Petite typologie des volontés politiques selon trois catégories de politiques publiques [1] et un mode collectif [2] d’action

 

François Nicolas 

(École des Mines, 21 octobre 2003)

 

 

 

 

Politique publique répressive

Politique publique de réduction des risques [3]

Politique publique de soins

Action collective face au nihilisme

 

 

Pays le plus apparenté

États-Unis

Suisse

?

?

Le toxicomane y est

un délinquant

une victime

un malade mental [4]

un nihiliste [5]

Son corps y est un

corps indiscipliné à enfermer

corps agressé à protéger

corps souffrant à guérir

corps désorienté à mobiliser

Son vis-à-vis y est

le policier & le juge

le travailleur social

le médecin psychiatrique

le militant [6]

Formule :

Comme il n’y a pas de drogues sans dégâts, limitons les drogues !

Comme il n’y a pas de société sans drogues, limitons les dégâts des drogues !

Limitons les drogues et leurs dégâts !

On peut vouloir quelque chose !

(plutôt que ne rien vouloir, ou vouloir le rien)

3 dimensions des politiques publiques

Répression

de l’offre & de la demande

[ Légalisation (tendancielle) ]

de l’offre

[ Le militant n’en est pas acteur ]

Soins

primaires

Non [7]

Non (cf. désintérêt ou refus)

Oui : désintoxication

secondaires [8]

Oui [9]

Oui : fin (stratégique) en soi

Oui : moyens (tactiques)

Prévention

Compatible

essentiellement secondaire et tertiaire [10]

primaire également

Collective

Volonté

politique ?

Non (gestion sécuritaire)

Non (cf. pragmatisme déclaré)

Oui (choix public)

Oui (vouloir collectif)

du toxicomane ?

Oui

Non (survie)

Non (cf. perversion ou psychose)

Oui

 

·                    L’acteur principal de la politique publique répressive est le policier (& le juge) faisant face au corps indiscipliné d’un délinquant qu’il s’agit d’enfermer.

·                    L’acteur principal de la politique de réduction des risques est le travailleur social faisant face au corps agressé d’une victime qu’il s’agit de protéger.

·                    L’acteur principal de la politique de soins est le médecin (psychiatre) faisant face au corps souffrant d’un malade (mental) qu’il s’agit de guérir.

·                    L’action collective face au nihilisme a pour vecteur le militant faisant face au corps désorienté d’un nihiliste qu’il s’agit de mobiliser.

 

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[1] c’est-à-dire affaire essentiellement des pouvoirs publics

[2] c’est-à-dire affaire de tous.

[3] La politique de réduction des risques n’a pas plus l’exclusivité des mesures de réduction des risques que la politique répressive n’a l’exclusivité de la répression. La politique de réduction des risques se caractérise par sa manière propre d’articuler répression, soins (dont mesures de réduction des risques, ou « soins secondaires ») et prévention.

[4] perversions et/ou psychoses

[5] nihiliste actif, c’est-à-dire celui qui veut le rien plutôt que de ne rien vouloir

[6] c’est-à-dire celui qui veut quelque chose et non pas rien : le militant du sport, de la musique, de l’amour, du théâtre, de la danse, de l’astronomie, de l’entomologie, de la spéléologie, etc…

[7] Cf. la délinquance ne se soigne pas.

[8] « Mesures » de réduction des risques (produits de substitution et échanges de seringues…) en vue de « soigner » non la toxicomanie mais le sida, les hépatites, etc.

[9] Cf. on soigne les prisonniers de leurs maladies…

[10] Cf. freiner l’aggravation des consommations (prévention secondaire) ou éviter leurs effets latéraux (prévention tertiaire).