François NICOLAS, compositeur : Éd. Jobert & Éd. Lemoine
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Pour se faire une idée de la musique de F. Nicolas : collage (23’) de 8 extraits (mp3 : 32 Mo)
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Michel Douay - Guy Vivien – Laurent Simon
Journées d’étude critique
sur Le
monde-Musique : 8 & 9 avril 2016 (Ircam, Paris)
(cliquer
sur chaque lien pour accéder à la vidéo Youtube correspondante ou
au texte pdf)
Deux entretiens sur Le monde-Musique avec Aliocha Wald
Lasowski :
www.youtube.com/watch?v=dlS4VL3fZVY - www.youtube.com/watch?v=bK6plFt2IX8
Le monde-Musique
Comment comprendre
que la musique puisse constituer un
monde à part (ce qui n’est pas dire un espace autarcique), un monde qu’on
nommera monde-Musique, un monde fait
de morceaux de musique plutôt que de musiciens, un monde où l’existence se
concentre dans des morceaux singuliers qu’on appellera œuvres, un monde dont l’intensité sensible relève de l’écoute, un monde dont l’autonomie
relative procède d’une logique originale (le solfège), un monde que les
musiciens ne cessent de visiter pour y prêter leur corps en jouant sans parler,
un monde apte à résonner/raisonner avec un environnement non musical ?
Répondre,
avec la rigueur requise, à ces questions nécessitera quatre tomes :
successivement une théorie de l’écoute musicale à l’œuvre (I), une théorie de la logique d’écriture légitimant
qu’on parle ici d’un « monde » musical (II), une théorie de cette
discursivité langagière propre au musicien qu’on nommera intellectualité musicale (III), une théorie de ces rapports du
monde-Musique avec son environnement
qu’on nommera raisonances (IV).
À quel
titre la musique est-elle un art de l’écoute ? Qu’est-ce qu’écouter musicalement ? : est-ce
seulement percevoir, auditionner, appréhender ?, s’agit-il de la même écoute
que celle (religieuse) des fidèles ou celle (flottante) des
psychanalystes ?, à quelles conditions musicales une telle écoute
est-elle possible ?, comment suivre à la trace le travail musical d’une
telle écoute lorsqu’elle a la grâce de pouvoir s’engager ? La
thèse centrale sera la suivante : pour que l’auditeur de musique puisse
devenir un écouteur, il faut qu’en
cours d’œuvre, il arrive quelque chose à la musique : on nommera moment-faveur cette surprise musicale où
l’œuvre avoue ce secret qu’on nommera intension. On
examinera minutieusement comment ce tournant interne au discours musical
autorise qu’un écouteur puisse, à partir de là, tricoter les mailles d’un
temps musical qui viendra, une fois l’œuvre achevée, déposer dans la mémoire
du musicien cette Forme qu’on
nommera inspect. |
La
musique vit d’un grand écart : d’un côté art de l’écoute (I), elle est
l’emblème - avec la poésie - du sensible « concret » qui
ravit ; de l’autre, discipline de l’écriture (II), elle est l’emblème -
avec la mathématique - de l’intelligible « abstrait » qui se
déchiffre. Et c’est cette tension vivifiante qui rend la musique capable de
faire monde propre. On
théorisera le monde-Musique - à la
lumière de la mathématique (Grothendieck) et à l’ombre de la philosophie (Badiou)
- en soutenant que son cœur logique est cette écriture spécifiquement
musicale - le solfège - déjà millénaire. Ce faisant, il s’agira donc de tirer
toute conséquence du fait que la musique est le seul art à s’être jamais doté
de sa propre écriture. En quel
sens entendre une telle existence du « monde-Musique » ? Quels en sont les acteurs et les corps, les
opérations et les instruments, la logique et les frontières, les relations et
les processus ? À quelles conditions ce monde ne deviendra-t-il pas
submergé, au XXI° siècle, par l’inflation numérique et sonore ? |
Depuis
trois siècles, des musiciens s’attachent à formuler, par écrit, les enjeux de
la musique qu’ils pratiquent : il y a ainsi des intellectualités musicales qui nomment et énoncent sur une
musique dont pourtant la pensée propre, non langagière, ne nomme ni n’énonce. Pour
qu’un tel projet émerge à partir de Rameau, il aura fallu que la musique se
constitue en monde (relativement) autonome [tome II], que la philosophie en
prenne mesure (Descartes) et qu’un embrasement idéologique sans précédent
(les Lumières) vienne mobiliser le
musicien. D’où un nouveau type de discursivité musicienne conjoignant une théorisation, une critique et une esthétisation
de la musique aux fins d’encourager les musiciens aux tâches musicales de l’heure et
de convaincre les non-musiciens de la portée générale de ces dernières.
L’articulation variée de ces
trois opérations engendrera une constellation disparate d’interventions, à
l’écart de toute continuité disciplinaire d’ordre académique (telle la
musicologie, née plus tardivement). À ce
titre, on monographiera ici les intellectualités musicales de Wagner, Boulez,
Boucourechliev et Rosen (à rebours des anti-intellectualités musicales de
Chopin, Debussy, Varèse et Berio) pour les confronter à quelques
intellectualités d’un autre type : mathématique, philosophique et
architecturale. |
Si
l’autonomie du monde-Musique ne
signifie pas son autarcie, quel parti musicien
tirer des liens exogènes de ce monde avec un environnement de pensée dont il
n’est pas indépendant ? Sans
faire système général de ces liens (cela supposerait une théorie,
encyclopédique et inconsistante, du chaosmos), ce quatrième volume propose
une analyse monographique de ces résonances entre raisons disparates qu’on
propose d’appeler raisonances. Elles
concerneront ici les rapports de la musique non seulement à d’autres arts
(l’architecture et le cinéma en l’occurrence) et à la poésie (Hopkins) mais
également aux mathématiques et à la politique, à la philosophie (Deleuze) et
à la psychanalyse, à l’histoire et à la musicologie (Deliège). Parcourir
un tel archipel, intensifier ainsi les affinités que les musiciens œuvrant entretiennent avec ces autres
pensées créatrices dont ils partagent le même temps, c’est élargir la base de
notre pyramide (celle, en quatre tomes, dont l’écoute musicale constitue la
pointe) et parachever une Idée classique
de la musique contemporaine qui s’attache, contre un nihilisme omniprésent, à
continuer l’art musical en le renouvelant. |
« Florence Millet joue
François Nicolas »
en compagnie de
Jeanne-Marie Conquer (violon) et Alain Damiens (clarinette)
Nous buvons la hantise
des causes
dans le pétillement
vénéneux de nos coupes
et nous frôlons de nos
crochets
des infinis subtils comme
une mort légère.
Mais où les jonchets
s’entremêlent
l’enfant reste sans mots
:
l’univers dort dans le
berceau
d’une petite éternité.
Ossip Mandelstam
Au sommaire :
1. Toccata (2002)
pour piano - 6’39’’
2. Trio Transfiguration
(1997) pour violon, clarinette et piano - 22’53’’
3. Sonate (2003)
pour piano - 28’19’’
4. Des infinis
subtils (1995) pour piano - 16’35’’
––––
Biographie
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français
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espagnol (español)
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portugais (português)
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polonais
Biographie
Ancien élève de l’École Polytechnique, titulaire d’un DEA de philosophie, François Nicolas étudie l’orgue avec Albert Alain, le piano avec Carlos Roque-Alsina et l’écriture musicale avec Michel Philippot.
Après avoir pratiqué quelque temps la scène du jazz comme pianiste, il se tourne vers la musique contemporaine.
Il rencontre Mauricio Kagel et Luciano Bério (Acanthes, 1981 et 1983), participe aux confrontations de Darmstadt en 1982 & 1984 et suit la formation en informatique musicale dispensée par l’Ircam aux compositeurs.
Il enseigne ensuite au CNSM, intervenant également comme producteur invité de France-Musique, et cofonde l’ensemble de musique contemporaine Entretemps.
François Nicolas participe ultérieurement à l’Ircam comme compositeur en recherche, en particulier à la mise au point du logiciel Modalys (synthèse par modèles physiques) puis à celle de la Timée (source multi-hauts-parleurs).
Toutes ses œuvres sont éditées chez Jobert.
Il travaille actuellement à un vaste projet compositionnel sur Mai 68 : Égalité ’68 (symphonie, cantate, madrigal et opéra)
François Nicolas associe la composition à une réflexion théorique sur la musique.
Cofondateur en 1986 de la revue Entretemps, il anime depuis les années 90 les Samedis d’Entretemps (rencontres autour de livres sur la musique) et différents séminaires (musique & : mathématiques/psychanalyse/philosophie/histoire…).
Il est depuis 2003 à l’École normale supérieure (rue d’Ulm,
Paris), professeur associé (2003-2006) en charge de la musique contemporaine
puis chercheur associé (Collectif Histoire-Philosophie-Sciences et Centre
international de recherche philosophie, lettres, savoirs CIRPHLES – USR 3308 CNRS/ENS).
Il vient de terminer un vaste ouvrage Le monde-Musique (et son écoute à l’œuvre) [en cours de publication chez Aedam musicæ] et prépare un livre sur Parsifal.
François
Nicolas is a Researcher and Associate Professor in charge of contemporary music
at the École normale
supérieure (Ulm) and Ircam. As a composer he combines
composition with theoretical reflection. Having studied philosophy at the École
Polytechnique (Paris), organ with Albert Alain, piano with Carlos Roque-Alsina,
and composition with Michel Philippot, he performed jazz before turning to
contemporary music.
Nicolas
met Mauricio Kagel and Luciano Bério (Acanthes, 1981 and 1983), attended lectures
at Darmstadt (1982 and 1984), and took the Ircam computer training course for
composers. He is currently working on “Égalité
’68” a large-scale compositional project on May ’68 consisting of a
symphony, a cantata, a madrigal, and an opera. His musical works are available
through Jobert.
He
lectured for some time at the Conservatoire National Supérieur de Musique in
Paris and was also a guest producer at France-Musique. Together with Hacène
Larbi he founded the Entretemps ensemble and contributed at Ircam to the production of the Modalys
software and Timée multi-loudspeaker source.
From
1988–2004 he was a member of the editorial board of the Revue de musicology.
Cofounder in 1986 of the Entretemps review,
since the early ‘90s he has run the Samedis d’Entretemps
(meetings around books on music) and different seminars (music and
mathematics/psychoanalysis/philosophy/history…). He has just completed the
large book Le monde-Musique (et son écoute à l’œuvre) [The
World-Music (and its Listening in the Work)] and is preparing a book on
Parsifal.
265, rue du Faubourg-Saint-Martin — 75010.Paris (France)
tél. : +33 (0) 1 44 65 01 40
fax : +33 (0) 1 46 07 27 58
fnicolas [at] ircam.fr