Didon & ne
tude chorale (16 minutes)
pour
trois voix et deux instrumentistes
Franois Nicolas
(2014)
Didon : soprano (latin - en Sprechgesang)
ne : tnor (anglais - chant)
Chur : rcitant (franais – cantillation recto tono).
Le mtre et le tempo sont, dun bout lautre, immuables : 6/4 avec noire=120
Deux voix disposent de leur propre mtre et de leur propre tempo :
Didon : 5/4 pour noire=100
Le Chur : 4/4 pour noire=80
On ne saurait trop recommander aux diffrentes voix de travailler en priorit :
- dabord la prononciation minutieuse du texte,
- puis sa prosodie, rythme par son tempo propre et musicalement note,
- enfin – et seulement enfin – sa ligne vocale spcifique.
Dans lexcution de toutes les parties vocales, la restitution du texte et le jeu lingual des rles thtraux constituent laspect principal.
La langue procde dun rythme daccents o les mots sagglomrent librement autour des syllabes accentues. Celles-ci sont notes en noir selon un rythme globalement isochrone. On ne craindra pas ici de ctoyer parfois la logique du swing.
La langue relve dune diction syllabique, privilgiant la fluidit sans distinguer brves et longues. Les accents doivent rester de stricte prosodie.
La notation retenue met laccent sur la sparation phonologique (et non pas syntaxique) des syllabes - ce-tte fe-mme plutt que cet-te fem-me – et, plus largement, sur lenchanement consonantique : fe-mm/a-ccom-plie plutt que fem-me_ac-com-plie.
La langue privilgie une diction syllabique jouant de la distinction brves et longues (sans tenir compte des lisions) et de la scansion propre laccent tonique de mot.
Les syllabes longues sont indiques en gras. La syllabe dappui du mot (quand celui-ci comporte plus dune syllabe longue) est souligne.
On accordera une particulire attention la prosodie du texte, et tout spcialement larticulation de ses consonnes.
Compte tenu de la grande varit des prononciations du latin, on explicite ci-suit la phontique prne pour ce texte.
Les consonnes finales – tout spcialement les s - ne sont jamais muettes : ex. nefas , crudelis
Les consonnes gmines sont surarticules en deux phases, lune dimplosion, lautre dexplosion : ex. dis-simulare , tyran-ni , sup-plicia
le c se prononce la romaine en s : tacitusque ;
le g est un g dur comme dans Edgar ; suivi dun u , il se prononce gou : tangunt , sanguine ;
le h est toujours muet ;
les m et n se prononcent sparment (il ny a pas de nasales en latin) : etiam , tantum , omni , non , quondam
le q , qui est toujours suivi dun u , se prononce kou : quid , ou kw : antiquum ;
le r est apical ;
le s se prononce s (et pas z) ;
le t se prononce dur (comme dans tomate) ;
le v se prononce v : verum
le x sarticule en deux consonnes ks (comme dans taxi ou excs ) ;
le y est ici une voyelle – voir donc la suite.
le e se prononce Ԏ en syllabe ouverte et ԏ en syllabe ferme (avec consonne qui suit). On notera systmatiquement les ԏ en sorte que, par dfaut, les e soient tous prononcs comme des Ԏ.
le u se prononce ou ;
le y se prononce comme notre y : hymenos , Libyc , tyranni , Tyrii
On accordera une attention particulire aux quatre diphtongues :
= a
au = aou ou aw (cf. out en anglais)
oe = o
eu = ou ou w
La partition est partage en deux blocs : celui des voix, celui des instruments.
Le rle du Chur peut tre tenu par une seule personne. Il est rcit pour devenir brivement cantill (recto tono) lors des quelques phrases profres en latin ou en anglais – on choisira dans ce cas une des hauteurs de laccord suivant :
La polyphonie des voix (htrophonie sans contrepoint) doit relever en priorit du jeu lingual, lattention portant sur ce qui est dit, sur la langue qui le dit, sur les rapports thtraux entre les trois rles. La composante plus proprement musicale – celle qui sattache des hauteurs et des intensits notes – doit rester subordonne la premire (la brve partie centrale B faisant ici exception).
ce titre, les indications de modes de jeu pour les voix ont t dlibrment minores en sorte de laisser place linterprtation thtrale des rles tenus, laquelle ne saurait tre musicalement note.
Concernant spcifiquement le rle de Didon, on a eu recours trois couleurs pour suggrer les rapports entre trois tonalits affectives : la colre, la froideur, la tendresse.
Cette htrophonie privilgie lautonomie (relative) des voix et leur entrelacement global plutt que des rencontres locales.
Le piano et les percussions alternent deux types de relation lensemble :
- commentaires et ponctuations : la priorit est ici dՎcouter les autres en sorte de caler son intervention en fonction deux (le plus souvent, le rythme et lintensit nots laissent alors linstrumentiste une certaine marge de manuvre) ;
- discours autonome : la priorit est ici lengagement discursif individuel (il faut alors privilgier son propos sur la synchronie minutieuse et locale davec les autres pupitres).
Entre les deux instruments, la polyphonie, nouveau, nest pas strictement contrapuntique (le contrepoint est ventuellement affaire interne de chaque pupitre) : elle relve dune htrophonie faisant tresse ou entrelacs.
Luvre doit sentendre comme lhtrophonie de ces deux htrophonies, lune dordre lingual, lautre dordre musical.
Sans craindre que localement ou rgionalement, telle htrophonie lemporte en volume sonore sur lautre, globalement, les deux doivent tre conduites galit, sans hirarchie du type avant-arrire, principal-secondaire, figure-fond : il sagit, au total, dՎcouter lՎcartlement entre musical et lingual.
***