Le Parisien (27 juin 2002)



Les Parisiens veulent un samu anti-drogue


François Nicolas (ici à droite), du collectif anti-crack, souhaite la création d'un Samu toxicomanie, à l'image du Samu social existant.   (LP/DR.)

BIENTÔT UN AN que le collectif anti-crack enchaîne les actions chocs pour interpeller les Parisiens sur la situation de leur quartier. Ils habitent autour de la place Stalingrad, entre les X e , XVIII e et XIX e arrondissements, et tentent de combattre le trafic de crack (mélange de cocaïne et d'autres substances toxiques). Après les manifestations hebdomadaires de l'automne, les tournées nocturnes des pères dans les rues cet hiver, les rassemblements aux pieds des repaires des trafiquants le mois dernier, le collectif propose la création d'un Samu toxicomanie.
600 places en postcure Mardi, lors d'une dernière tournée dans les rues du quartier, François Nicolas et sept autres pères de famille ont souhaité interpeller les pouvoirs publics sur la situation des toxicomanes de Stalingrad, généralement plus présents et esseulés durant l'été. « Nous nous sommes inspirés du Samu social. Si notre objectif premier est de voir les dealers de crack arrêtés, nous cherchons aussi des solutions en direction des toxicomanes. Ce Samu serait adapté et pourrait offrir des soins ordinaires aux toxicomanes. Ce système permettrait, également, de proposer un éloignement du lieu de deal et de consommation. Quelques nuitées pour commencer. Il faut encourager les toxicomanes à s'engager dans un processus de sortie. La police doit traiter la question des dealers mais n'est pas adaptée à celle des consommateurs », explique François Nicolas. Autre demande du collectif : l'augmentation du nombre de places en postcure. « Aujourd'hui, les toxicomanes bénéficient de 600 places en cure sur tout le territoire français. Mais ce chiffre régresse, alors qu'il en faudrait 2 000 si on voulait vraiment faire baisser la toxicomanie », précise-t-il. La particularité de ce collectif, c'est sa localité, un quartier parisien et la provenance de ses membres, d'origines culturelles et sociales différentes et non spécialistes des questions de drogue, au départ. Les membres du collectif ont précisé, mardi, qu'ils ne souhaitaient pas poursuivre éternellement leurs interventions. Ils cesseront leurs actions à la rentrée, si les repaires des rues d'Aubervilliers et de la rue Bellot sont fermés, et que les familles, qui y vivent, soient relogées. Seulement à cette condition.

Marie Ottavi
Le Parisien , jeudi 27 juin 2002