Documentation sur le quintette INSTRESS
(flûte, violon, alto, violoncelle et piano ; 18’)
de François Nicolas (2007)
Création le samedi 7 juin 2008 par l’ensemble Calliopée (Paris, Centre culturel tchèque)
Légende :
H = texte d’Hopkins
T = trio op.45 de
Schoenberg
S = Sonate
P = Passage II
Harmonie = champs
harmoniques (I à XI) à la base de la Sonate [voir plus bas…]
La double barre
verticale indique les changements de tempo.
La barre verte
indique une brusque suspension sur un silence.
Il y avait des chênes et d’autres arbres. J’ai
remarqué un hêtre qui s’épanouissait tout particulièrement dans l’espace depuis
la brune cohorte de ses points de ramifications. Mais les caractères
grandioses, on les trouve dans les marronniers d’Espagne, leurs nœuds ronds
huppés de fleurs en touffes, couleur farine panachée de miel : ce type de
végétation confère une splendeur aux arbres et les différencie des autres. À
présent je sais aussi comment un ruisseau tinte.
J’ai saisi la forme spécifique de ce cheval que
l’on voit dans le soubassement et sur d’autres reliefs du Parthénon, forme que
Sophocle avait sentie et qu’il exprime dans deux chœurs d’Œdipus à Colonne, quand il
compare le cheval à un brisant, au rouleau d’une vague. J’ai observé l’aine et
le flanc des bêtes et vu comment le flux de la crinière partait
systématiquement de là, pour gagner toutes les parties du corps, si bien qu’en
suivant ce flux, on saisissait la forme spécifique de l’animal.
J’ai compté dans un arc-en-ciel, deux, point
trois octaves complets, c’est-à-dire trois, peut-être quatre touches dans la
tonique rouge, à partir du rouge le plus profond, en comptant à partir de la
lisière rouge, ceci bien entendu est tout à fait indépendant d’un arc-en-ciel
double. Il se trouve, d’ailleurs, que celui-ci l’était.
Entré dans une grange qui nous appartient, une
vaste grange ombreuse, où l’on avait entassé le foin de chaque côté, et
regardant les imposantes armatures de bois grossièrement cintrées – poutres
maîtresses ( ?) et entraits qui leur donnent l’aspect de grands A
vigoureux dont la barre médiane serait surélevée - j’ai pensé combien il était
triste que la beauté des inspects restât inconnue et enfouie pour les gens
simples, alors qu’elle était si proche d’eux, s’ils avaient les yeux pour la
voir, et si facile à faire partout resurgir.
Un autre soir, depuis la fenêtre de la galerie,
j’ai vu un ciel tavelé, la lune indiquée juste par une tâche bleue avançant
dans le nuage plus sombre, en dessous et sur les bordures du banc de
diablotins, de longs flocons saillants, blanchis et incurvés comme des plumes,
en bas le jardin avec la tête des arbres et des arbustes d’un gris de
fourrure : j’ai lu un ample inspect nonchalant, totalement fluide.
Dans les monticules et contreforts de neige à
sommet plat, soulignés de crêtes onduleuses, ces crêtes superposées sont très
pareilles aux veines du bois, par leur profil et leur projection, très
pareilles aux cartes en relief. Je crois qu’elles dépendent du vent et
naturellement des congères qui sont en réalité des vagues de neige. À la nuque
des congères, les arêtes vives sont parfois coupées de flûtes et de chéneaux
obliques. Le monde entier est plein de formes dynamiques et le jeu du hasard
s’inscrit lui aussi dans un ordre : en regardant par une fenêtre, j’ai
découvert ce parti du hasard dans les mottes capricieuses, les tas de neige
pulvérisée, dus au passage d’un balai.
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