Le Parisien (1° juin 2002)


  Stalingrad
Les pères de famille investissent les repaires des trafiquants

PLACE DE STALINGRAD (XIX e ), 25 SEPTEMBRE 2001.
Manifestation contre les trafiquants de crack. Devant le succès limité de ce genre d'initiatives, le collectif des pères de famille a décidé de modifier sa stratégie.  
(LP/ARCHIVES/ALAIN AUBOIROUX.)

LES PÈRES de famille de Stalingrad passent à l'offensive. Organisateurs d'une douzaine de tournées nocturnes des rues du quartier (X e , XVIIIe et XIX e ) contre le trafic de crack, ce groupe d'une dizaine de participants a décidé de modifier son mode d'action. Les pères n'iront plus à la rencontre de leurs voisins et des toxicomanes mais les appelleront à se joindre à eux lors de quatre rassemblements. Le premier aura lieu mardi à 19 h 30 au 13, rue d'Aubervilliers (XVIII e ), l'un des principaux repaires du crack. Un immeuble insalubre où vivent des familles africaines dans des conditions de vétusté critiques et qui sert de cache aux revendeurs de drogue. C'est pour soutenir ces familles et tenter de disperser le trafic que les pères ont choisi cette adresse. « Le fonctionnement des tournées était devenu répétitif. Notre action envers les toxicomanes n'a pas vraiment été couronnée de succès. Nous avons ouvert le dialogue, certes, mais nous ne pouvions pas faire beaucoup plus, et eux-mêmes n'étaient pas toujours clairs dans leurs propos. Mais nous ne regrettons pas cette action. Nous avons pu travailler avec les jeunes du quartier et rencontrer les familles, dont celles de la rue d'Aubervilliers, qui ont besoin d'aide », explique François Nicolas, l'un des fondateurs du mouvement. Les pères espèrent donc accélérer la fermeture des repaires des marchands de drogue avant l'été et voir reloger les familles qui y habitent. Un an après une série de manifestations massives sur les lieux du trafic appelant au retour de la police, les rassemblements ont pour objectif de briser le repli des trafiquants sur des lieux privés. François Nicolas et ses camarades souhaitent se réapproprier Stalingrad et « chasser les dealers ». Un but difficile à atteindre, risqué selon leurs détracteurs, tant les trafiquants s'adaptent et se fixent sur de nouveaux sites régulièrement. Les deux autres « crackhouses » repérés par le collectif se situent au 9, rue d'Aubervilliers (XVIII e ), et au 13, rue Bellot (XIX e ). Trois autres rassemblements sont déjà prévus chaque mardi jusqu'au 25 juin à ces adresses.

Rassemblement contre les repaires du crack, à 19 h 30, mardi 4 juin, au 13, rue d'Aubervilliers (XVIII e ).

Marie Ottavi
Le Parisien , samedi 01 juin 2002