BIENTÔT UN AN que le collectif anti-crack enchaîne
les actions chocs pour interpeller les Parisiens sur la situation
de leur quartier. Ils habitent autour de la place Stalingrad,
entre les X e , XVIII e et XIX e arrondissements, et tentent de
combattre le trafic de crack (mélange de cocaïne et
d'autres substances toxiques). Après les manifestations
hebdomadaires de l'automne, les tournées nocturnes des
pères dans les rues cet hiver, les rassemblements aux pieds
des repaires des trafiquants le mois dernier, le collectif propose
la création d'un Samu toxicomanie.
600 places en postcure Mardi, lors d'une dernière
tournée dans les rues du quartier, François Nicolas
et sept autres pères de famille ont souhaité interpeller
les pouvoirs publics sur la situation des toxicomanes de Stalingrad,
généralement plus présents et esseulés
durant l'été. « Nous nous sommes inspirés
du Samu social. Si notre objectif premier est de voir les dealers
de crack arrêtés, nous cherchons aussi des solutions
en direction des toxicomanes. Ce Samu serait adapté et
pourrait offrir des soins ordinaires aux toxicomanes. Ce système
permettrait, également, de proposer un éloignement
du lieu de deal et de consommation. Quelques nuitées pour
commencer. Il faut encourager les toxicomanes à s'engager
dans un processus de sortie. La police doit traiter la question
des dealers mais n'est pas adaptée à celle des consommateurs
», explique François Nicolas. Autre demande du collectif
: l'augmentation du nombre de places en postcure. « Aujourd'hui,
les toxicomanes bénéficient de 600 places en cure
sur tout le territoire français. Mais ce chiffre régresse,
alors qu'il en faudrait 2 000 si on voulait vraiment faire baisser
la toxicomanie », précise-t-il. La particularité
de ce collectif, c'est sa localité, un quartier parisien
et la provenance de ses membres, d'origines culturelles et sociales
différentes et non spécialistes des questions de
drogue, au départ. Les membres du collectif ont précisé,
mardi, qu'ils ne souhaitaient pas poursuivre éternellement
leurs interventions. Ils cesseront leurs actions à la rentrée,
si les repaires des rues d'Aubervilliers et de la rue Bellot sont
fermés, et que les familles, qui y vivent, soient relogées.
Seulement à cette condition.
Marie Ottavi
Le Parisien , jeudi 27 juin 2002