Collectif Politique Sida en Afrique : la France doit fournir les traitements

 

Campagne Sida en Afrique

c/o AGECA service boîte postale

177, rue de Charonne

75011 Paris

 

Site Internet : http://www.entretemps.asso.fr/sida

Adresse : campagne.sida@noos.fr

 

Paris, le 12 juillet 2004.

 

Monsieur Jean-Marie Colombani, directeur du Monde

 

21 bis, rue Claude Bernard

75005 Paris

                                                      

Monsieur,

 

Vous trouverez ci-jointes notre déclaration et la liste des premiers signataires.

 

Comme le reconnaît Peter Piot dans votre journal daté du mercredi 7 juillet dernier (Trois questions à... Peter Piot), « il y a plus de personnes infectées et de décès que jamais. C’est un échec pour la communauté internationale, puisque la prévention et les traitements n’atteignent pas la grande majorité de ceux qui en ont besoin. »

 

L’humorologue Stephen Smith y verrait sans doute l’effet pitoyable de la mauvaise volonté de tous ceux que les traitements n’atteignent pas.

 

Dans votre édition datée du 2 juillet dernier (L’Afrique doit attendre le développement jusqu’à... 2147), le même Stephen Smith n’a pas manqué de souligner que les chanteurs réunis par le PNUD « ne prévoyaient sans doute pas qu’ils devraient chanter jusqu’en 2147 pour faire advenir le développement... »

 

En matière de sida, le mot d’ordre international et consensuel semble être de ne pas changer des équipes de spécialistes de la mort qui perdent ‑ avec une mauvaise conscience et une bonne humeur qui, de leur propre avis, les honorent ‑, de ne pas changer un discours technico-humanitaire qui condamne par avance 30 000 000 d’Africains malades du sida moins quelques milliers – car il faut des survivants à toute extermination pour soulager sa mauvaise conscience et garder sa bonne  humeur –, de ne pas changer des initiatives qui perdent.

 

Y aura-t-il un journal, dans ce pays où les écrits de quelques négrologues semblent tenir lieu de pensée sur la question du sida en Afrique, un directeur de journal, un rédacteur en chef, un journaliste, pour publier notre déclaration ?

 

Contrairement au discours consensuel sur le sida en Afrique qui affirme que l’Afrique est perdue, morte et enterrée, nous, gens du Collectif Politique Sida en Afrique, pensons qu’il est possible que la France fournisse les traitements aux Noirs malades du sida.

 

Pour reprendre le propos de Philippe Douste-Blazy (« Il n’est pas possible qu’en France on ne traite pas quelqu’un, quel qu’il soit, en situation d’urgence médicale ») cité dans votre édition du mercredi 23 juin dernier (La réforme de l’aide médicale met en danger la santé des sans-papiers) par Bertrand Bissuel, il n’est pas possible qu’en Afrique, on ne traite pas quelqu’un, quel qu’il soit, en situation d’urgence médicale.

 

« Produit du laboratoire indien Cipla, Triomune permet un traitement qui coûte 20 dollars par mois, contre 35 dollars pour l’équivalent avec des médicaments de marque », a écrit Paul Benkimoun, dans votre édition du samedi 3 juillet dernier (Sida : la trithérapie générique en un comprimé fait ses preuves).

 

Les traitements génériques existent. Ils sont efficaces et moins chers. Il suffit de les fournir aux malades.

Certains pays, comme la Thaïlande ou le Brésil, ont fait le choix de fournir gratuitement des traitements génériques aux malades du sida.

 

Sur le site Internet « Afrique 2015 pour une génération sans sida », on peut lire : « (...) la lutte contre l’épidémie est un domaine où chacun a la possibilité de faire quelque chose qui compte (...) ».

 

Nous, gens du Collectif Politique Sida en Afrique, sommes convaincus qu’un journal comme le Monde peut mettre un point d’honneur à transmettre sans frein notre déclaration.

 

Dans l’attente d’une décision du côté du Monde, nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

 

Collectif Politique Sida en Afrique

 

 

 

Copies adressées à :

 

Monsieur François Bonnet, rédacteur en chef (International)

Monsieur Hervé Gattegno, rédacteur en chef (France)

Monsieur Paul Benkimoun, journaliste

Monsieur Bertrand Bissuel, journaliste

Monsieur Stephen Smith, journaliste

 

21 bis, rue Claude Bernard

75005 Paris

 

Monsieur Serge July, directeur de Libération

 

11, rue Béranger

75003 Paris