Documentation sur le quintette INSTRESS

(flûte, violon, alto, violoncelle et piano ; 18’)

de François Nicolas (2007)

 

Création le samedi 7 juin 2008 par l’ensemble Calliopée (Paris, Centre culturel tchèque)

 

Plan

Légende :

H = texte d’Hopkins

T = trio op.45 de Schoenberg

S = Sonate

P = Passage II

Harmonie = champs harmoniques (I à XI) à la base de la Sonate [voir plus bas…]

 

La double barre verticale indique les changements de tempo.

La barre verte indique une brusque suspension sur un silence.

 

Champs harmoniques

I (7 accords)

II (9 accords)

III (10 accords)

IV (15 accords)

V (20 accords)

VI (16 accords)

VII (22 accords)

VIII (18 accords)

IX (21 accords)

X (27 accords)

XI (31 accords)

Hopkins

H1

13 juillet 1866

Il y avait des chênes et d’autres arbres. J’ai remarqué un hêtre qui s’épanouissait tout particulièrement dans l’espace depuis la brune cohorte de ses points de ramifications. Mais les caractères grandioses, on les trouve dans les marronniers d’Espagne, leurs nœuds ronds huppés de fleurs en touffes, couleur farine panachée de miel : ce type de végétation confère une splendeur aux arbres et les différencie des autres. À présent je sais aussi comment un ruisseau tinte.

H8

6 avril 1874

J’ai saisi la forme spécifique de ce cheval que l’on voit dans le soubassement et sur d’autres reliefs du Parthénon, forme que Sophocle avait sentie et qu’il exprime dans deux chœurs d’Œdipus à Colonne, quand il compare le cheval à un brisant, au rouleau d’une vague. J’ai observé l’aine et le flanc des bêtes et vu comment le flux de la crinière partait systématiquement de là, pour gagner toutes les parties du corps, si bien qu’en suivant ce flux, on saisissait la forme spécifique de l’animal.

H7

14 septembre 1873

J’ai compté dans un arc-en-ciel, deux, point trois octaves complets, c’est-à-dire trois, peut-être quatre touches dans la tonique rouge, à partir du rouge le plus profond, en comptant à partir de la lisière rouge, ceci bien entendu est tout à fait indépendant d’un arc-en-ciel double. Il se trouve, d’ailleurs, que celui-ci l’était.

H10

19 juillet 1872

Entré dans une grange qui nous appartient, une vaste grange ombreuse, où l’on avait entassé le foin de chaque côté, et regardant les imposantes armatures de bois grossièrement cintrées – poutres maîtresses ( ?) et entraits qui leur donnent l’aspect de grands A vigoureux dont la barre médiane serait surélevée - j’ai pensé combien il était triste que la beauté des inspects restât inconnue et enfouie pour les gens simples, alors qu’elle était si proche d’eux, s’ils avaient les yeux pour la voir, et si facile à faire partout resurgir.

H9

23 février 1872

Un autre soir, depuis la fenêtre de la galerie, j’ai vu un ciel tavelé, la lune indiquée juste par une tâche bleue avançant dans le nuage plus sombre, en dessous et sur les bordures du banc de diablotins, de longs flocons saillants, blanchis et incurvés comme des plumes, en bas le jardin avec la tête des arbres et des arbustes d’un gris de fourrure : j’ai lu un ample inspect nonchalant, totalement fluide.

H6

24 février 1873

Dans les monticules et contreforts de neige à sommet plat, soulignés de crêtes onduleuses, ces crêtes superposées sont très pareilles aux veines du bois, par leur profil et leur projection, très pareilles aux cartes en relief. Je crois qu’elles dépendent du vent et naturellement des congères qui sont en réalité des vagues de neige. À la nuque des congères, les arêtes vives sont parfois coupées de flûtes et de chéneaux obliques. Le monde entier est plein de formes dynamiques et le jeu du hasard s’inscrit lui aussi dans un ordre : en regardant par une fenêtre, j’ai découvert ce parti du hasard dans les mottes capricieuses, les tas de neige pulvérisée, dus au passage d’un balai.

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