Compte rendu de notre intervention samedi 8 décembre à la Mairie du 18°

Nous sommes intervenus dans la Mairie (Table ronde convoquée par Coordination toxicomanies 18ème) et dehors en manifestant avec nos amis des quartiers Porte de la Chapelle (Entraide 18) et Château-Rouge (Droit au calme) de la Porte de la Chapelle jusqu'à la Mairie du 18ème.

Lors de la Table ronde, nous sommes intervenus oralement :
- Dans la matinée pour rappeler l'importance, à nos yeux, de la lutte sur deux fronts : contre le sida et contre la drogue, sans subordonner la seconde à la première. Nous avons rappelé le caractère inacceptable des « centres de consommation encadrés » : comment pourrait-on aider des gens à s'empoisonner et comment des médecins pourraient-ils parjurer le serment d'Hippocrate : « Je ne remettrai à personne du poison si on m'en demande » ?
- Dans l'après-midi pour demander que soit présenté un bilan contre la drogue de la « politique de réduction des risques » appliquée depuis plusieurs années dans le 18ème. Avant d'envisager d'étendre l'expérience du 18ème à d'autres arrondissements, de multiplier les « coordinations toxicomanies », il serait utile de juger sur pièces de l'efficacité du combat contre la drogue mené dans cet arrondissement. Apparemment la cohérence de la chaîne thérapeutique n'est pas assurée puisqu'en bout de course, rien ne semble prévu pour que le toxicomane puisse sortir de cet enfer. Si ce programme n'a pas de résultat pertinent, s'il n'est pas cohérent, il serait irresponsable de l'étendre aux autres arrondissements.

Nous attendons toujours que soient présentés des bilans et résultats en cette matière. Force nous est de constater que, par-delà les déclarations réitérées de concertation, rien de sérieux n'a été présenté ce samedi 8 décembre. Chacun a pu, certes rappeler ses positions, mais aucun bilan du travail n'a été avancé ni par Coordination Toxicomanies 18ème ni par les associations de l'arrondissement engagées dans la « politique de réduction des risques ».
Les expériences étrangères souvent avancées comme déterminantes par les tenants de la « politique de réduction des risques » (Genève, Francfort) n'ont pas été exposées ce samedi avec précision.
Mme Maestracci, présidente de la MILDT, a réitéré l'alternance de propos lénifiants et de déclarations provocatrices. Le mot d'ordre principal qu'elle avance pour organiser la mobilisation « interministérielle contre la drogue et la toxicomanie » est : « Pas de société sans drogue ! ». Dans cet esprit fermement citoyen, nous proposons à la police et à la gendarmerie française de se mobiliser désormais sur le mot d'ordre suivant : « Pas de société sans crimes ! » et nous proposons également aux femmes de ce pays de descendre dans la rue sur le mot d'ordre « Pas de société sans viols ! ». Le nécessaire combat contre la drogue va certainement progresser grâce à ces fortes convictions !

D'ailleurs cette même Mme Maestracci a crû opportun d'enchaîner sur l'idée qu'il fallait viser « une consommation de drogues modérée sans risques » [comme si s'empoisonner pouvait être sans risques, et comme si, face à un empoisonnement, il s'agissait de le modérer, non de le supprimer !]. Nous avons alors choisi de huer cette position et de signifier par là qu'une partie de l'assistance, au moins, ne saurait être tacitement comptée comme s'accordant à de tels propos.
Bref, cette journée n'a pas fourni aux habitants de nouvelles données permettant aux uns et aux autres de réfléchir : aucun dossier, aucun rapport distribué, mais toujours les mêmes propos lénifiants ou soporifiques - les tenants de la « politique de réduction des risques » se sont faits une spécialité du double langage et de la langue de bois si bien qu'il faut constamment décrypter leurs « beaux discours » pour y déceler les enjeux réels soigneusement dissimulés derrière tel ou tel coin de phrase.

Nous nous sommes félicités de ce que le Maire de Paris, Mr Delanoë, soit intervenu dans cette table ronde dans un tout autre esprit que Mme Maestracci. Il a ainsi pris soin de déclarer ses convictions personnelles en matière de toxicomanie dans les termes suivants : « la drogue, c'est de la merde ! » [sic] ; « il n'est pas question d'aborder ces questions autrement qu'en se battant résolument contre la drogue ». Nous avons choisi d'applaudir ces propos de Mr Delanoë en attendant qu'ils se concrétisent dans une vigoureuse politique parisienne contre la drogue et la toxicomanie.

Nous sommes tout au long de la journée intervenus pour soutenir
1) que la nécessaire lutte contre le sida ne doit pas faire abandonner la lutte contre la drogue ;
2) que, même dans une juste lutte, la fin ne saurait justifier les moyens (en l'occurrence : la juste lutte contre le sida ne saurait justifier l'infamie de centres de shoot).
Nous avons constaté que notre combat pour cette logique n'est pas vain puisque s'y opposent non seulement de manière plus ou moins ouverte les tenants de la « politique de réduction des risques » mais également, et cette fois de manière explicite, Act Up-Paris qui a déclaré : « On ne peut pas faire la guerre au sida et faire en même temps la guerre aux drogues. Il faut lutter contre le sida par tous les moyens. Act Up exige l'implantation de nouvelles structures de réduction des risques comme les salles d'injection à moindres risques ». Ainsi, les voies sont claires !

Nous attendons maintenant de connaître le plan que Mr Delanoë a dit vouloir rendre public dans quelques semaines pour nous prononcer plus avant sur la politique parisienne effective en matière de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

 

Trois mois de mobilisation

L'intervention de ce samedi 8 décembre parachève ainsi trois mois de mobilisation du 8 septembre (première réunion publique du Collectif anti-crack) au 8 décembre qui se distribuent ainsi :

Et une dynamique logique

Contre la drogue