L'accro, Donald Goines
Gallimard, 1995 - roman policier écrit en 1971
(écrivain américain, ancien dealer, né en 1936 et assassiné en 1974)

 

EXTRAITS

 

L'horreur
L'héroïne, la drogue des damnés, la malédiction de l'humanité. (19)
Pour tous ceux qui en consomment, c'est la mort lente. (19)
On a l'impression de plonger dans un autre univers. (23)
Il avait déjà assisté à la destruction d'une existence par l'héroïne. (72)
C'était la maison des horreurs. (100)
Certaines camées donnaient l'impression d'avoir été dépouillées de leur âme même et de n'être plus qu'une coquille vide. (215)

Un singe sur le dos
Tous ses problèmes lui sembleraient insignifiants tant qu'il nourrirait le monstre insatiable que les accros appellent leur singe. (27)
« Qu'est-ce qui se passe ? La guenon que t'as sur le dos s'est transformée en gros gorille ? » (55)
Quelques-unes avaient le même problème, un singe qui commençait à avoir faim. (208)

Obsession
Pourquoi n'arrêtait-elle pas de penser à la dose qu'elle avait dans son sac ? « Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » (30)
Ça devenait une idée fixe dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Jamais encore pendant sa courte vie elle n'avait éprouvé un tel désir. C'était une pensée lancinante, constante, impossible à écarter. (64)
La pensée de se retrouver au milieu de gens qu'elle estimait être comme elle émergea en elle. (35)

La pitié qu'inspirent les drogués
Il n'y avait que de la pitié dans le regard qu'il lui renvoya. (70)
Elle eut aussitôt pitié de son amie enceinte. (180)

Décrocher ?
Il était certain qu'elle ne décrocherait pas sans être jetée en prison ou couchée sous la terre. (43)
Lorsque la poudre eut exercé son effet calmant, Terry songea une fois de plus à chercher de l'aide auprès d'un médecin. Mais il ne était toujours ainsi quand elle veniat s'apaiser la faim dévorante que le besoin provoquait en elle. Tandis que quand elle se sentait mal, elle n'avait qu'une seule pensée en tête : où trouver un sniff ? Elle s'était juré à maintes reprise d'aller consulter un médecin, mais quand elle se réveillait le matin en manque de dope, la seule chose qu'elle cherchait c'était le dealer le plus proche. (105)
« Tous les camés que je connais vont décrocher un jour. Seulement, quand il s'arrêtent, c'est soit qu'ils sont en taule, soit qu'ils sont en train de recevoir de la terre sur la gueule. » (113)
L'idée de décrocher lui vint à l'esprit, mais elle la rejeta aussitôt sous le prétexte qu'aujourd'hui elle se sentait trop mal. Peut-être demain se lèverait-elle de bonne heure et partirait-elle à la recherche d'un hôpital. Mais aujourd'hui il lui fallait une autre dose. (167)
Elle avait besoin d'aide, désespérément besoin, et elle en était consciente ; mais elle était incapable de faire le petit effort nécessaire pour trouver ce secours - même s'il était à portée de main. (115)

Les raisons de continuer
Rôdait une vérité trop cruelle pour être affrontée de face : tous ses autres problèmes avaient été fort commodément oubliés pendant qu'elle ne s'occupait que d'une seule chose, la drogue. (114)

La douleur
Ce n'était pas la sensation de planer qui l'intéressait ; ce qu'il voulait, c'était un fix qui lui permette de se sentir à nouveau normal. Plus tard dans la journée il essaierait de se procurer assez d'argent pour bien partir dans les vapes, mais pour l'instant, il n'avait qu'un souci - se débarrasser de sa souffrance. » (57)
Elle ne remarqua pas que l'héroïne ne la faisait plus planer, sauf si elle en prenait une grande quantité. Elle savait seulement que la dope lui donnait la sensation d'être normale et c'était ce qu'elle cherchait désespérément. La drogue n'était plus que le soulagement temporaire de cette envie irrésistible qui lui rongeait le corps et l'esprit tous les jours jusqu'à ce qu'on la satisfasse. (105)
Elle était parcourue de frissons alternativement brûlants et glacés, et sous sa peau, c'était comme un fourmillement de minuscules insectes. (145)
Il avait l'impression que des insectes fourmillaient sous sa peau. (201)
Il avait vu le cur de l'enfer. La pensée de devoir subir deux jours de plus le même supplice [le manque en prison] le terrifiait au-delà de toute raison. Il ne pensait qu'à une chose : la came. (201)

Les dealers
Le dealer allait pouvoir continuer à vendre du poison. (218)
Comme beaucoup de dealers, Porky prenait soin de ne jamais vendre directement la drogue à un toxicomane. (41)
Le dealer avait bien des défauts, mais pas celui-là. Il n'était pas un junkie. (247)

Divers
La première chose sur laquelle ils devaient s'entendre, c'était ce que désiraient leurs clients. Ils avaient tous des acheteurs réguliers à qui ils vendaient tous les jours des articles volés, et un bon nombre de ces clients avaient des exigences bien définies. Presque tous les camés qui volent avec succès se plient à ces exigences : s'ils savent en effet ce qu'ils peuvent fourguer et où, ils économisent bien des efforts. Les gens commandent n'importe quoi à un bon junkie. (84)
« Si on t'écoutait tu finirais par nous faire croire que la merde ne pue pas. » (140)
Il y avait un moment où tous les accros se mettaient à se shooter au lieu de sniffer. (154)