Le Parisien (27 décembre 2002)


Ils ont marqué l'année

La croisade « anti-crack » des habitants de Stalingrad

Anonymes ou célèbres, ils ont été les vedettes de l'année 2002. Jusqu'à la fin de la semaine, retrouvez ceux et celles qui ont fait l'actualité à Paris. Aujourd'hui, les parents du quartier Stalingrad qui sont partis en campagne contre le trafic de drogue.

ILS ONT MARQUÉ les esprits dans leur quartier et au-delà. Il y a un an, les habitants des abords de la place Stalingrad (X e , XVIII e et XIX e ) manifestaient, au sein du collectif anti-crack, leur crainte des dealers et leur colère de ne plus voir la police présente dans les rues. Riverains, commerçants et associatifs se sont rassemblés chaque semaine pendant deux mois pour faire entendre leur voix.


Mission accomplie

A l'époque, le sentiment d'insécurité était au centre de toutes les conversations, un sentiment d'abandon aussi. Suite à cette première série de rassemblements, le collectif anti-crack engage dès le mois de mars un nouveau mode d'action. Des pères de famille membres du collectif mènent des tournées de rues nocturnes entamant ainsi un travail d'ordre préventif. Chaque semaine, huit hommes partent à la rencontre des habitants et tentent de nouer un dialogue avec les usagers de drogue. Mais il est difficile de se fondre dans l'habit du médiateur. Les tournées de rues se sont arrêtées au cours du printemps. Après plusieurs mois de présence sur le terrain, le climat s'est visiblement apaisé à Stalingrad. Le collectif anti-crack a profité de sa renommée pour soutenir les habitants de plusieurs repaires du trafic de drogue aux alentours de la rue d'Aubervilliers. Fin juin, un immeuble insalubre squatté par des revendeurs était évacué et muré. Les familles victimes de ce trafic ont été relogées. Si le collectif n'est pas à l'origine de cette mesure, il est semble-t-il parvenu à mettre la pression nécessaire à l'action de la police. Dix ans après les protestations des habitants de S talingrad contre la recrudescence du trafic d'héroïne qui avait conduit à une délocalisation de la vente vers Château-Rouge (XVIII e ) , les actions du collectif anti-crack ont participé à l'apaisement de Stalingrad. « Pour combien de temps ? » s'interrogent les détracteurs. Nul ne peut le dire. Aujourd'hui, de nombreux habitants ont le sentiment de s'être réapproprié leur quartier. Convaincu d'avoir rempli sa mission, le collectif anti-crack s'est dissous en septembre dernier. Et si la polémique perdure, ses membres espèrent ne plus avoir besoin d'arpenter le bitume.


Marie Ottavi

(LP/ARCHIVES-ANDY LECOQ.)

RUE D'AUBERVILLIERS (XIX e ), LE 4 JUIN 2002. Fort de son action dans le quartier de Stalingrad, le collectif anti-crack a profité de sa renommée pour soutenir les habitants de plusieurs repaires du trafic de drogue alentours.