Le Parisien (20 février 2002)

  XIX e Le Collectif anti-crack suit l'affaire de près
Le malaise de la place des Fêtes


La place des Fêtes continue à occuper le devant de la scène. Le malaise grandit autour de l'immense esplanade, où il ne fait pas si bon vivre. L'initiative éclair, en milieu de semaine dernière, d'une mère à bout, a cristallisé les inquiétudes des habitants du quartier. Hier soir, à l'appel du communiste Joël Houzet, adjoint au maire du XIX e chargé de la culture, une trentaine de personnes rassemblées devant le magasin Monoprix ont pu entamer des discussions entre elles, ou avec les passants. « Je crois beaucoup à la réaction collective, expliquait-il hier soir. Tout est à construire : nous devons dialoguer, pour vivre ensemble. D'autant que la place des Fêtes peut être un lieu de convivialité. » Habitant depuis des années l'une des tours de la place, Joël Houzet refuse la fatalité de la violence. En dehors du travail mené par le conseil de quartier, qu'il préside, ou lors des discussions sur le contrat local de sécurité, il se dit prêt à organiser des réunions de ce type chaque fois que de nouvelles incivilités ou des actes graves se produiront. Et si Joël Houzet n'est pas disert sur les attentes concrètes de ce mouvement, le tract distribué dimanche pour inviter au dialogue apporte, lui, des précisions. « Le gouvernement doit sans attendre, dit le document, donner davantage de moyens aux missions locales afin d'orienter efficacement les jeunes vers des formations et des emplois. » D'autre part, il doit aussi « développer une politique de soutien aux associations engagées dans la lutte contre les violences et pour mieux vivre ensemble ». Mais Joël Houzet tient à faire la part entre « les actes anormaux et répréhensibles et la réponse à accorder à des appels de détresse ».

Habitué à plus de virulence, le Collectif anti-crack s'intéresse de très près au problème de la place des Fêtes. Composé de riverains de la place de Stalingrad, venant surtout du X e arrondissement, le collectif a temporairement mis en sommeil ses manifestations hebdomadaires contre la drogue et la délinquance. Il a néanmoins créé un groupe de vigilance. A la même heure, hier soir, dans un café du Faubourg-Saint-Martin, il invitait à un échange avec la maman en question. « Le but de cette réunion, expliquait François Nicolas, est de s'interroger sur ce que peuvent faire les habitants de la place. Et de voir comment coordonner nos initiatives. » Avec, derrière, l'idée d'une « coordination parisienne des quartiers contre la drogue et la violence » que défend le collectif.

J.Cl.
Le Parisien , mercredi 20 février 2002