COLLECTIF POLITIQUE SIDA EN AFRIQUE : LA FRANCE
DOIT FOURNIR LES TRAITEMENTS
BOBIGNY TRACT N° 2 (avril 2003)
PROPOSER ET TENIR QUELQUES PRINCIPES UNIVERSELS
Nous avons ces dernières
semaines donné un premier tract. Beaucoup l’ont lu attentivement.
Il reste disponible ici pour ceux qui souhaiteraient le lire. Nous remercions
ceux qui l’ont lu et nous voulons maintenant préciser notre
pensée et nos propositions sur quelques points, ainsi que les demandes
que nous vous adressons, à vous qui lisez ce tract.
BATAILLE POLITIQUE
L’accès aux médicaments antiviraux
et donc à la vie, pour des millions de gens, dépend de la
capacité à construire et mener, ici et ailleurs, la bataille politique
pour l’accès gratuit aux traitements.
Que des millions de gens sont
atteints par le virus du Sida dans le monde –dont plus de 30 millions de
personnes sur le continent africain- , cela, presque tout le monde le sait.
Beaucoup de gens savent aussi que, avec les médicaments antiviraux,
l’infection par le virus du Sida n’est plus une maladie mortelle.
Autrement dit, si on apprend qu’on est atteint par ce virus et
qu’on habite en France, on pourra vivre, si on vit en Afrique (et qu’on n’appartient pas
à une toute petite minorité de riches qui peut payer),
c’est une condamnation à mort.
Mais peut-être ces
mots : maladie, virus, et même épidémie, vous
paraissent-ils éloignés de tout rapport possible avec une
question politique.
Et certes, cela est
assuré : maladie, virus, et même épidémie,
n’ont par eux-mêmes rien à voir avec la politique.
Mais par contre : la
question de l’accès aux traitements et aux soins est
entièrement une question politique.
Attendre que .. qui.. ?
des riches du genre Bill Gates, des industriels, des gens qui font la
charité, des institutions internationales, fournissent les
médicaments pour des millions de paysans des pays pauvres ? Quelle
personne sensée peut encore croire à ces fadaises ?
Tous les experts
s’accordent à dire qu’il est matériellement possible
de traiter toutes les personnes atteintes dans le monde. Pourtant, trois
millions de personnes meurent chaque année du Sida en Afrique :
« par manque de volonté politique », disent encore
les experts.
Bataille politique
gagnée au Brésil : le gouvernement a accordé
l’accès gratuit aux médicaments pour toutes les personnes
atteintes.
Bataille politique en cours
en Afrique du Sud : le mouvement TAC (pour Treatment Access Campaign), qui
organise la mobilisation populaire pour l’accès aux traitements
selon la ligne et les méthodes éprouvées durant la lutte
contre l’apartheid, vient d’engager –ce 20 mars- une campagne
de désobéissance civile pour remporter la bataille
décisive de l’accès gratuit au traitement pour tous dans le
pays.
Bataille politique en cours
dans d’autres pays : Thaïlande, Costa Rica..
Notre proposition est de
constituer cette bataille politique en France. L’objectif est le
suivant : la France peut déclarer qu’il existe un état
d’urgence sanitaire mondial. En vertu de cet état d’urgence,
notre pays peut prendre la décision de fournir gratuitement les
traitements antiviraux, au moins à ses anciennes colonies
d’Afrique.
La France peut le faire. La
France doit le faire.
POSITION SUR LE MONDE. IL Y A
UN SEUL MONDE
. Certains diront : oui,
mais à la différence de l’Afrique du Sud ou de la
Thaïlande, la France n’est pas directement concernée.
Que vaut un tel
argument ? Est-ce que c’est aux noirs de s’occuper du Sida en
Afrique, aux irakiens de faire face seuls à la guerre américaine,
et les Palestiniens sont-ils les seuls concernés par la politique de
destruction et de racisme systématique menée à leur
encontre par l’état d’Israel ? Et ensuite, à
l’intérieur de chaque pays, est-ce seulement celui qui est
frappé directement par
l’injustice qui devrait riposter ?
La politique c’est
justement quand on décide et qu’on déclare pour la justice
quelque chose qui a valeur en soi-même et pour tous.
. Il y a à
décider quelque chose sur le monde. Y-a-t-il un monde ? Et y-a-t-il
un seul monde ?