Raisonances hŽtŽrophoniques entre adjonctions

(6 dŽcembre 2014)

 

Franois Nicolas

 

LĠenjeu gŽnŽral de ce travail exposŽ hier et aujourdĠhui peut se formuler sous ce titre. DŽtaillons-le.

Raisonances

Raisonance  = rŽsonance entre raisons

 

Il existe en effet diffŽrentes raisons ; pour reprendre la quadripartition de Badiou : des raisons scientifiques, artistiques, politiques et amoureuses.

Pour donner un exemple, dans les raisons scientifiques, la raison physique nĠest pas la raison mathŽmatique. En effet la raison physique inclut lĠexpŽrimentation propre ˆ la physique laquelle diffre radicalement de lĠexpŽrimentation mathŽmatique (cĠest la dŽmonstration qui est la manire proprement mathŽmatique dĠexpŽrimenter ses ŽnoncŽs : elle ne consiste donc nullement ˆ vŽrifier empiriquement les notions mathŽmatiques dans lĠexistence ordinaire - o lĠon voit bien, au passage, que lĠexpŽrimentation nĠest nullement empirique). Ainsi que la raison physique puisse, depuis GalilŽe, tre mathŽmatisable nĠentra”ne nullement quĠelle soit ce faisant mathŽmatique : tre mathŽmatisŽ ­ tre mathŽmatique !

De mme la raison musicale diffre de la raison mathŽmatique.

Point local : existe-il une raison proprement philosophique ? Je ne le pense pas.

 

Ici, il sĠagit dĠexaminer les raisonances entre raison linguistique et raison algŽbrique.

HŽtŽrophonie

Il nĠy a pas de Raison de raisons [1].

Il nĠy a donc pas de polyphonie des raisons si lĠon entend par polyphonie une pluralitŽ de Ç choses È homognes ou homogŽnŽisables.

LĠhumanitŽ a donc affaire ˆ une collection de raisons sans totalisation.

Il ne sĠagit donc pas dĠuniformiser cette collection :

á       ni selon une logique transcendante de lĠUn ;

á       ni selon une logique de dŽnominateur commun entre ces raisons qui les rŽduirait ˆ une pluralitŽ dĠŽquivalences (logique des opinions).

SĠagit-il dĠunifier ce collectif de raisons ? Non ; une raisonance nĠunifie pas. Elle rapporte des dynamiques.

Il faut donc apprendre ˆ travailler (agir et penser) dans lĠhŽtŽrophonie.

 

LĠhŽtŽrophonie, en amour, se dit hŽtŽrosexualitŽ. Il ne sĠagit lˆ ni de fusionner dans lĠUn romantique, ni de faire simple pluriel des individus (nivellement mercantile des corps). Il sĠagit bien de travailler lĠhŽtŽrophonie des deux sexes [2].

 

Il y a aussi lĠhŽtŽrophonie en politique (qui se dira Ç contradictions au sein du peuple È).

Et il y a bien sžr lĠhŽtŽrophonie en musique, qui, peut-tre, sur ce point, peut apprendre quelque chose aux autres raisonsÉ

Adjonctions

Les raisonances ne peuvent exister quĠentre mouvements internes, dynamiques endognes.

Quelles dynamiques privilŽgier ? Celles dĠadjonction-extension.

 

Attention : lĠextension dĠun domaine par adjonction peut stimuler une adjonction dans un autre domaine sans que pour autant la premire extension conduise alors ˆ coloniser le second.

Ainsi lĠextension de la langue par adjonction dĠune grammaire stimule la naissance, en mathŽmatique, de lĠalgbre mais ne conduit nullement ˆ considŽrer que cette algbre serait la crŽation dĠun nouveau Ç langage mathŽmatique È !

Langue arabe & algbre

Il sĠagit, dans ce travail, de mettre cette hypothse des raisonances hŽtŽrophoniques entre adjonctions ˆ lĠŽpreuve dĠune situation particulire. Il sĠagit, ce faisant, dĠapprendre ˆ rŽflŽchir avec ces notions.

RŽsultat

Les principaux rŽsultats de tout cela sont les suivants.

1.     Il y a eu adjonction dĠune grammaire ˆ la langue (langue⨁grammaire

2.     É laquelle a conduit ˆ une extension de la langue (langue⨂grammaire).

3.     Cette adjonction-extension de la langue a favorisŽ la constitution dĠun berceau langagier pour la naissance de lĠalgbre.

4.     LĠalgbre sĠest ensuite ŽmancipŽe de ce berceau langagier en sĠincorporant ˆ la pensŽe mathŽmatique de son temps (partagŽe entre arithmŽtique et gŽomŽtrie) par adjonction.

5.     Cette adjonction algŽbrique a conduit ˆ une extension de la pensŽe mathŽmatique (non langagire) : mathŽmatiques⨁algbremathŽmatiques⨂algbre (algbre gŽomŽtrique, algbre arithmŽtique [3]É).

6.     La sŽquence en question sĠest saturŽe ˆ la fin du XIIĦ sicle en sorte, grosso modo, dĠavoir au total couvert 5 sicles : du VIIIĦ au XIIĦ sicles. Ensuite, le passage du relais se fera avec lĠEurope du XIIIĦ sicle (dĠun c™tŽ Fibonacci qui passera le relais aux mathŽmatiques latines des XVĦ et XVIĦ sicles ;  de lĠautre la scolastique chrŽtienneÉ).

 

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[1] pas plus quĠil nĠy a de VŽritŽ des vŽritŽsÉ

[2] Le Deux des sexes nĠest nullement le deux des genres. Le genre substantialise en transformant {un homme / une femme} en {le masculin / le fŽminin + le neutre !}

[3] Plus tard gŽomŽtrie algŽbrique, etc.