CONTRE LE TRAFIC DE CRACK, TOUS AU MÉTRO LA CHAPELLE, MARDI 9 OCTOBRE !

 

CE QUE NOUS VOULONS : LA DISPERSION DES BANDES DE TRAFIQUANTS DU CRACK DANS LES RUES

 

Nous avons un objectif précis, immédiat et réaliste : la dispersion des bandes de trafiquants du crack dans les rues du quartier Stalingrad et singulièrement en son coeur : les voies publiques autour de la rue du département, de la rue de Tanger, de la rue du Maroc et de la rue d'Aubervilliers.
Depuis des mois, des concentrations de dealers, rabatteurs, hommes de main et voyous de toutes espèces se rassemblent jours et nuits dans ces rues, au vu et au su de tout le monde, y compris des municipalités, pouvoirs publics et autorités de police. Ces groupes ne se cantonnent plus dans des espaces privés (squats, terrains vagues) mais prennent possession de l'espace public : ils occupent la rue, constituent des barrages, organisent des patrouilles de surveillance, inspectent les alentours. Les commerçants vivent constamment sous leur menace. Les habitants, calfeutrés chez eux, ne peuvent circuler dans ces rues sans être inspectés du regard par ces voyous. Les enfants ne peuvent se rendre à leur bibliothèque sans devoir franchir un rideau d'individus patibulaires. Les parents ne peuvent emmener leurs enfants à l'école ou à la crèche sans rencontrer ces mêmes hommes de main. Les personnes âgées sont livrées aux drogués les assaillants pour voler leur sac.
Cette prise de pouvoir sur des rues entières du quartier par une mafia est intolérable. Il est proprement scandaleux que depuis des mois aucun responsable de l'ordre public n'ait jugé nécessaire d'y remédier sérieusement. Pourtant lorsqu'un groupe de personnes, pour une raison ou pour une autre, bloque la circulation d'un carrefour, aussitôt la police se rend sur les lieux, enquête et procède à la remise en ordre de la circulation. Bref elle intervient et ceci relève bien de son travail ordinaire. Pourquoi alors laisser ces rassemblements mafieux s'installer pendant plusieurs mois dans les rues et parader avec arrogance ? Pourquoi les municipalités concernées n'ont-elles rien fait ? Et si les pouvoirs de police ne leur appartiennent pas, pourquoi n'ont-elles pas pris l'initiative d'une campagne publique pour dénoncer ce scandale ? Ces lieux publics relèvent pourtant bien de leur responsabilité d'élus ! Quand nous disons : « la police doit faire son travail ! », nous disons : la police doit disperser ces concentrations de dealers ayant pris possession des rues dans le périmètre indiqué.
Nous savons pertinemment que le trafic de crack ne pourra être éradiqué par cette simple dispersion. Nous savons bien que ce trafic se base sur des lieux privés (squats) que la police ne peut investir aussi facilement. Nous savons bien que ce trafic a des racines plus profondes (sociales, économiques) et que son éventuelle suppression est affaire de longue haleine, engageant des forces très diverses qui ne sont pas que de répression (prévention, santé, assistance, rénovation). Tout cela, quel habitant du quartier ne le saurait ? Mais qu'il y ait une telle dimension globale du problème ne saurait en aucun cas excuser qu'un travail élémentaire de police sur la voie publique ne soit pas effectué quotidiennement, que ces rassemblements mafieux ne soient pas régulièrement dispersés. Car il en va là de choses non moins élémentaires pour la vie collective dans le quartier : que les personnes âgées puissent aller acheter leur pain à la boulangerie et leurs médicaments à la pharmacie du coin sans être menacées, que les enfants et les femmes puissent circuler tranquillement sans croiser des bandits et être constamment sur leurs gardes, que les commerçants puissent faire leur travail sans être harcelés par des bandes arrogantes et sures d'elles.
Ce qui en effet est proprement intolérable, c'est que ces bandes mafieuses se croient les maîtres du quartier, se sentent chez elles dans les rues et non plus seulement dans leurs tanières, qu'elles se croient tout permis (insultes, menaces, agressions), étant encouragées par le fait qu'il n'y ait personne pour oser se dresser contre elles ! Et en effet, pendant plusieurs mois leur arrogance n'a fait que croître puisque même la police du quartier n'apparaissait plus, que les municipalités laissaient faire, condamnant la population à vivre au milieu des hors-la-lois.
Puisqu'aucun responsable public ne prenait ses responsabilités, nous avons décidé de nous dresser contre les dealers, nous habitants et commerçants du quartier ensemble. Nous avons décidé de reprendre l'initiative dans les rues du quartier, de contester publiquement la loi de la mafia, de manifester dans les rues même où les dealers paradent. Mais nous ne pouvons le faire que certains jours, pas la nuit, et nous voulons le faire pacifiquement. Nous ne voulons pas constituer de milices privées venant affronter ces bandes mafieuses car c'est à la police et à elle seule de faire ce travail de voie publique.
Les commissaires de police Maucourant et Maigret sont venus, très courtoisement tenons-nous à préciser, nous expliquer la position de la police du quartier. Nous avons bien compris que la police ne se tournait pas les pouces dans les commissariats. Elle procède à enquêtes, filatures, perquisitions, arrestations, dépôts ; elle le fait bien sûr dans le cadre de la législation actuelle et sous contrôle étroit du pouvoir judiciaire. Mais nous avons compris également qu'en ce qui concerne l'ordre sur la voie publique, la police opère par priorités, constamment modifiées. Il s'avère que pendant plusieurs mois la police n'a pas jugé que maintenir l'ordre dans les rues du quar-tier était vraiment prioritaire ! Nous le déplorons. Il nous revient donc de lui rappeler la priorité absolue de cette tâche ! À quoi servirait en effet une rénovation réussie du quartier dans 2 ou 3 ans si pendant ces 2 ou 3 ans les vieux, les enfants et les femmes continuaient d'être agressés ? Un enfant agressé porte ensuite cette blessure toute sa vie ! Il serait donc irresponsable de laisser la mafia parader et manoeuvrer dans les rues en escomptant que cela se tassera dans 2 ans !
Il nous faut reprendre pied dans les rues du quartier. Nous le faisons, avec constance et détermination. Ceci redonne confiance dans le quartier, dans sa population. La mafia du crack n'est qu'une toute petite minorité qui mise sur la terreur pour sortir de ses repères et parader dans les rues : nous sommes en train d'étouffer cette terreur. Mais la chasser durablement des rues, disperser durablement les attroupements stables de dealers, dissoudre durablement les rassemblements d'hommes de main sur la voie publique est affaire de police. Celle-ci a commencé de le faire à la suite de nos premières manifestations. Elle doit continuer son travail. Ceci doit rester « sa » priorité. Voilà pourquoi nous continuons de manifester.
Nous sommes conscients que cette tâche de police concerne également les arrondissements voisins. La position que nous soutenons peut être élargie aux autres quartiers si les habitants de ces autres quartiers engagent eux-mêmes leur propre mouvement. Nous proposons donc à ces habitants des autres quartiers de faire comme nous puis de manifester ensemble contre le trafic de crack dans nos quartiers. Pour cela, en coordination étroite avec les associations des 10ème, 18ème et 19ème arrondissements, nous appelons mardi 9 octobre à plusieurs manifestations convergeant en un grand rassemblement à 19 heures au métro La Chapelle. Notre manifestation partira du métro Stalingrad à 18 heures.



CONTRE LE TRAFIC DE CRACK, TOUS AU MÉTRO LA CHAPELLE, MARDI 9 OCTOBRE !

Des habitants du quartier Stalingrad