Qui sommes-nous ? Que
voulons-nous ?
Nous sommes un groupe
dÕhabitants du quartier Stalingrad (10”-18”-19”) qui venons discuter avec vous
de la manire de sortir de la drogue et particulirement du crack.
Nous sommes des gens soucieux la fois de lÕendroit o nous vivons et de lÕavenir gnral de ce pays, la France.
Notre travail ici dans la rue le soir est gratuit. Nous le faisons car nous sommes convaincus que la lutte contre la drogue est lÕaffaire de tous, pas seulement des pouvoirs publics.
Notre projet est de rflchir
sur la politique mener contre la drogue et surtout contre le crack.
Nous avons dirig la
mobilisation du quartier Stalingrad contre le crack de septembre 2001 juin
2002 dans le cadre du Collectif anti-crack. Notre exprience nous a
montr que les dommages du trafic de drogue ne sÕarrtaient pas aux limites de
nos rues et quÕil fallait aujourdÕhui en France mettre en place une vritable
politique contre la drogue, la politique de rduction des risques pratique en
France depuis 1995 nÕtant quÕune manire dÕabandonner le combat contre la
drogue au nom de la seule lutte contre le sida. Pour notre part, nous pensons
au contraire quÕil faut se battre la fois sur deux fronts, non un seul :
contre le sida et contre la drogue.
Il nous semble possible dÕengager aujourdÕhui en France une politique qui refuse la fois la politique amricaine dÕemprisonnement des drogus et la politique suisse de rduction des risques en matire de sida. Cette autre politique comporterait deux volets :
„ un volet qui concerne les pouvoirs publics : il constitue une politique publique que nous appelons Ē politique de soins Č : cÕest une politique publique qui la fois renforcerait la rpression du trafic et des dealers, qui prviendrait la jeunesse dÕentrer dans la drogue et qui aiderait les toxicomanes se soigner de la drogue et pas seulement se protger du sida.
„ un volet qui concerne
tout le monde : il constitue une politique collective consistant faire
face au nihilisme. Il sÕagit l de
soutenir quÕon peut vouloir quelque chose, aujourdÕhui en France, et non pas
quÕon est condamn ne rien vouloir (en se conformant lÕtat du monde et le
grant) ou vouloir le rien (lÕautodestruction).
Dans ce cadre, nous avons imagin la cration dÕun Samu-toxicomanie qui viendrait rgulirement sur le terrain proposer aux toxicomanes, en particulier aux Ē cracks Č, de prendre du recul par rapport leur situation en leur offrant quelques nuites lÕcart des lieux de trafic et de consommation. Cette Ē pause Č pourrait tre lÕoccasion pour chaque toxicomane de rexaminer sa situation personnelle et dÕenvisager si le moment nÕest pas venu pour lui de sÕorienter vers la dsintoxication.
Ce Samu-toxicomanie serait la
premire ligne dÕune politique publique de soins en direction des toxicomanes.
Il offrirait une occasion de rompre la rptition du shoot et peut-tre ainsi
lÕoccasion au toxicomane de commencer une autre route : vers lÕabstinence
mais surtout vers dÕautres manires, cette fois positives, dÕintensifier son
existence.
Nous pensons en effet quÕun toxicomane se caractrise par le fait quÕil prfre vouloir la drogue plutt que ne rien vouloir, il prfre lÕintensit de la drogue plutt que de se rsigner lÕordre du monde, cÕest--dire de se conformer son dsordre. Il prfre vivre intensment dans la came plutt que simplement survivre en ne voulant plus rien. En ce sens le toxicomane nous semble pris dans le nihilisme plutt quÕil nÕest caractrisable comme dlinquant, victime ou malade mental.
Peut-on alors vouloir autre
chose que lÕautodestruction ? Peut-on intensifier lÕexistence de chacun
par autre chose que le shoot et le flash ? Est-il en particulier possible
que lÕnergie que le toxicomane dirige contre lui se roriente pour quelque
chose ?
Nous pensons quÕon peut vouloir
quelque chose, aujourdÕhui et ici, quÕon nÕest pas condamn ne rien vouloir.
Nous partageons donc avec vous la conviction quÕil y a lieu de vouloir, quÕon
peut exister intensment et non pas seulement survivre. Nous voudrions discuter
avec vous quelles conditions il deviendrait possible pour vous de vouloir
quelque chose plutt que rien.
DÕo le questionnaire au dos que
nous viendrons discuter dans la rue, un soir par mois, le premier mardi du
mois.
Groupe dÕenqute auprs des cracks du Nord de Paris
(ex-Collectif anti-crack de Stalingrad)
84, rue de lÕAqueduc – 75010.Paris
Tl. : 06 76 58 18 27
Stalingrad [at] noos.fr
www.entretemps.asso.fr/Stalingrad