À sa réunion de rentrée (mardi 3 septembre 2002), le Collectif anti-crack a décidé de prolonger sa mobilisation une seconde année.
Certes la situation du trafic de crack s'est considérablement
améliorée dans le quartier suite au travail de la
police: la "scène ouverte" du crack ne s'est
pas reconstituée cet été, ni rue du Département,
ni dans une autre rue du quartier. De plus le trafic est désormais
à son étiage dans la rue d'Aubervilliers suite à
la fermeture en juin dernier de la crackhouse du 13 rue d'Aubervilliers
et à la sécurisation du 13 rue Bellot.
Cependant le trafic de crack reste toujours bien présent
dans nos rues: il est mobile, fluctuant, cherchant visiblement
d'autres points possibles d'ancrage (zones publiques retirées,
lieux privés à l'abandon). Un relâchement
de la présence policière durant le mois d'août
a d'ailleurs facilité la reprise, ci ou là, du trafic.
En conséquence, le Collectif considère qu'il lui faut rester vigilant pour consolider le quartier dans la voie de sa "désintoxication". Ce n'est pas au moment où des résultats significatifs sont obtenus contre le crack qu'il faut baisser les bras et considérer que la cause est entendue: de même qu'un toxicomane sevré est toujours subjectivement "dépendant" et doit rester plus que jamais sur ses gardes pour ne pas retomber dans la drogue, de même un quartier comme le nôtre reste fragile et doit maintenir sa vigilance au moment même où, grâce à sa mobilisation persévérante pendant un an, le trafic a fortement reflué. Chacun sait bien d'ailleurs que le trafic de crack n'a été que repoussé, que les dealers et les crackés continuent leur manège en d'autres lieux et que tant que la politique globale de soins que prône le Collectif n'aura pas été mise en uvre, tant donc que le nombre de toxicomanes continuera de croître, le trafic ne pourra qu'être localement contenu.
Le Collectif va donc redéfinir ses modalités
de travail pour cette seconde année. N'ayant plus à
réagir dans l'urgence comme il a dû le faire tout
au long de l'année scolaire précédente, le
Collectif va axer son nouveau travail sur la vigilance et sur
la réflexion:
· Vigilance: le Collectif va d'abord renouer ses contacts
avec les commissaires des trois arrondissements pour discuter
de l'effort policier envisagé cette nouvelle année
contre le crack. Ensuite le Collectif va remettre en place le
groupe de vigilance (qui avait déjà fonctionné
de novembre 2001 à février 2002) en sorte de rester
attentif à toute éventuelle reprise du trafic sur
le quartier, d'être à même d'évaluer
objectivement son importance et, si le besoin s'en faisait sentir,
de pouvoir appeler à de nouvelles formes de mobilisation
du quartier.
· Réflexion: Le Collectif va réaliser
un journal ("L'anti-crack") qu'il ira régulièrement
présenter tant aux habitants et jeunes du quartier qu'aux
crackés qui continuent de sillonner les rues des trois
arrondissements. Le contenu de ce journal (dont la forme restera
souple et librement déclinable) se composera de propos
recueillis (auprès d'anciens toxicomanes, de parents de
toxicomanes, d'intervenants en toxicomanie), de notes de lectures,
d'études propres, de libres opinions et de divers débats
concernant le crack.
En se fixant ainsi ses axes de travail pour l'année scolaire 2002-2003, le Collectif entend continuer d'articuler action locale (de quartier) et pensée globale (pour le pays).
Il appelle toute personne désireuse de s'associer à cette nouvelle année de mobilisation à participer à sa prochaine réunion :