Le premier rendez-vous des habitants de Stalingrad


PLACE DE LA BATAILLE-DE-STALINGRAD (XIX e ), HIER.

Environ deux cents riverains ont manifesté contre l'insécurité et le trafic de drogue qui sévissent dans leur quartier. Avant de se disperser, ils se sont donné rendez-vous mardi prochain pour un nouveau rassemblement.

ENVIRON 200 HABITANTS et commerçants des X e et XIX e arrondissements ont manifesté contre le crack, hier soir, place Stalingrad. « Non aux dealers », « stop aux agressions » pouvait-on lire sur les banderoles. Dominique habite rue de l'Aqueduc depuis quatre ans et va prochainement quitter le X e arrondissement. « J'en ai marre des tox et de la violence. J'ai deux enfants en bas âge. Même en pleine après-midi, quand je vais au square avec eux, je vois des mecs se défoncer au crack et à l'héro. Les flics viennent, mais toujours dix minutes trop tard », dit-il, consterné. « Vous avez de la chance, chez nous, à Marx-Dormoy, ils ne viennent jamais pour les toxicomanes », lui répond Serge, venu du XVIII e en soutien à la manifestation. Pour crier leur colère contre les trafiquants de drogue, les manifestants se sont postés quelques minutes face à la rue d'Aubervilliers (XIX e ) lieu de résidence de nombreux « crackers ». Les dealers sont restés éloignés, peu curieux de voir leurs opposants. A quelques mètres de là, un homme d'une trentaine d'années observe la scène. Il vient de la banlieue ouest pour « choper » ses doses de crack ici. « Je comprends que les habitants râlent. Mais ils ont du boulot en perspective s'ils veulent faire partir les dealers. Moi, je suis accro au crack. Ce matin, j'avais 2 400 F (365,88 euros) en poche, il m'en reste 400 (60,98 euros) ce soir », dit-il avant de rejoindre ses compagnons. Une nouvelle manifestation des riverains est prévue mardi prochain, à 17 heures, place Stalingrad.


Marie Ottavi
Le Parisien , mercredi 19 septembre 2001