algèbre vise initialement à théoriser
mathématiquement des problèmes non mathématiques du monde (problèmes
d’arpentage, d’astronomie, de fiscalité, etc.), l’algèbre va devoir ensuite
recourir à la géométrie pour solutionner ceux des nouveaux problèmes
algébriques qui s’avèrent alors algébriquement insolubles. Il s’agira ici de
prendre mesure de la nouvelle stratification ainsi engagée (algèbre géométrisée) où la géométrie
vient seconder théoriquement une algèbre embourbée dans sa formalisation de
problèmes non mathématiques.
· Enfin, on examinera les transformations de la notion
même de preuve mathématique auxquelles cette invention va donner lieu :
les résultats algébriquement produits sont-ils en effet mathématiquement
démontrables et pas seulement empiriquement vérifiables ? La nouvelle
rationalité algébrique, qui fait ses preuves en matière de calcul (fidélité
créatrice à l’arithmétique et à ses opérations), saura-t-elle également faire
ses preuves en matière de démonstration (fidélité créatrice cette fois à la
géométrie et à son axiomatique déductive) ? D’où deux voies, l’une
produisant des démonstrations hybrides, circulant librement entre arithmétique,
géométrie et algèbre (Al-Karajî, 953-1029), l’autre s’attachant à inventer des
démonstrations proprement algébriques (Al-Samaw’al, 1130-1175). On rehaussera
en particulier le défi que constitue la première voie en remarquant qu’il brave
l’antique interdit dressé par Aristote dans les Seconds analytiques : « On ne peut prouver une proposition géométrique par
l’arithmétique ! ».
II. Raisonances
mamuphiques ?
S’agissant d’un séminaire s’intéressant aux raisonances entre pensées mathématiques, musicales et philosophiques, on se demandera d’abord à quelles conditions tout ceci a-t-il été rendu possible : conditions linguistiques, idéologiques, politiques, etc.
On se demandera ensuite ce que cette glorieuse épopée peut nous aider à réfléchir en matière de musique.
· Calculer sur l’inconnu en l’enserrant dans un réseau
connaissable de relations, n’est-ce pas là une ressource essentielle de tout travail précompositionnel ?
· Géométriser l’algèbrisation d’un modèle non
mathématique, n’est-ce pas en partie analogue à mathématiser la théorisation
(musicologique ou musicienne) d’un modèle musical (même si, bien sûr, la
première disposition opère au sein de mathématiques intérieurement unifiées
quand la seconde circule entre disciplines - mathématique et musicale -
essentiellement hétérogènes) ?
· Prouver mathématiquement en faisant feu de tout bois
sans crainte de mettre à mal l’antique impératif aristotélicien en matière de
démonstration mathématique n’équivaut-il pas à développer musicalement sans
crainte de mettre à mal les traditionnels interdits néopositivistes en matière
de déduction musicale ?
· Plus largement, si l’émergence d’une nouvelle figure
de la raison (ici algébrique) au sein d’un monde de pensée (ici mathématique)
repose sur le courage de braver des interdits (traditionnellement travestis en
présumées impossibilités : « on
ne peut… »), tout de même le monde de la musique ne se trouve-t-il pas
globalement réinterrogé chaque fois qu’une nouvelle figure de la sensibilité
sonore vient à émerger ? On avancera ici deux exemples opposés :
-
D’un côté l’échec
de Pierre Schaeffer à traiter ses nouveaux « objets sonores » en
discipline proprement musicale a courageusement conduit Michel Chion à fonder
un « art des sons fixés » explicitement hétérogène à la logique
musicale et exogène donc au monde de la musique (tout comme informatique et
logique mathématisées restent finalement aux frontières du monde propre des
mathématiques).
-
D’un autre côté
l’émergence du jazz au cours du XX° siècle a conduit le monde-Musique à des effets intramusicaux
d’ensemble ; on ouvrira ce
faisant à la séance ultérieure du séminaire mamuphi
(Fréderic Maintenant et François
Tusques, 6 avril 2013) qui examinera comment
l’aventure d’un « jazz sériel » a pu, elle aussi, braver quelques
cloisonnements néo-aristotéliciens.
Je vais présenter quelques résultats de recherches obtenus durant ces derniers 18 mois dans le but de formaliser des travaux antérieurs mais aussi de plus récents, en physique, en particulier pour les développements instrumentaux de la radioastronomie.
Pour ce faire, j’utilise les catégories, sensibilisé à cette approche grâce à l’école mamuphi et aux cours 2011/12 de René Guitart mais aussi par le fait qu’il me semblait que cela pouvait s’appliquer à des réalisations très concrètes effectuées sur le terrain. De plus, en avançant dans ce travail, j’ai pris conscience que ceci offrait une nouvelle manière de pratiquer la recherche en physique et d’en cerner ses fondements.
Enfin j’ai aussi vu un lien fort avec l’informatique telle que je la pratique, du développement de codes en programmation générique, une technique reposant sur l’usage du polymorphisme paramétrique.
Je vais montrer qu’il existe un diagramme générique assez fondamental car il permet de formaliser de nombreux concepts dans des domaines très différents. Ce diagramme, à plat une structure hexagonale à l’intérieur d’un triangle, fait bien entendu penser à l’hexagone des contraires et à la logique borroméenne associée (cf. René Guitart : mamuphi, oct. 2011). Cela dit, je suis arrivé à cette structure sans l’usage d’une géométrie de la logique des oppositions, étant d’abord guidé par la manière de décrire un système physique mais aussi par l’adoption d’une figuration géométrique en 3D, un complexe de simpliciaux, celle-ci me permettant de mettre en relief des relations porteuses de sens en les associant par trois (une algèbre de groupe, signature espace-fréquence-temps en physique).
Par le biais d’une connexion avec le langage en informatique (résultat obtenu en développant un générateur de code ayant pour source un langage de typage et pour destination un langage objet, l’usage du lemme traductif) et la théorie des types en mathématiques et à l’occasion de la lecture d’un article sur le boson de Higgs, j’ai alors réalisé, à partir de la logique, qu’on retrouve l’ensemble des relations du modèle standard des particules élémentaires. Dans ce cheminement, les mots clef sont partition et composition.
Ceci me conduit à regarder les groupes de symétrie, en particulier S3 et S4, et me suggère de rajouter un troisième mot-clef : pulsation, terme dont nous avons déjà entendu parler sans trop de précision. Adoptant ce terme, je lui associe la pulsation à trois phases d’un objet géométrique dans notre espace 3D, ceci pour comprendre cet hexagone en utilisant la catégorie des modèles.
Ceci me permet alors de comprendre pourquoi ces hexagones ont tendance à se présenter par paires - en termes informatiques : des diagrammes d’activité et d’état. Ces diagrammes sont caractérisés par une invariance dans les positions de concepts qui, bien que très génériques, sont suffisamment précis pour guider les recherches si l’on veut utiliser cette approche diagrammatique comme outils pour analyser un domaine ou développer des concepts.
De façon assez magique, ce diagramme aide à la conceptualisation. J’illustrerai son usage dans le contexte de la radioastronomie et montrerai en particulier que les objets qui le constituent, des concepts du domaine de métier, sont eux-mêmes de semblables diagrammes. Ce diagramme fermé dans son langage interne, la partie constituée de l’hexagone semble donc n’avoir ni début ni fin en ‘profondeur’, l’axe sémantique s’engendrant par la définition des types et termes à l’extérieur. Parmi ces concepts très génériques se trouve l’émergence. Je montrerai qu’en physique expérimentale, cette émergence s’identifie le plus souvent à la calibration de l’instrument de mesure.
Au niveau informatique ce diagramme se retrouve dans la conception de ce qu’est un type. Il transparait donc au niveau même de la grammaire des langages. On se retrouve donc dans la situation de formaliser des concepts à l’aide d’un langage qui, dans sa grammaire, est bâti sur ces mêmes concepts. De façon plus philosophique, nous pourrions nous poser la question du pourquoi de cette connivence entre la forme (qu’elle soit au niveau du langage, des signes ou d’une simple géométrie) et cette matière ou le rayonnement, des éléments a priori tangibles de la physique au moins au niveau macroscopique!
J’utiliserai ce diagramme pour poser cette question.
« Annoncer Égalité ’68 »
(Séance
mamuphi du 2 février 2013)
Il
s’agit de présenter, sous cet intitulé générique, le travail en cours pour
composer, à l’horizon du cinquantième anniversaire de Mai 68, une vaste œuvre
musicale en quatre parties (disons : une tétralogie). Il s’agit ce faisant
d’annoncer au présent un projet,
autant dire l’actualité d’un futur : une possibilité ébréchant le moment
en cours.
Cette
séance portera plus spécifiquement sur le travail prosodique et musical engagé
sur les six langues destinées à opérer comme personnages à l’œuvre :
l’anglais, l’allemand, le russe, l’arabe (littéraire), le latin (d’Église) et
le français.
D’où trois
questions :
1. Qu’est-ce qui, dans ce contexte d’une œuvre musicale composite, spécifiera chacune des six langues, au fil d’une juste violence musicalement exercée sur leur génie propre ?
On appellera brutalité son contraire : une
violence injuste.
2. Quels rapports ces individualités spécifiques sont-elles susceptibles de nouer entre elles ?
3. Comment composer un collectif-Babel à partir de ces langues individuelles ?
L’examen de ces
questions nous amènera à formaliser notre ensemble de six langues selon cet
hexagone logique des oppositions :
On
présentera alors les œuvres littéraires qui donneront corps à ces différentes
langues : celles de George Oppen [spécifiquement Of being numerous (1968)] d’Ingeborg Bachmann [spécifiquement Die Wahrheit ist dem Menschen zumutbar (1959) - On peut
exiger de l’homme qu’il affronte la vérité],
de Nadejda [spécifiquement ses mémoires : Воспоминания (1970) – en français : Contre tout espoir] et Ossip Mandelstam,
d’Adonis [spécifiquement son Manifeste du 5 juin 1967] et de Salvien de Marseille
[spécifiquement De gubernatione Dei
(milieu du V° siècle)] ; la langue française, au statut spécifique, sera
portée par différents auteurs.
On
examinera ensuite comment dialectiser égalité individuelle et liberté
collective relativement à ces six langues-personnages.
On appellera liberté-Pentecôte cette conquête du collectif-Babel.
En
particulier, comment ces acteurs singuliers peuvent-ils être aptes à composer
successivement une libre manifestation
(I : le 21 février 1968), un libre rassemblement
(II : le 1° mai 1968), de libres lieux
idéologico-politiques (III : usines et facultés en grève pendant le mois
de mai 1968), une libre réunion
politique (IV : au cours du mois de juin 1968).
On esquissera enfin
le dispositif instrumental et vocal prévu pour cette entreprise
compositionnelle au long cours.
Sur
le corps à quatre éléments se combinent, suivant un dispositif hexagonal, 12
logiques booléennes isomorphes et distinctes, dont les algèbres de fonctions
logiques sont donc isomorphes à l'algèbre de Post-Malcev $P_2$, pour produire
une logique dont l'algèbre des fonctions est l'algèbre de Post-Malcev $P_4$, que
l'on comprendra comme borroméenne de quatre façons ou modes. De surcroît il
existe 12 spéculations où points de vues (ou notes) dont on peut jouer pour
annoter des formules classiques, et qui engendrent encore la même logique
borroméenne. On dispose ainsi d'un outil détaillé en un formulaire explicite
pour rompre les paradoxes logiques et pour faire entendre leurs sens. Dès lors
se pose la question de comprendre le sens comme une composition sur ces 12
notes.
La
généralisation de la sextine du troubadour Arnaut Daniel par Antoine Tavera et
Raymond Queneau a donné lieu à une vaste exploration d'un petit morceau du
groupe des permutations sur n lettres et a donné naissance à de
nombreuses formes poétiques originales. On essayera d'interpréter cette
stratégie de composition poétique et on posera une question aux
musiciens.
De l’hexagone logique en matière
d’œuvre musicale composite
(mamuphi, Ens - 7 janvier 2012)
François Nicolas
De quelle
manière l’hexagone logique des contraires dégagé par Robert Blanché et
développé par Jean-Yves Beziau peut-il orienter une formalisation de la logique
propre au discours musical, y compris au discours si spécifique de l’œuvre
musicale composite (ou mixte) ?
On
examinera ces points mamuphiques à l’ombre de l’orientation
philosophique suivante : les véritables décisions sont d’ordre ontologique
(et non pas logique), et les délibérations logiques qui les
suivent (nullement qui les précèdent) s’attachent alors à en évaluer les conséquences
phénoménologiques dans une situation ontique donnée.
I
On
montrera d’abord de quelles manières cet hexagone
1.
met en scène trois figures distinctes de la négation
logique :
—
la négation classique des contradictoires
[rouge] ;
—
la négation intuitionniste des contraires [bleue] ;
—
la négation paraconsistante des sub-contraires [verte] ;
2.
restitue ce faisant les trois types philosophiques de
synthèse distingués par Deleuze :
—
la synthèse connective (celle d’un « donc »),
—
la synthèse conjonctive (celle d’un « et »),
—
la synthèse disjonctive (celle d’un « ou »
exclusif) ;
3.
articule, par son système d’implication, deux types
d’objets :
—
des produits (dotés d’un contradictoire et de deux
contraires) ;
—
des sommes (dotées d’un contradictoire et de deux
subcontraires).
Hexagone logique (sa syntaxe & une
sémantique possible)
II
On
entreprendra d’approprier cette structure logique à la discursivité proprement
musicale en posant qu’en musique, la négation est essentiellement une altération
(Veränderung).
On
spécifiera ainsi le travail du négatif en musique selon trois principes, venant
contraposer logique musicale et logique aristotélicienne :
—
Le principe de différenciation s’opposant au
classique principe d’identité : aucun terme n’est, posé deux fois,
identique à lui-même si bien qu’en musique, répéter, c’est altérer.
—
Le principe de négation contrainte s’opposant au
classique principe de non-contradiction : tout objet musical posé
doit se composer avec son contraire, c’est-à-dire se composer en devenir
(avec sa propre altération).
—
Le principe du tiers obligé s’opposant au classique principe
du tiers exclu : tout terme musical posé (A) doit se composer avec un
autre terme (B), autre que la négation en devenir du premier (A’).
Ces
trois principes, qui configurent la composition musicale comme interaction
minimale entre trois objets - un objet premier A, son altération A’ et un
autre objet B – conduiront à la construction de deux hexagones musicaux :
l’un rapportant des relations spécifiquement musicales (identité/répétition –
altérité constituante/altération constituée), l’autre rapportant des types
d’objets spécifiquement musicaux (thèmes/cothèmes - objets génériques/motifs
constituants…).
III
Qu’en
est-il alors de cette logique musicale dans ces œuvres composites qui
entrelacent deux logiques discursives hétérogènes : celle de la musique et
celle d’un flux non musical accueilli dans l’œuvre en question ? Qu’en
est-il en particulier quand ce flux non musical est le flux sonore et signifiant
d’un discours tenu en langue arabe ?
Pour
ce faire, peut-on identifier, dans la grande langue arabe littéraire, quelques
manières spécifiques de donner forme discursive au travail du négatif ?
On
examinera, pour ce faire, trois modalités caractéristiques de cette
discursivité « arabe » qu’on tentera de formaliser selon les
principes logiques organisant notre hexagone :
—
la parataxe, si cardinale en langue arabe, qui
constitue un mode spécifique d’implication par apposition de blocs ;
—
le Diddun – soit ce type de mot venant indexer
simultanément une chose et son contraire – qui somme des contraires selon
l’unité disjointe d’une alternative ;
—
l’hapax comme exception produite par une double
négation (selon le modèle « Nul dieu sauf Dieu ! ») où la
négation d’une négation contraire génère un contradictoire singulier.
On
aboutira ce faisant à l’hexagone suivant :
IV
Sur
ces bases, on tentera de mettre nos hexagones « musicaux » et
« arabe » en raisonances en sorte de clarifier l’intention/intension
compositionnelle suivante : comment une œuvre musicale composite
pourrait-elle entreprendre d’avouer musicalement quelque(s) secret(s) de
la langue arabe, sachant bien sûr que « ce n’est pas parce qu’on
l’avoue qu’un secret cesse d’être un secret » (Jacques Lacan) ?
On
devinera qu’il s’agira ici de conclure - tout à fait provisoirement ! -
sur ce qu’un tel type d’œuvre musicale mixte pourrait avoir de spécifiquement concret.
[13] Cette séance se propose
d’ouvrir une discussion sur quelques enjeux de la démarche phénoménologique à
partir des problèmes théoriques posés par la formalisation algébrique et
catégorielle en musique. L’approche transformationnelle en théorie et analyse
musicales soulève en effet des questions philosophiques intéressantes,
notamment dans ses rapports avec la phénoménologie husserlienne et les sciences
cognitives. On se propose de confronter ce point de vue avec d’autres lectures
de la phénoménologie dans ses relations avec la pensée mathématique
contemporaine en montrant, ainsi, toute l’actualité de l’approche
phénoménologique dans les (neuro)sciences cognitives. En s’appuyant sur une
double formalisation de la phénoménologie, l’une issue des modèles
morphodynamiques et l’autre de la théorie des catégories, on posera la question
du rapport entre phénoménologie et structuralisme en ouvrant le débat sur la
possibilité d’une coexistence d’une démarche structurale et d’une approche
phénoménologique en sciences humaines. On avancera donc en conclusion
l’hypothèse d’une pertinence de la catégorie de « structuralisme phénoménologique
» dans une relecture/réactivation de la tradition structurale tout en montrant
les implications d’une telle entreprise au sein d’une théorie mathématique de
la musique.
Références
bibliographiques et documents préparatoires disponibles à l'adresse :
[14] Depuis le développent de la
théorie des catégories par Eilenberg et Mac Lane (1945) à travers le concept de
foncteur, cette théorie a été maintes fois reprise par les philosophes
des mathématiques pour remettre en cause le statut que la théorie des ensembles
détient depuis le début du XXème siècle, comme sol fondateur pour les objets mathématiques.
Quelles que soient
les différentes approches de cette question, il est certain que la théorie des
catégories rend possible une localisation de la théorie des ensembles dans un
contexte plus large où la perspective ensembliste n’est plus qu’un mode
d’expression mathématique parmi d’autres. Ces modes d’expression concernent des
formes invariantes ou covariantes qui, à leur tour, peuvent ne pas appartenir
de manière univoque à l’une ou à l’autre forme.
Cette situation a
ainsi provoqué une relativisation de la perspective ensembliste en matière de
fondements des mathématiques, au point qu’un commentateur comme J. T. Bell a pu
comparer la théorie des catégories à la relativité restreinte einsteinienne,
capable d’expliquer la mécanique newtonienne comme l’un des cas possibles d’une
physique élargie.
Dans mon
intervention je me propose d’examiner l’argument de Bell concernant cette
vision « relativiste » dans le but de critiquer sa compréhension des
suppositions ensemblistes qu’il cherchait à réfuter.
En m’appuyant sur cette critique
de Bell, je vais souligner la différence entre, d’une part, l’approche de
l’ontologie des objets mathématiques propre à la « philosophie des
mathématiques » et, d’autre part, le traitement de la pensée
mathématique propre à Alain Badiou pour qui les mathématiques seraient
l’ontologie en tant que telle.
Enfin,
j’interrogerai les possibles conséquences de ce processus de localisation ou de
« relativisation » lorsqu’il est appliqué à l’interprétation
ensembliste de la thèse « mathématique=ontologie » exprimée dans L’être
et l’événement.
Nancy
Diguerher-Mentelin - D’Alembert-Rameau-Rousseau (&
Diderot) : « mamuphi » au cœur des Lumières ?
L’objet de cette conférence est d’ouvrir un espace de
visibilité pour ce croisement interdisciplinaire hautement fécond qui s’est noué
autour de Jean-Philippe Rameau au beau milieu du XVIIIe siècle. Alors que ses
œuvres et sa théorie sont respectivement arrimées à une ère musicale et
philosophique
sévèrement mise à mal vers 1750, c’est à cette époque qu’adviennent les
rencontres décisives qui feront de lui un penseur écarté des Lumières, et
pourtant si intimement lié à leur émergence.
Très
précisément, l’année 1749 est celle où, réagissant à la théorie mais aussi à la
musique ramistes, Rousseau, Diderot et d’Alembert apportent tour à tour leurs
premières grandes contributions à tout ce qui façonnera la postérité de Rameau.
C’est alors que se configure cet espace de confrontation tout-à-fait inédit où
la voix du compositeur se met à résonner sur plusieurs dimensions : en même
temps qu’elle excite l’hostilité de Rousseau, qui s’éveille contre elle à sa
propre vocation philosophique, sa rencontre avec Diderot lui donne un tout
nouvel essor, aussi décisif pour le musicien que stimulant pour l’écrivain,
alors que ses premiers échanges avec d’Alembert portent en eux les germes de la
puissante controverse à venir.
Notre
propos sera donc de dégager les grandes lignes de force de cet épisode 1749
essentiel dans la trajectoire intellectuelle de Rameau, et doté également d’une
incidence très neuve et caractérisée sur les orientations respectives de
pensées qui sont celles de Rousseau, de Diderot et de d’Alembert : si le projet
encyclopédique commun de ceux-ci se présente en écartant Rameau, force est de
constater qu’aucun d’eux ne s’est, sans lui, engagé sur ces voies qui les
feront tant connaître.
Nous
tâcherons ainsi de faire émerger un moment important dans l’avènement des
Lumières, où le mathématicien, le musicien et le philosophe se rencontrent pour
la première fois en une scène où Diderot, écrivain et critique d’art, se sent
lui aussi un rôle à jouer.
[16] Partant des structures
algébriques et topologiques en Théorie des Catégories, il est intéressant
d'ouvrir les structures topologiques à la prétopologie d'Alexander Grothendieck
puis de Marcel Brissaud pour s'apercevoir d'une part que tout est fondé
sur l'homomorphisme et la transitivité, et d'autre part qu'il existe dans des
travaux parallèles de l'auteur depuis 1967 des notions de
« trans-combinaison » et de « prétopologie » dès 1971.
La
non-transitivité et l'hétéromorphisme introduisent aux textures prétopologiques
(sonores et visuelles au départ, puis généralisées) qui s'avèrent propices à la
recherche d'esthétiques musicales et visuelles (voir la suite de l'UPIC -
Iannis Xenakis - conçue par l'auteur de l'exposé).
Une façon peut-être d'ajouter au "théorème du sandwich
au jambon" d'Hugo SteinHaus repris par Stephan Banach (1938) le "théorème
de la soupe de légumes" (PSJ, 2012) en sorte de ne plus avoir peur du
mélange, de l'amalgame et des co-polymères.
Le
jugement s'établit dans un topos; la perception, relative au Deux, suppose une
structure plus légère qu'une flèche d'une catégorie. En dépointant une arête du
graphe sous-jacent de celle-ci, on obtient une spire et l'on peut dessiner
l'esquisse d'une telle structure.
On
observe alors une genèse du nombre:
-
le monde du Quatre, les ensembles avec leurs éléments
-
le monde du Trois, les catégories avec flèches et boucles
-
le monde du Deux : les spires
-
quid du monde du Un, les pôles ? Ces pôles peuvent être de dimension des
questions, des valeurs.
En
musique, le monde du Trois s'apparente à une partition, suite de notes
discrètes, alors que le son écouté s'apparente à la perception.
Chaque
monde a un mouvement spécifique (rotation, spire ou pulsation), une attitude
par rapport à la négation, un sens de l'identité.
Cette
genèse du nombre s'accompagne d'une genèse du trait : représentation graphique
de structures cognitives. Pour enrichir le graphisme, chaque monde peut être
associé à une couleur, en accord avec les liens logiques de J-Y Beziau.
Enfin, plutôt que de juxtaposer (projeter) les mondes, on
peut décrire la genèse du jugement à partir de la perception (basée sur des
remarques de Merleau-Ponty) et s'interroger sur une genèse des pôles à partir
de limites de spires.
La
phénoménologie et la recherche de pulsars : les catégories seraient-elles
opératoires pour les méthodes de mesure et d'approximation?
Après
une introduction brève à la phénoménologie des pulsars telle qu'elle est
considérée aujourd'hui, nous nous intéresserons au problème spécifique de
recherche "aveugle" de signaux pulsés (périodiques), c'est-à-dire
sans connaissance à priori des éphémérides. Nous donnerons un aperçu de l'état
de l'art tout en soulignant les limitations méthodologiques, notamment en ce
qui concerne le déficit de rapport (mais aussi d'apport) des mesures locales
(périodes courtes) quant aux propriétés temporelles globales (longues périodes)
des pulsars.
Un
discussion avec René Guitart permettra ensuite de se poser la question de
savoir si une formulation catégoricienne de cette problématique pourrait être
pertinente, et si oui en quoi.
[19] Ecouter Allegro sostenuto,
c’est « s’exposer » à un instrument, celui, ad hoc, que Lachenmann
a « construit » et que désigne tout autant ce titre que l’œuvre
elle-même. Cet instrument, c’est en l’occurrence le
« pianoclarinettevioloncelle » en tant qu’il est agi par diverses
actions physiques en interaction, des familles de « gestes », les uns
regroupés par leurs effets (« Tonloss » de souffle, d’archet ou de
pédale par exemple), les autres par leurs causes (raclements de cordes etc.).
Ecouter
Allegro sostenuto, c’est alors « faire l’expérience » du
paysage sonore qu’offre à nos sens le dépliement temporel de cet instrument,
traverser et se laisser traverser (par) « l’arpège » que présente son
exploration et en quoi consiste sa forme.
Pour
singulière qu’elle est, cette approche « existentielle » de la
composition n’en est pas moins un dialogue tendu tant avec d’autres œuvres
musicales qu’avec la pensée de son temps.
Les
enjeux de Allegro sostenuto se laissent alors cerner d’un triple point
de vue.
- Généalogique : dialogue avec
d’autres œuvres de Lachenmann (Ausklang, Serynade), Varèse,
Boulez, Nono, mais aussi avec une certaine tradition des
« Nachtmusik » et tant d’œuvres de différentes époques qui affleurent
ici ou là comme des « souvenirs » musicaux que Lachenmann croise au
gré de son aventure et salue comme autant d’ « amis ».
- Archéologique : souci de prendre en
charge les questions musicales léguées par la fin de la tonalité à travers ce
qu’il appelle une « réflexion sur les moyens », à savoir la tonalité
(en tant qu’elle définit le paradigme hérité qu’il s’agit de dépasser),
l’acoustique, la structure et l’aura.
- Esthétique : résonance de son œuvre
(musique et texte) avec la pensée de philosophes (Adorno, qui semble avoir
largement structuré sa formation intellectuelle, et, à certains égards,
Deleuze, Lacoue-Labarthe) et de poètes (Pessoa-Caeiro, Celan).
Se
fait alors jour une inclinaison générale relevant moins d’une entreprise de
« déconstruction » de la musique que d’une volonté obstinée de la continuer.
[20] Si la notion d’idée musicale
émerge dans les écrits de Pierre Boulez au tournant des années 1980, elle fut
déjà l’objet d’une profonde réflexion de la part d’Arnold Schoenberg, qui la
définissait d’abord comme une relation purement musicale entre sons. Sur cette
base, nous soumettrons Dérive 1 (1984) à une étude visant à rendre
compte des différentes relations musicales qui la constituent ainsi que des
procédés sur lesquels celles-ci reposent. Nous mettrons alors au jour les
enjeux propres de cette pièce et les problématiques qu’elle soulève.
Ceux-ci
seront surtout révélés par une confrontation avec le Klavierstück opus
33a (1928) de Schoenberg, qui nous permettra de dresser une certaine
généalogie, notamment autour de la récupération d’un contrôle de l’harmonie par
les moyens sériels. L’analyse de leurs divergences, quant à la forme et
l’action de cette tentative sur la perception de l’œuvre, nous permettra de
montrer que sous cette question se dessine une dialectique, fondamentale pour
le XXe siècle, entre l’indétermination et l’écriture. Nous verrons alors
que ces deux pièces marquent les frontières extérieures d’une situation
esthétique représentée par l’œuvre ouverte.
A partir de leur position respective, nous montrerons enfin
que Schoenberg rend musicalement compte d’une certaine « fin de la métaphysique »
annoncée par Heidegger, tandis que, avec Dérive, Boulez semble rejoindre
Badiou pour décréter la « fin de toutes les fins » et ajouter ainsi
un point à la « constellation affirmative ».
[21] 0. Prélude: Brève réflexion sur
l'orthographe allemande
1.
Synesthésie romantique
2.
Rilke et Trakl à l'époque de la Sprachkritik
3.
« L'alliance de la musique avec le verbe » dans le Docteur Faustus
de Thomas Mann
Extension de Kan et écoute musicale
« élargie » d’une œuvre musicale « mixte »
(mamuphi, 9 octobre 2010)
F. Nicolas
« Aujourd’hui, la musique a besoin de quelque chose
d’hétérogène pour rester art. » (d’après Adorno) [1]
Il
s’agira d’examiner l’aptitude d’une notion mathématique – celle d’extension
de Kan [EK] - à formaliser ce que nous proposons d’appeler l’écoute
musicale élargie d’une œuvre musicale mixte [OMM].
Nous
repartirons pour cela des résultats d’un précédent travail (présenté en mamuphi
le 10 octobre 2009 et disponible sous forme du chapitre D.II d’un prochain
livre – le monde-Musique - à paraître en 2011) [2]. On y thématise l’OMM
(ou œuvre musicale accueillant en son sein un flux hétérogène – texte,
chorégraphie, vidéo… - sans pour autant l’homogénéiser à la musique ou se
contenter de l’accompagner musicalement) comme « extension auratique de
l’œuvre musicale ».
On
se demandera alors : existe-t-il, corrélativement à l’extension de l’objet
musical en question, une extension de son écoute (soit une extension d’un
rapport musical à cet objet étendu) ? L’écoute musicale de l’OMM peut-elle
être ainsi pensée comme une extension de l’écoute musicale « ordinaire » ?
Dans quelle mesure l’OMM invente-t-elle une écoute proprement musicale du flux
non musical accueilli ? Par exemple, y a-t-il une manière proprement
musicale d’écouter le poème chanté par/dans un lied ?
C’est
en ce point que la notion mathématique d’EK va être mobilisée (quand celles
d’extensions algébrique et générique nous avaient éclairés sur l’extension
d’objet constituant l’OMM).
On
commencera par rappeler les notions techniques de foncteurs adjoints et
d’extension de Kan.
On
formalisera ensuite notre problème avec ces notions en sorte de préciser ce que
l’énoncé suivant veut dire : « l’écoute musicale de l’OMM est
formalisable comme EK d’une écoute de la musique à l’œuvre ».
On
en viendra à la question suivante, mathématiquement délicate (« non
triviale » nous disent Barr & Wells) [3] mais musicalement
essentielle : cette extension d’écoute est-elle constructible pas à pas
(« pointwise » disent les anglo-saxons) ? Soit, en
première approche : cette écoute musicale élargie est-elle constructible
localement à partir de l’écoute musicale ordinaire ou relève-t-elle d’une
édification globale, sans embrayage local ?
On
thématisera d’abord ce que « construction point par point » (pointwise)
veut mathématiquement dire (au moyen de différents exemples mathématiques) et
on examinera ensuite son ajustement à notre question, ce qui reviendra à
examiner techniquement le point suivant : dans quelles conditions un
extension de Kan est-elle constructible point par point ?
On
s’appuiera, pour ce faire, sur trois présentations mathématiques :
—
celle de René Guitart lors de son quatrième cours mamuphi
« Catégories et structures » du 6 mai 2010 [4]
—
celle de Barr & Lane dans Toposes, Triples and
Theories (Kan extensions : p. 56-61)
—
celle de Mac Lane dans Categories for the working
mathematician (chap. X : Kan Extensions) [5]
On
s’attaquera ensuite à la démonstration mathématique du théorème suivant [22] :
« dans certaines conditions, la construction point par point d’un foncteur
adjoint par limites (ou colimites) produit une extension de Kan à droite
(ou à gauche) ».
On
examinera ce que ce développement mathématique éclaire quant à notre problème
musical.
On
en conclura trois points, intéressants directement l’intellectualité musicale
de l’OMM :
1.
Une écoute musicale élargie s’affirme immédiatement à une
échelle globale sans transiter par une construction localement constituée.
2.
L’éventuelle décision musicale qui imposerait a contrario un
embrayage local, un contrôle point par point, une constructibilité généralisée
du rapport auditif à l’OMM (on la nommera « décision boulézienne »),
conduirait à thématiser ce rapport auditif comme simple perception/audition et
non comme écoute musicale proprement dite.
3.
La vertu musicale propre de l’OMM réside ainsi en une
dialectique entre construction point par point de son aura poétique et écoute
globale du flux hétérogène qui l’a fécondée.
Soit
la conclusion très simple suivante : le lied (par exemple) ouvre à une
écoute proprement musicale de son poème mais, si ce lied construit bien
ponctuellement son extension auratique (comme on l’a montré en octobre 2009),
pour autant l’écoute musicale de ce lied balance entre écoute de proche
en proche au fil de la musique et écoute uniquement globale de l’intension
du poème.
Au
total, l’OMM est une extension localement constituée mais l’extension de son
écoute est globalement constituante d’une écoute musicale de l’hétérogène.
[1]
Son énoncé exact est : « L’art a besoin de quelque chose qui lui
est hétérogène pour devenir art. »
[2]
Il est disponible à l’adresse http://www.entretemps.asso.fr/maths/D.II.pdf
[3]
Toposes, Triples and Theories - p. 57
[4]
http://www.entretemps.asso.fr/maths/Cours4.htm
[5]
Plus spécifiquement ici X.3
*
Extensions de Kan et transformée de
Fourier
F. Jedrzejewski
Après
un rappel sur les extensions de Kan et l'intérêt de la transformée de Fourier
pour la musique, nous présentons les généralisations qui ont eu lieu à partir
du théorème de dualité de Pontryagin (1934), établies d'abord pour les groupes
non commutatifs par Tannaka (1938), puis étendues aux algèbres de von Neumann
et de Kac dans les années 1970.
Les
constructions catégorielles récentes définissent les transformées de Fourier à
droite et à gauche dans des catégories promonoïdales comme des extensions de
Kan.
Nous
présentons l'idée de cette construction et vérifions que cette transformation a
les propriétés usuelles d'une transformée de Fourier, en particulier, qu'elle
préserve les convolutions et la relation de Parseval.
[24]
"Classiquement" la Théorie des Catégories étudie les propriétés des
catégories, foncteurs et transformations naturelles. Ce que j'appelle méthodes
"transcendantes" est l'utilisation, pour l'étude de ces notions,
de "foncteurs généralisés", les distributeurs que je définirai
et dont je donnerai quelques propriétés.
Puis
je donnerai quelques exemples de leur utilisation en théorie
"classique" des catégories. Mais ils ont une "vie propre"
et j'indiquerai comment on peut élaborer toute une "théorie non
classique" en les utilisant.
[25] Les pages que Schopenhauer a
dédiées à la musique sont profondément liées à la fois à sa métaphysique et à
la culture musicale de son temps. Elles présentent des idées qui ont eu une
importance fondamentale dans notre culture: la supériorité de la musique instrumentale
ou musique « absolue », la vision romantique de la musique comme
langue universelle, et encore la puissance expressive de la musique.
On
propose ici d’analyser la philosophie de la musique de Schopenhauer en relation
à ces contextes. On pourra apprécier le fait que, pendant les dizaines d’années
de son activité, la réflexion de Schopenhauer sur la musique a introduit
d'assez importantes transformations conceptuelles.
[26] On se propose de décrire le
modèle d'Ising , en termes physiques et combinatoires. Puis on posera le
problème de la limite thermodynamique et de la limite continue, menant à la
notion de domaine (de Weiss). On introduira ensuite les notions diverses d'entropie,
et les théorèmes de concentration correspondants. On sera alors équipé pour des
applications à la physique statistique, la chimie, la biologie ...
École
mamuphi de musique, pour philosophes et autres non-musiciens :
Les
enjeux (généalogiques, archéologiques et esthétiques) d’une œuvre musicale
Le
projet est d’introduire les auditeurs (en particulier ceux qui ignorent le
solfège) aux enjeux musicaux d’une œuvre.
Si
les enjeux musicaux d’une œuvre se donnent dans la dialectique interprétative
d’une écoute et d’une lecture de la partition, le défi de cette école est alors
d’ouvrir un accès à la partition d’une œuvre pour qui ne sait la lire (sans
pour autant transformer bien sûr l’école en classe de solfège).
Chaque
leçon s’attachera à une œuvre pour en dégager les enjeux musicaux contemporains
(s’entend : pour un aujourd’hui musicien de la création musicale).
Les
enjeux seront dépliés selon un triple point de vue :
généalogique : avec quelles œuvres musicales
cette œuvre dialogue-t-elle ?
archéologique : comment cette œuvre
rétroagit-elle sur l’état du monde de la musique dans lequel elle
s’enracine ?
esthétique : de quelle époque de pensée
cette œuvre musicale se veut-elle contemporaine ?
Chaque
œuvre sera présentée par un musicien qui s’attachera à détailler pour quiconque
sa partition, ses interprétations significatives et une écoute possible.
[28] On commencera par une analyse
musicale qui aborde l’œuvre selon son écoute (la musique n’est-elle pas l’art
spécifique de l’écoute ?).
Pour
ce faire, on repèrera d’oreille (à un type très spécifique de fluidité
rythmique faisant trou dans l’ordre musical du discours) un moment singulier
intervenant dès les premières mesures (mes. 18-19), moment qui s’avère
susceptible d’orienter l’écoute globale de l’œuvre (on appelle moment-faveur
ce type particulier de moment).
On
analysera, cette fois partition en mains, ce moment pour en dégager la figure
de crux rythmique (en reprenant à Ralf Kirpatrick analysant les sonates
de Scarlatti le terme de crux pour l’approprier à un tout autre
contexte).
De
quelle manière ce moment-faveur oriente-il l’écoute en lui proposant un fil
rouge, traversant l’œuvre de part en part?
On
dégagera d’abord le double striage extrêmement contraignant qui ossature
l’œuvre d’un bout à l’autre : en termes de rythmes d’une part (trains
d’impulsions régulières) et de hauteurs d’autre part (séries tous intervalles
inscrites verticalement).
On
exhaussera alors la fluidité affleurant lors du moment-faveur comme index d’une
subjectivité musicale parcourant fantasmatiquement le territoire rigoureusement
balisé selon des lois inapparentes.
On
dégagera ce faisant comment un contraste local entre deux voix s’accorde, au
fil de l’œuvre, à un contraste régional entre deux tempi comme à un contraste
global entre deux allures en sorte, au bout du compte, d’entendre la figure de crux
comme constitutive de l’intension musicale stratégique ici à l’œuvre.
À
partir d’une telle intelligence musicale de l’œuvre, on examinera ses enjeux généalogiques
(la généalogie de l’œuvre est simultanément schumanienne et sérielle, ce qui
suffirait en soi à l’inscrire comme singularité…), archéologiques (ce
que, dans le monde-Musique contemporain, figure peut vouloir dire
s’il ne s’agit plus d’un thème ou même d’un objet musical proprement dit) et esthétiques :
quelles raisonances avec le travail freudien du rêve (condensation et
déplacement) et avec une problématique de la subjectivité comme traversée
hasardeuse d’un esplace institutionnellement réglé ?
Théoriser
l’engendrement d’une aura poétique par l’œuvre musicale mixte à la lumière
mathématique du forçage (P. J. Cohen) d’une extension générique
On
partira de deux hypothèses.
1)
La première est de fond : les œuvres musicales mixtes (celles qui mettent
en œuvre deux déroulements temporels synchronisés : texte, danse, film, action
scénique…) peuvent engendrer une aura poétique, qui constitue une sorte
d’extension enveloppant l’œuvre de départ - cette hypothèse est suggérée par la
théorie wagnérienne du drame (Opéra et Drame, 1850) qui prône une
musique poétiquement fécondée.
2)
Comment théoriser expérimentalement la constitution musicale d’une telle
« aura poétique » ? C’est là qu’intervient notre seconde
hypothèse, cette fois de méthode : éclairer une telle théorisation par la
mathématique des extensions, plus précisément du forçage (forcing)
d’extensions génériques (P. J. Cohen).
Ceci
engage un programme de travail mamuphi 2009-2010 : l’exposé (qui,
au demeurant, ne supposera nulle compréhension préalable de la mathématique du
forcing – on présentera liminairement sa dynamique générale) sera donc
problématisant plutôt qu’il n’offrira un fascicule de résultats (voir, en
annexe, le fascicule de résultats pour le programme 2008-2009).
Les
principales idées qui vont guider cette théorisation musicienne à la lumière
des mathématiques sont les suivantes :
1. Une œuvre
musicale mixte compose des interactions entre flux temporels synchrones.
2. Ces interactions
seront formalisées comme interférences entre différents types de segmentation
(segmentation proprement musicale, segmentation littéraire ou chorégraphique…).
3. Dans une œuvre
musicale mixte, c’est la musique qui dirige ces interactions, ce qui implique
une violence musicale exercée sur le flux hétérogène que l’œuvre accueille et
épouse.
4. La composition
proprement musicale d’une extension auratique mobilise la
« convolution » de deux opérations inverses : une
« modulation » de la segmentation musicale par la segmentation
hétérogène, puis une « rétroaction » de la segmentation musicale
ainsi modulée sur le flux hétérogène.
5. Dans la première
opération – « modulation » -, la musique fait violence au flux
hétérogène en déposant son inspect propre (tout en captant son aspect
et épousant son intension). Dans la seconde opération –
« rétroaction » -, la musique fait violence au flux hétérogène en le
remodelant selon un inspect musical importé, non natif.
6. Au total,
l’œuvre musicale mixte sera ainsi ressentie comme étendue (dotée d’une aura),
la pointe de la théorisation, guidée par la problématique mathématique du
forcing, étant alors d’examiner de quelle manière il est possible de contrôler,
de l’intérieur même de la musique (compositionnellement donc), une telle
extension auratique non musicale (tout de même que la mathématique contrôle une
extension algébrique du corps des rationnels ℚ de l’intérieur
même de l’espace des polynômes à coefficients dans ℚ et tout de même
que le forcing contrôle l’extension M[G] de l’intérieur même de l’espace
de départ M).
Annexes
Documentation
mathématique sur le forcing des extensions génériques (Paul J. Cohen)
· Thomas
Jech : What is forcing ?
www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/Jech.pdf
· Timothy Y.
Chow :
o
Forcing for
dummies
www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/Dummies.pdf
o
A beginner’s
guide to forcing
www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/Chow.pdf
· Patrick
Dehornoy : La méthode du forcing
www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/Dehornoy.pdf
Fascicule
de résultats du programme de travail (2008-2009) sur la théorie des faisceaux
· Objets : l’objet
musical (le morceau de musique) est un faisceau.
B.VIII : www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/B.VIII.pdf
· Relations : mais les plus
musicales des relations entre ces objets (leurs influences réciproques) ne sont
pas des morphismes (de faisceaux).
B.IX : www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/B.IX.pdf
· Topos : au total, le
monde-Musique (fait de ces objets et de leurs relations c’est-à-dire des
morceaux de musique et de leurs influences musicales) n’est donc pas un topos
de faisceaux.
B.X : www.entretemps.asso.fr/Nicolas/2009.2010/mamuphi/B.X.pdf
Logics and Music Theory appear in
different classifications of the medieval academic curriculum. Logic is part of
the trivium (among grammar and rhetoric, while music theory is listed among the
more mathematical disciplines: arithmetic, geometry and astronomy). Logics as
the study of reasoning underwent a tremendous transformation through a process
of formalization and mathematization. Music Theory opened its scope to many
non-mathematical aspects (in particular those, traditionally covered by the
disciplines of the trivium). This "contrary motion" of research
interest offers several meetings points for Logics and Music Theory. One
particularly interesting 19th century meeting point shall be the starting point
for my talk which then proceeds into 20th century Logics and Mathematical Music
Theory.
Moritz
Hauptmann (1953) in his treatise "Die Natur der Harmonik und der Metrik:
Zur Theorie der Musik" presented some ideas which mark a radical position
in the context of this MaMuPhi session. Hauptmann interprets music first of all
as a manifestation of human thought. While assuming general dialectical
principles behind the activity of human thought he claims that musical mistakes
are logical mistakes. According to Hauptmann the unity of a tonality (Tonart)
is the result of a dialectical triad. Inspired by the idea to literally
interpret the musical triad as a dialectical triad, he loads the names of the
intervals octave, fifth and third with the corresponding dialectical meanings.
A tonality is a kind of hypertriad, i.e. constituted by three musical triads. Their
contiguity via common tones is the source for the Quintbegriff of the tonality,
a diremption as the result of conflicting tone meanings. The mediating and
unifying Terzbegriff is based on a change of perspective: the state of the
tonic triad of being a dominant (relative to the subdominant triad) is turned
into the state of having a dominant (relative to the dominant triad).
Hugo
Riemann's (1872 and 1874) "Musikalische Logik" is inspired by
Hauptmann's ideas. Riemann elaborates upon the explanatory power of this
dialectical paradigm for the constitution of typical cadences. I will show some
traces of the intellectual squeeze on Riemann when he tries to bring both sides
together: the dialectical explanation and music-theoretical facts. [Being in
Paris I cannot refrain from re-addressing Riemann's problem with a side glance
to the semiotic square].
Riemann's "Musikalische
Logik" and "Musikalische Syntaxis" inspired the recent
Neo-Riemannian approaches by David Lewin, Richard Cohn, Clifton Callender, Jay
Hook, Tom Fiore and Ramon Satyendra and several others. But these left the
original dialectical motivations behind. Yet the transformational approaches of
David Lewin and Guerino Mazzola offer new ways to tie up with H. Riemann's
orphaned project of a "musical logic". My 2004 article "The
Topos of Triads" is an attempt in this direction. [In my MaMuX-talk
(friday december 4) I will clarify the close mathematical links between these
investigations on the one hand and the american Neo-Riemannian tradition on the
other]. The locial component which enters music theory here, is the internal
logical semantics of a topos, even though in a rudimentary way. I will explain
and illustrate this in my talk.
Cet
exposé est divisé en deux parties. Dans la première partie, on discutera le
caractère à la fois algébrique et géométrique des approches transformationnelles
en musique [Lewin 1987/2007] en séparant la composante proprement théorique des
applications analytiques. Dans la deuxième partie, à partir d’une
généralisation catégorielle de certaines constructions transformationnelles
[Mazzola & Andreatta 2006], on
essaiera de donner quelques éléments en vue d’une interprétation philosophique
des approches transformationnelles. Bien qu’ayant des rapports étroits avec le
positivisme logique [Andreatta 2006], nous proposons une nouvelle lecture
philosophique de l’approche transformationnelle visant à élargir les catégories
structurales appliquées traditionnellement à la musique more linguistico
afin de mettre en lumière des nouveaux enjeux philosophiques relevant du
rapport entre structuralisme et phénoménologie [Boi et al. 2007]. Après
une brève digression sur la place de la logique dans les approches
set-théoriques et transformationnelles [Kolman 1999], on conclura en présentant
une démarche récente autour du projet d’une géométrisation de l’analyse
musicale basée sur la théorie des orbifolds [Tymoczko 2006 ;
Callender et al. 2008] et dépassant, selon l’un des auteurs, certaines
limitations de l’approche transformationnelle de David Lewin [Tymoczko 2010].
Références
bibliographiques :
·
[Lewin 1987/2007] D. Lewin, Generalized Musical Intervals
and Transformations, Yale University Press (réédition Oxford University
Press, 2007).
·
[Kolman 1999] O. Kolman, « Generalized interval
systems: an application of logic », Orbis Musicae, Rethinking
Interpretative Traditions in Musicology, Conference Proceedings, Tel Aviv
University, 67-73.
· [Andreatta 2006]
M. Andreatta, « Mathématiques, musique et philosophie dans la tradition
américaine : la filiation Babbitt/Lewin », intervention au séminaire
MaMuPhi du 18 novembre 2006
[http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1560].
· [Mazzola/Andreatta
2006] G. Mazzola, M. Andreatta, « From a Categorical Point of View :
·
K-nets as Limit Denotators », Perspectives of New
Music, 44(2).
·
[Tymoczko 2006] D. Tymoczko, « The Geometry of Musical
Chords », Science 313, p. 72-74.
·
[Boi et al. 2007] L. Boi, P. Kerszberg, F. Patras
(éd.), Rediscovering Phenomenology. Phenomenological Essays on Mathematical
Beings, Physical Reality, Perception and Consciusness, Springer.
·
[Callender et al. 2008] C. Callender, I. Quinn, D.
Tymoczko, « Generalized Voice-Leading Spaces », Science 320,
p. 346-348.
·
[Tymoczko 2010] D. Tymoczko, « Generalizing Musical
Intervals », à paraître dans Journal of Music Theory
La modélisation
mathématique, par exemple en musique, est basée sur des "structures
algébriques" déterminées en général par des lois de compositions binaires.
Est-ce naturelle ? Est-ce simple ? En fait il est parfois mieux d'utiliser des
lois de compositions ternaires.
Il
arrive alors que les axiomes soient plus naturels, les calculs plus simples. En fait si ce que l'on modélise
est rythmé par 3, si les objets s'y disposent spontanément par 3, alors
présenter la situation par un système binaire reste artificiel. C'est comme
cette conception malheureuse de Jean Dieudonné qui rejetait les espaces affines
au profit des espaces vectoriels ; au prix de l'artifice de fixer une origine
dans l'espace, alors que celui-ci est pourtant sans origine. La réduction du 3
au 2 dépend de façon analogue de systèmes de choix artificiels d'origines.
C'est possible, cela permet un développement analytique plus élémentaire mais
parfois plus aveugle, mais il ne faut pas alors oublié ensuite d'analyser les
effets de ces choix, ce qui, en réalité relève d'une petite analyse
cohomologique (disons d'effets de torseurs). On gagne par exemple à examiner
comme ternaire la loi sur une cubique. Au passage on réexaminera l'idée d'objet
borroméen, et le groupe de Klein $G_{168}$ sera revue à l'aide d'une loi
ternaire. En fait je montrerai comment en général la représentation du ternaire
dans le binaire est possible, à travers notamment un théorème de Post un théorème de Gluskin-Hoszu, un théorème de Tamari-Ginsburg, et enfin un
théorème de représentation par semi-anneaux. Le résultat est donc, pour les
musiciens, qu'ils pourront dès lors commencer certains modèles au niveau de
leur naturel ternaire, pour ensuite seulement, si nécessaire pour l'analyse,
réduire automatiquement au binaire. Cette démarche peut sembler préférable à
celle où d'emblée le modélisateur essaie directement d'utiliser les outils binaires
connus à disposition, même si en fait ceux-ci ne s'adaptent que mal, suivant
des contorsions difficiles. et incontrôlées.
1. Du binaire au ternaire pour
élargir l'espace
Suivant la Chromodynamique
quantique, l'antinomie Noir – Blanc peut s'ouvrir à une nouvelle dimension en
passant à la couleur (RVB). On peut donner à celle-ci un sens général qui
concerne, non l'œuvre en elle-même, mais le rapport à l'œuvre. Alors Vert
dénote le devenir, l'évolution; Bleu : la variance, la latéralité; Rouge : la
fondation, le type, l'inscription transverse. Ces nuances se lisent en
mathématiques, sur les schémas et sur les textes.
2. Du ternaire
au binaire pour intégrer le mouvement
Comme l'ont noté
Bailly & Longo, la science décrit des transformations entre deux états
supposés définis.Pour intégrer le mouvement dans la pensée (Bergson), il est
utile de passer à la tendance ou force. La perception (sans sujet ni objet) se
modélise par une spire = une boucle ouverte sans extrémités définies. L'objet
se définit alors comme l'invariant dans un cône (selon la démarche de Kant).
3. Du binaire au
ternaire pour poser
La perception
(binaire) est une interface, une visée. Elle se projette sur des objets se
définissant (action modélisée par une boucle), l'autre pôle de cette interface
–l'expectative de la visée - est une valeur, question ou grandeur, notions
regroupées sous le terme pôle -archétype. Ces pôles jouent différemment
dans la négation et suivent un mouvement de pulsation.
Ainsi se dessine un ternaire
entre action, perception et pôle, mais ce ternaire concerne trois ordres de
choses différents et non plus une transformation.
Dorothea
Graumann, Baronne von Ertmann, est une des pianistes les plus talentueuses au
début du XIXème siècle. Elle connut Beethoven au début de sa carrière, se
passionna pour sa musique et, selon les mots du compositeur, elle fut capable
de l’interpréter comme «la vraie tutrice des créatures de mon esprit»
(cité par Walter Riezler, Beethoven). Quand, en 1831, Felix Mendelssohn
lui rendit visite à Milan, ils passèrent plusieurs heures ensemble à évoquer la
musique de Beethoven. Mendelssohn fut frappé par la narration d’un épisode
remontant à vingt ans auparavant. À la suite du deuil infligé par la mort du
plus jeune de ses fils, la Baronne avait renoncé à la vie mondaine, et
Beethoven lui-même, en craignant de la troubler, avait évité de la voir. Il
attendit le retour à la vie et à la musique de son amie, et quand elle se
rendit chez lui, il s’assit au piano et murmura une seule phrase : «on va
parler par la musique». Il joua durant plus d’une heure et il lui laissa
une impression inoubliable, une impression qu’elle expliqua à Mendelssohn avec
ces mots: «Il me dit tout, et enfin il me donna réconfort» (l’épisode
est relaté par Alexander Thayer, Life of Beethoven ).
L’idée que la
musique instrumentale puisse exprimer un langage universel, plus profond et
précis que la parole, fut élaborée par les philosophes et les musiciens pendant
la première moitié du XIXème siècle. En suivant Haydn et Mozart, Beethoven
donna à la musique une capacité expressive inconnue auparavant. Le sujet de
l’indépendance de la musique de par rapport à l’expression verbale, que Carl
Dahlhaus a brillamment défini «musique absolue», manifeste le changement
profond de la notion de musique au XIXème siècle par rapport à l’époque
précédente. Cette notion est devenue une part essentielle de notre culture sous
le nom d’"esthétique musicale romantique". Elle fut développée
par des écrivains romantiques allemands – Ludwig Tiek, Wilhelm Heinrich
Wackenroder, E.T.A. Hoffmann entre autres – et par des philosophes à l’âge
romantique, notamment par Schopenhauer et Hegel.
La
question qui se pose est celle de l’adjectif "romantique".
Hoffmann célébra comme "romantique" la musique des grands
maîtres du style classique, Haydn, Mozart et Beethoven. Hegel et Schopenhauer
proposèrent la notion de "musique absolue" en glorifiant
Rossini. Nous essayons d’aborder cette question en examinant les relations
entre philosophie, sciences et musique dans les premiers décennies du 19ème
siècle.
·
S’il est vrai que l’intellectualité mathématique trouve son
impulsion réflexive dans le geste d’Évariste Galois (1833) décidant que les
mathématiques doivent « sauter à pieds joints par-dessus les
calculs » pour mieux déployer la puissance formelle de leurs concepts,
s’il est vrai que depuis lors se dessine une polarisation du champ mathématique
entre d’un côté ce qu’Alain Connes appelle « mathématiques fondamentales »
et de l’autre ce que le (néo)positivisme appelle « mathématiques pour
la modélisation », comment tout ceci concerne-t-il cette
intellectualité musicale mamuphi qui se soucie des raisonances
musique-mathématiques ?
·
S’il est vrai que les rapports musique-mathématiques ne
sauraient être entièrement réfléchis de l’intérieur de la musique ni de
l’intérieur des mathématiques - l’autonomie de pensée de la mathématique n’est
pas intelligible de l’intérieur de la musique, et vice versa -, s’il est vrai qu’il
faut donc convoquer la philosophie pour s’orienter dans ces rapports, comment
la réactivation actuelle du structuralisme conçu comme mouvement philosophique
déployé contre le positivisme (et non comme épistémologie des sciences
humaines) peut-elle éclairer les débats mamuphi en cours ?
·
S’il est vrai que l’entreprise structuraliste constitue une
nouvelle donne en matière de théoricité, où s’affrontent deux modes de
théorisation – d’un côté des pratiques théoriques, conjoncturellement situées
et subjectivement orientées comme interventions stratégiques s’épuisant dans
leurs effets ; de l’autre des théories objectivement applicables,
outils venant se déposer et s’ajouter à l’encyclopédie des savoirs -, de quelle
manière cette ligne de partage éclaire-t-elle les différentes manières de
théoriser la musique à la lumière des mathématiques et à l’ombre de
la philosophie ?
Sur
la base de réponses à ces trois questionnements, on essaiera de clarifier ce
qu’il en est de possibles connivences entre intellectualités mathématiques
attachées aux « mathématiques fondamentales » (tout particulièrement
celle de Grothendieck) et intellectualités musicales attachées à des pratiques
théoriques mathématiquement éclairées et s’inscrivant ainsi dans la droite
ligne de cette déclaration, contemporaine de la fondation ramiste de
l’intellectualité musicale : « Ce n'est que par le secours des
Mathématiques que mes idées se sont débrouillées. » (Rameau).
On
exposera à ce titre un programme de travail visant à éclairer le monde de la
musique par les concepts mathématiques de faisceaux et de topos (Grothendieck /
Lawvere). On l’initiera en formalisant mathématiquement l’idée suivante :
une œuvre musicale est un faisceau d’interprétations, le faisceau des interprétations
d’une partition donnée. Ceci ouvrira à une formalisation possible du monde de
la musique comme topos d’œuvres.
[36] Les productions
des langues naturelles se présentent comme des concaténations d'éléments. On
peut traduire mathématiquement la concaténation par la loi de composition d'un
monoïde.
Mais
toute suite de mots ne constitue pas une phrase ; il faut une structure
syntaxique. De telles structures constituent les morphismes d'une catégorie
monoïdale.
Les théories interprétatives, comme la phonologie ou la
sémantique introduisent des filtres additionnels, qu'il paraît convenable de
prendre en compte au moyen d'une topologie convenable. Une théorie
interprétative est alors représentée par un faisceau sur un site convenable.
[37] Nous demanderons à un article devenu célèbre de M.Kac (Can
one hear the shape of a drum?) de nous servir de prétexte pour une
promenade à travers des phénomènes et des questions mathématiques et physiques qui sont parmi
celles qui ont marqué le vingtième siècle.
Sans forcer le pas ni le
trait, on peut rencontrer ainsi entre autres les systèmes dynamiques sous la
forme des billards et des flots géodésiques, partant la distinction cruciale
entre elliptique et hyperbolique, la quantification et la correspondance entre
flots géodésiques et analyse harmonique, la question de départ qui est celle de
l'isospectralité possible - et de fait réalisée - entre des variétés
riemanniennes, la formule des traces de Selberg qui réalise en quelque sorte la
correspondance entre les théories classique et quantique dans les cas
favorables, l'hypothèse de Riemann, la question du `chaos quantique' qui
reste passablement mystérieuse,
l'importance des orbites périodiques dans ce contexte, comme aussi l'énigme du rayonnement du corps noir qui est
à la source de l'introduction (toujours mystérieuse elle aussi) de la quantification, etc.
Ajoutons tout de même qu'il
s'agit bien aussi d'écouter une certaine musique, comme le marquent et la
question de départ et la biennommée analyse harmonique.
Ce qui précède est presque
à dessein décousu sinon incompréhensible. Car s'il ne sera pas directement
question de philosophie, il s'agit pourtant d'illustrer sur le terrain un point
aussi important que simple, à savoir que les mathématiciens se promènent au
jour le jour dans une forêt de phénomènes lentement mis au jour, et qui
rappellent fortement ceux que la physique s'efforce (en principe, car ce n'est
plus toujours aujourd'hui si évident) de démêler. Et pour cause, puisque ce
sont parfois les mêmes - et parfois non.
Ces phénomènes sont
`simples' par leur universalité même et s'ils illustrent amplement la fameuse
phrase de Galilée sur la nature écrite en langage mathématique, celle-ci se
laisse aussi bien lire à l'envers, comme une naturalisation des mathématiques,
ce qu'explorent quelquefois aussi les sciences cognitives (sans qu'il soit forcement besoin de trouver là un
`nouveau paradigme').
On pourra en dernière
instance poser alors quelques questions, comme celle de tenir ensemble `philosophiquement'
cette résistance de l'objet mathématique
souvent très incomplètement exploré, souvent presque inaccessible, et la
construction de ce que les mathématiciens appellent `les grandes machines', qui
abordent d'autre manière le même réel mathématique (car chacun sait que les
mathématiciens sont `naïvement' platoniciens, i.e. d'une naïveté que la
pratique s'est chargée de leur enseigner).
[38] En guise de
commentaire sur les systèmes évolutifs à mémoire d'Ehresmann-Vanbremeersch
(dont nous rappellerons ce qui nous sera utile), nous voulons proposer une
manière catégoricienne de modéliser mathématiquement l'émergence d'objets
radicalement nouveaux.
Ce que nous proposons est un
mécanisme de mise en scène de l'émergence basé sur la construction de différentielles
abstraites dont la non-trivialité sur un objet exprime que cet objet est
différent de sa constitution, qu'il est nouveau par rapport à ses composants,
ou, pour dire la chose de façon plus contractée et souligner le paradoxal de
l'enjeu, qu'il diffère de lui-même.
Cet
outil nous paraît utile pour aborder la question du sens d'un discours
considéré comme émergent du discours (et non pas comme simplement un composé
grammatical de significations élémentaires) ou aussi bien pour présenter
d'autres enjeux d'émergence, en musique par exemple.
[39] Intuitivement,
une fonction f:R→R est continue en un point a lorsqu'une variation
infinitésimale de x au voisinage de a provoque une variation
infinitésimale de f(x) au voisinage de f(a).
L'approche
que F.W. Lawvere et A. Kock ont donnée de la notion d'infiniment
petit est la suivante.
Si x
est petit, x2 est encore plus petit. Si x est très, très petit,
x2 devient vraiment minuscule. Appelons donc "infiniment
petit" un nombre x tel que x2=0.
L'idée
provient de la "théorie des jets" due à Ehresmann.
Considérons
toutes les fonctions passant par un point du plan, que rien ne nous
empêche de prendre comme origine: donc f(0)=0.
Avoir
la même tangente à l'origine est une relation d'équivalence: une classe
d'équivalence s'appelle un "jet". Le propre d'un tel jet est que
si on l'élève au carré, on trouve le jet nul (la classe d'une fonction à
tangente horizontale).
Divers
auteurs ont prouvé qu'en travaillant dans des topos ad hoc, on peut
construire des anneaux R admettant des éléments de carré nul, que l'on
peut penser comme étant les infiniment petits et grâce auxquels on peut
développer la géométrie différentielle.
Et de bons théorèmes de plongement prouvent que tout
théorème démontré grâce à cette approche intuitive des infiniment
petits est un théorème valide en géométrie différentielle classique.
[40] Nous soutiendrons ceci : la modélisation mathématique
qualitative n’a pas à choisir entre l'approche logicienne et l'approche
géométrique, puisqu'au point de vue diagrammatique ces méthodes s'identifient
l'une à l'autre. Nous rapprocherons précisément la démarche
« logicienne » par spécification de formules modales, et la
démarche « homologicienne », par spécification de conditions sur
la courbure ou l’homologie. Cela sera exposé de deux façons liées, d'abord en
termes de conditions différentielles générales et puis en termes d’homologie
générale.
La première partie reprendra
l'unification par le calcul des assimilations qui permet de comprendre
l’écriture de conditions différentielles générales, incluant les
conditions de modalités spéculatives et les conditions de courbure. Question du
réglage direct de comment les discours changent, de comment les figures
changent.
La deuxième partie
affirmera encore que d’un point de vue suffisamment éloigné la logique comme
question des quantifications et modalités discursives et la cohomologie comme
théorie du calcul qualitatif de la courbure et des déformations, se
rejoignent ; et cette fois pour le voir il sera fourni une définition
générale du concept d'homologie dont dérive aussi bien les techniques de
logique intuitionniste que les techniques d'algèbre homologique abélienne classique.
On est alors dans une problématique plus vaste que dans la première partie,
puisqu'il s'agit non plus d'un simple réglage du changement, mais de l'analyse
de la forme même des changements, des changements de changements, etc.
Références :
1) Images
et modalités, Résumé d'une conférence au SIC à Amiens, le samedi 10
novembre 2001, 2 p.
2) Calcul d’assimilations,
modalités et analyse d’images, in Calculs et formes, Ellipses, 2003
(Actes du Colloque « Mathématiques : calculs et formes »,
Université Toulouse Le Mirail, septembre 2000), 175-189.
3) An anabelian
definition of abelian homology, CTGDC XXXXVIII, 4, 2007, 261-269.
[41] Mon
intervention sera centrée autour des implications de la formalisation
mathématique dans deux démarches de compositeurs de la seconde moitié du XXe
siècle : Milton Babbitt (1916) et Iannis Xenakis (1922-2001). Le terme
d’« implication » sera ici entendu selon les deux sens qui lui sont
généralement attribués. Il s’agira en effet, à partir d’exemples précis, de
cerner les modalités « opératoires » de la formalisation chez ces
deux compositeurs, la manière avec elle est, donc, impliquée dans les
processus compositionnels. Dans un second temps, on s’interrogera sur les implications,
dans le sens logique cette fois-ci, que nos observations pourrait avoir sur
l’interprétation analytique des œuvres concernées, et sur celle des démarches
plus générales de ces compositeurs.
[42] La notion
d’échelle temporelle est fondamentale en musique, depuis le timbre jusqu’à la
forme, en passant par la note et le rythme. La composition musicale utilise ces
différentes échelles, les mélange (parfois) et utilise ce matériau avec une
logique propre, et des contraintes spécifiques.
On
se demandera si une telle problématique est relevante en mathématiques et si
elle peut produire des zones de « friction’ » avec la musique.
En
partant de quelques exemples où des objets mathématiques émergent à partir de
structures à très petite échelle, ou, inversement, certaines échelles
sont gommées afin d’exhiber des structures intéressantes, on essaiera de noter
quelques ressemblances/différences avec l’utilisation multi-échelle du temps
dans l’activité musicale.
[43] On commencera
par une présentation des idées fondamentales de linéarisation et de
représentation en mathématique, avant d'esquisser la théorie des
représentations linéaires des groupes, initiée (dans le cas des groupes finis)
par Frobenius à la fin du XIXème siècle. Un acteur majeur fut H. Weyl qui,
en liaison avec ses travaux sur les fondements de la mécanique quantique, fit
la jonction inattendue avec l'analyse harmonique de Fourier et créa l'analyse
harmonique non-commutative.
Le rêve de
Burnside de mettre à profit l'impressionnante effectivité de la théorie des
représentations linéaires pour classifier tous les groupes finis simples s'est finalement
réalisé au bout d'un siècle. Entre-temps, cette théorie avait permis à Killing
et Cartan de classifier tous les groupes infinis "continus" simples.
Nous terminerons en expliquant comment le problème général de classification
des représentations linéaires mène à une trichotomie (fini, modéré,
sauvage), et comment l'indécidabilité surgit au cœur de situations
extrêmement concrètes et apparemment élémentaires.
Références:
J. P. Serre, Représentations
linéaires des groupes finis, Hermann.
G. Mackey, The Scope and
History of commutative and noncommutative Harmonic Analysis, History of
Mathematics, vol. 5, AMS/LMS.
L'acception
la plus courante du terme "singularité" en mathématique est celle qui
s'oppose à "lissité": il s'agit du lieu - grain, pli, fronce,
etc.. - où le principe général de linéarisation tombe en défaut.
Au
cours d'une présentation phénoménologique des singularités et bifurcations
(comment elles apparaissent, se déploient, disparaissent - en laissant des
traces...), nous nous attacherons à illustrer deux "thèses" qui se
dégagent de la théorie foisonnante des singularités:
1) un
peu à la manière de Platon dans le Timée, cette théorie jette un
pont (très subtil) entre le monde continu et le monde discret;
2)
comme disait P. Montel (en exagérant volontairement), "les fonctions
sont, comme les êtres vivants, caractérisées par leurs singularités".
Bibliographie
:
-
V. Arnold: Catastrophe theory, Springer
-
(images) pages web d'Innsbruck (H. Hauser et al.):
http://www1-c703.uibk.ac.at/mathematik/project/bildergalerie/gallery.html
http://www1-c703.uibk.ac.at/mathematik/project/animationenvonflaechen/start.html
À partir d'un rappel
historique sur l'émergence des structures algébriques en musique et musicologie
du XXe siècle, on essayera de montrer comment certains problèmes posés par la
théorie de la musique, l'analyse et la composition soulèvent des questions
mathématiques susceptibles d'intéresser à la fois l'historien des mathématiques
et le 'working mathematician'. En particulier on s'attardera sur l'étude
des quelques correspondances entre des problèmes musicaux sur lesquels nous
avons travaillé (autour par exemple de la construction de canons rythmiques ou
de pavages) et des conjectures mathématiques (Minkowski, Steinhaus, Keller,
Fuglede).
On essayera ainsi de montrer
comment la musique peut parfois alimenter l'activité mathématique et on donnera
quelques éléments pour édifier une typologie 'mathémusicale' que nous espérons
pouvoir compléter et améliorer tout au long de ce séminaire.
`
On
rappellera d’abord brièvement différentes manières de rapporter les
mathématiques à la musique : on distinguera pour ce faire trois genres,
sept espèces et dix sous-espèces.
Parmi ces dernières, on exhaussera la fiction,
ou logique du « comme si » : la pensée mathématique y
dispense en effet un éclairage rasant (et non pas frontal, comme dans les
théories mathématiques de la musique) susceptible de faire ressortir, dans un
domaine bien choisi, des aspérités et singularités musicales inaperçues par le
regard musicien artisanal.
On
soutiendra ensuite que, par-delà les rapports précédents, musique et
mathématiques entretiennent une affinité élective, et ce pour
deux raisons :
• D’abord elles partagent un même souci
logique, qu’elles déploient en deux problématiques orthogonales. On
comparera à ce titre le rôle joué par la démonstration dans la pensée
mathématique à celui joué par le développement dans la pensée musicale.
• Ensuite, musique et
mathématiques sont deux pensées « à la lettre »,
intérieurement normées par leur propre dispositif d’écriture, ce qui constitue
une singularité absolue parmi les différents types de pensée.
On
esquissera alors le programme d’un penser l’écriture musicale à la lumière
de l’écriture mathématique.
On fera à ce titre l’hypothèse d’un double
chiasme entre ces deux types
d’écriture :
• l’écriture mathématique utilise une
même lettre pour différentes opérations là où l’écriture musicale
utilise différentes lettres pour une même opération (d’où une
redondance singulière que Rousseau proposera d’amender en arithmétisant le
solfège…) ;
• la mathématique utilise différentes
inscriptions pour une même chose là où la musique utilise la même
inscription pour plusieurs choses (d’où les problématiques, proprement
musicales, de transposition, d’arrangement et de transcription…).
Ainsi les lignes de partage lettre claire
/ lettre obscure s’avèreraient duales entre musique et
mathématiques…
S’il
est vrai que tout ceci met en œuvre une dialectique du sensible et
l’intelligible, on conclura sur l’intérêt d’associer la philosophie
aux rapports musique-mathématiques en sorte de réactiver le vieux nœud grec à
trois, quand les raisonances musicales accompagnaient la naissance
tant de la philosophie (Parménide) que de la mathématique comme raison
et plus simplement comme calcul (invention de la démonstration via la
création du raisonnement par l’absurde).
On rappellera qu’une
certaine mathématique joue un rôle nécessaire dans l’intellectualité musicale.
On distinguera à ce titre deux affinités électives (partages d’écriture et de
souci logique) et une raisonance privilégiée (le musicien est à l’école
de la mathématique en matière de théorisation) parmi les différentes manières
musiciennes de se mettre à l’écoute de la mathématique.
On interrogera alors la
situation singulière où le musicien est confronté à des théories mathématiques de
la musique : comment évaluer musicalement de telles théories, en
particulier ces théories mathématiques qui formalisent des théories musiciennes
« naïves » ?
Même si, contrairement au
désir proprement mathématicien, il faut prendre acte que théories musiciennes
et mathématiques ne commutent pas, on soutiendra qu’une théorie mathématique de
la musique peut stimuler le musicien, entre autres par des extensions humoristiques
et des intensions ironiques.
On examinera sous tous ces
angles la théorie mathématique de G. Mazzola — The Topos of Music
—, tout spécialement ses théorisations du contrepoint, de la modulation et du
geste.
On conclura sur l’intérêt spécifique
pour le musicien pensif d’une singulière figure subjective de mathématicien (à
la suite d’H. Poincaré et H. Weyl…) qu’on proposera de nommer intellectualité
mathématique.
Il est vrai que le but du
travail des mathématiciens est de démontrer des théorèmes. Mais pour y arriver,
le mathématicien doit parcourir un chemin dans un paysage d’idées et de procès
qui relèvent du domaine de l’improvisation musicale plutôt que du mécanisme de
la logique classique. La fameuse parabole de Grothendieck dans « Récoltes
et Semailles » en témoigne.
Symétriquement, faire ou
composer de la musique est loin d’être un jeu esthétique mais relève d’une
logique complexe. Le point crucial d’une telle logique est que le concept de
vérité se réfère à ce qui est le cas. Or, ce qui est le cas en musique pointe
vers un jeu dialectique d’opérateurs logiques. Loin de la situation classique,
la logique musicale est liée à celle des topoi.
La thèse de notre
intervention sera que le procès créatif mathématicien, dans la mesure où il
s’avère de nature musicale, est un procès de nature logique, précisément parce
que la musique se fait dans une ambiance de logique toposique. Nous
conjecturerons que, sous cette perspective, la démonstration de la vérité d’un
énoncé peut être comprise comme passage à la limite, en partant d’une série de
logiques toposiques et convergeant dans la logique classique.
La question du sens d'un
discours n'est pas si différente de celle du sens d'une interprétation de
musique. Pour entendre cela, expliquerons-nous, il faut y entendre le rôle de
la vérité. Nous traiterons du sens des discours en termes de postures,
différences et bougés, trois points en effet de nature musicale. Pour chaque
point on verra comment une mise en œuvre mathématique de son principe est
possible. Et puis on verra comment en
fait, au plan mathématique, dans la perspective de la théorie des catégories,
les trois points sont intimement reliés.
On se propose dans cet exposé de
présenter diverses situations, issues du formalisme quantique et de
l’expérience musicale, qui semblent relever de problématiques communes.
En particulier seront discutés, sans
toutefois les théoriser, le formalisme mathématique et la notation
musicale, le rôle de l’aléatoire dans les œuvres ouvertes et la mesure
quantique, le phénomène temporel, et une brève allusion à la reproduction de
l’œuvre musicale interprétée, en regard avec les idées de concept et énoncé en
mathématiques.