Quatre vÏux pour la nouvelle anne 2004
Nous venons, le premier mardi du mois, discuter avec vous, le soir dans la rue, de notre projet de Samu-toxicomanie. Vous le savez : nous sommes un groupe dĠhabitants du quartier Stalingrad ; nous nĠavons aucun pouvoir, ni municipal, ni gouvernemental et nous sommes indpendants de tout parti ou institution. Notre seul atout, ce sont nos ides, notre dtermination, nos pratiques. Comme notre histoire en atteste, cela nĠest pas rien.
Nous avons recueilli les propos de
26 dĠentre vous, gs en moyenne de 34 ans et ayant commenc les drogues dures
en moyenne 20 ans, ces donnes confirmant ce que lĠon peut savoir, par
ailleurs, de la moyenne des hronomanes en France.
Quelles perspectives se dessinent au travers de ces
entretiens ? Sur cette base, que pouvons-nous vous souhaiter pour cette
nouvelle anne ?
Nous voulions discuter avec vous : comment vouloir
autre chose que la drogue ?
Nos changes ont dgag quĠil tait possible pour un toxicomane de vouloir immdiatement les quatre points suivants :
1) Vouloir faire attention son allure, rester propre et correctement habill.
Vouloir faire attention son apparence, la manire dont on se prsente. Vouloir soutenir une image de soi non dgrade. Vouloir ne pas devenir clochard.
2) Vouloir tenir sa position de pre pendant les moments o lĠon doit sĠoccuper de son enfant.
Vouloir assumer ses charges de parent pendant les heures o lĠon est avec son enfant. Vouloir tenir son enfant lĠcart de la galre du toxicomane. Vouloir lui donner la possibilit dĠavoir, pendant quelques heures, un parent Ç normal È.
3) Vouloir pratiquer lĠabstinence pendant de brves priodes prdfinies : une heure, une soire, une journe.
Vouloir sĠaccoutumer ainsi lĠide que lĠabstinence nĠest pas un horizon inatteignable, mais peut aussi se conqurir pied pied — les Narcotiques Anonymes difient ainsi pas pas leur mancipation : une heure aprs lĠautre, une journe suivant lĠautre —.
4) Vouloir parler avec des gens.
Vouloir ne pas sĠenfermer dans le Ç monde de la
drogue È et garder contact avec des gens situs en-dehors de ce cercle,
changer, parler et discuter avec eux.
Ces quatre vouloirs sont praticables dĠores et dj par tout toxicomane : chacun de vous peut vouloir faire bonne figure, tenir sa position de parent, dcider une abstinence intermittente, parler avec des gens sans avoir eu besoin, au pralable, de dcrocher dfinitivement de la came.
SĠexercer vouloir ainsi autre chose que la drogue,
auto-apprendre un nouveau type de volont pour commencer de sĠmanciper, voil
ce que nous vous souhaitons pour cette nouvelle anne.
De notre ct, nous allons, pendant cette anne, approfondir notre proposition de Samu-toxicomanie. Il est apparu clairement dans nos rencontres que cette ide correspondait un rel besoin, et quĠelle permettrait de multiplier les occasions pour le toxicomane de dcrocher. Il nous faut maintenant mieux prciser ce qui doit suivre un tel Samu-toxicomanie si lĠon veut que le toxicomane, ayant dcid dĠarrter, puisse ensuite russir : dĠo par exemple la ncessit de multiplier en France les places de post-cures, et de redonner confiance aux centres qui voudraient vraiment soigner la toxicomanie sans se contenter de distribuer mthadone et SubutexÉ
Nous irons cette anne porter ces propositions devant les
responsables institutionnels aptes les mettre en Ïuvre : Prsident de la
Rpublique, Premier Ministre et autres ministres responsables, Maire de Paris,
Directeur de la MILDT, et nous vous tiendrons au courant des rsultats de ces
dmarches.
––––––
Groupe dĠenqute auprs des toxicomanes du Nord de
Paris (ex-Collectif anti-crack de
Stalingrad)
84, rue de lĠAqueduc – 75010.Paris Tl. :
06 76 58 18 27
Stalingrad [at] noos.fr www.entretemps.asso.fr/Stalingrad