Crackhouse
/ Quatre ans d’enquête au bout de la
nuit
Livre de Terry
Williams (1992 – Éd. Dagorno, 1994)
L’auteur
est professeur d’ethnologie. Il a réalisé une enquête
à la fin des années quatre-vingt sur les occupants d’une crackhouse [une maison du
crack] à New York.
[Morceaux choisis
– juin 2002]
• C’est
dans le courant des années quatre-vingt que l’utilisation du crack
a explosé sur la scène new-yorkaise.
• Le
citoyen ordinaire et le crackhead [le cracker, ou plutôt le cracké] vivent
généralement dans deux mondes séparés,
coupés l’un de l’autre.
• Ce
monde obsessionnel vit selon un rythme cyclique.
• La
majorité des crackheads vivent la nuit. Les gens qui fument
le crack n’aiment pas la journée.
• Les
gens qui fument se couchent et se lèvent à n’importe quelle
heure ; ils ont un rythme complètement différent de ceux qui
bossent aux heures de bureau.
• Il
a commencé à prendre la cocaïne, préférant
faire la fête que de se plier à la dure discipline des sports de
compétition.
• « Le
crack, c’est un truc de cinglé. »
(un drogué)
• Le
« ghostbusting » [la chasse aux
fantômes] consiste à chercher des particules blanches sur le solo
ou n’importe où ailleurs.
• Les
crackheads inhalent dans un effort constant pour perdre leur
identité et parvenir à la fusion avec la cocaïne-crack.
• « Les
accros au crack ont perdu le sens de la réalité. Ils sont comme
des zombies. Ils sont capables de rester dehors sous des trombes d’eau.
Il peut faire froid, il peut neiger, ils restent là à marcher
sans but. Ils ne sentent plus rien. Ils sont là, c’est tout. On
pourrait passer à côté d’eux et les pousser, ils ne
s’en apercevraient même pas. Ils attendent. Jusqu’au jour
où ils sont tellement désespérés qu’ils peuvent
dépouiller les gens qu’ils connaissent. Ils vont t’arnaquer.
Ils en arrivent à un point
où ils arnaquent même leur famille, leurs amis, n’importe
qui. À ce stade, ça ne les touche plus. »
• « Plus tu
fumes, plus tu en veux. »
• « Pourquoi je
fume ? Pourquoi est-ce que je fais ça ? Je ne sais pas. »
• « Tu sais, avec
la pipe [de crack], tu mentirais
même à ta mère pour obtenir ce que tu veux. »
• « Après
chaque flash, ils disent tous qu’ils vont arrêter. C’est des
conneries. »
• « Dès
que tu fumes la drogue, ça y est, t’es un drogué. »
• « J’ai
entendu des gens qui disaient : “Je tire juste une fois sur ce truc
et basta.” À d’autres. Moi, j’en connais un rayon sur
cette came. Arrêtez ces conneries. Si tu en prends une fois, tu mets le
pied dans l’engrenage. Tu es bon pour perdre ton fric, ta maison et le
reste. »
• « Quand les
crackheads disent qu’ils ne sont pas dépendants physiquement comme
les accros à l’héro, c’est vraiment des conneries,
parce que, cette drogue, t’en as toujours envie. Tu en veux quand tu
dors. Tu en rêves. Le nuage, le blizzard, tu l’as dans la
tête dès que tu te réveilles le matin. C’est vrai, on
n’a pas de convulsions violentes et tout ça, mais, et alors ?
pas besoin d’avoir toutes les emmerdes des autres drogues pour être
accro. »
• « Le crack sert
uniquement à faire du blé. C’est la drogue des profiteurs,
la coke des pauvres, la dope de la communauté. »
• Les adolescents des quartiers
pauvres savent que, pour gagner énormément d’argent, le
commerce de la cocaïne est le moyen le plus facile.
• Les occupants de la maison
agissent comme s’ils se retrouvaient piégés au fond
d’un puits.
• Certaines personnes ont rompu
avec la crackhouse et le monde
qu’elle représente ; dans tous les cas, elles ont pu le faire
parce que leurs familles continuaient de leur apporter un soutien affectif ou
d’un autre ordre.
• Le problème,
c’est que tout le monde agit comme si cette drogue était
légale.
• La police qui a une parfaite connaissance des activités
commerciales du quartier n’entreprend d’ordinaire rien, tant que
la pression des habitants ne l’y force pas.
• La décision de se
débarrasser des dealers de rue est venue des résidents des
quartiers pauvres eux-mêmes.
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Collectif anti-crack
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