Francis Curtet

La drogue est un prétexte (Flammarion, 2001)

 


Ce livre a essentiellement pour objectif de faire savoir

Le risque comme constitutif de la toxicomanie

Les conduites à risque servent à vérifier qu’on échappe à la mort : frôler la mort pour ressentir qu’on vit. (9)

Un toxicomane, c’est l’abus, la démesure, l’excès (66)

Les toxicomanes n’ont pas peur de la mort ; ils ont même besoin de la frôler pour savoir qu’ils vivent. (115)

Par contre ils ont peur de la souffrance physique, en particulier de celle des phases terminales du Sida (116)

La toxicomane, c’est la démesure, c’est le toujours plus, c’est la nécessité de frôler la mort (133)

Dealers

Les vrais trafiquants se gardent bien de consommer de la drogue. (75)

Si l’on n’y prend pas garde, dans 20 ans, le monde sera dominé par les trafiquants de drogue et d’armes. (80)

Demande plutôt qu’offre

Sauf cas très rares, ce n’est pas le produit qui fait la toxicomanie, pas plus que l’offre d’un produit. Pour qu’il y ait toxicomanie, il faut qu’une offre rencontre une demande. Et, dans cette association, c’est la nature de la demande qui sera décisive. (28)

Manque

Le toxicomane s’organise pour manquer. Chaque fois, c’est en connaissant le manque et donc le désir et la nécessité de se droguer à nouveau qu’il donne sens à sa survie. (97)

Contre la drogue, pas contre les drogués

Notre fermeté, notre absence de compromission avec les drogues sont le meilleur moyen de rassurer et de protéger nos interlocuteurs toxicomanes. (9)

Il n’est pas incompatible de gagner la guerre à la drogue tout en déclarant la paix aux toxicos. (71)

Il faut savoir mener les deux combats de front sans sacrifier l’un à l’autre (123)

On a vu des crédits destinés à la lutte contre la drogue reversés à la lutte contre le Sida. (124)

Nous n’abandonnons pas. (226)

Lutte sur 2 fronts

Contre ceux qui pensent qu’il faut donner de la drogue pour réduire les risques de Sida (11)

Réduire simultanément les deux risques (de mourir par la drogue ou par le Sida) sans sacrifier l’un à l’autre (13)

Se battre à la fois sur le terrain de la toxicomanie et sur celui du Sida sans jamais sacrifier l’un à l’autre. (107)

Réduction des risques ?

Parler de réduction des risques pour la collectivité, peut être la porte ouverte à des mesures d’anéantissement à seule fin de nous débarrasser des gêneurs. (13)

Les partisans de la réduction des risques se sont mis à dénigrer le réseau spécialisé (124) Curieusement le retard en matière de lutte contre la drogue ne semble pas les avoir dérangés. (125)

Il y a ceux qui, ébranlés par l’affaire du sang contaminé, sont prêts à n’importe quoi pour éviter de se faire accuser de ne pas avoir prévenu du Sida. (127)

Produits de substitution

Contre le choix de droguer les toxicomanes à vie alors que nous savons les tirer complètement d’affaire (14)

Sous couvert d’assistance, le but inavoué est : « Qu’ils se droguent, qu’on les drogue, et s’il le faut, la vie durant, pourvu qu’ils ne fassent pas de vagues et ne troublent pas l’ordre public. » Objectif cynique (66)

Les produits de substitution ont leur utilité à condition de savoir relativiser cette utilité. (130)

Est-ce le rôle d’un médecin de droguer les gens pour éviter qu’ils ne commettent des délits ? Serait-il chargé de mater tout ce qui pourrait déranger l’ordre sociétal par des camisoles pharmacologiques ou des lobotomies ? (134)

« Pas de société sans drogue » ?

Sous prétexte qu’une éradication totale de la drogue est impossible, faut-il en conclure que la seule alternative serait de réduire les conséquences de l’usage ? D’une part on peut également diminuer de manière significative ; par une prévention adaptée, le pourcentage des personnes qui décident d’utiliser la drogue. Et d’autre part, on peut augmenter de façon importante le nombre de ceux qui parviennent à quitter totalement et définitivement les drogues pour acquérir enfin une vie autonome. (211)

Dans l’indifférence générale, notre pays saborde ses structures de prise en charge pour nous amener progressivement à penser qu’il est impossible et inutile de lutter contre la drogue et qu’il vaut bien mieux apprendre à nos enfants à la gérer. (216)

Pour mieux banaliser la drogue, on change les noms. (221)

Soins

Un toxicomane n’est jamais « irrécupérable ». Ne pas se contenter de la gestion à vie d’une toxicomanie contrôlée, ne pas risquer de rendre définitive une toxicomanie transitoire (135)

Sevrage

285 centres de consultation en France (113)

En une semaine, le sevrage physique est terminé. (118)

Statistiquement, il s’écoule environ 6 ans entre le moment où le toxicomane se fait sa première injection et celui où il demande de l’aide. (119)

Postcure

Il n’y a que 1 000 places en postcure en France alors qu’il y en a 10 000 en Italie. (73) Il en faudrait au moins 6 ou 7 000. 5 centres d’hébergement d’urgence alors qu’il en faudrait au moins 3 dans chaque métropole régionale. Une seule et unique structure d’hébergement pour mineurs à travers la France ! (123)

Alors que nous ne possédions que 1 000 places en centres de postcure pour environ 180 000 toxicomanes, cette situation de pénurie s’est encore détériorée puisque chaque année des centres de postcure ou d’hébergement ferment leurs portes sous prétexte qu’ils ne seraient plus « adaptés » ou pas « rentables ». Cf. Circulaire de la DGS en date du 5 novembre 1998. (212)

En postcure, parler des produits et de leurs effets n’a pas le moindre intérêt thérapeutique puisque ce qui compte, c’est ce qui se cache derrière tout cela. (90)

Durée du séjour : en moyenne 6 à 8 mois (92)

Critique de l’article princeps de F. Lert et E. Fombonne qui conclut que, quel que soit le procédé utilisé, le pourcentage de succès est approximativement le même. (101)

Pendant les 11 années où j’ai dirigé le Trait d’Union, nous trouvions un taux de réussite dépassant légèrement les 50%. (103)

Le problème des crédits domine toute la question de la prise en charge. (122)

Le budget sanitaire nationale de la prise en charge des toxicomanes est l’équivalent du budget d’un petit hôpital de province. (122)

Légalisation ?

Savoir protéger ceux à qui la drogue peut faire illusions. Légaliser la drogue reviendrait à promouvoir l’indifférence. (55)

Il faudrait, de toute urgence, abolir les peines d’emprisonnement pour les usagers de drogue. Il faudrait que la transgression de l’interdit soit utilisé comme point d’appui non pour punir mais pour aider l’utilisateur de drogue. (61)

Si le cannabis devient en France un fait culturel, intégré par notre pays, il sera logique de la le légaliser. S’il importe de ne pas aller plus vite que la musique, il nous faut envisager sereinement de légaliser le cannabis d’ici à quelques années. (69)

Prévention

La meilleure prévention des toxicomanies ne parle pas de drogue. (142)

Ah, les signifiants !

Ne parvenant pas à s’arrêter (de prendre de la drogue), il s’est fait arrêter par la police… (59)

Une mère : « En essayant d’éviter à mon fils les accrocs de la vie, j’en ai fait un accro de l’héroïne. » (87)

Divers

La drogue ne résout jamais rien. (30)

La drogue est une prétexte (141) Elle provient d’un « À quoi bon ? » (142)

 [Exemple concret de « corruption » de la Commission nationale des stupéfiants] (47)

Il n’y a pas plus calme que quelqu’un sous héroïne. Mais il n’y a guère plus violent que quelqu’un en manque d’héroïne. (48)

Vivre et non pas survivre (107)

Impliquer les habitants (170)

Les toxicomanes : trois garçons pour une fille (184). Dans la famille d’un toxico, le père est souvent absent. (186)

 

Drogue Info Services : 08 00 23 13 13

–––––