LA MILDT ET LES MINISTÈRES DOIVENT FAIRE LEUR TRAVAIL CONTRE LA DROGUE !

(Questions à la MILDT et à Coordination Toxicomanies 18ème - Table ronde du 8-12-2001, Mairie du 18ème)

" Je ne remettrai à personne du poison si on m'en demande." Serment d'Hippocrate

 

Nous intervenons aujourd'hui à la fois à l'intérieur de la Mairie (Table ronde) et en dehors (manifestation) pour refuser que le combat sur la drogue continue d'être subordonné au combat sur le sida - ce qui revient en fait à l'abandonner - et exiger que se mène enfin une véritable lutte sur deux fronts : à la fois contre le sida et contre la drogue. Nous sommes partisans du combat contre le sida mais nous refusons que cette (bonne) raison prétende justifier un abandon du combat contre la drogue.

La MILDT est missionnée contre la drogue (voir son nom : Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie), la Table ronde est convoquée sur les questions de toxicomanie. Si c'est donc bien du combat contre la drogue (et non pas contre le sida) dont il est question aujourd'hui, il faut rediscuter de la « politique de réduction des risques », six ans après sa mise en place, en évaluant ses résultats cette fois en matière de drogue et non plus seulement en matière de sida.

De ce point de vue, les résultats de cette politique semblent affligeants : les anciens héroïnomanes sont devenus dépendants aux produits de substitution, sans espoir d'en sortir puisqu'en bout de course aucun sevrage aux drogues médicales n'est prévu. Et les nouveaux venus n'auront alors qu'à suivre les anciens dans cette impasse ! Quant aux crackés, on ne leur propose rien d'autre que de ne pas attraper le sida ! De façon générale, les drogués sont ainsi laissés enfermés dans leur dépendance : la logique du sevrage est récusée par la « politique de réduction des risques » qui a capitulé sur l'idée d'aider les drogués à se soigner de la toxicomanie, ne soignant plus que les maladies opportunistes. Si on continue sur cette lancée, chaque année de nouveaux contingents de toxicomanes continueront d'entrer dans cet enfer ; et si l'on ne se soucie pas d'en faire sortir ceux qui y sont déjà piégés, que va devenir ce pays et sa jeunesse, avec cette marée montante de drogués, aliénés dans leur dépendance ?

Plus encore, prolonger cette « politique de réduction des risques » entraîne aujourd'hui une véritable fuite en avant par la proposition extravagante de centres publics de shoot : ainsi, après avoir abandonné la position « contre » la drogue pour un simple « faire avec » elle, il s'agirait désormais d'en venir à un irresponsable « pour » la drogue via l'organisation publique de l'empoisonnement. Voici en effet ce que propose Coordination Toxicomanie 18ème, organisatrice de cette journée (Rapport d'activité. Dispositif expérimental d'octobre 1999 à mars 2001, page 35) : « Les habitants confrontés au problème de l'usage se posent la question de la pertinence de lieux de consommation pour les usagers. Ceci non pour des raisons idéologiques mais tout simplement pratiques : ils préfèrent que les usagers consomment dans des lieux appropriés et prévus à cet effet avec un encadrement adéquat plutôt que de manière sauvage dans les cages d'escaliers ou dans l'espace public. » De tels habitants, en tous les cas, nous ne sommes pas (voir nos 15 orientations ci-jointes) !
Mais poursuivons notre lecture : « Face à cette suggestion récurrente des habitants confrontés aux problèmes d'usages dans leurs immeubles, les pouvoirs publics doivent, à notre sens, réfléchir sérieusement à l'implantation de ce type de structures dans l'espace urbain à l'échelle parisienne et mettre en place un espace de concertation afin de recevoir l'assentiment des populations dans la recherche de solutions négociées et non imposées. »
Cette Table ronde, Mr Leyrit, à laquelle vous nous invitez, tente-t-elle de légitimer « votre sens », vise-t-elle à nous « concerter » sur votre projet « à échelle parisienne » de centres de shoot, pour autoriser ensuite les pouvoirs publics à se réclamer de l'« assentiment » des habitants ? Comment comptez-vous « négocier » cela avec les habitants qui le refusent catégoriquement, tels ceux qui manifestent aujourd'hui ?

Il n'est que temps de demander des comptes à la MILDT comme aux différents acteurs de cette « politique de réduction des risques » en exigeant d'eux qu'ils présentent leurs résultats contre la drogue. Avant d'envisager de répéter ailleurs ce qui se fait dans le 18ème, encore faudrait-il savoir si ce qui a déjà été fait dans cet arrondissement a bien fait reculer la drogue ! Qu'est-ce qui a donc été obtenu contre la drogue dans le 18ème ? Nous aimerions, Mme Maestracci, vous l'entendre préciser.

Lisons déjà les bilans précédents et le Plan triennal de lutte contre la drogue et de prévention des dépendances (1999-2000-2001) rédigé par la MILDT (Documentation française, 1999) : « Cette politique de réduction des risques a porté ses fruits puisqu'elle a réduit le nombre de nouveaux cas de sida chez les usagers de drogue. » (page 191). Fort bien, mais quels « fruits » cette fois contre la drogue ? Pourquoi ne pas les présenter aujourd'hui, en particulier concernant ce 18ème qui expérimente depuis plusieurs années la dite « politique de réduction des risques » ? Nous faut-il donc renchérir sur ce récent constat du Sénat (Rapport d'information de la commission des Finances en date du 16 octobre 2001, page 63) concluant ainsi l'examen du travail de la MILDT : « Il existe un décalage trop important entre les faits et les discours, entre ce qui est fait des quelque 300 millions de francs consacrés à la lutte contre la toxicomanie et la courbe des victimes du fléau de la drogue » ?
Continuons de lire le rapport de la MILDT (page 59) : « Le développement de structures bas seuil crée naturellement dans certains lieux une concentration de toxicomanes actifs. L'efficacité de démarche de réduction des risques impose que les impératifs de la répression ne viennent pas contrecarrer les objectifs de santé publique poursuivis par la politique de réduction des risques. ». En clair [il faut toujours traduire la langue de bois inventée, pour les besoins de leur cause, par les tenants de la « politique de réduction des risques »] : les centres fixant les toxicomanes [merci pour les riverains !], la police est priée de bien vouloir ne plus faire son travail aux alentours. Ainsi, quand les habitants exigent que la police fasse son travail ordinaire contre la drogue, ils rencontrent en travers de leur route la MILDT qui demande expressément le contraire puisque pour la MILDT une « structure bas seuil », cela veut dire un pâté de maisons devenant hors-la-police. Comment alors s'étonner que des îlots entiers du 18ème soient devenus zones de non-droit ?
Est-ce bien cela, Mme Maestracci, que vous proposez aujourd'hui de généraliser à tout Paris ? Est-ce bien ainsi que vous comprenez votre mission publique contre la drogue et la toxicomanie ?

Dans le quartier Stalingrad,
· Nous disions en septembre : « La police doit faire son travail ! »
· Nous y avons ajouté en octobre : « Les municipalités doivent aussi faire leur travail ! »
· Il est temps de compléter : « Contre la drogue, la MILDT et les ministères doivent également faire leur travail ! »

Des habitants du quartier Stalingrad (Paris 10ème-18ème-19ème)