Le Parisien (11 mars 2002)

 

 

Tournées de rues contre la drogue à Stalingrad

LE COLLECTIF anti-crack de Stalingrad refait parler de lui. Cette fois en s'inspirant d'une idée venue du nord, du Havre et d'Amsterdam. Il a décidé d'organiser une tournée hebdomadaire dans les rues adjacentes. Chaque mardi soir, à partir de 20 h 30, des pères de famille marcheront à la rencontre des gens du quartier.

L'objectif poursuivi est triple : se réapproprier la rue, entamer un dialogue avec les jeunes du quartier, qui se regroupent le soir au pied des immeubles, et, finalement, tenter de nouer un dialogue avec les toxicomanes. A tous ceux qu'ils croiseront un tract sera distribué, rédigé tant en français qu'en arabe et en chinois. La mosquée de la rue de Tanger et le centre culturel chinois de la rue Belleau (XIX e ) ont réalisé les traductions. « Nous n'allons pas nous bagarrer, explique François Nicolas, à l'origine du collectif. Etre présent dans la nuit suffit déjà à s'approprier les lieux. Nous irons à la rencontre de tous. Mais parle qui veut et nous ne forcerons pas le dialogue », assure-t-il.

Voulant sans doute étouffer dans l'oeuf les critiques, François Nicolas précise bien que, parmi les huit papas qui forment le noyau dur de ces expéditions, « quatre sont d'origine française, trois, arabe et un d'origine africaine ».

Le collectif anti-crack espère bien que ce travail de prévention évitera de reprendre ses manifestations. Les tournées dureront jusqu'à l'été parce que « la situation se dégrade avec les beaux jours. On l'a bien vu l'année dernière ». C'est en effet au lendemain de l'été dernier, alors que le trafic et la consommation de crack avaient repris de plus belle, que ce collectif s'était créé. Pendant plus d'un mois, habitants et commerçants avaient manifesté chaque semaine aux abords de la place Stalingrad pour faire entendre leur colère face à la montée du trafic de drogue et aux agressions qui y sont liées.

Depuis, la présence policière a été renforcée dans le secteur et la Ville a engagé un programme d'aménagement urbain.


J.Cl.
Le Parisien , lundi 11 mars 2002