MALGRÉ une pluie battante, les habitants du quartier de Château-Rouge (XVIII e ) sont descendus dans la rue samedi pour crier leur colère. A l'appel de l'association Droit au calme (DAC), environ 150 personnes se sont retrouvées rue des Poissonniers pour appeler la population à lutter contre « l'anarchie qui envahit le quartier ». « Nous dénonçons les marchandages illicites en tout genre qui pourrissent la vie des riverains, quitte à stigmatiser le quartier. A Château-Rouge, des commerces de gros sont installés en toute impunité alors qu'ils devraient être à Rungis. Les aliments qu'ils vendent sont dangereux. Nous avons fait analyser des viandes et du poisson sous contrôle d'un huissier. Ils étaient tous impropres à la consommation. En plus, ce commerce engendre des flux de population disproportionnés par rapport à la taille du quartier. Au quotidien, c'est très dur à supporter », explique l'une des membres de Droit au calme. Outre l'existence du marché de gros non réglementé, les riverains se plaignent du trafic de crack et de la violence qui en résulte. Sur le parcours de la manifestation, il suffit de se pencher pour constater l'étendue des dégâts : seringues et boîtes de médicaments de substitution jetés dans les recoins. « Il existe également des marchés aux voleurs : l'un pour les hommes rue de Panama, l'autre pour les femmes rue Poulet. Tout se déroule devant la police, mais elle ne fait rien. Nous avons droit à des discours de la part des politiques, mais les actes ne suivent pas », témoigne Bernadette. Après quelques minutes de marche, les manifestants ont fait une pause devant la rue Ernestine, où le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, possède un logement. Ils ont entonné un chant à son attention sur l'air de « Meunier, tu dors » : « Vaillant tu dors, les trafics, les trafics vont trop vite... » La manifestation s'est terminée devant les grilles de la mairie du XVIII e . Droit au calme a invité les riverains à un nouveau regroupement le samedi 10 novembre à 14 heures, au 49, rue des Poissonniers.

Marie Ottavi
Le Parisien , lundi 22 octobre 2001