COLLECTIF POLITIQUE SIDA EN
AFRIQUE : LA FRANCE DOIT FOURNIR LES TRAITEMENTS
A Jussieu, ce n’est pas le
bon moment :
pas maintenant, jamais, trop
tard, trop tôt
Nous
distribuons des tracts à l’université de Jussieu depuis
octobre 2002. Notre lieu de distribution est proche du restaurant universitaire
et du chantier.
Auparavant,
nous sommes intervenus à l’université de Censier, où
nous pensions trouver, parmi les étudiants, des militants pour
participer au combat politique : Sida en Afrique : la France doit
fournir les traitements. Les représentants de l’Université qui nous ont
autorisés à afficher notre déclaration dans
l’enceinte de Censier sont les seuls à s’être
manifestés.
En venant
à Jussieu, nous faisions de nouveau l’hypothèse que des
étudiants pouvaient devenir des militants.
Aucun
étudiant n’est devenu militant. Mais nous avons rencontré
des gens.
Des
gens qui évitent nos tracts et nos affiches ou qui évitent de
nous parler.
Ils
distinguent deux mondes et pensent être du bon côté ;
ils ont toujours mieux à faire : parler au
téléphone ; manger un sandwich ; garder les mains dans
les poches ; regarder leurs chaussures ; digérer le repas du
resto U. Pour eux, la question des 30 000 000 d’Africains malades du
Sida, ce n’est pas maintenant.
Par exemple :
« Je n’ai pas le temps. Je dois prendre mon
bus. »
Nous
pensons que les 30 000 d’Africains malades du Sida n’ont pas le
temps d’attendre les traitements. Chacun peut demander que la France fournisse les
traitements à tous les Africains malades du Sida.
Des
gens qui voient la dimension politique de : 30 000 000 d’Africains
sont malades du Sida, et qui estiment que la France ne doit pas fournir les
traitements.
Ils sont
acquis à l’idée que les Africains méritent leur
sort, notamment parce que leurs gouvernements sont dits corrompus. Pour eux, la
question des 30 000 000 d’Africains malades du Sida, c’est jamais.
Par exemple : « La situation est
bloquée en Afrique. Les gouvernements africains restent des
décennies au pouvoir. »
En France, les gens méritent-ils d’être
soignés parce que les gouvernements n’y sont pas dits
corrompus ?
Autre
exemple : « Mais vous vous rendez compte, 0,044 % du PNB des 22
pays les plus riches du monde, c’est une somme
énorme ! »
Raisonner
de la sorte, c’est penser que les sommes allouées pour soigner les
Africains malades du Sida seront toujours trop élevées, que
traiter des Noirs est impossible.
Nous pensons que les 30 000 000 d’Africains
malades du Sida ne doivent pas être condamnés à mourir. Chacun peut faire en sorte que la
situation change en Afrique et, en conséquence, dans le monde.
Des
gens qui ne voient pas la dimension politique de : 30 000 000
d’Africains sont malades du Sida.
Ils sont
acquis à l’idée que la politique est impossible,
qu’il faut consentir à ce que 30 000 000 d’Africains malades
du Sida n’aient pas de traitements (sauf quelques milliers aidés
par le technico-humanitaire), que la question des 30 000 000 d’Africains
malades du Sida est tout (un objet d’études, une question
économique, une question humanitaire, une question
météorologique, une question ethnologique, etc.) sauf une
question politique. Pour eux, la question des 30 000 000 d’Africains
malades du Sida, c’est trop tard.
Par exemple : « Je ne savais pas que les
traitements coûtaient si peu d’argent. »
Le
technico-humanitaire n’a aucun intérêt à donner
l’information que les médicaments peuvent ne pas être chers.
Il continue à polémiquer sur les coûts élevés
des traitements.
Autre
exemple : « Je suis concernée. Un membre de ma famille
est malade. Je milite dans une association. »
Ne faire de la question du Sida qu’une question
d’ordre affectif, c’est une façon de ne pas en faire une
question politique. Pour être concerné, il faudrait
nécessairement connaître quelqu’un de malade. Pour se sentir
concerné par 30 000 000 d’Africains malades du Sida, il faudrait
connaître 30 000 000 d’Africains malades du Sida.
Nous pensons que la question des 30 000 000
d’Africains malades du Sida est la question politique par laquelle la
politique est rendue possible. Chacun peut s’informer auprès du Collectif
politique Sida en Afrique et y militer.
Des
gens qui disent voir la dimension politique de : 30 00 000
d’Africains sont malades du Sida, mais qui ne voient pas comment faire de
la politique.
Ils ne
peuvent concevoir de faire eux-mêmes de la politique, de décider
eux-mêmes comment doit être le monde, de déclarer eux-mêmes que la France doit
fournir les traitements aux 30 000 000 d’Africains malades du Sida. Pour
eux, la question des 30 000 000 d’Africains du Sida, c’est trop
tôt.
Nous
pensons que la politique, c’est l’affaire des gens eux-mêmes.
Nous
avons aussi rencontré des gens pour qui la question des 30 000 000
d’Africains malades du Sida, c’est maintenant. Appelons ces gens,
des exceptions. Appelons ces gens, de vrais gens. Des gens pour qui la
politique compte. Des gens pour qui chaque vie compte.
Des
gens du chantier qui lisent nos tracts, nos affiches, et discutent avec nous.
Des
gens qui voient la dimension politique de : 30 000 000 d’Africains
sont malades du Sida, parce qu’ils font de la politique.
Ils nous
donnent l’occasion de diffuser nos tracts, notre déclaration, nos
textes. Pour eux, la question des 30 000 000
d’Africains malades du Sida est une question politique parmi
d’autres.
Nous
pensons que la question des 30 000 000 d’Africains malades du Sida est la
première des questions politiques.
Nous
avons trouvé des gens ailleurs qu’à Jussieu.
A la
station Bobigny-Picasso, où nous distribuons des tracts depuis
près d’un an, les gens lisent les affiches (même s’ils
ont un bus à prendre) et prennent le tract. Les dernières
distributions à Bobigny ont permis de recueillir des avis
précieux sur l’état du pays. Les vrais gens se demandent si
la France est encore un pays. « Le pays a changé ; ce
n’est plus comme avant. » Y a-t-il un paradoxe à
demander que la France fournisse les traitements ? Non. C’est la
même chose que demander que la France existe comme pays.
Chacun peut mener le combat
politique : la France doit fournir les traitements.
Octobre 2003
Réunions publiques tous les premiers vendredis du
mois à 20 h 30 :
AGECA, 177, rue de Charonne, 75011 Paris. Métro : Alexandre
Dumas (ligne 2).
Site Internet : http://www.entretemps.asso.fr/sida.
Adresse : campagne.sida@noos.fr
Les lieux d’intervention figurent
sur : http://groupes.wanadoo.fr/groups/collectifpolitiquesidaenafrique