13, RUE D'AUBERVILLIERS (XVIII e ), HIER MATIN. Si dealers et consommateurs s'étaient déjà volatilisés à l'arrivée des policiers, les familles, elles, ont pu être évacuées du bâtiment classé en péril et relogées. (LP.)
ILS ONT RÉUSSI. Le collectif anticrack est parvenu à
faire évacuer l'un des immeubles les plus misérables
de la rue d'Aubervilliers (XVIII e ). Abandonné, ce bâtiment
était devenu depuis plusieurs années l'un des repaires
du trafic de crack du quartier Stalingrad. Mais en dehors des
consommateurs et des trafiquants de drogue, une dizaine de familles
habitaient à cette adresse. Le collectif anticrack, né
il y a un an pour tenter de rassembler habitants et commerçants
autour de la lutte contre le trafic, a décidé le
mois dernier d'aider les familles « prises au piège
». Quatre rassemblements au 13, rue d'Aubervilliers ont
permis de mettre en lumière les difficultés rencontrées
dans cette « crackhouse ».
Les familles relogées dans un foyer Hier,
au petit matin, une vingtaine de voitures de police se sont postées
devant l'immeuble. Dealers et consommateurs s'étaient déjà
volatilisés lors de cette intervention. La préfecture
de police a ordonné l'évacuation du bâtiment
sur rue, classé en péril quelques mois après
l'incendie du toit. Les familles ont pu être relogées
dès hier dans un foyer construit récemment rue Ordener
(XVIII e ). Le second bâtiment sur cour ne sera pas muré
et seules les familles vivant dans les logements de la Ville de
Paris ont été évacuées. Plusieurs
familles sont contraintes de rester. Afin de leur éviter
d'autres confrontations avec les dealers, une nouvelle entrée
a été ouverte hier. Donnant sur un terrain vague
grillagé et fermé à clef désormais,
le mur extérieur de l'immeuble a été troué
pour permettre aux habitants de rentrer chez eux. Depuis quelques
semaines, plusieurs membres du collectif se relayaient dès
5 heures du matin en attendant que la police organise le départ
des familles. Leur déménagement est une victoire
pour ces pères de famille souvent décriés
et récemment critiqués par Act-Up qui voyait en
eux « une sorte de police privée ». Mais chacun
sait dans le quartier Stalingrad que les dealers trouvent rapidement
de nouvelles caches. Le collectif espère que l'action policière
se répétera dans deux autres repaires, au 13, rue
Bellot (XIX e ) et au 9, rue d'Aubervilliers (XVIII e ).
Marie Ottavi
Le Parisien , vendredi 28 juin 2002