Collectif politique sida en Afrique : la France doit fournir les traitements

 

 

1. Il faut voir la situation telle qu'elle est.

 

Les gouvernements des pays riches, la France comprise, laissent délibérément mourir des millions de gens en Afrique.

Dans le monde, 40 .000.000 de personnes sont atteintes du sida dont 28.000.000 vivent en Afrique. Dans les pays pauvres, seulement 700.000 personnes ont accès aux traitements dont 200.000 en Afrique.

Ces nombres ne nous disent rien vraiment sur la maladie et la souffrance réelle qu’elle engendre mais beaucoup sur l’injustice et le manque de volonté politique des gouvernements des pays riches.

Chaque année, plus de 2.5 millions d’africains meurent du sida. Pourquoi ? Parce qu’ils ne reçoivent aucun traitement.

 

« Le cas d’une mère qui enfante un bébé avec ce virus. La maman meurt, le papa aussi et l’enfant qui va s’occuper de cet orphelin, alors que cet enfant a de l’avenir. S’il recevait un traitement digne et efficace, il pourrait rendre service au monde entier. »

 

Nous, militants du collectif, nous voulons que la France assume sa responsabilité. Ce que nous avons appris depuis cinq ans, c’est que ni le gouvernement ni les décideurs en général n’ont l’idée de fournir les traitements aux pays d’Afrique. Leur idée est que la France doit conserver ses privilèges de pays riche, qu’elle ne doit surtout pas agir comme un pays libre dans le monde.

Au jour d’aujourd’hui, la France n’a pas fourni un seul comprimé aux pays touchés par l’épidémie du sida. Pas un seul comprimé aux pays colonisés par la France.

Pourtant notre Président de la République voyage : « Au Togo, il est venu voir son propre ami personnel. » Partout dans le monde, il fait des discours sur l’épidémie du sida et l’accès aux traitements sauf durant sa longue tournée dans les pays d’Afrique et en France même. Partout où cela n’a pas de conséquences, comme dernièrement au Japon, Chirac fait des discours, discours dont personne n’est censé attendre qu’ils soient suivis de propositions réelles. Ces discours servent à masquer le manque de volonté politique face à l’épidémie qui décime l’Afrique. Ils ont pour seule conséquence d'obscurcir la situation, ils brouillent les choses en laissant supposer que la France assume sa responsabilité en fonction de sa place dans le monde.

 

 

2. Certains disent : « SIDA= Signe Inventé pour Décourager les Amoureux. »

 

«  Les africains ont peur de dire : “j’ai le sida” parce qu’ils savent que parler ne leur donneraient accès à aucun traitement, c’est inutile d’en parler et psychologiquement, ils meurent. »

 

Le sida est une maladie due à un virus mais on peut comprendre que les gens ne veulent pas y croire et préfèrent penser que c’est une invention. On ne peut pas croire à une chose si c’est seulement du désespoir. On a connu ce sentiment en France avant l’arrivée des traitements en 1996.

Beaucoup de gens pensent aussi que cette maladie a été apportée par les américains ou par les blancs. Ce n’est pas vrai, mais la vérité de ces idées c’est l’injustice du monde. L’épidémie du sida montre l’injustice du monde et son travail contre les gens.  Du côté des riches les traitements et la conservation, du côté des pauvres l’épidémie et la bataille pour l’accès aux traitements pour tous.Ce qui peut faire basculer le désespoir, c’est le combat pour l’accès aux traitements. Ce combat, il est juste de le mener en France : fournir les traitements la France peut le faire, c’est légal. La France peut le faire mais on a compris que les grands, les riches, les décideurs ne le veulent pas. C’est pour cela que nous organisons une campagne politique, on a compris que : ce qui peut se résoudre dépend d’un combat. On ne peut pas compter sur les gouvernements d’ici ou là-bas, mais sur la mobilisation des gens.

Actuellement, nous commençons à rencontrer des gens qui connaissent le réel de la situation parce que l’épidémie se développe et beaucoup de gens ont parmi leurs proches des malades. A ces gens nous proposons de nous rencontrer, de faire des réunions pour s’organiser et de mener avec nous la campagne pour que la France fournisse les traitements.

 

 

3.D’autres gens nous disent : « Pourquoi l’Afrique ? Encore l’Afrique ? »

 

Nous comprenons qu’ils se méfient, ils nous soupçonnent de vouloir, comme beaucoup de blancs le font, donner de l’Afrique l’image de la misère. C’est l’idée, répandue en France, de considérer le continent africain comme le lieu du malheur et de la misère irrévocable. Cette idée est très forte en France, c’est aussi l’idée des journaux (Nous avons analysé le discours des journaux sur l’épidémie du sida en Afrique dans deux brochures que vous pouvez nous demander.).

Nous pensons que c’est un rapport post-colonial à l’Afrique. L’Afrique serait un lieu d’écart : le Lieu immuable de la misère et du malheur. Cette idéologie post-coloniale permet aux démocrates et humanistes de renverser la culpabilité. C'est un renversement, « c’est toi le noir qui est responsable des peines que je t'ai infligées que je t’inflige car ta place est celle de la souffrance ». Cela justifie l’inégalité comme certaines équivalences ont par le passé justifié la colonisation.

(Comme l'a montré Aimé Césaire dans son discours sur le colonialisme, l’Europe pourtant indéfendable justifiait la colonisation par un système d’équivalences : Christianisme=civilisation, paganisme=sauvagerie ; colonisation=civilisation ; nous pouvons ajouter post-colonialisme=culpabilité renversée. ). Cette culpabilité est aussi le fond de commerce des associations d’aide humanitaire.

 

 

4. L'opération s'inverse

 

Cette opération de renversement permet de penser l’Afrique comme un lieu non historique, et ainsi d’enfouir la responsabilité des pays colonisateurs. Mais attention, comme l’a montré Aimé Césaire pour la pensée coloniale, cette opération s’inverse. Le prix à payer c’est que la France est, elle aussi, pensée comme un lieu non historique. Cela se traduit par l’idée que le pays est foutu . Le sentiment qui domine en France c'est que l'on ne peut rien faire. Tout le monde voit que la situation se dégrade ici, les attaques des décideurs contre les pauvres s'intensifient mais l'idée c'est qu'on n'y peut rien. C'est un sentiment d'impuissance, l'apathie et la molle acceptation qui occupent les consciences. Notre mot d'ordre: La France doit fournir les traitements, est central si on veut reprendre la question du pays . Si l'on veut comme nous le disions lors de notre dernière réunion à Noisy : pouvoir être fier de notre pays.

Il est certain que l'on ne peut avoir une idée forte de notre pays si l'on commence par exclure une partie du monde du droit à l'existence. Une idée forte de notre pays doit s 'établir à partir des principes suivants : Il y a un seul monde, il y a des pays, même un pays pauvre à le droit d'exister, il y a des gens, toute vie compte.

Notre campagne rompt avec l'apathie dominante car elle propose que notre pays agisse dans le monde moderne, c'est une proposition positive pour que la France occupe une position forte et juste dans le monde. En d’autres termes nous disons aussi : « Ce que le Brésil fait, la France elle aussi peut le faire. »

Notre campagne est aussi une proposition pour les gens, pour vous tous, de reprendre en main le destin de ce pays, c'est agir en vertu de principes justes et selon sa propre volonté.

Nous vous proposons de venir discuter avec nous, de nous aider à organiser la prochaine réunion à Noisy.

 

Vous pouvez consulter l'ensemble de nos textes sur notre site internet http//www.entretemps.asso.fr/Sida

et nous contacter :

·      par mail campagne.sida@noos.fr

·      par courrier : Campagne sida en Afrique c/o AGECA service boîte postale, 177 rue de Charonne 75011 Paris