Le Parisien, vendredi 9 novembre 2001

Bilan positif après les manifs anticrack
X e -XIX e

PLACE STALINGRAD, SEPTEMBRE 2001. Commerçants et riverains étaient descendus dans la rue pour protester contre les agressions et la montée du trafic de drogue dans le quartier.

 

APRÈS avoir manifesté chaque semaine pendant un mois contre le trafic de crack dans leur quartier, les habitants des X e et XIX e arrondissements font le bilan de leur action. Ereintés par les agressions et la montée du trafic de drogue depuis cet été autour de la place Stalingrad, commerçants et riverains avaient décidé de descendre dans la rue pour faire entendre leur « colère ». A la suite de leur mouvement, les membres de ce collectif ont été reçus par Tony Dreyfus, maire du X e , et par Roger Madec, maire du XIX e . Ils sont aussi allés à la rencontre d'autres associations et des commissaires de police du secteur.

Renforcement de la présence policière

Les habitants de Stalingrad ont souhaité montrer aux municipalités concernées que leur action était plus qu'un simple ras-le-bol. « Le bilan est franchement positif. Notre cause a été reconnue valable et pertinente. Aujourd'hui, les dealers ne s'enracinent plus. Ils ne sont plus en terrain conquis. Ils sont sur la défensive et nous n'avons plus à subir l'arrogance de certains. La directrice de la bibliothèque de la rue du Département, où une quinzaine de dealers faisaient leur trafic quotidiennement, nous a même remerciés car la situation s'est éclaircie », explique François Nicolas, membre du collectif. Dans le X e arrondissement, Tony Dreyfus a annoncé un renforcement de la présence policière autour de Stalingrad. « Nous avons montré aux habitants que nous n'étions pas indifférents à leur problème. L'action des citoyens, tant qu'il n'y a pas de dérive, est indispensable. La police concentre actuellement son travail sur ce quartier. Notre politique est également tournée vers la prévention et les centres d'accueil pour resocialiser les toxicomanes, comme cela est fait rue Beaurepaire. Nous avons également engagé un programme d'aménagement urbain », déclare Rémy Féraud, premier adjoint de Tony Dreyfus. La mairie du X e annonce une construction de logements sociaux sur une friche de la rue Chaudron, le relogement des familles qui habitent au 45 rue Louis-Blanc et la reconstruction d'un immeuble de logements sociaux à cette adresse. La couverture des voies de la gare de l'Est au niveau de la rue Louis-Blanc et de la rue Philippe-de-Girard et la construction d'espaces verts sont programmées. La mairie compte créer une crèche supplémentaire dans le quartier, et une halte-garderie devrait ouvrir en 2002 rue de l'Aqueduc. Plus touché par le trafic, le XIX e a obtenu qu'un car de CRS patrouille dans les rues « difficiles ». « Mais nous ne résoudrons pas tout avec la police, même si la répression est un premier stade naturel. Nous travaillons actuellement avec Bertrand Delanoë sur une politique plus globale de lutte contre la drogue », annonce Roger Madec, maire du XIX e . Côté aménagement, la rénovation du secteur Goix-Aubervilliers démarrera au premier trimestre 2002. Une école devrait ouvrir en septembre 2002 au 28-30 rue d'Aubervilliers. Plusieurs membres du collectif ont décidé de créer un « groupe de vigilance » chargé de repérer les lieux publics où se fixe le trafic et d'en informer les pouvoirs publics. Si aucune mesure n'était prise à la suite de ses informations, le collectif se dit prêt à redescendre dans la rue.


Marie Ottavi
Le Parisien , vendredi 09 novembre 2001