Musique et politique : une panne d'essence

(Esteban Buch : La Neuvième de Beethoven. Une histoire politique, Gallimard, 1999)

Peter Sznedy

Samedi d'Entretemps - Ircam, 20 mai 2000


Le livre d'Esteban Buch sur l'" histoire politique " de la Neuvième de Beethoven est une des rares grandes tentatives d'affronter une question qui nous vient des temps les plus reculés : celle des rapports entre musique et politique. Son approche est historique : après avoir retracé la " naissance des musiques politiques modernes " (le God save the King anglais et la Marseillaise), il suit pas à pas l'histoire de la réception de l'Ode à la joie, depuis sa création jusqu'à ses heurs et malheurs au XXème siècle.

 

Le devenir de cet " objet " musical, pour être sans doute unique dans ses appropriations politiques extrêmes, n'en est pas moins révélateur, voire exemplaire, des apories qui guettent tout discours sur la musique et ses effets idéologiques ou communautaires. Il suffit, pour commencer de s'en convaincre, de rappeler entre quels pôles de valeurs l'Ode à la joie beethovénienne a pu osciller dans l'histoire récente. Et d'écouter les documents et témoignages que l'ouvrage d'Esteban Buch rassemble en une patiente micrologie.

 

1.

C'est en 1951 que se fait jour la proposition d'adopter, comme hymne européen, l'" hymne de la 9ème symphonie " (p. 255). En effet, selon un rapport du secrétaire du Conseil de l'Europe (première des institutions européennes de l'après-guerre à avoir été créée, en 1949), " le jour où un hymne européen [...] saluera [le drapeau européen] comme aujourd'hui l'hymne national salue le drapeau national des divers pays, un grand pas aura été fait dans le sens de l'union nécessaire " (1950, cité p. 254). Nécessité de faire appel à la musique pour son pouvoir unificateur...

Il faut toutefois attendre 1971 pour qu'un autre rapport (présenté à la " Commission permanente de l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe ") préconise " l'acceptation par les pays membres comme hymne européen du prélude à l'"Ode à la joie" ", en affirmant qu'" il convient de porter le choix sur une oeuvre musicale représentative du génie de l'Europe et dont l'utilisation dans les manifestations à caractère européen constitue déjà l'ébauche d'une tradition " (p. 273, je souligne). Notons ici d'emblée, en l'amplifiant à peine, l'esquisse d'un problème qui ne nous quittera plus : cette musique qui, désormais et pour l'avenir, sera vouée à une fonction symbolique nouvelle, destinée à incarner l'esprit d'une institution encore embryonnaire, cette musique devait être choisie, c'est-à-dire élue dans ce rôle inédit pour la toute première fois, en vertu du fait qu'elle semble s'être précédée elle-même à ce poste. Et appelons cette temporalité étrange de l'invention musico-politique : le paradoxe de l'hymne nouveau, qui doit effacer d'emblée sa nouveauté pour instituer l'institution qu'il chante dans une immédiate éternité. Face à la question : " quand et pourquoi tel hymne a-t-il été inventé ? ", l'hymne lui-même est peut-être essentiellement destiné à prévenir toute réponse...

Ce même rapport de 1971 précise :

 

Outre ce mythe de la spontanéité hymnologique - qui vient conforter l'idée que tel chant aura d'emblée et toujours déjà été là à ce poste -, le rapport donne voix ici au très vieux topos de l'universalité du langage musical, lequel - contrairement aux langues, plurielles et babéliennes - serait au-delà (ou en deçà) des problèmes de traduction. C'est pourquoi le secrétaire général du Conseil de l'Europe pourra clamer triomphalement, dans un rapport ultérieur de 1973 : " Le Conseil de l'Europe a donné aux Européens en 1972 un moyen d'exprimer leur foi au-delà des particularités du langage. " (p. 279) L'avers de la médaille, c'est donc la voix des peuples qui communient dans l'harmonieuse affirmation des valeurs d'universalité et de fraternité (Alle Menschen werden Brüder, tels sont les mots de l'Ode à la joie qui continuent de résonner malgré leur absence).

2.

Le revers, presque aussitôt, c'est une sombre histoire de droits d'auteur. Très vite, en effet, " la réalisation musicale de l'hymne a été confiée à M. Herbert von Karajan " (communiqué de presse du Conseil de l'Europe, 19 janvier 1972, p. 276). Karajan en produit donc un arrangement instrumental, dont les droits lui appartiennent. Or, deux ans plus tard, en 1974, la même Freudensmelodie est adoptée en tant qu'hymne du régime raciste de Rhodésie (l'actuel Zimbabwe). Comme l'écrit Buch : " L'Europe est le nom propre qui [en Rhodésie] désigne une hégémonie politique et sociale définie par la couleur de peau [i. e. l'apartheid] ; l'hymne des Européens de Rhodésie est aussi, d'une certaine manière, un "hymne européen". " (p. 281-282)

Quelques jours après l'annonce de l'adoption de l'Ode à la joie comme hymne rhodésien, le secrétaire général du Conseil de l'Europe reçoit une lettre du bureau français de la Confédération européenne des anciens combattants, protestant " contre le fait que l'hymne européen soit devenu l'hymne de l'apartheid " (p. 282). Or, cette protestation au nom des valeurs universalistes des Droits de l'Homme, l'institution européenne s'avouera incapable de la soutenir ; comme l'explique un mémorandum interne de la Direction des affaires juridiques du Conseil de l'Europe : " Si la Rhodésie a pris le "Prélude de l'Ode à la Joie" dans sa version originale, aucun reproche ne peut être fait à la Rhodésie [sic] car c'est une version qui est tombée dans le domaine public. Si, au contraire, la Rhodésie a pris la partition officielle du Conseil de l'Europe, rien ne peut être fait sans l'accord de celui qui dispose des droits d'auteur à l'égard de cette partition, à savoir M. von Karajan. " (p. 282) Terrible ironie du sort : l'universelle et fraternelle Freudensmelodie n'aurait pu être éventuellement soustraite à son détournement raciste qu'avec l'accord d'un arrangeur-chef d'orchestre " ancien nazi " (p. 279). Mais, puisque la Rhodésie n'aura fait que s'approprier une oeuvre appartenant " au domaine public et à un patrimoine culturel universel ", selon les mots du secrétaire général du Conseil de l'Europe, celui-ci répondra aux anciens combattants : " Je comprends vos sentiments, mais je crains qu'il n'existe pas de recours international en cette matière " (p. 282).

3.

Ces accidents de parcours - que je prélève comme exemplaires parmi tous ceux qui auront jalonné la longue et sinistre odyssée de l'Ode à la joie, depuis le " temps des nationalismes " (p. 181 sq.) jusqu'à aujourd'hui, en passant par les épisodes les plus sombres de la seconde guerre mondiale (cf. " Beethoven Führer ", p. 233 sq.) -, ces pannes, dans quelle mesure peut-on dire qu'elles viennent affecter du dehors une musique censée incarner par essence des valeurs tout autres ? La question que le livre de Buch ne cesse d'appeler, c'est, en effet, celle d'une responsabilité politique interne à la musique. Ou, si l'on préfère : celle du caractère intrinsèquement politique d'une oeuvre.

Les considérations, vieilles comme le monde, sur la puissance de la musique, sur ses effets de transport ou de transe, ces considérations ne sont ici d'aucune utilité. Ainsi, lorsque Platon parle de maîtriser la musique, de veiller à ce qu'elle serve très exactement les fins politiques qui lui sont assignées, lorsqu'il préconise par exemple de la mettre exclusivement au service du courage et de la vertu en excluant ses effets nostalgiques ou amollissants, il considère lesdits effets comme des faits accomplis et reconnus : il les accepte ou les refuse, peu importe : il en fait une propriété essentielle et inamovible de tels modes ou harmonies. " Quelles sont les harmonies accompagnant les chants de déploration ? ", demande en effet Socrate (République, 398d-e). Réponse : " La lydienne mixte et la lydienne soutenue, avec quelques autres modes analogues ". Dès lors, " ces harmonies, ne faut-il pas les exclure ? " Il le faut. Et s'il le faut, c'est parce qu'il est impensable que lesdits modes puissent être instrumentalisés au service d'une autre fonction que celle qui leur appartient essentiellement.

Pareille forme de censure musicale peut faire sourire, car, comme l'écrivait Adorno en 1936, " il nous est radicalement impossible de refaire l'expérience des caractéristiques platoniciennes des modes " (1). Elle devrait surtout éveiller un certain " soupçon ", dont Adorno parlait dans cette même lettre à Ernst Krenek : " Je n'ai jamais pu réprimer le soupçon que les effets moraux ou apaisants que Platon assigne aux modes (ils continuent de hanter ces critiques qui parlent d'une musique moderne énervante et autres choses du genre) étaient déjà de son temps des inventions spéculatives, des "mythes" " ; c'est-à-dire que ces harmonies modales " doivent leur aura au seul fait d'être taboues, et non à leur éloquence ".

L'Ode à la joie de la Neuvième de Beethoven n'a jamais, à ma connaissance, fait l'objet d'un tel tabou. Elle est en revanche bel et bien devenue un mythe ou un fétiche. Mais pour des raisons qui ne doivent rien, sans doute, à une censure venue de l'extérieur. Car la question, ici, n'est pas, n'est plus de savoir si l'Ode à la joie est ou non essentiellement le véhicule de telles valeurs plutôt que telles autres. Il faut plutôt penser, avec Buch, que la " valeur morale " de la musique de Beethoven " ne peut pas être fondée raisonnablement sur le langage musical lui-même " ; il faut dire que, " ou bien le langage musical est amoral, ou bien il exprime une notion de moralité qui inclut les tyrans - ce qui revient au même " (p. 308-309).

N'y aurait-il dès lors plus rien à dire ni à faire ? Faudrait-il tenir que tout ce qui est arrivé et arrivera à la Neuvième n'a rien à voir avec la Neuvième elle-même ? Que son devenir, ou plutôt l'histoire de sa réception, ne la concerne plus ? Qu'il n'y a là qu'un champ de forces appropriantes ou désappropriantes, ouvert au meilleur comme au pire ?

4.

Certes, toute musique, qu'elle véhicule ou non des paroles explicites et un " programme ", est sujette à des appropriations, des greffes ou des prélèvements plus ou moins dérangeants. Ainsi, dans son arrangement pour petit ensemble de la célèbre Valse de l'empereur (Kaiserwalzer) de Johann Strauss (réalisé pour la Société musicale d'exécutions privées en 1925), Schoenberg dissimule de véritables citations qui sont autant de gloses, à la fois sur la valse et sur son titre. Pas plus tard qu'à la septième mesure, Schoenberg, en accompagnement du contremotif lyrique de la marche, introduit discrètement au piano une mélodie qui n'est autre que ce thème de Haydn qui fait aujourd'hui office d'hymne allemand, et qui, jusqu'à la fin de la monarchie, était en Autriche l'" hymne de l'empereur " (Kaiserhymne). Avec cette citation en quelque sorte subliminale de l'hymne dans la Valse de l'empereur, tout se passe comme si Schoenberg importait aussi un commentaire, des paroles, bref, tout un discours, éminemment politique et consonant peut-être avec les idées monarchistes de Schoenberg(2) .

Mais, s'en tenir à ce constat des appropriations sauvages qui guettent toute musique, ce serait, sous prétexte de " pragmatisme ", laisser se reformer une vision essentialiste des oeuvres musicales - vision à peine différente de celle de Platon, malgré les apparences : ce serait dire, en effet, que malgré tout ce qui a pu ou pourra lui arriver, l'oeuvre, l'oeuvre " elle-même ", reste intacte, saine et sauve, telle qu'en elle-même. Que tous les " accidents " qui peuvent l'affecter n'auront rien changé à son essence d'Ode à la joie.

 

Face à ce prétendu " pragmatisme ", qui est l'une des tentations de l'essai de Buch, je préférerai le suivre dans une autre voie qu'il suggère aussi, lorsqu'il s'interroge (notamment p. 127) sur " la disponibilité de cette oeuvre à être perçue comme... " Je traquerai donc, avec Buch, tous les indices possibles suggérant que la Neuvième, " en elle-même ", aurait pu préparer le terrain, prédisposer la possibilité de ses lectures et appropriations les plus indisposantes.

 

5.

Buch écrit (p. 121-122) que, contrairement à Mozart et Haydn qui " fondaient volontiers leurs mélodies "populaires" dans l'ensemble du tissu musical ", Beethoven tente de " mettre en valeur le caractère différencié de la Freudensmelodie par rapport au reste de l'oeuvre " ; et il ajoute :

 

De quelles stratégies, de quelle dualité s'agit-il ?

On sait que l'introduction du finale de la Neuvième, avant l'irruption de l'Ode à la joie, présente successivement des citations des mouvements précédents. Des sortes de fenêtres ouvertes sur le passé de l'oeuvre, et aussitôt refermées par l'intervention d'un " récitatif instrumental " des violoncelles et contrebasses, qui semblent dire : " non, ce n'est plus cette musique que nous voulons, c'est autre chose que nous cherchons, nous sommes en quête de cet hymne que vous allez entendre... " L'écriture beethovénienne vise ici, plus que jamais, un régime d'écoute présupposant que l'auditeur s'identifie avec le créateur pour suivre pas à pas la genèse de l'oeuvre ; comme l'écrivait Edward Dannreuther en 1876, dans un article qui contribua à construire la mythologie du compositeur-prophète (3):

 

Si l'Ode à la joie est ici la fleur de la Neuvième, la question qui nous attend est celle-ci : dans quelle mesure peut-on couper une fleur, la détacher pour l'embaumer, la transplanter, en faire un emblème ou un drapeau ? Ou, plus exactement : dans quelle mesure l'oeuvre (la " plante ") aura-t-elle préparé et suscité elle-même la coupure (4)?

Pour saisir en détail la véritable mise en scène que l'oeuvre propose de sa propre genèse, Buch se penche avec minutie sur " certaines traces verbales du processus créatif " de la Neuvième, que les célèbres cahiers d'esquisses beethovéniens conservent :(5)

 

Dans la version définitive de la Neuvième, quelque chose de cette Genèse subsiste en effet, " là où le soliste exhorte ses "amis" à délaisser les mélodies précédentes pour chanter celle de la joie " (p. 122-123). C'est par les paroles bien connues du baryton : O Freunde ! Nicht diese Töne ! Sondern lasst uns angenehmere anstimmen und freundenvollere ! (" Ô amis ! Pas ces sons ! Chantons plutôt un chant plus agréable et plus joyeux ! "), c'est par ces mots de Beethoven (et non de Schiller) que le " caractère différencié " de la Freudensmelodie est " dramatisé dans l'oeuvre elle-même " (ibid., je souligne). Faut-il en conclure, comme le fait Buch (p. 127), que " la disponibilité de cette oeuvre à être perçue comme un récit " contribuerait à expliquer " le geste consistant à extraire l'Ode à la joie de ce contexte de rituel symbolique " (celui de la genèse d'une oeuvre), " pour le transférer sur un rituel réel " (c'est-à-dire musico-politique) ?

6.

Sans doute Beethoven aura-t-il dramatisé ici, plus que jamais, la coupure de la fleur. En faisant de l'oeuvre le théâtre de sa propre représentation, il y aura ouvert la frontière abyssale d'une scène : comme si l'oeuvre assistait à elle-même, se rendant hommage par une couronne fleurie, se commémorant elle-même.

Mais ce geste beethovénien n'en demeure pas moins plus ambigu, plus paradoxal que Buch ne le suggère : car cette mise en scène de l'autoengendrement de l'oeuvre-plante, ce rituel autogène n'est-il pas aussi le moyen le plus puissant pour resserrer les liens entre les quatre mouvements de la Neuvième, pour empêcher, précisément, qu'elle ne s'effrite en " morceaux choisis ", détachés du grand corpus de l'oeuvre pensée comme organisme ? Les exemples sont nombreux, dans l'histoire de la musique symphonique, de ce type de procédés (que les musicologues nomment " cycliques ") où la reprise des thèmes des mouvements précédents est précisément censée assurer l'unité d'une composition de vastes dimensions...

Contrairement à ce que semble affirmer Buch, ce qu'il appelle " la dualité entre l'autonomie de la "mélodie de la joie" et son rôle structurel au sein du quatrième mouvement ", cette dualité entre friabilité ou atomisation de l'oeuvre d'une part, et dépendance organique d'autre part, cette dualité s'avère bel et bien indécidable quant à son statut " interne " ou " externe ". Car si l'on tient que c'est l'" oeuvre " qui, " structurellement " et depuis son " intérieur ", prescrirait, c'est-à-dire écrirait d'avance l'histoire de sa réception comme démembrement, quel sens pourraient alors garder ces notions d'" intériorité ", de " structure ", d'" organicité ", etc. ?

On pourra toujours penser que les effets politiques greffés ou forcés sur l'Ode à la joie n'ont rien de musical. Que, comme l'écrit Rousseau dans son Dictionnaire de musique à propos du Ranz des vaches qui bouleversait tant les soldats suisses, " ces effets [...] ne viennent que de l'habitude, des souvenirs, de mille circonstances qui, retracées par cet air à ceux qui l'entendent, et leur rappelant leur pays, leurs anciens plaisirs, leur jeunesse, et toutes leurs façons de vivre, excitent en eux une douleur amère d'avoir perdu tout cela " ; bref, que " la Musique alors n'agit point précisément comme Musique, mais comme signe mémoratif " (6) . La question demeure toutefois, dans le cas si singulier de la Neuvième, que ce " signe mémoratif ", Beethoven aura tenté de l'inscrire dans la musique même, d'en faire une mémoire de l'oeuvre et dans l'oeuvre.

La réception d'une oeuvre, comme on dit, c'est-à-dire l'ensemble ouvert de ses arrangements et dérangements actifs, est peut-être toujours une violence à l'égard d'une conception organiciste, ou structurale, de " L'OEuvre ". Et dès lors, on peut penser que la Neuvième, en prétendant inscrire dans sa " structure " son propre devenir, sa propre histoire, aura redoublé le risque ou le désir de son appropriation comme désappropriation radicale, l'exaspérant pour les siècles à venir. A vouloir faire de l'" hymne " la fable d'un telos de l'oeuvre, comme s'il en avait toujours déjà été la visée intrinsèque, Beethoven, tout en donnant à sa fiction autogénétique une force inédite (tout en conférant à l'idéal organiciste de l'oeuvre une puissance théâtrale sans précédent), aura peut-être déchaîné d'avance les pires violences d'un autre théâtre : celui de la fiction du politique. Autrement dit : le caractère " métadiscursif " (selon le mot de Buch), c'est-à-dire la maîtrise hyperbolique à laquelle tend le discours beethovénien dans la Neuvième, se renverserait en dépossession absolue.

Dès le début, dès les premières esquisses, l'Ode à la joie se sera précédée elle-même, dans une fabuleuse mise en scène (ou mise en abîme) de sa propre origine. Et c'est peut-être pourquoi elle a été, et reste encore, si disposée au commerce de tous les symboles.

Mai-juin 2000