La place des Fêtes continue à occuper le devant
de la scène. Le malaise grandit autour de l'immense esplanade,
où il ne fait pas si bon vivre. L'initiative éclair,
en milieu de semaine dernière, d'une mère à
bout, a cristallisé les inquiétudes des habitants
du quartier. Hier soir, à l'appel du communiste Joël
Houzet, adjoint au maire du XIX e chargé de la culture,
une trentaine de personnes rassemblées devant le magasin
Monoprix ont pu entamer des discussions entre elles, ou avec les
passants. « Je crois beaucoup à la réaction
collective, expliquait-il hier soir. Tout est à construire
: nous devons dialoguer, pour vivre ensemble. D'autant que la
place des Fêtes peut être un lieu de convivialité.
» Habitant depuis des années l'une des tours de la
place, Joël Houzet refuse la fatalité de la violence.
En dehors du travail mené par le conseil de quartier, qu'il
préside, ou lors des discussions sur le contrat local de
sécurité, il se dit prêt à organiser
des réunions de ce type chaque fois que de nouvelles incivilités
ou des actes graves se produiront. Et si Joël Houzet n'est
pas disert sur les attentes concrètes de ce mouvement,
le tract distribué dimanche pour inviter au dialogue apporte,
lui, des précisions. « Le gouvernement doit sans
attendre, dit le document, donner davantage de moyens aux missions
locales afin d'orienter efficacement les jeunes vers des formations
et des emplois. » D'autre part, il doit aussi « développer
une politique de soutien aux associations engagées dans
la lutte contre les violences et pour mieux vivre ensemble ».
Mais Joël Houzet tient à faire la part entre «
les actes anormaux et répréhensibles et la réponse
à accorder à des appels de détresse ».
Habitué à plus de virulence, le Collectif anti-crack s'intéresse de très près au problème de la place des Fêtes. Composé de riverains de la place de Stalingrad, venant surtout du X e arrondissement, le collectif a temporairement mis en sommeil ses manifestations hebdomadaires contre la drogue et la délinquance. Il a néanmoins créé un groupe de vigilance. A la même heure, hier soir, dans un café du Faubourg-Saint-Martin, il invitait à un échange avec la maman en question. « Le but de cette réunion, expliquait François Nicolas, est de s'interroger sur ce que peuvent faire les habitants de la place. Et de voir comment coordonner nos initiatives. » Avec, derrière, l'idée d'une « coordination parisienne des quartiers contre la drogue et la violence » que défend le collectif.
J.Cl.
Le Parisien , mercredi 20 février 2002