Contre le trafic de crack dans nos quartiers
Coordination 10ème, 18ème et 19ème

Notre ligne à Stalingrad - propositions d'orientation commune

1. Concentrer notre cible sur le trafic de crack
Le trafic de crack est pour nous habitants le cur du problème de la drogue. C'est ce trafic qui organise le plus de dealers, c'est lui qui rend fous les drogués. C'est contre ce trafic que nous concentrons nos actions.

2. Viser la dispersion du trafic.
Notre objectif : que ce trafic soit dispersé. Ce trafic est installé au vu et au su de tout le monde. Nous agissons pour sa dispersion, sans avoir pour autant à prendre position sur le travail complémentaire de la police (les arrêter ou non) et de la justice (les condamner ou non).

3. La police doit faire ce travail.
Pour disperser ce trafic, nous demandons que la police patrouille jour et nuit aux endroits même où ce trafic s'est installé. Ce trafic s'installe aux endroits où il peut trouver tranquillité. Il suffit de rompre cette tranquillité pour qu'il soit contraint de se disperser et d'aller voir ailleurs. Nous ne voulons pas monter des milices privées pour faire ce travail. C'est à la police de faire son travail sur ce point.

4. Notre méthode : les habitants reprennent possession de l'espace public.
Tracts, affiches, débats, discussions ; enchaîner les manifestations, le tout sur place, en particulier aux abords même du trafic. Redonner confiance aux habitants, au quartier. Allier habitants et commerçants.
Ce sont aux pouvoirs publics de venir sur place plutôt qu'à nous d'aller dans leurs locaux. Le problème aujourd'hui n'est plus d'information mais de volonté et de décision. Seule une mobilisation résolue et prolongée des habitants pourra contraindre les pouvoirs publics et la police à faire leur travail.
Le risque principal : la lassitude, notre lassitude devant l'inertie de l'État et ceux qui nous chantent les sirènes de la concertation, des commissions, des rapports, etc. C'est pour cela qu'il est essentiel de concentrer nos forces sur le travail auprès des habitants. C'est de lui que dépendra le succès pratique de notre mobilisation.

5. Disperser ce trafic aux endroits dont nous nous sommes immédiatement responsables.
Ce que deviennent drogués et dealers hors de nos quartiers ne relève pas de notre responsabilité. Nous ne nous considérons pas responsables de tous et en tout lieu, ce qui serait d'ailleurs absurde. Les drogués sont avant tout responsables d'eux-mêmes. Nous ne sommes pas leurs parents, leurs thérapeutes, leurs tuteurs. S'ils continuent ailleurs, cela relève de leur responsabilité, non de la nôtre. Nous agissons là où nous sommes et tenons notre expérience à la disposition de chacun. C'est cela la vraie responsabilité, et non les discours généraux et nuls.

6. Questions laissées volontairement de côté
· La question d'une éventuelle dépénalisation de la drogue en France peut sans doute se poser. Nous ne prenons pas position sur ce point. Notre conviction, à tout le moins : la drogue serait-elle dépénalisée en France que le crack resterait interdit en raison de sa dangerosité particulière, comme l'absinthe est interdit en France depuis plus d'un siècle lors même que l'alcool y est autorisé. Il y a donc sens à se mobiliser contre le trafic de crack sans s'encombrer de la question d'une éventuelle transformation de la législation existante.
· La question du travail social et sanitaire en direction des drogués mérite également discussion. On peut avoir sur cette question des avis très partagés Notre proposition est de nous tenir à l'écart de cette dimension. Nous agissons dans l'urgence et localement. Un éventuel assèchement du marché de la drogue par resocialisation des drogués (si tant est que ce soit envisageable) ne pourrait prendre que des années. On ne peut laisser pendant des années les enfants menacés quotidiennement par ce trafic ! Il faut agir tout de suite pour eux. Quand ils auront été agressés, ce sera trop tard.
· Nous ne prenons pas position sur les questions proprement politiques : « politique » contre la drogue, « politique » de l'État, partis « politiques », etc. Notre action est collective et publique. Elle n'est pas pour autant « politique » stricto sensu.
· Ces questions, volontairement laissées de côté, peuvent être par ailleurs abordées par qui le souhaite dans un autre cadre. Différentes orientations « politiques » nous semblent ici compatibles avec notre propre mobilisation sans que nous visions à les homogénéiser.

7. Propositions pratiques.
· Coordonner des manifestations dans chaque quartier concerné, en le faisant savoir.
Par exemple manifester tous les mardi soir simultanément dans trois lieux différents, un par arrondissement (sans doute suffira-t-il de deux lieux car Stalingrad conjoint les 10ème et 19ème). Ou organiser deux manifestations par semaine, une dans chaque lieu (par exemple mardi : Stalingrad, jeudi dans le 18ème) avec délégation représentative des autres quartiers.
· Avoir un matériel commun pour ce faire : tracts, affiches, communiqués de presse, liens entre sites internet, etc.
· Travail commun pour toucher d'autres publics de nos quartiers. Exemple : contacter les responsables des mosquées et églises. Contacter systématiquement écoles, crèches, parents d'élèves Leur proposer des réunions publiques.
· Travail commun pour aller coller des affiches aux lieux mêmes du trafic, pour y diffuser nos tracts et appeler les habitants à nous rejoindre.
· Réfléchir à la suite, si ceci n'aboutit pas rapidement (courant octobre) : permanences publiques avec panneaux (plus faciles à tenir à quelques-uns qu'une manifestation), perturbations des prochaines réunions électorales sur nos quartiers, occupations de lieux publics

Tout ceci constitue des propositions, à discuter samedi.
Il nous est toujours possible d'adopter une ligne de coordination plus « basse » que celle ici proposée, préservant plus nettement la diversité de nos histoires, par exemple en décidant plus simplement de nous tenir au courant de nos actions respectives.