Le Parisien (9 décembre 2001)

 

Mobilisation contre la drogue
Manifestation d'un côté, table ronde de l'autre, les habitants et les élus de la capitale ont exprimé hier leur volonté de lutter efficacement contre les revendeurs de drogue qui empoisonnent la vie de nombreux quartiers.

PARIS, HIER. Une centaine d'habitants se sont rassemblés devant la mairie du XVIII e pour protester contre les ravages de la drogue dans leur quartier et dénoncer les méthodes des pouvoirs publics pour endiguer le fléau.

(LP/FREDERIC DUGIT.)

OPPOSÉS sur la méthode, les habitants et les élus de la capitale convergent au moins sur l'essentiel : il faut davantage lutter contre les revendeurs de drogue qui perturbent la vie de nombreux quartiers de Paris, notamment dans le XVIII e arrondissement. « On ne peut plus sortir de chez nous sans être agressés. On en a assez, on veut que nos enfants puissent grandir dans un cadre de vie décent. Et cette réunion d'aujourd'hui, c'est comme d'habitude du bla-bla ! » s'indigne une maman qui, au côté d'une centaine d'autres personnes, manifestait hier devant la mairie du XVIII e où était organisée une table ronde « Toxicomanie et vie de quartier ».

Refusant de participer aux débats, ces habitants de la Chapelle et de la porte d'Aubervilliers (XVIII e ) étaient venus manifester leur ras-le-bol de la drogue. Symboliquement, ils ont déposé un cercueil fictif rempli de seringues et de fioles de méthadone, un produit de substitution à l'héroïne. Autant d'objets récupérés dans les caves, halls d'immeuble ou squares. « C'est bien plus utile d'être dans la rue qu'autour d'une table », lâche une autre manifestante. Nicole Maestracci, présidente de la mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, a indiqué qu'elle n'était pas venue pour annoncer la création de nouvelles structures d'accueil des toxicomanes dans Paris, mais plutôt pour écouter. « Il faut accueillir les toxicomanes dans des structures hospitalières plutôt que dans des boutiques situées parfois à côté d'écoles et d'enfants », a pour sa part plaidé Olivier Ansart, de l'association de lutte antidrogue Olive 18. Présent à la table ronde, Bertrand Delanoë, maire de Paris et conseiller d'arrondissement du XVIII e , est resté une demi-heure. Mais ses propos ne sont pas passés inaperçus. Devant une salle bondée, il a tenu un discours d'une grande pugnacité : « Comme pour la propreté, je suis insatisfait du travail effectué sur la drogue. Dans les semaines à venir, des décisions énergiques seront prises sur la toxicomanie. On ne s'en sortira que si l'on occupe le terrain », a martelé le maire, rejoignant ainsi les préoccupations des manifestants.

Arnaud Murati