C’est un ancien
compagnon, dont nous tairons le nom puisque sa lettre n’est pas une
lettre ouverte. Il nous écrit ceci : « Je dois
dire que je me retrouve très peu dans l’orientation qui a
été prise. En effet cette orientation théorise
l’isolement du groupe alors qu’il faudrait au contraire travailler
avec d’autres associations, qui sont d’ailleurs loin de se
contenter de faire de l’humanitaire… Cette orientation ne
reconnaît qu’une seule revendication digne
d’intérêt alors que pour construire une mobilisation
il faudrait au contraire travailler ÉGALEMENT sur des objectifs partiels
(cf. la campagne pour que Coca Cola fournisse un traitement à ses
employés séropositifs en Afrique, la demande que la France
respecte les engagements pris, etc.) »
Il nous paraît
intéressant de retourner
ouvertement la question à cet ami. Tu nous proposes de travailler ÉGALEMENT
(souligné par toi) sur des objectifs partiels. Soit. Es-tu
d’accord pour travailler AUSSI sur l’objectif principal ? Ou bien lui es-tu opposé ?
L’objectif principal, s’il est principal, doit bien mériter
pour le moins un AUSSI. L’objectif principal de notre collectif,
rappelons-le, est de faire campagne parmi les gens de notre pays pour que la
France fournisse les traitements antiviraux aux pays d’Afrique
touchés par l’épidémie. Nous avons mis en avant les
principes qui sous-tendent cet énoncé. Sont-ils bons, sont-ils
mauvais ? Tu ne nous dis pas si tu es pour ou contre. Enfin si, tu dis que
tu es plutôt contre, car cette orientation « théorise
notre isolement ». Le fait est qu’en la laissant tomber, nous
nous retrouverions en vaste compagnie… Mais alors, ce sont notre objectif
et les principes que nous défendons qui pour le coup se retrouveraient
bien seuls.
Nous n’avons pas le
cœur de les laisser ainsi ! Nous restons avec eux, et puisque
c’est d’eux qu’il s’agit, proposons-nous de compter les
présents plutôt que les absents. Car pourquoi, quand il
s’agit de principes et de mot d’ordre, les « qui sont
contre », les « qui ne veulent rien faire »,
et les absents devraient-ils compter plus que ceux qui veulent les défendre,
qui sont pour et présents ?. Pauvres principes, si tu n’es
pas leur ennemi, laisse leur au moins ceux qui sont avec eux. Pour nous, tout
un chacun qui se déclare à leurs côtés, ou
même qui souhaite s’en informer ou discuter leur contenu, est
bienvenu, et chacun peut le faire
en son nom. Il n’y a pas du tout besoin pour çà
d’être une raison sociale. Aussi sommes-nous un collectif. Quant
à son but et ses principes, ils sont tels quels. Quant aux
interventions, adresses, critiques, propositions, remarques qu’on peut
lui faire, toutes sont aussi les bienvenues, et nous serons contents de faire
connaître les textes écrits à ce sujet. C’est
pourquoi nous tenons nos réunions publiquement. La prochaine aura lieu
le 14 février.
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