Nous avons jusqu'ici orienté notre mobilisation
autour d'un mot d'ordre principal : « La police doit
faire son travail ! ». La priorité absolue
était la dissolution des bandes mafieuses occupant l'espace
public, singulièrement, dans notre quartier Stalingrad,
les rues du Département, d'Aubervilliers, Caillé,
Bellot Pendant plusieurs mois, et en particulier pendant tout
l'été, les dealers de crack, leurs rabatteurs et
hommes de main, plus tous les petits malfrats attirés par
cette « zone libérée » pour le crime,
sont sortis de leurs antres privés pour s'installer en
bandes constituées dans les rues et passages publics,
barrant la route, contrôlant la circulation, dévisageant
tout passant, menaçant qui s'attardait à leurs yeux
sans raison, bref constituant au vu et au su de tous une milice
privée criminelle. La police laissait scandaleusement ces
bandes occuper les rues, bandes de dizaines de personnes dans
la journée, de centaines durant la nuit ! Ayant ainsi constitué
leur base arrière où ils paradaient avec arrogance,
ces malfrats ont essaimé dans les rues avoisinantes, s'attaquant
aux personnes âgées, aux femmes, aux commerçants.
Et les enfants voyaient et vivaient cela, dans l'incompréhension
puis l'angoisse. Leur propre bibliothèque municipale leur
est ainsi devenue inaccessible !
Croyez-vous que ceci ait inquiété les responsables
municipaux ? Croyez-vous que les maires et autres élus
aient aussitôt dénoncé le scandale ? Croyez-vous
qu'ils aient éprouvé le besoin de convoquer la presse
et d'alerter l'opinion publique sur le caractère intolérable
d'une telle situation ? Croyez-vous qu'ils aient pris l'initiative
de convoquer un conseil municipal au cur de ces rues criminalisées
pour contrer publiquement ces milices ? Ils n'ont rien fait !
Ils ont laissé la population dont ils se disent pourtant
responsables subir cette loi du crime. Ils ont laissé les
enfants tout l'été au milieu du trafic mafieux sans
s'en inquiéter le moins du monde !
- Ils prétendent maintenant n'avoir pas été
informés. C'est là un mensonge pur et simple : ils
l'ont été constamment, par des lettres et pétitions.
Et n'importe quel parisien circulant la nuit tombée rue
d'Aubervilliers ne pouvait qu'en sortir effaré ! C'est
donc que ces élus ne parcouraient même pas les rues
de leur arrondissement
- Ils disent aussi que la direction de la police n'est pas du
ressort des municipalités. Mais l'un des leurs (Vaillant)
est précisément le chef de la police ! Et tous leurs
amis sont au gouvernement ! Ils n'ont en fait rien tenté
car le sort de cette population, notre sort, leur est indifférent
; le point est là !
Nous avons alors dû, nous, simples habitants et commerçants
des quartiers concernés, nous décarcasser, sortir
dans la rue, organiser des manifestations, pour tenter d'imposer
à la police de faire son travail de base : rétablir
un ordre public élémentaire dans les rues. Nous
ne parlons pas ici d'investigations policières compliquées,
de perquisitions dans des lieux privés. Nous parlons d'une
tâche rudimentaire, pour toute police qui se respecte, consistant
à disperser les rassemblements mafieux dans les rues, et
à tout le moins dans la capitale de la France ! Bref, nous
avons dû faire un travail qu'auraient dû engager ces
maires et plus généralement tout élu.
Un maire ou un élu, somme toute, personne ne l'a forcé
à le devenir !
Une municipalité doit a minima défendre la population
du territoire qu'elle est censée représenter. Quand
une usine explose, quand un fleuve inonde une région, les
maires et élus sortent de leur bureau, vont sur le terrain,
rencontrent la population, organisent les secours, convoquent
la presse, proposent des solutions, discutent la validité
des mesures prises par le gouvernement. Bref, ils travaillent
! Les nôtres, dans des circonstances graves, ne font rien.
C'est donc qu'ils s'en fichent de cette population qui habite
dans ces quartiers. Et si la police commence à faire un
peu plus son travail - mais nous ne savons absolument pas si
elle continuera de le faire, une fois notre mobilisation retombée
- c'est entièrement dû à notre travail, en
rien à celui de ceux à qui il revenait de droit
: les Dreyfus, Madec, Vaillant, Delanoë et autres irresponsables.
Il est clair que nous ne pourrons manifester tous les mardis
jusqu'à la fin des temps ! Nous avons dit il y a un mois
: « nous reprenons l'initiative et mettons les dealers
sur la défensive, nous reconquérons les rues criminalisées
accaparées par une mafia en y affichant, en y manifestant
le jour, mais nous ne voulons pas constituer de milices privées
pour s'attaquer aux gangs du crack : c'est à la police
de dissoudre ces bandes armées, en particulier la nuit
». De la même manière nous disons aujourd'hui
: « nous avons mis en branle la police, mais c'est aux
maires et élus de le faire durablement, c'est à
eux de faire leur travail pour que la police ne relâche
pas son effort, une fois les habitants et commerçants de
retour chez eux ». Nous vous proposons donc de centrer
maintenant nos actions sur les municipalités
pour exiger d'elles qu'elles fassent leur travail, en particulier
celui de s'assurer que la police va continuer de faire le sien.
Pour contraindre les municipalités à faire leur
travail, il nous faut changer de méthode, inventer
de nouvelles formes d'action. Pour discuter de ce nouveau tour
à donner à notre mobilisation, nous vous appelons
tous à une réunion de bilan et d'organisation, samedi
prochain 13 octobre 10 heures à l'Espace Saint-Martin
(256 rue du Fg-St-Martin, 10ème).
Il est clair qu'un simple travail de dispersion policière
des rassemblements mafieux dans le quartier de Stalingrad ne saurait
suffire à mettre fin au trafic criminel de crack.
· D'abord notre échelle de mobilisation a déjà
changé : nous coordonnons désormais notre action
avec tous les quartiers Nord de Paris et notre mot d'ordre est
devenu : « Non au crack à Paris ! ».
Pour une extension à la banlieue parisienne, nous attendons
que d'autres quartiers fassent comme nous et nous nous coordonnerons
alors volontiers avec eux : le but n'est pas de se repasser
les dealers, de quartier en quartier !
· Ensuite les municipalités doivent organiser
un travail de prévention auprès des jeunes et de
sevrage auprès des drogués pour que la demande
de drogues diminue.
· Enfin il faut que les municipalités engagent
une rénovation des quartiers concernés qu'ils
ont laissés se constituer en ghettos de misère,
lieux abandonnés que les bandits de toutes sortes, dont
les dealers, viennent parasiter selon le principe bien connu
des bandits : s'en prendre à ceux qui peuvent le moins
se défendre. Ce sont toujours les gens des quartiers
populaires qui ont à supporter, en plus de leurs problèmes
matériels, le parasitage quotidien des dealers et voyous.
C'est donc à nous, population de ces quartiers, à
nous mêler aussi de leur nécessaire rénovation
pour que chasser les dealers ne se fasse pas au détriment
de la population actuelle.
Il nous faut discuter samedi prochain des initiatives à
prendre dans tous ces domaines.
Des habitants du quartier Stalingrad