Paris, le 9 juin 2001

COMMUNIQUE DE PRESSE

La France reprend d'une main ce qu'elle donne de l'autre

 

 

Parlant devant le parlement sud-africain, Lionel Jospin a voulu donner l'impression que l'Etat français allait consacrer à la lutte contre le sida en Afrique ce que le ministre de la Santé, Bernard Kouchner, a qualifié de &laqno; contribution très importante ». Un &laqno; événement majeur », a-t-il précisé.

 

Or qu'a annoncé Lionel Jospin ? La France va donner (pendant trois ans) 330 millions de Francs au fonds multilatéral que le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, veut mettre en place pour lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Or il faut savoir que Kofi Annan s'est fixé comme objectif de réunir 7 à 10 milliards de dollars. Le gouvernement de la France qui est le pays industrialisé peut-être le plus impliqué en Afrique ne contribuerait ainsi qu'à hauteur de 0,5% à ce fonds ! Une telle annonce, qui suit celle de George Bush (une contribution de 200 millions de dollars de la part des Etats-Unis) revient à saborder le projet de Kofi Annan (qui avait déjà de nombreuses limites) qui sera discuté lors de l'assemblée générale des Nations unies consacrée au sida, à la fin de ce mois. En effet, si la France et les Etats-Unis, à eux deux, ne fournissent que 2,5% de la somme demandée, qui donc apportera les 97,5% qui manquent ?

 

En Afrique du Sud, Lionel Jospin a par ailleurs annoncé que &laqno; sur les 10 milliards d'euros que le gouvernement français affectera à l'annulation de la dette des pays les plus pauvres, un milliard d'euros sera consacré à la lutte contre le sida dans les pays concernés. », et ceci, a-t-il été précisé par ailleurs, étalé sur dix ans. Cela signifie en clair que l'Etat français, au lieu d'annuler la dette des pays les plus pauvres de 10 milliards de Francs, ne va l'annuler que de 9 milliards, et va en contrepartie consacrer 100 millions d'euros, chaque année pendant 10 ans, à la lutte contre le sida. Pour le Trésor français, le coût sera donc nul, puisque les pays pauvres vont lui rembourser cette somme en échange d'actions menées contre le sida. Est-ce ainsi que le gouvernement français a l'intention de financer sa contribution au projet dont il semble si fier, le &laqno; programme de partenariat hospitalier permettant le jumelage entre établissements français et européens d'une part et entre établissements africains d'autre part » ? Nous aimerions que nos craintes soient démenties.

 

Nous avons l'impression d'être revenus à la case départ : l'absence de traitements pour la grande majorité des malades atteints par le VIH. En Afrique du Sud, Lionel Jospin a rappelé l'objectif de l'Organisation mondiale de la Santé : &laqno; porter à cinq millions en trois ans le nombre de personnes bénéficiant d'un traitement. » Il a ajouté : &laqno; Cela peut sembler considérable. En réalité, c'est un minimum ». Mais ce qu'il a annoncé concrètement est tout à fait dérisoire. Il faut que cessent les beaux discours et que l'Etat français passe aux actes. Ses responsabilités sont énormes en Afrique. Il faut que la France fournisse les traitements et la logistique nécessaire aux organismes de santé et aux médecins des pays concernés par l'épidémie, notamment dans ses anciennes colonies. Elle le peut et elle le doit.

 

 

Jean-Michel Annequin

Pour "Campagne Sida en Afrique : La France doit fournir les traitements!"