Didon
& ne
Didon |
Dido |
ne |
Aeneas |
ChĻur |
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coutons ! coutons Didon la malheureuse, cette femme
dchane ! Son amour vient de sombrer. Ne surnagent que dpit
et furie. Sur quel cueil, un tel naufrage ? |
Perfide ! Esprais-tu,
perfide, dissimuler ton forfait et quitter sournoisement cette terre ? Rien
ne te retient donc, ni notre amour, ni notre alliance, ni Didon condamne la mort ? En
plein hiver, tu te htes dÕappareiller et dÕaffronter la haute mer avec ses vents
hostiles, cruel ne ! Si
tu ne cherchais un nouveau lieu et une terre inconnue, si lÕantique Troie
tait encore debout, si tu ne souhaitais que revenir en ce bercail,
oserais-tu dfier ainsi la mer dmonte ? Tu
me fuis donc ? |
Perfide ! Dissimulare etiam sperasti, perfide, tantum posse nefas, tacitusque mea decedere
terra ? Nec te noster amor, nec te data dextera quondam, nec moritura tenet crudeli funere Dido ? Quin etiam hiberno moliris sidere classem, et mediis
properas aquilonibus ire per altum, crudelis ? Quid, si non arua aliena domosque ignotas peteres, sed
Troia antiqua maneret, Troia per undosum peteretur classibus ¾quor ? Mene fugis ? |
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Je
tÕen prie : par mes larmes et ta promesse, puisque, dans mon malheur, je
nÕai que ces recours, par notre
union et les premiers pas de notre passion,
si
tu mÕas accord quelque mrite, si tu as trouv
en
moi quelque douceur, par tout ceci, prends piti dÕune existence qui vacille et, je tÕen conjure, si tu restes encore sensible ces
prires, renonce ton ide ! Ė
cause de toi, les peuples nomades et les tyrans qui mÕentourent se lvent, hostiles. Ė
cause de toi, ma pudeur se voit fltrie, et ce renom dÕantan qui mÕgalait
aux toiles ressort souill. Toi
qui fus mon hte, qui mÕabandonnes-tu ainsi, presque morte ? Ė
quoi dsormais dois-je mÕattendre ? Ah, si du moins tu mÕavais laisse une postrit avant de dguerpir ! Ah, si du moins un petit ne sous mes yeux jouait dans mon palais me rappelant tes traits, je me verrais dj moins abuse et dlaisse ! |
Per ego has lacrimas dextramque tuam te, quando aliud mihi
iam miser¾ nihil ipsa reliqui, per conubia nostra, per inceptos hymen¾os, si
bene quid de te merui, fuit aut tibi quicquam dulce meum, miserere domus
labentis, et istam oro, si quis adhuc precibus locus, exue mentem. Te propter Libyc¾ gentes Nomadumque tyranni odere, infensi
Tyrii. Te propter eundem exstinctus pudor, et qua sola sidera
adibam, fama prior. Cui me moribundam deseris, hospes ? Quid moror ? Saltem si qua mihi de te suscepta fuisset ante fugam
suboles, si quis mihi paruulus aula luderet ®neas, qui te tamen ore referret,
non equidem omnino
capta ac deserta uiderer. |
|
|
Devant les siens, ne a ratur lÕintimit partage.
Et lÕintrieur dÕune femme, amoureusement explor au fil des nuits, se voit
rpandu parmi les pierres, expos au soleil de quiconque. Voici une femme bafoue, gant retourn, viscres
lÕair, tendre cume devenue bave. Les tensions qui accordaient ce corps attendri par
la possession ne sont plus contenues dans quelque enlacement. Voici Didon perdue, tourbillonnant fbrile dans le
chaos de ses rages. Quel tait cet amour dÕune Phnicienne pour un
Troyen, cette couture dÕune femme accomplie et dÕun jeune homme
inabouti ? Mritaient-ils ce dsastre ? coutons-les ! |
Que
devrais-je me cacher ?, lÕavenir pourrait-il me
rserver le pire ? Mes
pleurs lÕont-ils affect ? A-t-il
seulement tourn les yeux vers moi ? A-t-il,
vaincu, pleur son tour ? A-t-il eu piti de celle quÕil aimait ? Quel
pire encore supposer ? Aucune
confiance nulle part ! Quand
il tait naufrag et dmuni, je lÕai accueilli et, insense, jÕai partag
avec lui mon royaume. JÕai
sauv de la mort sa flotte naufrage et ses compagnons. Hlas,
les Furies sÕemparent de mon esprit et emportent mon corps ! |
Nam quid dissimulo, aut qu¾ me ad maiora reseruo ? Num fletu ingemuit nostro ? Num lumina flexit ? Num lacrimas uictus dedit, aut miseratus amantem est ? Qu¾ quibus anteferam ? Nusquam tuta fides. Eiectum litore, egentem excepi, et regni demens in parte
locaui. Amissam classem, socios a morte reduxi. Heu furiis incensa feror ! |
Je
suis passant, venant de Troie, allant je ne sais o rtablir une Justice
quÕun destin mÕa confie. Ma
qute nÕest pas complte : je dois apprendre de mon pre ce qui manque
ma charge. Un rendez-vous mÕattend dans la caverne des morts-vivants, au-del
de Charon et du Styx. Carthage
nÕest quÕun repos. Je sais le courage, appris contre les Grecs. JÕai compris
au fil de mon odysse lÕintelligence des situations imprvues. Mais je sais
aussi sans savoir que la justice est plus encore. Et
voici que Didon ajoute son amour, et me fixe rendez-vous sur ce recoin
dÕAfrique. |
I am passing
through, coming from Troy, going I know not where to restore a Justice that
fate has entrusted to me. My quest is
not complete: I must learn from my father what is lacking in my charge. An
encounter awaits me in the cave of the living dead, beyond Charon and the
Styx. Carthage is only
a resting place. I know courage, learnt from the Greeks. From my odyssey I
know the intelligence of unforeseen situations. But I also know without
knowing it, that justice is yet more. And see here Dido adds her love, and prepares an encounter in this
corner of Africa. |
|
Non,
je ne te retiens pas ! Non, je ne rfute pas tes paroles ! Va,
poursuis ta chimre au gr des vents, cherche un royaume par-del les
mers ! SÕil
y a encore une justice sous les cieux, jÕespre – oui, jÕespre – que tu puiseras tes malheurs grands seaux contre les
cueils et que tu appelleras souvent
Didon ! Absente,
je te poursuivrai de sombres feux, et lorsque la mort glace mÕaura scinde
de mon corps, je demeurerai l, tapie dans lÕombre. Et
tu seras alors chti, cruel ! Et
je lÕapprendrai par la grande rumeur roulant aux enfers. |
Neque te teneo, neque dicta refello. I, sequere Italiam uentis, pete regna per undas ! Spero equidem mediis, si quid pia numina possunt, supplicia
hausurum scopulis, et nomine Dido s¾pe uocaturum. Sequar atris ignibus absens, et cum frigida mors anima
seduxerit artus, omnibus umbra locis adero. Dabis, improbe, poenas ! Audiam et h¾c Manis ueniet mihi fama sub imos. |
Tu
mÕas appris, Didon, lÕamour des bouches et des voix, les respirations qui se
chevauchent, les doigts qui fouillent les chevelures et les langues qui
pousent les paumes. Mais
que mÕas-tu murmur dans la grotte de nos nuits ? QuÕas-tu chuchot au
berceau de mes paupires ? De
quel secret tÕes-tu pare, boussole opaque aux tempes dÕun homme ? |
You have
taught me, Dido, the love of mouths and of voices, of overlapping breaths, of
searching fingers and the languages of palms. But what have
you murmured in the cave of our nights? What have you whispered to the cradle
of my eyelids? With what secret have you dressed yourself, opaque compass for the
temples of a man? |
ŅGreat minds against
themselves conspire.Ó [1] |
Il nÕy a dÕamour que nos amours. Il nÕy a que notre amour pour soutenir
le monde. |
Il nÕy a, il
nÕy a que nous. Il nÕy a que les amants. |
Elle lui a murmur : Ē Il nÕy a dÕamour que nos amours. Il nÕy a que
notre amour pour soutenir le monde. Il nÕy a que nos corps enlacs pour accueillir ce
qui nous vient au bord des lvres du fond des mers, de lÕhorizon sableux et
des toiles brouilles. Č Elle lui a chuchot : Ē Pour revivre il suffit quÕ tes lvres jÕemprunte
/ le souffle de mon nom murmur tout un soir. Č [2] |
||
Pourquoi
oppose-t-il des oreilles de plomb mes paroles ? O
se prcipite-t-il ainsi ? QuÕil
attende au moins quelque vent favorable sa frileuse dbandade ! Mais
je nÕinvoquerai plus cette ancienne alliance quÕil a trahie. Je
ne demande quÕun court rpit, quÕun bref moment pour ponger ma fureur, le temps dÕapprendre pleurer ma dfaite. JÕimplore
cette ultime faveur. |
Cur mea dicta neget duras demittere in auris. Quo ruit ? Exspectet facilemque fugam uentosque ferentis. Non iam coniugium antiquum, quod prodidit, oro. Tempus inane peto, requiem spatiumque furori, dum mea me
uictam doceat fortuna dolere. Extremam hanc oro ueniam. |
|
|
Infelix Dido ! Ē Hic / sunt lacrym¾ rerum, et mentem mortalia tangunt. Č [3] |
|
|
Tu
mÕas rvl, Didon, la vie duelle, la passion double, lÕamour doubl de soie
et de salive. Mais
la justice, Didon ?, cette cause qui mÕexige
depuis que les Grecs ont ras Troie et ont jur la face du monde :
Ē Que nul ne sÕen souvienne ! Č ? Comment
adjoindre nos rendez-vous nocturnes cet au-del ? |
You have
revealed to me, Dido, dual life, double passion, love doubled with silk and
spit. But justice,
Dido? This cause that urges me since the Greeks razed Troy and swore to the
world: ŅLet none remember it!Ó How to attach our nocturnal meetings to this beyond? |
|
Que
puis-je faire maintenant ? Vais-je
rallier leurs vaisseaux et me plier aux dernires exigences des
Troyens ? Ne
me sont-ils pas redevables de les avoir nagure secourus et nÕont-ils aucune reconnaissance pour cet ancien
bienfait ? Ė
supposer que je le veuille, qui me laissera monter bord et qui accueillera sur son fier navire une femme dsormais
hae ? Mais
que faire dÕautre ? Seule, fugitive, accompagnerai-je ces marins
triomphants ? Ou, entoure de la foule des miens, vais-je mÕlancer et
rejeter la mer ceux-l mmes que jÕy ai arrachs ? Vais-je livrer
leurs voiles aux temptes ? |
En, quid ago ? Iliacas igitur classes atque ultima Teucrum iussa
sequar ? Quiane auxilio iuuat ante leuatos, et bene apud memores
ueteris stat gratia facti ? Quis me autem, fac uelle, sinet, ratibusue superbis inuisam
accipiet ? Quid tum, sola fuga nautas comitabor ouantes, an Tyriis omnique
manu stipata meorum inferar, et quos Sidonia uix urbe reuelli, rursus agam
pelago, et uentis dare uela iubebo ? |
Ē La
justice ? Une vertu ! LÕamour ? Une passion ! La vertu
protge la passion, sans lÕadopter. Č Paroles de Troie ! |
ŅJustice? A virtue! Love? A passion! Virtue protects passion, without
adopting it.Ó Words of Troy! |
Ē NÕest pas sage qui joue au sage ! Č Ē NÕest pas juste qui soustrait un amour !
La vertu ne peut se nourrir de contraires ! Č Paroles de
sage ! |
Oh,
Dieu ! LÕtranger sÕen ira-t-il donc
en
ayant leurr notre pays ? La
ville ne prendra-t-elle pas les armes pour le poursuivre ? Et notre
flotte ne sortira-t-elle pas le combattre ? Htez-vous,
incendiez, lancez, tirez, ramez ! Mais
que dis-je ? O suis-je ? Quelle
folie emporte ma raison ? Malheureuse
Didon, est-ce maintenant que tu dcouvres tes torts ? CÕest
en lui remettant ton trne que tu aurais d rflchir ! |
Pro Iuppiter, ibit hic et nostris inluserit aduena
regnis ? Non arma expedient, totaque ex urbe sequentur, deripientque
rates alii naualibus ? Ite, ferte citi flammas, date tela, impellite remos ! Quid loquor, aut ubi sum ? Qu¾ mentem insania mutat ? Infelix Dido, nunc te facta impia tangunt. Tum decuit, cum sceptra dabas. |
Je
suis encore trop jeune, Didon, pour tresser les passions et marier les
vertus. Et
je ne sais rpondre ton amour - supplment qui dborde et dtourne - que
par la soustraction. |
I am still
too young, Dido, to weave passions and marry virtues. I do not know how to respond to your love - a supplement that
overflows and diverts - other than by subtraction. |
Botte de paille que ce jeune homme mesur face
Didon assure dans sa dmesure ! Voici de sourdes nergies libres par le
sisme ; les voil qui traversent cette femme et sÕengouffrent entre un
amour barr et le dpart interdit. |
Voil
ce que vaut la parole de qui pourtant hrite dÕune haute ligne ! Et
je nÕai su me saisir de son corps pour le mettre en pices, pour le disperser
sur les flots ? Et
je nÕai su exterminer ses compagnons par le fer, je nÕai su offrir son fils
en sacrifice sur lÕautel du pre ? LÕissue dÕun tel combat eut
t indcise, soit ! Mais qui aurais-je
craint, puisque je vais mourir ? JÕaurais
moi-mme mis le feu son camp, jÕaurais moi-mme enflamm le pont de ses
navires, et jÕaurais moi-mme ananti le pre
avec le fils en mÕimmolant au mme brasier ! SÕil
est vraiment ncessaire que cette
tte infme atteigne un port et aborde une terre, quÕil en soit ainsi !
Mais
quÕau moins, tourment dans la guerre par un peuple farouche, banni de chez lui, ne en soit rduit implorer secours la vue des siens projets dans une
mort indigne, et que, livr
aux lois dÕune paix inique, il ne puisse
jouir ni de son royaume ni de la gloire escompte mais quÕil tombe avant son heure et demeure sans spulture
au milieu des sables ! Voici
ma prire, et voici lÕultime vĻu que je scelle de mon sang. |
En dextra fidesque, quem secum patrios aiunt portare
Penate ! Non potui abreptum diuellere corpus, et undis
spargere ? Non socios, non ipsum absumere ferro Ascanium, patriisque
epulandum ponere mensis ? Verum anceps pugn¾ fuerat fortuna : fuisset ! Quem metui moritura ? Faces in castra tulissem, implessemque foros flammis,
natumque patremque cum genere
extinxem, memet super ipsa dedissem. Si tangere portus infandum caput ac terris adnare necesse est, hic terminus h¾ret : at bello
audacis populi uexatus et armis, finibus extorris, auxilium
imploret, uideatque indigna suorum funera ! Nec, cum se sub leges pacis iniqu¾ tradiderit, regno aut optata luce fruatur, sed cadat ante diem, mediaque
inhumatus harena ! H¾c precor, hanc uocem extremam cum sanguine fundo. |
Je
dois renouer le fil des hautes mers et des vents capricieux. Je
dois partir, Didon, reprendre ma longue errance. Le
courage face aux Grecs face une femme me fait dfaut. Je
te demande pardon, je nÕai gure la force. Je ne peux faire alliance. Je
reste faible, et je te fuis. JÕemporte
ma fuite comme une faute. Je passe mon tour. Pardon, Didon ! Ē Souviens-toi
de moi ! Č Je cherchais une sĻur, je
suis tomb sur une femmeÉ |
I must retie
the thread of the seas, and of the capricious winds. I must leave,
Dido, and resume my wandering. The courage
that I learnt in the face of the Greeks fails me
in the face of a woman. I ask your
forgiveness, I barely have the strength. I cannot make an alliance. I remain
weak, and I flee from you. I carry my flight
like a fault. I pass my turn. I am sorry, Dido! ŅRemember me!Ó [4] I sought a sister, I fell upon a wifeÉ |
Entre la certitude dÕun amour ici et la promesse
dÕune justice ailleurs, qui aura eu raison ? DÕun ct cette femme mure dressant sa tente o le
hasard lÕa conduite ; de lÕautre ce jeune homme incertain qui erre de
rive en rive. Ė droite une femme qui pousse arrire, campe sur le
socle dÕun prsent aim ; gauche un homme tir avant par lÕaimant dÕun
futur. |
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|
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Et rien entre les deux, rien pour conjurer lÕventrement de cet amour ! Rien que nous, participants cet cartlement. |
Perfide !
Dissimulare etiam sperasti, perfide,
tantum posse nefas, tacitusque mea decedere terra ?
Nec te noster amor, nec te data
dextera quondam, nec moritura tenet crudeli funere Dido ?
Quin etiam hiberno moliris
sidere classem, et mediis properas aquilonibus ire per altum, crudelis ?
Quid, si non arua aliena
domosque ignotas peteres, sed Troia antiqua maneret, Troia per undosum
peteretur classibus ¾quor ?
Mene fugis ?
Per ego has lacrimas dextramque
tuam te, quando aliud mihi iam miser¾ nihil ipsa reliqui, per conubia nostra,
per inceptos hymen¾os, si bene quid de te merui, fuit aut tibi quicquam dulce
meum, miserere domus labentis, et istam oro, si quis adhuc precibus locus, exue
mentem.
Te propter Libyc¾ gentes
Nomadumque tyranni odere, infensi Tyrii.
Te propter eundem exstinctus
pudor, et qua sola sidera adibam, fama prior.
Cui me moribundam deseris,
hospes ?
Quid moror ?
Saltem si qua mihi de te
suscepta fuisset ante fugam suboles, si quis mihi paruulus aula luderet ®neas,
qui te tamen ore referret, non equidem omnino capta ac deserta uiderer.
*
Nam quid dissimulo, aut qu¾ me
ad maiora reseruo ?
Num fletu ingemuit
nostro ?
Num lumina flexit ?
Num lacrimas uictus dedit, aut
miseratus amantem est ?
Qu¾ quibus anteferam ?
Nusquam tuta fides.
Eiectum litore, egentem excepi,
et regni demens in parte locaui.
Amissam classem, socios a morte
reduxi.
Heu furiis incensa feror!
Neque te teneo, neque dicta
refello.
I, sequere Italiam uentis, pete
regna per undas !
Spero equidem mediis, si quid
pia numina possunt, supplicia hausurum scopulis, et nomine Dido s¾pe uocaturum.
Sequar atris ignibus absens, et
cum frigida mors anima seduxerit artus, omnibus umbra locis adero.
Dabis, improbe, pĻnas !
Audiam et h¾c Manis ueniet mihi
fama sub imos.
*
Il nÕy a dÕamour que nos amours. Il nÕy a que notre
amour pour soutenir le monde.
*
Cur mea dicta neget duras
demittere in auris.
Quo ruit ?
Exspectet facilemque fugam
uentosque ferentis.
Non iam coniugium antiquum,
quod prodidit, oro.
Tempus inane peto, requiem spatiumque
furori, dum mea me uictam doceat fortuna dolere.
Extremam hanc oro ueniam.
*
En, quid ago ?
Iliacas igitur classes atque
ultima Teucrum iussa sequar ?
Quiane auxilio iuuat ante
leuatos, et bene apud memores ueteris stat gratia facti ?
Quis me autem, fac uelle,
sinet, ratibusue superbis inuisam accipiet ?
Quid tum, sola fuga nautas
comitabor ouantes, an Tyriis omnique manu stipata meorum inferar, et quos
Sidonia uix urbe reuelli, rursus agam pelago, et uentis dare uela iubebo ?
*
Pro Iuppiter, ibit hic et
nostris inluserit aduena regnis ?
Non arma expedient, totaque ex
urbe sequentur, deripientque rates alii naualibus ?
Ite, ferte citi flammas, date
tela, impellite remos !
Quid loquor, aut ubi sum ?
Qu¾ mentem insania mutat ?
Infelix Dido, nunc te facta
impia tangunt.
Tum decuit, cum sceptra dabas.
En dextra fidesque, quem secum
patrios aiunt portare Penates !
Non potui abreptum diuellere
corpus, et undis spargere ?
Non socios, non ipsum absumere ferro
Ascanium, patriisque epulandum ponere mensis ?
Verum anceps pugn¾ fuerat
fortuna: fuisset !
Quem metui moritura ?
Faces in castra tulissem,
implessemque foros flammis, natumque patremque cum genere extinxem, memet super
ipsa dedissem.
Si tangere portus infandum
caput ac terris adnare necesse est, hic terminus h¾ret: at bello audacis populi
uexatus et armis, finibus extorris, auxilium imploret, uideatque indigna suorum
funera !
Nec, cum se sub leges pacis
iniqu¾ tradiderit, regno aut optata luce fruatur, sed cadat ante diem, mediaque
inhumatus harena !
H¾c precor, hanc uocem extremam
cum sanguine fundo.
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coutons !
coutons Didon la malheureuse, cette femme dchane !
Son amour vient de sombrer. Ne surnagent que dpit et furie.
Sur quel cueil, un tel naufrage ?
Devant les siens, ne a ratur lÕintimit partage. Et lÕintrieur dÕune femme, amoureusement explor au fil des nuits, se voit rpandu parmi les pierres, expos au soleil de quiconque.
Voici une femme bafoue, gant retourn, viscres lÕair, tendre cume devenue bave.
Les tensions qui accordaient ce corps attendri par la possession ne sont plus contenues dans quelque enlacement.
Voici Didon perdue, tourbillonnant fbrile dans le chaos de ses rages.
Quel tait cet amour dÕune Phnicienne pour un Troyen, cette couture dÕune femme accomplie et dÕun jeune homme inabouti ? Mritaient-ils ce dsastre ?
coutons-les !
I am passing through, coming from Troy, going I know not where to
restore a Justice that fate has entrusted to me.
My quest is not complete: I must learn from my father what is lacking in
my charge. An encounter awaits me in the cave of the living dead, beyond Charon
and the Styx.
Carthage is only a resting place. I know courage, learnt from the
Greeks. From my odyssey I know the intelligence of unforeseen situations. But I
also know without knowing it, that justice is yet more.
And see here Dido adds her love, and
prepares an encounter in this corner of Africa.
You have taught me, Dido, the love of mouths and of voices, of
overlapping breaths, of searching fingers and the languages of palms.
But what have you murmured in the cave of our nights? What have you
whispered to the cradle of my eyelids?
With what secret have you dressed yourself, opaque compass for the temples of a man?
Ē Great
minds against themselves conspire. Č
*
Elle lui a
murmur :
Ē Il nÕy a dÕamour que nos amours. Il nÕy a
que notre amour pour soutenir le monde.
Il nÕy a que nos corps enlacs pour accueillir ce qui nous vient au
bord des lvres du fond des mers, de lÕhorizon sableux et des toiles
brouilles. Č
Elle lui a
chuchot :
Ē Pour revivre il suffit quÕ tes lvres
jÕemprunte
le
souffle de mon nom murmur tout un soir. Č
*
Infelix Dido !
Ē Hic / sunt lacrym¾
rerum, et mentem mortalia tangunt. Č
Il nÕy a, il nÕy a que
nous. Il nÕy a que les amants.
*
You have revealed to me, Dido, dual life, double
passion, love doubled with silk and spit.
But justice, Dido? This cause that urges me since the Greeks razed Troy and
swore to the world: ŅLet none remember it!Ó
How to attach our nocturnal meetings
to this beyond?
Ē NÕest pas sage
qui joue au sage ! Č
ŅJustice? A virtue! Love? A passion!
Virtue protects passion, without adopting it.Ó Words of Troy!
Ē NÕest pas juste
qui soustrait un amour ! La vertu ne peut se nourrir de
contraires ! Č
Paroles de sage !
I am still too young, Dido, to weave passions and
marry virtues.
I do not know how to respond to your
love - a supplement that overflows and diverts - other than by subtraction.
Botte de paille que ce
jeune homme mesur face Didon assure dans sa dmesure !
Voici de sourdes
nergies libres par le sisme ; les voil qui traversent cette femme et
sÕengouffrent entre un amour barr et le dpart interdit.
I must retie the thread of the seas, and of the
capricious winds.
I must leave, Dido, and resume my wandering.
The courage that I learnt
in the face of the Greeks fails me in the face
of a woman.
I ask your forgiveness, I barely have the strength. I
cannot make an alliance. I remain weak, and I flee from you.
I carry my flight like a fault. I pass my turn. I am
sorry, Dido!
ŅRemember me!Ó
Entre la certitude
dÕun amour ici et la promesse dÕune justice ailleurs, qui aura eu raison ?
DÕun ct cette femme
mure dressant sa tente o le hasard lÕa conduite ; de lÕautre ce jeune
homme incertain qui erre de rive en rive.
Ė droite une femme qui
pousse arrire, campe sur le socle dÕun prsent aim ; gauche un homme
tir avant par lÕaimant dÕun futur.
I sought a sister, I fell upon a wifeÉ
Et rien entre les
deux, rien pour conjurer lÕventrement de cet amour !
Rien que nous,
participants cet cartlement.
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