Notre première manifestation mardi dernier 18 septembre
a déjà eu des effets.
· La presse écrite et télévisuelle
a rendu compte de notre mobilisation (voir la revue de presse
sur notre site internet)
· Les représentants des pouvoirs publics et divers
élus sont venus sur place constater la détermination
des habitants et commerçants, tous unis, contre le trafic
de crack dans le quartier.
· Des mesures immédiates ont suivi : essentiellement
présence policière accrue sur les lieux mêmes
du trafic, modifica-tion des palissades entourant les terrains
vagues en sorte de faciliter leur surveillance.
Tout ceci, bien sûr, est une bonne chose.
Des mesures ponctuelles
Cependant nous avons appris par différents représentants
des municipalités concernées que décision
n'avait pas encore été prise de disperser complètement
le trafic de ce quartier, l'argument principal employé
étant celui de la faiblesse des effectifs policiers disponibles
pour cette tâche. Tout semble donc indiquer que les mesures
prises restent provisoires, ponctuelles et essentiellement destinées
à disperser notre mobilisation. Nous risquons donc de nous
retrouver dans une situation inchangée dans quelques semaines
si ce n'est quelques jours.
Nous l'avons dit depuis le début : le point essentiel pour
disperser durablement le trafic de crack est de ne plus lui assu-rer
la tranquillité que lui fournissent des rues à l'abandon.
Il faut donc que les pouvoirs publics et la police engagent une
campagne massive et prolongée pour bien indiquer que les
temps ont changé, que les dealers ne pourront plus faire
la loi dans les rues du quartier, que les rues appartiennent bien
à la population, non aux trafiquants, et que la police
est là pour assurer l'ordre public et protéger la
population du quartier.
Il ne suffit pas, pour ce faire, de sorties spectaculaires de
cars quelques heures mais bien d'une campagne prolongée
engagée contre ce trafic. Les pouvoirs publics sont conscients
de cette nécessité mais arguent d'un problème
d'effectif policier pour remettre cette campagne à plus
tard.
Notre position
Nous réaffirmons ici notre position : cette question
des effectifs n'est pas de notre ressort, de même que la
gestion des effectifs actuels. Comment les employer, les disposer,
les répartir ? Ce point n'est pas de notre responsabilité
mais de celle de la police et des pouvoirs publics : ils ne sauraient
se défaire sur nous, habitants, de leur responsabilité
propre !
Nous assumons notre propre responsabilité et c'est pour
cela que nous manifestons de manière prolongée contre
le trafic de crack. Nous pensons que le point clef de cette affaire
réside dans la capacité des habitants et commerçants
du quartier de reprendre l'initiative dans l'espace public, en
parlant, affichant, discutant, manifestant. Organiser cela est
notre respon-sabilité. C'est notre travail, et nous le
faisons.
Protéger la population, assurer l'ordre public dans les
rues, empêcher les dealers de nuire, c'est là par
contre le travail de la police et la responsabilité des
pouvoirs publics et de l'État. Faut-il ou non plus de policiers
dans notre quartier pour cela ? Nous n'avons pas à rentrer
dans ce débat, interne à l'État. Il nous
semble à tout le moins que la tâche exigée
pour la dispersion du trafic n'est pas disproportionnée
: elle relève du travail ordinaire d'une police qui se
respecte ! Une simple patrouille de police opérant jour
et nuit au cur du trafic obligerait les dealers à chercher
fortune ailleurs. Nous sommes déjà plusieurs à
avoir réussi à chasser le trafic de nos cages d'escalier,
par la simple présence d'un père de famille perturbant
les échanges que ces gens voulaient discrets. Ce qu'une
personne, seule et désarmée, peut faire dans un
espace privé, plusieurs policiers équipés
ne pourraient le faire dans l'espace public ?
C'est donc tout de suite que la police doit faire son travail
dans le quartier, à charge pour les responsables de la
force publique de gérer comme il leur revient les effectifs
présents et futurs. Nous ne saurions accepter que dans
les semaines qui viennent d'autres enfants du quartier soient
traumatisés par des menaces, d'autres femmes agressées,
d'autres per-sonnes âgées terrorisées. Les
conséquences sur le long terme d'un seul enfant traumatisé
sont trop importantes pour qu'on accepte de les faire courir aux
enfants du quartier sous prétexte que la police devrait
mieux s'équiper face aux cutters !
Notre tâche : élargir la mobilisation de la
population et continuer de manifester.
· Nous travaillons à l'élargissement
de notre base de mobilisation dans le quartier. D'ores et déjà
les responsables de la mosquée de la rue de Tanger que
nous avons rencontrés se sont déclarés partie
prenante de notre cause. Nous nous réjouissons, surtout
dans la période, que la diversité de la population
du quartier se retrouve ainsi, côte à côte,
dans le combat contre le trafic de crack. À notre prochaine
manifestation, des représentants et des fidèles
de cette église seront avec nous dans la rue.
· Nous avons également commencé de coordonner
notre action avec celle des habitants du 18ème.
La prochaine manifestation mardi 2 octobre témoignera de
cette coordination : elle sera appelée conjointement par
des associations des trois arrondissements limitrophes (10ème,
18ème et 19ème) et elle en parcourra les rues :
départ à Stalin-grad, circulation dans les rues
de nos quartiers et dispersion dans le 18ème.
Pour continuer de nous réapproprier l'espace public, pour contraindre la police à chasser les dealers
Des habitants du quartier Stalingrad