Toxicomanes
6 phases dans la vie de tout gros consommateur d'héroïne
: expérimentation, escalade, maintenance, dysfonctionnement,
arrêt, ancien toxicomane (1-2)
La dépendance physique (le sevrage physique dure de 7 à
10 jours pour l'héroïne) se distingue de la dépendance
psychologique. (3)
En 1998 48000 héroïnomanes sont sous produits de substitution.
(12, 22) (297)
Boutiques, « sleep-in »
Les « boutiques » se situent très en amont
de la chaîne thérapeutique (7) (295) Ce sont des
structures de première ligne (297)
Cf. la chaîne thérapeutique a 5 étapes : accueil
(ou première demande de soin) - sevrage (physique) - hébergement
thérapeutique - réinsertion - sortie. (L'Harmattan,
27-29)
Loi
1970 : Cette loi est fondatrice. D'où la constitution
d'un secteur spécialisé et l'établissement
d'un champ institutionnel (20)
Le paradigme français du soin
Le paradigme français du soin s'adosse au paradigme
psychanalytique qui en constitue l'aspect théorique (13,
17).
Ordre principalement curatif + idéal d'abstinence (16)
(324)
[Il s'impose au tournant des années 80] (305) Phase de
stabilité de cette politique de 1980 à 1993. (323)
Pour les tenants d'une politique de soins, « il vaut
mieux ne pas consommer de drogues ; si on en consomme, il vaut
mieux ne pas le faire par voie injectable ; si on consomme des
drogues par voie injectable, il vaut mieux utiliser une seringue
propre une seule fois ; si on utilise un seringue, il vaut mieux
la désinfecter »
Spécificité française
La tradition publique de santé en France a toujours
privilégié le volet curatif de l'intervention sanitaire.
(326)
Importance du rôle de la centralisation en cette affaire
(326)
2 voies dans les produits de substitution
Programmes de haut seuil (hypothèse haute) : la
population visée est réduite (cf. phase 4 : dysfonctionnement
+ volonté formulée) de bas seuil (hypothèse
basse) : administration de méthadone sans souci de désintoxication
et seulement dans une perspective palliative. (5-7)
Conversion du paradigme français du soin au paradigme
anglo-saxon de réduction des risques
Cf. modification des caractéristiques épidémiologiques
des toxicomanes pendant les années 80. (16) Les caractéristiques
épidémiologiques des toxicomanes se transforment
considérablement. Le drogué est devenu [depuis les
années 80] le « paumé » des banlieues.
(233)
Ce qui a fait exploser le consensus des années 70 est l'irruption
de deux mondes jusqu'alors absents du champ de la toxicomanie
:
1) Le médical, qui mobilise les arguments de santé
publique, de survie et de protection de la communauté ;
2) l'économique qui insiste sur une vision rationnelle
du recours aux drogues (stratégie de survie économiquement
rationnelle). L'usage de drogues devient susceptible d'une régulation
fondée sur une optimisation économique. (248)
Réduction des risques
Cf. réduction des risques = recherche du moindre mal
(7) cf. programme de bas seuil
Introduction à grande échelle de la méthadone
en 1995-1996. Cf. décision d'une politique française
de réduction des risques. (12)
La réduction des risques a été élaborée
en Grande-Bretagne et en Hollande (273)
Le vocabulaire change : on parle de risques sanitaires, de stratégies
palliatives, de toxicomanes rationnels, de moindre mal, de santé
publique, d'accueil dit de bas seuil, d'usagers de drogue, etc.
Ce que certains appellent les indicateurs rhétoriques.
L'expression « usager de drogue » reflète
ainsi une position idéologique qui oppose une conception
ascétique de la liberté conçue comme un progrès
vers la maîtrise de soi, une lutte contre les aliénations,
à une conception libérale et individualiste.
(274)
Avec l'Association de toxicomanes ASUD, on substitue à
un drogué irrationnel, manipulateur et « malade »
un usager de drogue, capable de prendre en main sa santé
et sa vie sociale et surtout de faire entendre son opinion et
ses besoins. (291)
Abandonner les objectifs d'abstinence et reconstruire l'ordre
des priorités : « Je me rendais compte que l'abstinence
n'était pas préférable à tout : la
dépendance demeurait préférable à
la mort. » (275)
L'adoption de la réduction des risques fait glisser les
acteurs d'une morale de la conviction à une morale de la
responsabilité. (276)
« Ce sont des lobbies d'inspiration libérale qui
souhaitent appliquer à ce fait de société
[la toxicomanie] un remède d'économiste.
» Paul Quilès en 1993 (278)
Sida et drogue
C'est le sida qui introduit la logique de la réduction
des risques en Grande-Bretagne vers le milieu des années
80. Les Anglais ont considéré que la diffusion du
sida était une menace plus importante pour la santé
de la nation que ne l'est l'abus de drogue. (9)
Redéfinir la hiérarchie des priorités (10)
« A l'exception des Pays-Bas, les changements ont été
adoptés sous la menace du sida. Ces nouvelles stratégies
se sont imposées d'autant mieux que le bilan des années
de guerre à la drogue n'a rien de glorieux. »
A. Coppel (11)
À partir de la fin des années 80, on montre l'efficacité
des programmes méthadone dans la réduction de la
diffusion du sida. (248)
La première offensive : la méthadone au titre de
la prévention du sida. Le premier tournant est marqué
par l'arrivée de Bernard Kouchner au poste de ministre
chargé de la Santé, au début de l'année
1992. Il lance ce qui va devenir une véritable bataille.
(277)
Au moment où il meurt chaque jour un toxicomane sidéen
de plus, soigner la toxicomanie à proprement parler est
une luxe, affirment les contestataires à la politique des
soins. (279)
Chantage au désastre, redéfinition des problèmes
et de leur hiérarchie (279)
Isabelle Stengers avait écrit une analyse sévère
de la politique française des soins. (279)
Constitution en 1993 du collectif « limiter la casse
» (279)
Les « humanitaires » mobilisent sur le thème
de la prévention de la diffusion du sida. (280) Les principes
de la réduction des risques, incarnés à l'occasion
par ces médecins humanitaires (Médecins du monde)
(286)
Médecins du monde : « Le projet d'ouverture
de places de méthadone ne se situe plus dans un objectif
thérapeutique par rapport aux problèmes de la dépendance
mais vise de manière quasi exclusive la prévention
du VIH et l'accès aux soin des toxicomanes vivants
avec le VIH ; » 18 mai 1993 (286)
Un psychiatre : « À partir du moment où Kouchner
est devenu ministre, Médecins du monde est devenu
'le petit prince'. » (290)
Priorisation de la gestion de l'épidémie de VIH
sur le soin de la toxicomanie : la lutte contre la toxicomanie
et la politique sanitaire en la matière risquent bientôt
de ne plus être abordée que sous le seul angle de
la prévention du sida et de la gestion des risques sanitaires
et sociaux. (292)
Mais pourtant sida et drogues font 2
« Les 'toxicos' ne sont pas identiques aux malades
du sida car les raisons d'être 'toxico' subsistent malgré
la séropositivité. » Claude Olievenstein
en 1991 (239)
La lutte contre le sida et la lutte contre la toxicomanie sont
deux objectifs de santé publique bien différenciés.
(240)
La libéralisation de la vente de seringue (décret
du ministère de la Santé du 13 mai 1987 : Mme Barzach)
fut présentée non comme une mesure concernant
le soin de la toxicomanie mais comme une mesure de lutte contre
le sida. (243)
Médecine
À partir du milieu des années 80, déplacement
dans la médecine : remplacer un modèle curatif par
un modèle préventif. Au lieu de se contenter d'intervention
dans l'après-coup, lorsque la pathologie s'est déjà
installée, il faut agir en amont de l'épisode pathologique
pour l'éviter. (247)
Les opposants à la politique de réduction des risques
ont peur de voir advenir un système dans lequel des médecins
s'en tiennent au discours manifeste de leurs patients pour décider
la prescription. (288)
La carrière des médecins !
« Quand on est jeune médecin, on a tout
intérêt à s'intéresser à la
toxicomanie, à ouvrir un centre méthadone. Il y
a de l'argent, on a un pouvoir médical et une reconnaissance
facilement. C'est un secteur dans lequel, av un peu d'énergie,
on peut faire facilement carrière, être reconnu socialement
et diriger une équipe. La toxicomanie est un raccourci
de carrière évident. Dans la psychiatrie ou
dans la médecine générale, avant de sortir
une thèse ou une approche originale, il faut se lever de
bonne heure. » (316)
Maladie et alors maladie chronique ?
En dehors de tout traitement de la toxicomanie, l'hypothèse
basse sur la méthadone est un outil supplémentaire
indispensable dans certains cas : femmes enceintes, malades en
phase terminale, vieux toxicomanes incurables, etc. (252)
La méthadone va se rendre indispensable dans les hôpitaux
pour sa capacité à « lubrifier » la
sociabilité des toxicomanes. (257)
L'existence des « scènes » (en Suisse) va faire
progressivement passer de la figure d'un drogué «
criminel » à celle d'un malade. (260)
Efficacité de ce nouveau paradigme ?
- Quant au sida
Aujourd'hui, des experts de tous bords, et pas seulement français,
font valoir que les programmes de bas seuil ne sont pas complètement
« rentables » au regard de l'objectif sida. (281)
La prévalence du sida dépendrait plus d'un gradient
Nord / Sud que de la mise à disposition extensive du produit
de substitution. Cf. différence Nord / sud en France même.
Cf. différence Italie, Espagne / Pays-Bas La causalité
entre faible diffusion de l'épidémie et distribution
extensive et indifférenciée de méthadone
ne serait pas confirmée. Et l'exemple de New York prouverait
que la méthadone n'est pas une solution radicale. (281-282)
La causalité entre faible prévalence du sida et
disponibilité extensive des produits de substitution n'est
pas avérée scientifiquement. L'argument d'efficacité
ne permet pas de trancher en l'état actuel des connaissances.
(299)
- Quant à la sortie de la toxicomanie
Les programmes de substitution à la méthadone
n'apportent pas de résultats supérieurs à
ceux obtenus par les techniques concurrentes. L'argument d'efficacité
ne permet pas de trancher en l'état actuel des connaissances.
(299)
Divers
La répartition des positions concernant la drogue ne
répond pas strictement à l'opposition droite / gauche.
(285)