Le travail du Collectif anti-crack face à Le Pen et au lepénisme

 

 

 

 

 

Dans notre quartier de Stalingrad, miné par les problèmes bien réels du crack, nous faisons deux choses :

·       nous organisons ce quartier contre la drogue en mobilisant directement les gens pour les tâches qui sont les leurs, les nôtres : se déclarer contre la drogue, se réapproprier l’espace public, parler entre habitants, parler avec les toxicomanes, aider les jeunes à se définir contre la drogue… ;

·       nous demandons à l’État de faire le travail qui lui revient en propre dans ce combat contre la drogue (police : répression ; municipalités : prévention et rénovation urbaine ; gouvernement : soins…) et que nous n’envisageons nullement de faire à sa place.

Ceci entretient le quartier à l’écart tant de Le Pen et de sa formation que, plus encore, du lepénisme rampant.

 

 

 

Face à Le Pen

 

Le travail que nous demandons à l’État de faire ne saurait être mis en œuvre sous la direction d’un Le Pen qui se situe aux antipodes de nos orientations. Nous demandons en effet :

·       une prévention de la jeunesse qui lui fasse valoir d’autres projets d’existence que la drogue mais également que la brutalité et que la haine ;

·       une rénovation urbaine qui soit respectueuse de la diversité de la population (et non pas une épuration sociale ou nationale) ;

·       une répression des dealers qui minimise l’emprisonnement des toxicomanes ;

·       une lutte contre la drogue qui s’articule à une politique de soins.

 

 

 

Face au lepénisme

 

Notre travail contre la drogue constitue le meilleur rempart à une organisation lepéniste qui voudrait profiter des problèmes de drogue pour structurer à son avantage les gens du quartier :

·       Nous rassemblons contre la drogue toutes les nationalités, origines nationales et confessions religieuses présentes dans le quartier.

·       Nous pratiquons une indifférence non hargneuse à l’égard des partis politiques, nous tenant à distance d’un travail qui est le leur, non le nôtre, sans les attaquer pour autant d’un « tous pourris ! ». Nous demandons sans agressivité aux élus de faire le travail qui leur revient en propre.

·       Nous organisons concrètement la population (manifestations, tournées-rue,…) en refusant de constituer une milice privée.

·       Nous demandons à la police de faire son travail ordinaire. Nous n’en appelons pas de lois d’exception. Nous ne faisons pas de surenchère ni ne dramatisons la situation. Nous l’analysons pour ce qu’elle est concrètement. Nous demandons que la police patrouille tranquillement, par petits groupes, pour disperser les bandes de dealers, ce qu’elle fait désormais, et plutôt bien. Nous n’appelons pas à une déclaration de guerre contre la drogue, nous ne réclamons pas des bataillons armés nettoyant les rues : un travail banal de police suffit à la tâche prescrite. La preuve en a d’ailleurs été faite.

·       Nous organisons la jeunesse pour qu’elle pense et formule sa propre position contre la drogue. Dans l’organisation de la jeunesse contre la drogue, nous refusons une logique de « guerre » (contre les dealers, et a fortiori contre les toxicomanes) et donc l’organisation de bandes anti-dealers ou anti-toxs.

·       Nous disons : on peut mener tranquillement un combat contre la drogue qui conduise à apaiser un quartier. Nous ne mobilisons personne sur des thèmes de bagarre et de haine :

o           Avec les dealers, nous en appelons d’une distance froide, laissant à la police le soin de les réprimer.

o           Avec les toxicomanes, nous en appelons d’un dialogue direct, tranquille et en égalité des libertés.

·       On peut, on doit penser par soi-même, sans tout mélanger, en particulier en distinguant les drogues entre elles, et analysant chaque situation concrète pour elle-même. Nous refusons les amalgames qui tétanisent toute pensée et entravent les pratiques émancipatrices. Nous contredisons ainsi et déqualifions les fausses équations suivantes :

« Squats = drogue »,

« Sans papiers = dealers »,

« Immigrés = drogue + voyous »,

« Toxicomanes = dealers »,

« Séropositifs = toxicomanes »

« Contre la drogue = pro Le Pen ».

Tous ces énoncés sont infâmes et notre action prouve qu’ils sont faux !

·       Nous nous tenons aussi à l’écart d’une pure et simple inversion des positions lepénistes, comme s’il suffisait de retourner les mots d’ordre lepénistes pour disposer d’idées praticables (ce qui ne fait que maintenir les thèmes lepénistes en position de référence là où il faut, au contraire, se doter d’une autonomie de pensée). Nous contredisons ainsi les amalgames symétriques :

« Contre la drogue = fachos »,

« Contre la drogue = contre les drogués »,

« Contre la drogue = délire sécuritaire »,

« Contre la drogue = bourgeois » (=> le toxicomane constituerait aujourd’hui l’emblème du peuple !),

« Contre le sida = faire avec la drogue ».

Ces énoncés sont faux et notre action le prouve tout autant !

Nous refusons également qu’on assure la tranquillité des habitants en parquant les toxicomanes dans des maisons ou parcs à shoot (rappelons-nous : Le Pen proposait de créer des « sidatoriums » où parquer les séropositifs…).

 

 

 

Globalement, notre travail prenant en compte les problèmes de drogue du quartier sans les dénier, coupe l’herbe sous les pieds du lepénisme.

L’autonomie de pensée et d’action du Collectif anti-crack est le meilleur moyen pour que le Pen, sous couvert des problèmes de drogue, morde le moins possible sur la population du quartier.

25 avril 2002

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Le Collectif anti-crack de Stalingrad

Tél. : 06 76 58 18 27

mailto:Stalingrad@noos.fr                                     www.entretemps.asso.fr/Stalingrad