La
puissance et la gloire du grand orgue
(De
la Sonate I pour orgue de Jean-Pierre
Leguay)
(compositeur, professeur
associ lĠEns)
Cette sonate (1973-1974) en deux mouvements,
dĠenviron 20 minutes (9+11), dploie un grand orgue particulirement clatant
dont la sduction sonore immdiate emporte lĠadhsion, singulirement dans un
final dtonnant.
Comment expliciter la dynamique interne de
cette Ïuvre ?
Commenons par dgager quelques traits de son
matriau.
La sonate attaque dĠun geste bref (exemple 1),
qui se trouve rpt cinq reprises, sans autre modification que la dure du
silence qui le clt :
Exemple
1 (page 2, dbut du 1Ħ systme, not p. 2 : 1Ħ)
Ce geste introduit une polarit
chromatisme/diatonisme qui sera une ressource constante de toute lĠÏuvre :
en effet, ce geste superpose une squence chromatique et un mlisme diatonique
pour se conclure sur un accord de nature chromatique :
Exemple
2 (p. 2 : 1Ħ)
Cette dualit peut tre figure par la matrice
suivante :
chromatisme |
c h r o m a t i s m e |
diatonisme |
Cette matrice — contraste horizontal
entre chromatisme et diatonisme dbouchant sur une verticalit chromatique
— chemine tout au long de lĠÏuvre, ne cessant de nourrir son matriau en
tensions intrieures, en nergies souterraines. Par exemple, cette fois dans le
second mouvement :
Exemple
3 (p. 20 : 3Ħ-4Ħ)
Parfois lĠÏuvre expose horizontalement un
matriau chromatique verticalement dispos, comme dans la seconde mesure de
lĠÏuvre :
Exemple
4 (p. 2 : 1Ħ-2Ħ)
La dualit diatonique/chromatique peut prendre
dĠautres formes : par exemple celle-ci, plus compacte :
Exemple
5 (p. 6 : 3Ħ)
Le contraste diatonisme (main droite
+ pdalier) et chromatisme (main gauche) est ici toujours prsent mais il
se trouve noy dans une logique gnrale de cluster. Le contraste qui se trouve
ici prpondrant tient au statisme de la main droite quand les registres de la
main gauche et du pdalier se dplacent par mouvements contraires.
Cependant, en raison de sa forte prgnance
perceptive, lĠensemble constituera une sorte de bloc compact plutt quĠun geste exposant son contraste intrieur (comme dans
lĠexemple 1).
La figuration du matriau horizontal reste en
gnral plutt neutre : il sĠagit moins de mlodies ciseles selon un
profil rythmiquement individualis que de guirlandes ; par exemple
celle-ci :
Exemple
6 (p. 22 : 1Ħ)
Cette neutralit figurative des voix
horizontales conduit des polyphonies de nature gnrique : dans lĠexemple suivant, une polyphonie cinq voix entremle des
mlismes eux-mmes gnriques plutt que des mlodies individualises.
Exemple
7 (p. 10 : 1Ħ)
On remarquera la directionnalit univoque de
chaque partie, engendrant, par mouvements parallles ou contraires, une
polyphonie multivoque selon le schma suivant :
Bien sr, cette lecture horizontale
(polyphonique) du Ç quintet È ici en jeu doit tre complte dĠune
lecture verticale (harmonique) qui met cette fois en valeur une substance
harmonique du passage compose par les notes tenues, lecture qui interprte alors
les notes non tenues comme notes de passage entre ces harmonies. O la squence
gagne en polyvalence de lecture et dĠcouteÉ
Au total, lĠÏuvre compose ici moins une
polyphonie singulire (avec des caractristiques individualises) que le
principe gnral de Ç la È polyphonie, une sorte de polyphonie
abstraite, un peu comme celle que Jean-Sbastien Bach met au cÏur de sa pice
en sol BWV 572 : le tissu polyphonique miroite dans la gnricit de ses
fils.
De mme, les agrgats verticaux ont souvent
une fonction dĠaccords-timbres plutt quĠ proprement parler dĠharmonies.
Exemple
8 (p. 21 : 3Ħ)
Singulirement la fin de la seconde mesure
de cet exemple, les accords prsentent un agrgat en glissement chromatique si
bien quĠil sĠagit moins ici dĠenchaner des harmonies que dĠassocier un timbre
un mlisme chromatique descendant (prsent la pdale). LĠcriture prend
ici pour modle une technique instrumentale propre lĠorgue :
lĠaccouplement des claviers au pdalier, le ralisant ici selon des intervalles
que la registration traditionnelle nĠoffre pas (sixte 2 2/5 pour lĠintervalle
entre la fondamentale la pdale et la note grave de la main droite, septime
majeure 2 2/15 pour lĠintervalle entre la pdale et la note aigu de la main
droite) ou peu (septime 4 4/7, pour lĠintervalle entre la pdale et la main
gauche), soit, au 7Ħ accord de la 2Ħ mesure, de bas en haut : {la#, sol#,
sol bcarre, la bcarre}.
En quelque sorte, lĠcriture ralise, sa
manire, une extension dĠun prototype instrumental.
Sur le plan rythmique, le matriau est prsent
hors de toute inscription mtrique : aucun mtre nĠest explicitement not
lors mme que des barres de mesure sont bien inscrites. Il est vrai que ce
trait est gnral dans la musique dĠorgue de Jean-Pierre Leguay. Il nĠen est
pas moins remarquable.
Si lĠon tente de reconstituer le mtre
lĠÏuvre, on remarque son importante flexibilit et sa grande souplesse :
il nĠy a jamais le mme mtre pour deux mesures de suite si bien que cĠest la
catgorie mme de Ç mesure È qui semble ici impertinente, lors mme
que les barres Ç de mesure È semblent pourtant en maintenir le
principe.
Ce trait dĠcriture (quĠon dira
privatif : Ç ne pas noter le mtre È) est associ un trait
plus gnral de lĠcriture rythmique : celle-ci est faite dĠadditions et
de multiplications de petites dures, presque jamais de divisions de grandes
dures. Ainsi, lĠenchanement des dures exclut presque systmatiquement
lĠusage de valeurs irrationnelles — obtenues par division dĠune valeur
longue en un nombre inhabituel de valeurs plus brves toutes identiques (5:4,
7:4, 9:8, etc.) —.
LĠcriture rythmique utilise systmatiquement
soit la rptition de valeurs brves (voir lĠexemple 6), soit la combinaison
(varie) dĠune brve valeur et de valeurs plus longues obtenues par
multiplication simple de la prcdente. Ce point est illustr par lĠexemple
suivant :
Exemple
9 (p. 4 : 5Ħ-6Ħ)
Une manire privilgie de varier le rythme
consiste en la technique de la Ç valeur ajoute È : elle revient
altrer une rgularit mtrique par adjonction dĠune petite valeur. Par
exemple lĠenchanement des mtres (implicites) de lĠexemple prcdent et
inscrit par mes soins (la partition ne les expose pas) est le suivant :
4/4+1/8, 4/4+3/16, 4/4+1/8, 4/4+1/16, etc.
Ces mtres, varis au moyen de valeurs
ajoutes, encadrent une guirlande rythmique obtenue par addition varie dĠune
petite dure de base (la double croche) et de son double (la croche). Remarquer
que cĠest la rgularit de 12 hauteurs associe une combinatoire varie de
deux dures (double croche/croche) qui gnre, par entrecroisement, la varit
du Ç mtre È.
Comment ce matriau va-t-il se dployer dans
le temps propre de lĠÏuvre ?
Reprons, l encore, quelques traits de cette
criture.
Les accords — dont jĠai dit quĠils taient
ici le plus souvent conus comme des timbres plutt que comme que des harmonies
— vont dployer de vastes parcours quĠil faut l aussi comprendre moins
comme des volutions harmoniques que comme des dploiements-repliements de
sonorits-timbres.
LĠexemple suivant nous fournit un bon exemple
dĠune telle sonorit-timbre, solidement fonde sur une pdale immobile, qui se
dploie vers lĠaigu avant de replonger dans le grave par glissement dĠune note
aprs lĠautre. Au total, chaque note nouvelle peut tre entendue comme
dcrivant une mlodie (le schme de la mlodie suprieure de cet accord-timbre
volutif est restitu dans la dernire porte de lĠexemple suivant) :
Exemple
10 (p. 6 : 4Ħ p. 7 : 1Ħ-2Ħ)
Attention :
cet exemple simplifie la partition en uniformisant les dures (une noire pour
chaque hauteur nouvelle) pour mieux faire ressortir le schme
harmonico-mlodique du passage.
On remarquera le contraste intrieur cette
masse (entre la fixit du pdalier et le parcours des mains) qui gnre un
clairage rciproque entre immobilit et mobilit.
Le matriau est frquemment vari selon un principe
conomique de petits dplacements. On en avait vu une premire illustration
avec la guirlande rythmique de lĠexemple 9 (rptition de 12 hauteurs varies
mais combinatoire mobile de deux dures). En voici un autre o cette fois la
variation est obtenue par condensation progressive :
Exemple
11 (p. 13 : 3Ħ/p. 28 : 3Ħ et 4Ħ)
Une autre manire de varier la prsentation
dĠun matriau consiste superposer deux rgularits de dures ingales en
sorte que leur agrgation soit elle-mme constamment diffrente. Dans lĠexemple
suivant, un ensemble de 18 doubles croches (main droite) est associ un
ensemble de 5 hauteurs (main gauche) de dure globale plus brve si bien que la
rptition inchange de chacune gnre une superposition constamment
renouvele.
Exemple
12 (p. 15 : 4Ħ 16 :1Ħ/p. 31 : 1Ħ-3Ħ)
Une autre manire de varier la prsentation
dĠun matriau fondamentalement stable consiste en une permutation incessante de
ses lments. Dans lĠexemple suivant, un groupe de 4 hauteurs fixes (de bas en
haut : au pdalier do, la main gauche sol et do#, la main droite la) est rpt 9 fois dans un ordre constamment renouvel.
Exemple
13 (p. 24-25) : extrait de la trame gnrale
Rsumons.
Le matriau est ici compos selon quelques
principes dĠcriture simples et efficaces : contrastes diatonisme/chromatisme,
fixit/mobilit des registres, dploiement de trains dĠimpulsions par
prolifration de valeurs brves, rptitions varies par dplacements
combinatoires,É
Parfois lĠcriture se dissout en de plus
simples notations, tels les clusters de lĠemballage final dont ne sont plus
inscrites que les extrmits.
Au total lĠcriture est ici constamment au
service de son rsultat sonore.
Ce point est dĠautant plus remarquer que les
figures et gestes prsents sont, comme on lĠa vu, de facture plus gnrique
quĠindividualise : lĠÏuvre compose avec des entits (tels le bloc de clusters, le timbre en ventail, la polyphonie de mlismes croiss) plutt quĠavec des individualits. La
seule individualit qui contraste franchement avec cette gnricit est le
geste qui ouvre la sonate (voir exemple 1), geste qui va dĠailleurs servir tout
au long du premier mouvement de vritable signal
priodisant le mouvement, son individualit identifiable contrastant avec la
plasticit des situations rencontres.
LĠÏuvre, proprement parler, ne dveloppe pas
son matriau ; elle ne fait pas jouer par exemple un nouveau rle
(ventuellement dramatique) au contraste initial entre diatonisme et
chromatisme. LĠÏuvre procde plutt par dploiement, par extension. Ici le
matriau ne sĠaltre pas mais se prsente plutt comme restant le mme mais
sous un nouveau jour. [1]
Le passage dĠun tat lĠautre, dĠune
situation musicale une autre se fait alors sous la figure du contraste plutt
que par transition, ou mdiation. Il sĠagit ici moins dĠun processus
dialectique (o une contradiction entre forces opposes se convertit dĠun tat
en un autre) que dĠun parcours fait de basculements, de sauts, de rencontres.
Pas de mdiations ici entre des tendances opposes mais le frottement net, le
basculement abrupt dĠun tat lĠautre.
Le caractre relativement neutre du matriau mobilis
comme le caractre contrast des enchanements conduit interprter les forces
ici en jeu de manire essentiellement physique : lĠÏuvre joue en effet dĠnergies, de champs de forces, de fractures
gologiques, de couches sdimentes, de contrastes entre matires de
diffrentes consistances (la dualit diatonisme/chromatisme est sans doute
comprendre non comme contradiction caractre dramatique, ou comme ressource
discursive, mais plutt comme superposition-enchevtrement de matrialits
htrognes, tel lĠargile et la craie, le silex et la glaise). Ce qui importe
ici, ce sont donc moins des figures comme telles, des thmes ou mlodies, des
harmonies discursivement articules que des masses et des blocs, des nergies
et rsistances, des pousses et blocages, des champs et coulesÉ
Si cette Ïuvre relve dĠune physique plus que
dĠune discursivit, il faut entendre ce mot physique au double sens dĠune physique naturelle (voir ce qui vient dĠtre dit)
mais galement dĠune physique du corps instrumental, en lĠoccurrence de la
vaste machine-orgue dont Jean-Pierre Leguay est bien sr un matre.
Il est clair en effet que la plupart des caractristiques
jusquĠici releves trouvent leur raison musicale dĠtre dans lĠinstrument
convoqu : lĠorgue, et plus encore le grand orgue symphonique qui se
trouve au principe de cette Ïuvre. Il est patent que cette sonate ne trouve pas
dans lĠorgue un vhicule de circonstance mais quĠelle est faite
Ç pour È lĠorgue, un peu comme lĠarchet est fait pour la corde.
Cette adquation entre criture et instrument
est manifeste dans les points suivants.
Il y a dĠabord un jeu de silences qui prennent
leur vritable sens dĠtre emplis dĠune vaste rverbration. Ainsi les silences
varis venant conclure le geste initial (exemple 1) — Ç long È
(p. 2 : 1Ħ), Ç court È (p. 3 : 2Ħ/p. 8 :
3Ħ), Ç long È puis Ç trs long È (p. 11 : 4Ħ)
— sont-ils moins des attentes que des rsolutions : des coulements
des sonorits clatantes du grand orgue dans lĠespace de la vaste nef. Ces
silences ne sparent pas : ils parachvent le geste qui les prcde en
incluant la rverbration de la nef comme un paramtre musical part entire.
De mme une certaine conception timbrale des
harmonies (stables dans lĠexemple 8, en glissement dans lĠexemple 10) sĠaccorde
avec le gnie propre de cet instrument o les effets sonores les plus
remarquables peuvent tre obtenus par registration judicieuse donnant corps
une simple enveloppe mlodique.
LĠconomie dĠcriture de cette Ïuvre est une
manire de confier son destin la grce propre de lĠinstrument dans lequel
elle sĠincarne. Ë ce titre, cette conomie dsigne une aptitude de la partition
fonctionner comme tablature : indiquer le geste accomplir plus
encore que le rsultat sonore, lequel sera dĠautant plus loign du geste
effectu quĠentre les deux lĠinstrument aura mis en jeu son vaste corps. Et
quel corps plus vaste et plus puissant que le grand orgue symphonique !
Ceci proprement parler interdit dĠailleurs
de tenir cette sonate comme tant Ç pour È orgue. Il faudrait plutt
dire quĠelle est une sonate dĠorgue, ou, mieux,
parler ici dĠune sonate-orgue.
Cette Ïuvre, donc, sonne orgue. Ceci suffit lgitimer son titre de Sonate (mme si on pouvait galement lgitimer cette nomination par une
signification plus souterraine attache la dualit
diatonisme/chromatisme ; mais jĠai indiqu quĠ mon sens cette dualit
constituait moins un ressort dramatique — comme dans la sonate classique
— quĠun contraste physico-acoustique de matriauxÉ).
Une fois prsents le matriau et ses
modalits contrastes de dploiement, que dire de la dynamique gnrale de
lĠÏuvre et singulirement de sa stratgie globale ?
Commenons par les plans formels des deux
mouvements.
Dans le premier mouvement, la segmentation est
signale par le retour du geste initial (exemple 1). DĠo trois parties (que
jĠindiquerai en numrotant cette fois les systmes de chaque mouvement [2]) :
A : 1 6 (champ harmonico-timbral :
voir exemple 4)
B : 7 29
B1 : 7 24 (cette partie, qui se
distingue de la suivante par la registration, correspond trs exactement au 16Ħ
prlude que le compositeur, quelques annes plus tard, extraira sans
modifications de cette sonate)
B2 : 25 29 (nouveau champ vertical
dĠaccords-timbres)
C : 30 42 (champ polyphonique :
voir exemple 7)
Il faut, comme de juste dans une Ïuvre pour
orgue, se rfrer la registration pour trouver la priodisation la plus
pertinente. DĠo quatre parties pour ce mouvement :
D : 1 31 (champ de guirlandes
sĠpaississant en champ de timbres)
E : 32 50 (verticalisation —
exemple 8 — puis retour un champ horizontal de guirlandes —
exemple 6)
F : 51 58 (champ de trilles stri
dĠimpulsions : voir exemple 13)
G : 59 98 (vaste embrasement conclusif,
inaugur par une reprise [3]
— systmes 64 82 — de la partie D prcdente — systmes 2
19 —).
Un moment particulirement remarquable de
cette Ïuvre est celui de sa fin. LĠemballement gnral y enlve lĠadhsion de
lĠauditeur, clairant de manire trs convaincante tout le dploiement qui lĠa
prcd.
Ce moment est lentement conduit par une
profonde pdale qui rapparat page 24 (1Ħ systme) aprs sa disparition
en dbut de partie G (p. 26 : 1Ħ). Le mouvement mlodique de cette
pdale (fonds et anches
16, 8, 4 + mixtures) est rsum dans lĠexemple ci-suit qui prsente les hauteurs parcourues
en faisant fi de leurs dures (variables mais toutes trs longues) :
Exemple
14 (p. 27-35) : progression du pdalier
Le chromatisme de cette conduite mlodique est
patent. La monte progressive du registre associe lĠimpact sonore du tumulte
dclench par les claviers conduit une apothose chromatique clatante.
Comme toujours, le moment de la fin dĠune
Ïuvre appelle une comprhension rtroactive de lĠensemble. Il suggre ici la
lente dification dĠun triomphe que jĠaimerais nommer Ç la puissance et la
gloire du grand orgue È.
–––
[1] Il faudrait donc associer cette logique celle de Schubert plutt que
de Beethoven, si lĠon retient de Stockhausen (repris par Pousseur) lĠide que
Schubert varie lĠclairage dĠun objet immobile l o Beethoven varie lĠobjet
sous un clairage constantÉ
[2] Un dcompte des mesures
serait galement possible. Mais le caractre manifestement contingent du mtre
dans cette Ïuvre suggre de se rfrer plutt la notation graphique des
systmes.
[3] On remarquera au passage
que cette reprise Ç oublie È la premire mesure du passage rpt, ce
qui contribue varier sa prsentation. Plus essentiellement, la nouvelle
registration brouille profondment lĠidentit de ces deux occurrences en sorte
de gnrer un sentiment dĠtrange familiarit, difficilement dcomposable
lĠoreille entre ce qui est Ç mme È (toutes les notesÉ) et ce qui est
Ç autre È (la registration)É