Le Parisien (28 juin 2002)


Un repaire du trafic de crack évacué
XVIII e

13, RUE D'AUBERVILLIERS (XVIII e ), HIER MATIN. Si dealers et consommateurs s'étaient déjà volatilisés à l'arrivée des policiers, les familles, elles, ont pu être évacuées du bâtiment classé en péril et relogées.   (LP.)

ILS ONT RÉUSSI. Le collectif anticrack est parvenu à faire évacuer l'un des immeubles les plus misérables de la rue d'Aubervilliers (XVIII e ). Abandonné, ce bâtiment était devenu depuis plusieurs années l'un des repaires du trafic de crack du quartier Stalingrad. Mais en dehors des consommateurs et des trafiquants de drogue, une dizaine de familles habitaient à cette adresse. Le collectif anticrack, né il y a un an pour tenter de rassembler habitants et commerçants autour de la lutte contre le trafic, a décidé le mois dernier d'aider les familles « prises au piège ». Quatre rassemblements au 13, rue d'Aubervilliers ont permis de mettre en lumière les difficultés rencontrées dans cette « crackhouse ».
Les familles relogées dans un foyer Hier, au petit matin, une vingtaine de voitures de police se sont postées devant l'immeuble. Dealers et consommateurs s'étaient déjà volatilisés lors de cette intervention. La préfecture de police a ordonné l'évacuation du bâtiment sur rue, classé en péril quelques mois après l'incendie du toit. Les familles ont pu être relogées dès hier dans un foyer construit récemment rue Ordener (XVIII e ). Le second bâtiment sur cour ne sera pas muré et seules les familles vivant dans les logements de la Ville de Paris ont été évacuées. Plusieurs familles sont contraintes de rester. Afin de leur éviter d'autres confrontations avec les dealers, une nouvelle entrée a été ouverte hier. Donnant sur un terrain vague grillagé et fermé à clef désormais, le mur extérieur de l'immeuble a été troué pour permettre aux habitants de rentrer chez eux. Depuis quelques semaines, plusieurs membres du collectif se relayaient dès 5 heures du matin en attendant que la police organise le départ des familles. Leur déménagement est une victoire pour ces pères de famille souvent décriés et récemment critiqués par Act-Up qui voyait en eux « une sorte de police privée ». Mais chacun sait dans le quartier Stalingrad que les dealers trouvent rapidement de nouvelles caches. Le collectif espère que l'action policière se répétera dans deux autres repaires, au 13, rue Bellot (XIX e ) et au 9, rue d'Aubervilliers (XVIII e ).

Marie Ottavi
Le Parisien , vendredi 28 juin 2002