Déclaration du mardi 12 mars 2002

Nous sommes un groupe de pères de famille du quartier Stalingrad à Paris, toutes nationalités et origines géographiques regroupées (françaises, arabes, africaines, chinoises). Nous commençons aujourd'hui nos tournées-rue contre la drogue.
Nous ne sommes pas motivés par la peur. Nous nous battons contre la drogue pour que ce quartier reprenne confiance en lui. Nous inspirant d'initiatives de pères marocains (Amsterdam) et africains (Le Havre), nous comptons parcourir paisiblement, une fois par semaine, les rues du quartier et nous poursuivrons ces tournées-rue jusqu'à l'été.

Notre initiative a trois objectifs :

• Nous voulons signifier que, même la nuit, les rues appartiennent aux habitants, non aux dealers.
  Nous ne formons pas une milice. Nous ne voulons pas faire un travail de police. Nous ne parlerons pas aux dealers ni n'entrerons en contact avec eux.
  Nous voulons continuer de nous réapproprier l'espace public comme nous avons commencé de le faire, l'automne dernier, par une série de manifestations du Collectif anti-crack.
• Nous voulons aller à la rencontre des jeunes qui se regroupent le soir dans les rues pour parler tranquillement avec eux de la vie collective dans le quartier, pour débattre du piège de la drogue en les prévenant de s'en tenir à l'écart : il y a aujourd'hui bien mieux à faire dans ce quartier, dans ce pays, dans le monde, que de se droguer !
• Nous voulons enfin engager la conversation avec les toxicomanes pour les encourager à sortir de leur autodestruction.
  Pour les aider à quitter définitivement la drogue et non pas simplement à se protéger du sida, il faut à ce pays une politique de soins. On doit en France se battre à la fois sur deux fronts : contre le sida et contre la drogue.

La drogue n'est pas une fatalité dans ce quartier, dans cette ville, dans ce pays. À notre mesure, petite mais non négligeable, nous prenons nos responsabilités dans ce sens. Nous appelons chaque père de famille à nous rejoindre les mardis soir ou à faire de même dans son propre quartier.

Tract distribué lors des tournées-rue (français, arabe, chinois)

Nous sommes des pères de famille du quartier, toutes nationalités et origines géographiques regroupées. Nous luttons contre la drogue, particulièrement contre le crack qui pourrit la vie du quartier Stalingrad.

• Nous inspirant d'initiatives de pères marocains (Amsterdam) et africains (Le Havre), nous parcourons paisiblement en groupe, une fois par semaine, les rues du quartier pour signifier que ces rues appartiennent aux habitants, non aux dealers. Nous voulons ainsi poursuivre la nuit cette réappropriation de l'espace public (par ceux qui l'habitent) qui fut entamée à l'automne dernier par une série de manifestations.
• Nous allons à la rencontre des jeunes qui se regroupent le soir dans les rues pour parler avec eux de la vie collective dans le quartier, pour débattre du piège de la drogue en les prévenant de s'en tenir à l'écart : il y a aujourd'hui mieux à faire dans ce quartier, dans ce pays, dans le monde, que de vouloir la drogue et le rien. Et si « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté » (J.-J. Rousseau), la loi de la drogue n'est ni libératrice, ni émancipatrice : elle produit des irresponsables et des esclaves.
• Nous allons à la rencontre des toxicomanes (ceux dont W . Burroughs écrit : « le plaisir qu'ils tirent de la came est de vivre sous sa loi ») pour engager la conversation avec eux et les encourager à sortir de cette autodestruction. Outre ce que nous déclarons à tous,
  - nous voulons leur dire : « Ce n'est pas parce que vous vous empoisonnez qu'il faut empoisonner la vie des gens! » ;
  - nous voulons leur demander : « Que pouvons-nous faire pour vous aider à ne plus vous empoisonner ? »