L'économie de la drogue
Pierre Kopp (La Découverte - Repères, 1997)

Chiffre d'affaires du marché
CA de la drogue aux États-Unis : 1% du PIB (3)

Pays producteurs
Héroïne : La Birmanie et l'Afghanistan sont les deux premiers producteurs mondiaux. (8)
Cocaïne : la Colombie est le premier producteur mondial. (10)

Offre / Demande
La production mondiale de drogue est très nettement supérieure à la consommation. Pour la cocaïne, en 1990, le premier chiffre est le double du second ! Dans le cas de l'héroïne, 400 tonnes seraient produites chaque année et 20 tonnes seulement consommées aux États-Unis, sans que les autres pays susceptibles d'absorber le reste de toute cette héroïne ne soient connus ! (7)

L'offre de drogue dépasse structurellement la demande. D'où le peu d'effets des saisies. (91)

Anglicismes
Le terme d'« usager » correspond à la traduction approximative de drug user. (22)

L'anglicisme addiction recouvre deux effets distincts de la drogue : l'accoutumance (tolerance) et la dépendance (reinfor-cement). (36)

Nombre d'héroïnomanes en France
On peut penser qu'il y a environ 160 000 à 300 000 « toxicomanes dépendants » en France auxquels il faut ajouter 130 000 à 240 000 consommateurs réguliers, soit entre 290 000 et 540 000 personnes qui ont consommé de l'héroïne dans les trois derniers mois. (23-24) (88)
Si l'on applique le ratio de 1 vendeur pour 10 consommateurs de drogue dure, il y aurait en France entre 16 000 et 30 000 revendeurs de drogues dures. (104)

De 16 000 à 30 000 dealers en France !

Différences entre pays européens du Sud et du Nord
Héroïne : forte consommation en Italie, Grèce, France, Espa-gne. Faible consommation en Europe dans les pays anglo-saxons et scandinaves. (25) En matière de drogues dures, les pays du sud de l'Europe sont gros consommateurs et la situa-tion s'inverse pour les pays du Nord sans qu'on sache pourquoi. (26)

Comparaison internationale de politiques
L'observation de la situation prévalant dans différents pays ne suffit pas à recommander une stratégie particulière de politique de la drogue. (27)

La comparaison internationale ne permet pas de trancher en-te les différents types de politique anti-drogue.

Plus des 21/3 de la dépense publique drogue aux États-Unis est constituée par la répression. (88)

Prohibition ?
La consommation d'alcool par tête, durant la prohibition, se stabilisa au 2/3 de son niveau antérieur. (66) les prix de l'alcool durant la prohibition ont pourtant été multipliés par 3 ou 4. (67) La prohibition modifierait ainsi la courbe de demande. (67)

Tournant de 1995
[Autour de 1995] volte-face signifiant la mort d'une politique caractérisée par le triangle d'or abstinence-désintoxication-éradication. (88)

Bétisier ou canaillerie? J'opte pour les deux à la fois...
L'État doit-il respecter la « souveraineté du consommateur » ? La réponse à une telle question ne doit pas reposer sur un quelconque a priori idéologique, mais sur la démonstration que la société gagnerait en bien-être. (5)
La consommation d'héroïne est indéniablement nuisible la santé ; mais est-ce essentiellement à cause des caractéristiques psycho-pharmaceutiques du produit ou de l'illégalité dans laquelle il est consommé ? (65)
On peut penser, sans sourire, qu'il est probable que la prohibition du chocolat ou du tabac engendrerait un marché illégal aussi violent que celui de la drogue. (65)
L'« économie du crime » considère le fait qu'un individu se livre à une activité criminelle comme le résultat d'un calcul rationnel. (77)
L'objectif de la politique ainsi préconisée est la minimisation du coût social du crime. (81)
La politique antidrogue doit avoir pour objectif de réduire le coût social engendré par la drogue et supporté par la société. Ainsi chaque politique doit être évaluée selon sa capacité à réduire les effets négatifs de la drogue sur la société. Si une politique permet de limiter le montant des dégâts de la drogue, elle doit être retenue, sinon il faut la rejeter. (84)
Une politique plus raisonnable de « moindre mal ». (86)
Aux Pays-Bas, l'objectif fixé à la politique publique n'est pas de limiter le nombre de consommateurs mais bien le montant agrégé du dommage social causé par la drogue. (111)
L'idéal d'une société parfaitement abstinente est impossible à atteindre. Il convient alors d'accepter d'évaluer les nouvelles mesures exclusivement à l'aune de leur impact sur le coût so-cial. (113)